CHINAHOY

28-December-2016

Un transport « lent » et écologique

 

Le Mobike est le premier projet de vélo public intelligent au monde, il est actuellement en service à Shanghai, Beijing, Guangzhou et Shenzhen.

 

ZHAO YANG, membre de la rédaction

 

Le 22 avril, 2016, un vélo orange a fait son apparition à Shanghai. Il est développé par la société à responsabilité limitée Mobike, pour répondre à la demande des citoyens quant à la recherche d'un moyen de transport pratique, à bas coût, et pour les courtes distances. Dans un monde où le souci de l'environnement semble prendre le pas sur la course à la rentabilité, la Chine donne une nouvelle dimension à son titre de royaume des vélos.

 

Lors de son lancement, le vélo Mobike a attiré beaucoup de clients et est rapidement devenu populaire sur Internet. Le 1er septembre 2016, le vélo Mobike a fait son apparition à Beijing, puis ensuite à Guangzhou, Shenzhen et Chengdu. À Shenzhen, depuis le début de la période test à la mi-octobre, 30 000 modèles Mobike ont été introduits en seulement 30 jours.

 

Les Chinois et le vélo

 

La Chine était jadis le royaume des vélos et les Chinois maintiennent aujourd'hui encore une relation particulière avec le vélo. Dans les années 1950, la bicyclette était le seul moyen de transport des Chinois mais aussi le signe d'une bonne qualité de vie. Autrefois, la bicyclette était l'un des trois grands luxes essentiels pour le mariage (la montre, la bicyclette et la machine à coudre). Après la réforme et l'ouverture, avec l'amélioration du niveau de vie des Chinois, le vélo n'est plus un luxe, il s'est popularisé. Aux heures de pointe du matin et de l'après-midi, la vague de vélos est devenue une scène typiquement représentative de la Chine.

 

À la fin du XXe siècle, avec le développement économique de la Chine, le vélo a été remplacé par un moyen de transport mécanisé et plus efficace, la voiture. Selon les données statistiques du Bureau de gestion du trafic du ministère de la Sécurité publique, fin juin 2016, le parc automobile de Chine avait atteint 285 millions de véhicules, parmi lesquels le nombre de voitures est passé à 184 millions, raflant ainsi la deuxième place dans le classement mondial. Dans le même temps, le transport en vélo a fait face à un véritable déclin. À Beijing, la bicyclette représentait 62,7 % des moyens de transport utilisés en 1980, ce chiffre s'est abaissé à 38 % en 2000, et à la fin de 2014, il est descendu à 11,9 %.

 

Toutefois, le véhicule à moteur a bel et bien offert un côté pratique dans le quotidien, mais il a aussi apporté les embouteillages et la pollution. Beijing a obtenu une nouvelle renommée, celle de capitale des embouteillages. Actuellement, les gens ont pris conscience que la bicyclette est un transport vert. Le gouvernement et la population ont tous deux accueilli à bras ouverts les moyens de transport verts comme la bicyclette. Cependant, à cause de la grande taille de la ville, la distance entre le bureau et la maison est parfois trop longue pour prendre le vélo, les citadins lui préfèrent donc le métro ou l'autobus. Le « dernier kilomètre », c'est-à-dire la distance entre la station de métro ou de bus et la destination finale, est un nouveau problème.

 

Depuis 2001, le vélo public a été officiellement promu comme moyen de transport à privilégier à Beijing. Selon les documents de Beijing Evening News, de cette date à novembre 2015, l'utilisation quotidienne du vélo public à Beijing a atteint à 300 000 trajets. Le nombre de cartes de vélo public vendues est passé à 400 000 dans la capitale. Ce nouveau moyen de locomotion a répondu au besoin de la population, mais il existe des défauts dans son utilisation. Avant d'accéder au vélo public, les clients doivent s'enregistrer et acheter une carte de location. De plus, du fait de la limite du nombre de parcs et de bornes installées, il est difficile de trouver un vélo ou un parc.

 

Un utilisateur scanne le code QR pour débloquer un vélo.

 

Un nouveau vélo public

 

Par rapport à l'ancien vélo public, le Mobike est beaucoup plus pratique. Les utilisateurs téléchargent simplement une application sur leur portable pour localiser, débloquer et payer le service du vélo. La balade terminée, il suffit de remette le vélo dans un parc à bicyclettes et l'application indiquera que le vélo est rendu.

 

Wei Bo a utilisé le vélo Mobike pour la première fois lors de son voyage à Shanghai. « J'ai mis des chaussures à talons hauts pour aller à Shanghai prendre de belles photos, mais il était vraiment difficile de marcher trop longtemps. Alors je me suis rappelée qu'un ami m'avait parlé du Mobike à Shanghai. » Bien qu'elle ait pris beaucoup de temps, étant dans un environnement inconnu, pour trouver un vélo à côté de la tour Perle orientale de radiotélévision de Shanghai, une fois inscrite sur l'application, elle a vraiment apprécié sa promenade à vélo le long du fleuve Huangpu où elle a pu admirer le paysage et s'imbiber de l'atmosphère shanghaïenne. Le Mobike est devenu son compagnon de voyage, et elle a conclu : « Cette expérience est vraiment fantastique ! »

 

Plusieurs mois plus tard, Wei Bo a pu trouver un vélo Mobike dans une rue de Beijing. Son bureau n'est pas loin de sa maison, mais il faut quand même une demi-heure à pied, et il n'est pas toujours avantageux de prendre l'autobus dans les embouteillages.  « Auparavant, il y avait une sorte de vélo public à Beijing, mais malheureusement, à cause de son utilisation compliquée, je n'ai jamais essayé. Le Mobike a résolu cette contrainte. Dès lors, je n'ai plus eu peur d'être en retard au bureau. » Selon Wei Bo, le Mobike permet un transport pratique et facile, il a même changé sa vie.

 

D'ailleurs, le Mobike possède d'autres avantages : nul besoin de s'inquiéter des pannes de vélo comme la crevaison d'un pneu ou le déraillement, ni de se soucier du vol du vélo. Il est aussi pratique pour commuter avec d'autres transports. L'entreprise Mobike n'a pas cessé d'améliorer son produit. Conformément aux besoins des clients, le poids du vélo a été allégé, puis un panier a été installé. À ce jour, la 3e génération est dans la rue. Un responsable de Mobike a déclaré : « On n'a pas besoin des idées toutes faites, il faut chercher sans arrêt de meilleurs solutions et une expérience améliorée pour l'utilisateur. Le vélo est voué à faire son retour en ville, tout simplement parce qu'il est le meilleur moyen de locomotion en ville. »

 

Le « dernier kilomètre » vert

 

À une époque d'aspiration à un environnement vert dans le domaine des transports en Chine, les vélos publics comme Mobike, Ofo, Ubike et XM sont de plus en plus populaires. La compétition entre ces marques entraîne aussi l'amélioration de produit. Tout ceci fournit un environnement favorable au développement de la tendance du vélo.

 

Le vélo a parcouru plusieurs générations en Chine, il a pris une petite retraite à une époque où l'on recherchait en priorité l'efficacité, mais il a fait son grand retour grâce à la prise de conscience des Chinois envers l'importance de la qualité de vie. La relation particulière des Chinois au vélo est une condition favorable pour répandre ce mode de transport « lent » et écologique en Chine. Ainsi la Chine est toujours l'empire des vélos, mais d'une toute autre manière.

 

Cette industrie a besoin du soutien du gouvernement pour assurer les équipements, avec notamment l'installation de voies réservées aux vélos afin d'assurer la sécurité des cyclistes. Beijing a déjà entrepris beaucoup de mesures à ce sujet. Par exemple, la ville va remesurer la largeur des voies cyclables pour éviter le passage de voitures. À la fin du XIIIe Plan quinquennal en 2020, Beijing achèvera un réseau de voies cyclables d'une longueur équivalente à 3 200 km.

 

Par ailleurs, le gouvernement municipal de la capitale participe aussi à la promotion du vélo public. Le gouvernement de l'arrondissement Haidian a initié une coopération avec l'entreprise Edaibu pour un plan de recyclage des anciens vélos inutilisés afin de les reformater en vélos publics intelligents. La première étape va voir le lancement de 20 000 vélos.

 

En novembre 2016, les 29 quartiers résidentiels de l'arrondissement Haidian ont mis en œuvre ce plan. Les citoyens fournissent leurs vieux vélos et l'entreprise les transforme. Ce système a d'une part résolu le problème de vélos « zombies » abandonnés dans la rue et ainsi amélioré l'aspect de la ville, et d'autre part il a encouragé l'utilisation de transports verts auprès du peuple. Le gouvernement de Beijing estime que désormais le vélo représente 16 % des moyens de transports utilisés en ville et a prévu que ce chiffre passerait à 20 % d'ici 2030.

 

 

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