CHINAHOY

26-February-2014

Le rêve magnifique de Marie-Charlotte

 

Marie-Charlotte.

 

SÉBASTIEN ROUSSILLAT, membre de la rédaction

王珏 ( Wang Jue) c'est le prénom chinois qui a été choisi par ses amis pour la caractériser. Le caractère de Wang qui signifie le roi et le caractère de Jue qui signifie pierre précieuse, ce prénom caractérise parfaitement sa détermination, l'exigence et le dynamisme que cette jeune Française représente. Ainsi, revêtue d'un uniforme noir et coiffée d'un chignon serré comme chaque jour, elle m'accueille dans son bureau et m'offre un rafraîchissement. En revenant, elle m'explique : « Pour moi, travailler dans l'hôtellerie de luxe n'était pas un choix forcément évident puisque c'était un milieu que je ne connaissais pas et cela implique une mobilité internationale que mon attachement à mes racines me semblait difficile. » Cependant, cela s'est avéré être une course rythmée, palpitante et extrêmement enrichissante que Marie-Charlotte court depuis bientôt quatre ans à travers la Terre et n'a à aucun moment regretter d'avoir entrepris.

Après une formation en Licence de Management hôtelier, spécialité Hôtellerie Internationale à Lyon, elle a effectué plusieurs stages professionnels dont un au Sofitel de Nanjing en Chine en 2011. C'est certainement là qu'eut lieu le coup de foudre pour la Chine. Première expérience avec ce nouveau pays, inconnu à ce moment-là de sa vie : « Je n'ai pas eu peur de tout quitter! » dit-elle en plaisantant.

Pour celle-ci qui aime se lancer des défis, c'est l'année clé : elle a vingt ans et est chargée d'accueillir le président français Nicolas Sarkozy ainsi que la délégation française lors de sa visite en Chine. Une semaine contre la montre pendant laquelle elle est en charge d'organiser la venue du président dans les moindres détails. Le succès de cette visite clôturant ainsi en beauté son année au Sofitel Zhongshan Golf Nanjing, elle décroche par la suite un contrat d'un an au Sofitel de New-York pour faire un approfondissement de perfectionnement des techniques du management (Management Training) où elle se spécialise aux différentes fonctions de responsable des départements clé de l'hôtel (accueil, restauration et hébergement). Chaque jour en contact avec une clientèle composée de diverses nationalités, elle acquiert aussi de nombreuses qualités linguistiques et culturelles lors de cette expérience.

C'est ainsi que forte d'une expérience dans 6 Sofitel en France et aux États-Unis, à son retour de stage de perfectionnement à New-York, Marie-Charlotte est directement engagée par le Sofitel de Jinan en tant que responsable de la qualité. Elle est l'assurance du gage qualité de la marque Sofitel. Du respect très strict du cahier des charges Sofitel à l'accueil chaleureux des clients, les différents aspects de la restauration et les conditions de travail des employés, tout est étudié avec soin jour après jour. « Je peux paraître comme étant la policière de l'hôtel, mais en fait, notre but est commun : la satisfaction de notre clientèle et celle de notre personnel. Je m'occupe d'être sûre que tout le monde respecte bien les standards qui font de la marque sa renommée mondiale. S'il y a des problèmes, que ce soit relationnel avec les clients ou d'ordre technique j'essaye de trouver des solutions. »

Des défis tous les jours.

Organiser la fête de la musique le 21 juin au Sofitel, une réception pour le défilé du 14 juillet en partenariat avec les entreprises de Jinan, accueillir le conseil général de Bretagne, présenter une exposition de peinture sur la France vue par un Chinois, tout cela relève également du quotidien de Marie-Charlotte. « Mon travail consiste à adapter les événements culturels français à la culture locale chinoise ou l'organisation de délégation française ou francophone. Mais cet échange est bilatéral car j'apprends aussi beaucoup d'eux pour tout ce qui est évènementiel chinois. Par exemple, la fête de la Lune, la fête du Printemps, les délégations d'officiels chinois. Par exemple, une dégustation et sélection de gâteaux de la Lune l'année dernière à laquelle j'ai participé, je n'avais jamais mangé de gâteaux de la Lune auparavant. Quelle expérience ! Je m'adapte toujours a la culture du pays dans lequel je suis accueillie. »

 

Marie-Charlotte apprend la cérémonie du thé chinoise.

 

L'hôtellerie de Luxe en Chine

D'après Marie-Charlotte, en Chine, l'hôtellerie de luxe est un secteur en pleine expansion, extrêmement dynamique. Les Chinois choisissent d'aller dans les hôtels de luxe de marque internationale renommée pour être sûrs d'avoir une qualité de service et de produit équivalente à leurs attentes.

La mode de l'Occident fait aussi que les clients chinois sont attirés par le style de l'hôtel, que ce soit niveau décoration, restauration ou encore accueil des clients. Les hôtels de haut standing en Chine possèdent également une grande différence avec leurs homologues : la dimension du luxe. En effet d'après Marie-Charlotte, « Les hôtels en Chine sont comme des bijoux : ils brillent ! Ils sont aussi souvent plus volumineux, spacieux et confortables, les chambres faisant parfois le triple de la taille des chambres en France. »

« Ce qui me plaît dans ce pays, C'est le fait que tout aille très vite ici, le dynamisme de l'équipe chinoise qui me fait penser que tout est possible ici, on évolue constamment ce qui correspond très bien à ma personnalité, j'aime quand c'est efficace et que l'on peut avancer vite et bien. »

Pour elle, un peu l'ambassadrice de la marque et de la « french touch » à l'hôtel, le défi se résume aussi à toujours être disponible pour répondre aux demandes des clients relatives au succès de leur séjour dans notre hôtel, de partager avec les employés chinois les retours des clients, qu'ils soient positifs comme négatifs pour pouvoir ensemble trouver des solutions aux différents problèmes et toujours progresser.

« Je reste très ouverte, je souris à tout le monde avec tous les clients comme avec le personnel de l'hôtel. J'essaye de briser la barrière qui nous empêche parfois de bien communiquer. » Lorsqu'on lui demande quel est le secret pour garder de bonnes relations avec les différentes personnes avec qui elle est en contact chaque jour, Marie-Charlotte répond que c'est « le respect mutuel, ça veut dire chercher à évoluer ensemble, se solliciter mutuellement lorsque l'on a besoin de célébrer ensemble les bons résultats de nos actions. Être accueilli comme l'on aimerait être accueilli. Lorsque j'accueille des clients, je les accueille comme dans ma propre maison. »

Un métier de coureur de fond

On pourrait dire que le métier de responsable de la qualité c'est comme une course d'endurance. La ligne d'arrivée semble loin, mais avec toute l'énergie déployée, l'objectif finit toujours par arriver. Ainsi, c'est sûrement cette force qui l'a aidée à courir trois des plus grands marathons du monde : New-York, Tokyo et Philadelphie et à espèrer bientôt être l'une des nombreux participants du marathon de...Beijing, bien sûr !

Elle ne cesse de se lancer des défis qui jusqu'a présent n'ont jamais échoué et c'est ce qui la pousse sûrement à continuer. Comme courir trois marathons en un an ou bien se rendre en vélo au mont Taishan (à soixante-quinze kilomètres de Jinan), gravir jusqu'au sommet et revenir le lendemain à Jinan sur son vélo.

C'est comme dans la vie, il faut gravir toutes les marches pas à pas, pour arriver en haut et espérer peut-être voir un lever de soleil. « Je fais ça pour dépasser mes limites, aller au bout de ce que je fais comme dans ma vie de tous les jours, sans jamais baisser les bras malgré les difficultés rencontrées. Cela m'aide dans ma vie quotidienne pour être chaque jour motivée. »

Lorsqu'on lui demande en plaisantant si le prochain défi qu'elle se lance est de traverser la mer Jaune, celle-ci répond amusée : « Non, car ce n'est pas sécurisé, mais faire un Jinan-Beijing en vélo, pourquoi pas ? Ça prendrait deux ou trois jours... »

Tout est envisageable !

Pleine de confiance et consciente de sa chance

« Je n'ai jamais hésité à partir à l'autre bout du monde, j'ai décidé de partir à Nanjing quand j'avais vingt ans. Je ne connaissais absolument pas ce continent, je ne connaissais pas la Chine, je ne connaissais personne et je n'ai pas eu peur de faire ma valise et de partir à l'autre bout du monde. Je crois beaucoup au destin, à l'avenir et ça m'a permis de rencontrer beaucoup de personnes exceptionnelles, de m'enrichir auprès d'eux, d'acquérir des connaissances et de vivre de nouvelles expériences. »

« Je suis très heureuse de vivre en immersion totale ici et mon travail me plaît beaucoup. Ce que je vis me permet d'être une ambassadrice à petite échelle des relations franco-chinoises et cela correspond à mon tempérament de fonceuse. Je pense que quand on ne prend pas de risques, on ne pourrait vivre des choses exceptionnelles. Et le risque, c'est de vivre des expériences superbes et inoubliables ! Plus c'est difficile, plus c'est inoubliable ! J'ai choisi de vivre ma vie à fond, il s'avère que c'est extrêmement positif », ajoute-t-elle simplement.

Pour Marie-Charlotte, « impossible » ne fait pas partie de son dictionnaire. « Il n'y a pas de barrières selon moi. Au niveau professionnel, j'ai un vrai défi en terme de responsabilités : adapter les standards d'un hôtel de luxe avec l'aide de mes expériences en France et aux États-Unis à un environnement chinois où tout va très vite avec une certaine culture. » C'est peut-être grâce à cet esprit d'endurance que Marie-Charlotte a pu réaliser toutes ces expériences à son âge. « Tout paraît impossible jusqu'au moment où l'on agit », conclut-elle avec modestie.

 

La Chine au présent

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