CHINAHOY

22-January-2017

Davos : l’action et la responsabilité de la Chine éclairées

 

Un grand panneau publicitaire du Forum économique mondial à Davos en Suisse

 

XU YANZHUO*

 

Le président chinois Xi Jinping a participé au Forum économique mondial qui s'est tenu du 17 au 20 janvier 2017 à Davos. Il s'agissait de la première participation d'un président chinois à la session annuelle économique mondiale qui a lieu en hiver dans la ville suisse. Dans le contexte d'une série d'événements contre la mondialisation, la présence du président chinois à ce grand rendez-vous réunissant des dirigeants politiques, des chefs d'entreprise et des chercheurs incarne un rôle phare pour la direction future de la réforme de la gouvernance mondiale. Suivant les sujets principaux de la session, notamment le renforcement des systèmes pour la coopération mondiale, la reconnaissance accrue des identités par la narration positive, la revitalisation de l'économie mondiale, la réforme du capitalisme de marché et la préparation pour la quatrième révolution industrielle, la Chine a proposé des solutions chinoises aux problèmes mondiaux, et a montré qu'elle assume pleinement ses responsabilités internationales.

 

Les opportunités et les défis de la Chine dans la réforme de la gouvernance mondiale

 

L'« anormalité » a caractérisé toute l'année 2016. Les nombreux imprévus survenus en Europe, au Moyen-Orient, en Asie de l'Est et en Amérique du Sud ont donné lieu à une réflexion et à une remise en question sur la direction de la mondialisation et le processus d'intégration dans la communauté internationale. Des idées ont été brisées sur la résolution des problèmes mondiaux à travers l'amélioration des mécanismes internationaux. La revendication de la primauté des intérêts nationaux dans différents pays et le nationalisme ont connu une résurgence explosive. Avec l'émergence de dirigeants populistes et d'extrême-droite, la reconnaissance mutuelle et les convergences diminuent dans la communauté internationale, tandis que les conflits et la confrontation augmentent. Dans ces circonstances, la Chine fait face à des opportunités comme à des défis, en participant activement au processus de la mondialisation et en proposant ses solutions à la réforme de la gouvernance mondiale à Davos.

 

D'une part, le nouveau président américain Donald Trump a multiplié les propos appelant les États-Unis à se débarrasser de ses responsabilités internationales, y compris sur le retrait de l'Accord de Partenariat transpacifique (TPP). Il a déclaré que les « États-Unis sont prioritaires » en attaquant les règles commerciales internationales existantes. Il a exigé que les alliés assument plus de dépenses de sécurité. Ces déclarations, qu'elles soient le langage d'un politicien voulant attirer l'attention, ou la logique de « transactions » d'un commerçant qui fait pression sur ses adversaires et cherche le plus d'avantages, reflètent la baisse du leadership mondial des États-Unis, ainsi que le mécontentement du public sur l'ordre international et les règles existants. Comme l'ont mentionné de nombreux commentateurs, un vide au sein du pouvoir apparaîtra dans la communauté internationale et sera comblé par la Chine, qui assumera un rôle de leader. De plus, les déclarations de Trump révèlent que le mode de gouvernance actuel ne sait résoudre les problèmes mondiaux de plus en plus graves. Que ce soit dans les pays développés ou dans les pays en développement, les populations n'ont majoritairement pas bénéficié du processus de la mondialisation. La participation du président Xi Jinping au Forum de Davos ne prédit pas qui détiendra le pouvoir mondial, loin de là, mais elle sert à renforcer la confiance dans la mondialisation dans un contexte complexe et à revoir les méthodes de la coopération internationale pour que plus de gens profitent des résultats de la mondialisation. Cet appel international va dans le même sens que la démocratisation des relations internationales que la Chine préconise depuis longtemps. La démocratisation des relations internationales a pour esprit fondamental de lutter contre la politique du plus fort et l'unilatéralisme, résoudre les problèmes internationaux par tous les pays du monde à travers des consultations sur un pied d'égalité et gouverner ensemble les affaires mondiales. La démocratisation des relations internationales représente une demande de temps, la clé et la condition préalable à la construction d'un monde harmonieux, la promotion de la paix durable de l'humanité, du développement commun et du progrès des civilisations.

 

D'autre part, la complexité de l'ordre international ne doit pas être niée, avec le chevauchement des traités régionaux, les conflits d'intérêts régionaux, le marasme de l'économie mondiale, ou le retard de développement du système commercial multilatéral et de ses règles. L'émergence des forces d'extrême-droite dans certains pays montre que les populations penchent pour un recours à des solutions radicales aux problèmes internationaux et nationaux, et que les mesures et mécanismes contraignants s'affaiblissent. Cela signifie que, contrairement à la direction de la gouvernance mondiale qui était dominée par l'élite, la Chine qui participe à la réforme de la gouvernance mondiale doit faire face non seulement à la pression que la communauté internationale exerce sur une puissance émergente, mais aussi aux revendications des peuples en colère qui ont été délaissés par la mondialisation. Ces appels simples et radicaux sont légitimés par le vote et provoquent de nouveaux problèmes à la réforme de la gouvernance mondiale.

 

Les solutions chinoises pour la réforme de la gouvernance mondiale

 

Au milieu d'appels au freinage de la mondialisation, la présence du président Xi Jinping au Forum de Davos a permis d'indiquer la direction pour la réforme de la gouvernance mondiale, afin de promouvoir la relance de l'économie mondiale, à travers le renforcement de la coopération internationale et l'accroissement de la reconnaissance des identités distinctes. Si l'on compare la mondialisation de 2016 à un super-ordinateur, le matériel n'a pas beaucoup changé par rapport aux ordinateurs précédents. La communauté internationale reste une machine complexe dont les pièces sont entrelacées. Les grands pays sont fondateurs et forgeurs de l'ordre international et de ses règles. Cependant, des incompatibilités se manifestent dans les logiciels. Le processus d'intégration européenne a été ébranlé par le Brexit. Les tensions régionales et la pression accentuée à la baisse dans l'économie de tous les pays ont donné lieu à une stagnation du développement du système commercial multilatéral. Avec des pièces identiques et des logiciels en évolution, ainsi que le reflux de la mondialisation, il ne faut pas se résoudre à une tendance du chacun pour soi. C'est parce que le reflux de la mondialisation n'équivaut pas à celui des problèmes mondiaux, et l'existence de ces problèmes signifie également que le mode de gouvernance mondiale marquée par la coopération internationale doit exister. Par conséquent, le voyage du président chinois en Suisse représente le courage d'assumer la responsabilité de la gouvernance mondiale.

 

La Chine encourage la réforme de la gouvernance mondiale. À Davos, Xi Jinping a nettement positionné la Chine dans cette voie. La théorie géopolitique classique affirme que dans les conflits entre les anciennes et les nouvelles puissances, ces dernières sont une source d'instabilité. Mais le voyage à Davos du président Xi a renversé cette allégation. À la différence de Donald Trump dont la politique étrangère est faite d'incertitudes et de déclarations fermes, le président chinois a participé activement aux discussions sur la gouvernance mondiale, confirmant le rôle stabilisateur de la Chine dans l'ordre existant. Depuis la première participation de Bill Clinton au Forum de Davos, les États-Unis ont joué un rôle de leader dans cette réunion des élites occidentales, et les dirigeants des grands pays européens ont presque tous servi d'acteurs principaux, tandis que la Chine était considérée comme un pays défiant le processus de la mondialisation et l'ordre mondial. Mais cette année, face aux problèmes mondiaux complexes et changeants, la Chine s'est démarquée des États-Unis qui abandonnent progressivement le multilatéralisme et penchent vers le régionalisme et l'isolationnisme, en choisissant de défendre les fondamentaux du système multilatéral existant. Évidemment, certains prétendent à tort que la Chine est le plus grand bénéficiaire de la mondialisation. Au contraire, ses intérêts nationaux ont également été affectés par la mondialisation, et le processus de son intégration avec le reste du monde a eu des conséquences au niveau national. La Chine a par contre bénéficié de la stabilité apportée par l'ordre international. Par conséquent, dans la gouvernance mondiale, elle se positionne toujours en faveur du maintien de la mondialisation existante. Toutefois, elle propose un plan de réforme de cette gouvernance pour remédier aux injustices, afin que la mondialisation suive une direction plus équitable.

 

Les solutions chinoises clarifiées au Forum de Davos

 

La présence du président chinois à Davos a permis de clarifier les solutions chinoises. Les États-Unis ont toujours insisté pour un ordre international sous leur domination et direction, dont le noyau était la défense d'une hégémonie américaine modérée, le soutien des alliés et des pays avec un système politique démocratique, ainsi que de marchés libéralisés. Mais aucune réponse claire n'a été formulée pour défendre l'équité, la justice et la tolérance quant à la mondialisation, l'équilibre des intérêts régionaux et la coordination mondiale, ou l'amélioration des mécanismes mondiaux du marché. La réforme de la gouvernance mondiale préconisée par la Chine apporte des solutions chinoises aux problèmes mondiaux, notamment en dépassant l'opposition entre le courant principal et la marginalisation. Les solutions chinoises préconisent la diversité et la coexistence, c'est-à-dire la coexistence de pays aux différents systèmes politiques, régimes sociaux, modes de gouvernance nationale, niveaux de développement économique, dans un système international dans lequel les différences de points de vue n'empêchent pas le respect et la coopération mutuels. Dans le domaine économique, en contraste avec la montée du protectionnisme dans le monde, la Chine insiste sur une économie ouverte et la division internationale du travail. Sur la base de la coopération économique existante, ceci a pour objectif de promouvoir la coopération internationale tous azimuts, à tous les niveaux et dans de nombreux domaines, permettre aux économies marginalisées de rejoindre le marché international pour augmenter l'offre de biens publics, et maintenir la stabilité et l'équité du marché mondial.

 

Les essais chinois pour assumer la responsabilité de la réforme de la gouvernance mondiale

 

En participant à la réforme de la gouvernance mondiale, la Chine a non seulement proposé des solutions chinoises, elle a aussi eu le courage de faire des essais et d'assumer ses responsabilités sur le plan pratique. Grâce à la création, à son initiative, de la Banque asiatique d'investissements pour les infrastructures et de la Banque de développement des BRICS, la Chine a participé à l'élaboration et à la révision des règles encadrant la gouvernance financière mondiale. L'initiative des Nouvelles Routes de la Soie encourage non seulement le partage des stratégies de développement entre la Chine et les pays riverains, elle favorise aussi l'interconnexion pour remédier aux déséquilibres et aux injustices du commerce international, en ouvrant des opportunités de développement aux sous-puissances régionales et aux petits et moyens pays. En s'appuyant sur la finance et le commerce, la Chine assume dans la pratique la responsabilité de la réforme de la gouvernance mondiale, afin de mieux faire partager les fruits du développement économique, et de construire un système international plus inclusif, plus réciproque, plus rationnel et plus coordonné.

 

*XU YANZHUO est chercheur assistant à l'Institut des études sur l'économie et la politique mondiales de l'Académie des sciences sociales de Chine.

 

 

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