CHINAHOY

30-July-2014

Votre mission si vous l'acceptez, créer une Start-Up !

 

Photo de groupe des membres de la JCEFP et des bénévoles qui ont organisé 48H Start-UP. (ANAÏS CHAILLOLEAU)

 

ANAÏS CHAILLOLEAU, membre de la rédaction

Dans les coulisses de 48H Start-Up, une aventure humaine à Beijing destinée aux jeunes pleins d'imagination, d'ambition et de motivation…

Jack Bauer n'a que 24h chrono pour boucler une enquête ; eux n'ont que 48h pour monter leur boîte. Mission impossible, me dites-vous ? Mais comme le dit le proverbe : « À cœur vaillant, rien d'impossible ! »

Aider les jeunes à entreprendre

Du 6 au 8 juin, a eu lieu 48H Start-Up, un évènement organisé par la JCEFP (Jeune Chambre Économique des Français de Pékin) et soutenu par une ribambelle de partenaires, au premier rang desquels EDF. Alice Grandserre, coordinatrice de cette rencontre, nous indique : « C'est la deuxième édition cette année. Dans le cadre d'un stage à la JCEFP, j'avais aidé à organiser la première et vraiment, j'avais adoré ! C'est pourquoi je retente l'aventure, même si je dois y consacrer de nombreuses heures… »

Comme Alice, ce sont des jeunes très dynamiques qui se sont réunis le temps d'un week-end au Niwotata Future Hub, un incubateur d'entreprises mêlant charme à l'ancienne et design moderne. Un lieu symbole de créativité, idéal pour faire germer ses idées.

Notons que bien que tenu par un organisme français, 48H Start-Up s'adressait à la communauté internationale dans toute sa variété, avec l'anglais pour langue de travail. « L'année dernière, nous avions eu beaucoup de Français. Cette année, il n'y en a qu'un. Je me réjouis que les candidats viennent de tous horizons », nous indique Lucile, membre du comité organisateur.

Les participants, rassemblés en équipe, avaient pour tâche de formuler, en deux jours et demi seulement, un projet d'entreprise viable, qu'ils devraient à la fin soumettre à un jury d'investisseurs. Certains sont venus avec leurs rêves ; d'autres avec leurs compétences : toute personne intéressée par l'entrepreneuriat était cordialement invitée à s'inscrire.

48H Start-Up avait ainsi pour objectif de permettre aux jeunes pleins d'ambition de faire d'heureuses rencontres, à la fois de partenaires, d'investisseurs, de conseillers et de prospects. Un service qui permet à ces nouveaux entrants d'économiser grandement du temps et de l'argent.

L'écologie et les nouvelles technologies à l'honneur

Dès le vendredi 6 au soir, la soixantaine de participants se sont mis au travail. Première étape : présenter un « pitch », c'est-à-dire expliquer son projet en seulement 2 minutes avec pour support une unique diapositive. Parmi les 20 idées avancées, seules huit ont été retenues. La majorité touche à l'écologie et aux nouvelles technologies.

Ces huit projets méritent amplement d'être cités : Green China, une application ludique pour éduquer la population à l'écologie ; I Delicious Box, un service de livraison de paniers d'épicerie fine ; Laoshi List, un site internet référençant des professeurs en Chine, pour permettre aux élèves une prise de contact directe ; Globe Speak, une application pour smartphones qui permet des échanges linguistiques avec des utilisateurs classés par affinités ; Turn Key Indoor Air Quality, une agence fournissant services et technologies pour améliorer la qualité de l'air à l'intérieur d'entreprises ou d'hôtels de luxe ; Make It Happen, une sorte de forum permettant d'organiser en groupe des évènements originaux ; RE-aCt, un atelier théâtral qui se propose d'aider les gens à mieux communiquer dans leur vie de tous les jours ; BidUP, une application mobile répertoriant des ventes aux enchères à proximité.

Dans l'univers de BidUP

Dès le samedi 7 au matin, nous avons suivi de plus près cette équipe de BidUP, qui la veille au soir, avait déjà remporté le plus grand nombre de votes. Leur idée de « ventes aux enchères de proximité » ne date pas d'hier à vrai dire. Biman, l'initiateur du projet, raconte : « Nous voulions aller au concert de Bruno Mars à Beijing, mais nous n'avions pas acheté nos places à temps. Impossible d'en trouver sur Internet. Donc j'ai été sur les lieux du concert pour trouver des revendeurs, mais même en négociant, les billets qu'ils proposaient étaient hors de prix ! » À ce moment-là, il a imaginé que peut-être quelqu'un à moins de 3 km de chez lui aurait pu lui en fournir à un tarif correct, mais que simplement, il ne le savait pas. Il s'est dit qu'il manquait une application pour cela…

Ce jeune homme spécialisé dans la résolution de problèmes par la voie technologique s'est donc entouré d'un développeur, Sandy – qui a même quitté son emploi pour se consacrer à cette aventure – et d'une graphiste web, Sherly. À eux trois, ils étaient capables de créer le prototype de leurs rêves. Grâce à 48H Start-Up, ils ont fait la connaissance de trois nouvelles têtes, plus compétentes dans la filière commerciale. L'équipe au complet est exemplaire : parfaitement paritaire, internationale (un Sri-lankais, une Indonésienne, un Indien, un Français, une Britannique et une Chinoise) et expérimentée dans divers domaines.

Le samedi, l'atmosphère semble relativement détendue. Autour de boissons et de biscuits, les membres des équipes s'entretiennent cordialement pour peaufiner leur projet, se répartir les tâches ou préparer la présentation finale du lendemain. Outre les discussions et le travail personnel, la journée est ponctuée par des conférences et le coaching de professionnels, tous des entrepreneurs qui ont réussi à se tailler une place sur le marché.

Biman revient sur les conseils prodigués par ces experts : « Ils nous ont expliqué comment parler aux investisseurs, avec quels chiffres, données, preuves. L'idée directrice, c'est que mêmes les meilleures idées ne peuvent aboutir sans une solide stratégie marketing. 95 % des start-ups mettent la clé sous la porte ; nous voulons faire partie des 5 % qui réussissent. »

Le stress monte…

Le dimanche 8 au matin, l'atmosphère a quelque peu changé. La tension est palpable. Biman motive sa troupe et donne des directives, tandis que ses partenaires sont concentrés sur leur ordinateur ou répètent leur texte pour la présentation à venir. Néanmoins, ils proclament être confiants.

Malgré la fatigue accumulée, tous bûchent d'arrache-pied en ce jour d'habitude réservé au repos. Midi sonne, mais le déjeuner sera sauté : trop de travail. À 13h30, ils sont conviés à passer leur « examen blanc » : ils dévoilent en 6 min 30 leur présentation Powerpoint devant un lot d'experts, présents uniquement pour les aider à mieux « vendre » leur prototype.

Il faut être concis et clair, sûr de soi et convaincant, tout en mettant en avant sa fine connaissance du produit, du public visé, des concurrents sur le marché ainsi que des bénéfices réalisables. Les professionnels présents ont martelé durant le week-end que les investisseurs recherchaient avant tout le profit. Ils ne distribuent pas leur argent sans gage de le récupérer un jour.

L'exercice est difficile, mais BidUP s'en sort relativement bien. Restent à corriger la vitesse de parole, la gestion du temps, quelques diapositives trop chargées en texte… Mais dans l'ensemble, il semblerait que les juges sont déjà séduits.

Vers 17h30 s'ouvre le grand chelem, la présentation devant le jury d'investisseurs, la vraie. De nouveau, BidUP passe en premier. Cette fois-ci, leur performance de 6 min chrono me paraît sans faute. Mais la concurrence est rude. Les sept autres équipes n'ont pas chômé non plus. Tous ont bien préparé ; aucun ne rate sa prestation. Chacun à sa manière arrive à polariser l'attention.

Les présentations terminées, les participants commencent à se restaurer en attendant la décision finale. Biman me confie que maintenant qu'il a vu les démonstrations des autres équipes, il doute davantage de pouvoir gagner.

… et le résultat tombe

Mais il avait tort ! Le verdict tombe : BidUP remporte la victoire. Le stress cède la place aux cris de joie et aux embrassades. Non seulement, l'équipe a gagné la location gratuite durant six mois d'un bureau au sein de Niwotata Future Hub, mais elle a aussi reçu la carte de visite d'un investisseur, avec peut-être un contrat à la clé.

C'est en tout cas tout le succès que nous souhaitons à cette bande sympathique. Car comme l'a rappelé un expert : « On ne fonde pas une affaire en 48h, c'est faux. Ce week-end n'est que le début de quelque chose de plus grand… »

 

La Chine au présent

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