CHINAHOY

18-January-2013

Les Français et la protection de l’environnement : un véritable exemple ?

 

YI SHU*

 

Les Français, dans leur mode de vie, sont-ils plus respectueux de l’environnement que les Chinois ? L’auteur, une Chinoise expatriée en France, décrit ses impressions.

 

Les Français sont conscients de l’importance de protéger l’environnement et cette idée se reflète au travers des moindres détails de leur vie. Prenons pour exemple le tri des ordures. Dans chaque quartier résidentiel de Paris, il y a trois poubelles différentes : une jaune pour les déchets recyclables, une verte pour les déchets non recyclables et une blanche pour les bouteilles en verre.

 

À mon arrivée à Paris, je ne connaissais pas très bien cette classification. Un jour, alors que je descendais les poubelles, j’ai déposé un sac d’ordures directement dans le compartiment jaune. Mon ami chinois, en se pinçant le nez, s’est précipité pour récupérer le sac et le jeter dans la poubelle verte. Il m’a expliqué que chaque déchet doit être déposer au bon endroit, où nous risquions de nous faire critiquer par nos voisins français. En effet, j’ai noté par la suite que mes voisins étaient soucieux au tri sélectif. J’ai même vu un petit enfant jeter, sur la pointe des pieds, sous l’œil attentif de sa mère, une bouteille vide dans la poubelle appropriée.

 

En Chine, le système du tri sélectif a déjà commencé à être mis en œuvre dans les lieux publics et les quartiers résidentiels des grandes villes comme Beijing et Shanghai. Deux types de poubelles existent : celles pour les déchets recyclables et celles pour les déchets non recyclables. Mais, en comparaison, les Chinois restent assez indifférents à la protection de l’environnement. Malgré les étiquettes sans équivoque sur les poubelles, beaucoup de gens, par habitude, jettent leurs déchets sans prêter attention au tri. Et si quelqu’un ose leur faire une remarque, on dira à cette personne de se mêler de ce qui la regarde. En réalité, l’environnement est l’affaire de tous. On a besoin de ce genre de personnes pour nous le rappeler.

 

Dans les grandes villes en France, la voiture n’est pas à la mode. Les jeunes ne souhaitent pas posséder à tout prix une voiture et sont même fiers de ne pas se déplacer avec ce moyen de transport. Les Français préfèrent prendre le métro ou le bus, plus écologiques et plus pratiques. De plus en plus se mettent au vélo, pour protéger de l’environnement tout en faisant de l’exercice. À Paris comme dans d’autres grandes villes, davantage de pistes cyclables ont été aménagées et des vélos en libre-service sont disponibles dans l’ensemble de l’agglomération. D’ailleurs, les Parisiens, qui ne manquent pas de créativité, ont également inventé de nombreux autres modes de transport, comme la planche à roulettes. De temps en temps, alors que vous marchez dans les rues de Paris, un « bolide à roulettes » passe à côté de vous à toute vitesse, dont le « pilote » peut tout aussi bien être un écolier de dix ans, un jeune de vingt ans ou une personne aux cheveux blancs.

 

Les Français possèdent plutôt des véhicules de petite cylindrée, car le gouvernement, en vue de réduire les émissions de carbone, a adopté des mesures pour inciter la population à acheter des petites voitures, tout en imposant de lourdes taxes aux propriétaires de grosses voitures. Avec le temps, les petites voitures, qui permettent de protéger l’environnement et de faire des économies à l’achat, ont gagné en popularité.

 

Traditionnellement, la Chine était un pays où le vélo était roi. Mais de nos jours, de moins en moins de Chinois se déplacent à bicyclette et de plus en plus optent pour l’utilisation de la voiture. Aujourd’hui, on compte déjà à Beijing plus de cinq millions d’automobiles. Aux yeux de certains Chinois, posséder sa propre voiture est une fierté. Ceux qui n’ont pas d’argent se serrent la ceinture pour acheter une véhicule à bas prix ; ceux qui en ont un peu achètent une voiture de luxe. Plus la voiture est imposante et plus ils en sont fiers, ce qui explique justement la croissance rapide du marché automobile en Chine.

 

En France, on sensibilise dès leur plus jeune âge les enfants à l’écologie . Le fils de mon amie, qui n’est encore qu’au CP, comprend déjà l’importance de la protection de l’environnement. Une fois, il a déclaré à sa mère : « La maîtresse m’a dit que les ressources naturelles de la Terre sont limitées. Si on ne les économise pas, nos enfants ne pourront plus les utiliser. Donc, il faut protéger le ciel bleu et la rivière verte. Si on les salit, nos enfants ne les verront jamais. » 

 

Le discours naïf de cet enfant prouve que ce concept de protection de l’environnement a déjà été profondément ancré dans son esprit. Heureusement, les enfants chinois, particulièrement ceux habitant dans les grandes villes, sont de plus en plus conscients du besoin de préserver l’environnement. Lorsque ma nièce, qui est en 2e année de l’école primaire, voit des gens jeter des déchets partout dans la rue, elle indique que cet acte est malsain car il pollue l’environnement, puis ramasse les détritus pour les mettre dans une poubelle.

 

Cependant, certaines habitudes des Français ne sont pas respectueuses de l’environnement aux yeux des Chinois. Par exemple, en France, pour des raisons d’esthétique urbaine, il est interdit d’étendre son linge dehors sur son balcon. Comme la plupart des Occidentaux, les Français ont l’habitude d’utiliser un sèche-linge. À l’inverse, les Chinois, perpétuant la tradition de leurs ancêtres, font généralement sécher leurs vêtements au soleil. N’est-ce pas la façon la plus écologique ?

 

En France, l’eau du robinet est propre et potable. Cependant, la plupart des Français consomment généralement de l’eau en bouteille tout au long de l’année et ne font chauffer de l’eau que pour boire du café ou du thé. Mais cette pratique produit un grand nombre de déchets liés à ces bouteilles en plastique. Les Chinois, eux, ont l’habitude de faire bouillir de l’eau du robinet pour boire de l’eau chaude, particulièrement en hiver. La vente d’eau en bouteille fonctionne principalement pendant l’été caniculaire. Par conséquent, la consommation d’eau en bouteille par habitant en Chine est beaucoup plus faible que celle en France. Il faudrait donc que cette habitude chinoise, meilleure pour l'environnement, s’étende dans ce pays.

 

Les Français utilisent par ailleurs de nombreux produits de nettoyage, comme les détergents et les désinfectants. Par exemple, dans la cuisine, chaque produit a sa fonction : un pour nettoyer le plan de travail, un autre pour l’évier et un autre encore pour le robinet. Leur classification très précise permet un résultat optimal. Mais en fait, ces nettoyants contiennent des substances chimiques qui polluent l’environnement à divers degrés. Les Chinois, eux, regorgent de techniques populaires pour remplacer ces produits de nettoyage. Par exemple, pour nettoyer la saleté et les tâches d’huile, le vinaigre, la poudre alcaline et le dentifrice sont très efficaces, à des prix abordables et plus écologiques que les produits chimiques.

 

En France, le parti écologiste des Verts promeut des initiatives axées sur l’environnement. Mais il me semble que certaines mesures sont trop radicales, comme par exemple, le fait d’abandonner l’énergie nucléaire et la remplacer par l’énergie éolienne. En réalité, l’énergie nucléaire n’est pas aussi dangereuse que les gens l’imaginent et l’énergie éolienne n’est pas aussi écologique que les gens le prétendent. L’énergie éolienne génère une intense pollution sonore, qui peut nuire gravement aux hommes et aux constructions. Parmi les nombreux Français qui habitent près d’éoliennes, ils ont observé que leurs maisons se fissurent et qu’ils souffrent de troubles de l’audition, de vertiges et d’insomnies. Du fait des plaintes de ces personnes, de plus en plus d’éoliennes sont installées en mer, loin de toute habitation. Mais cela implique la transmission de l’énergie sur de longues distances, processus à la fois coûteux et non écologique. Par conséquent, je partage l’avis d’un ami français sur ce point : « Il est préférable de changer ses mauvaises habitudes néfastes vis-à-vis de l’environnement plutôt que de développer l’énergie éolienne. »

 

D’un point de vue global, le concept de la protection de l’environnement et les actions écologiques ne sont pas aussi présents en Chine qu’en France. Mais de nombreuses habitudes des Chinois seraient néanmoins bonnes à imiter. Les Chinois et les Français doivent donc apprendre les uns des autres, afin de mieux protéger l’environnement terrestre.

 

*YI SHU est une chinoise expatriée en France.

 

 

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