CHINAHOY

1-February-2016

Mon thé des montagnes

 

La femme de Xie Yu dans son champ de théiers.

 

NONG JIAN*

Marchand de formation, Xie Yu travaille comme agriculteur depuis 1997. Il est venu s'installer avec son épouse dans les montagnes Baohua du district de Heng, dans la région autonome zhuang du Guangxi. Ils ont loué un lopin de terre dans le village de Baohua, et se sont mis à cultiver, cueillir et fabriquer du thé.

Les monts Baohua (on devrait dire les collines) se situent dans le sud du district, et c'est leur silhouette qui figure sur tous les tableaux représentant les paysages d'ici. Le mont principal culmine à 564 m, et c'est sur son flanc que se niche le village éponyme. Les maisons y sont dispersées dans la verdure comme des cubes de construction sur une pelouse. Mais le plus important, pour Xie Yu, c'est que cette terre se prête à la culture du thé.

« Mon épouse et moi nous aimons beaucoup la beauté et la tranquillité de ces lieux. Il nous faut un air pur pour avoir l'esprit calme », explique Xie Yu, qui se remémore les raisons de son installation ici.

Le couple Xie s'était lassé du bruit de la ville. Parmi les premiers bénéficiaires des mesures de réforme et d'ouverture, enrichis avant les autres, ils aspiraient à une vie bucolique. De nos jours, de plus en plus de personnes veulent fuir les métropoles pour les mêmes raisons, et on les voit prendre leurs vacances ou même s'exiler définitivement à la campagne.

Depuis qu'il vit en quasi-ermite dans les montagnes, Xie Yu a non seulement retrouvé la santé, mais il a aussi engrangé un succès imprévu dans le domaine du commerce. Le thé bio que vend son entreprise sur le marché est demandé et son jardin de thé est désormais une destination touristique pour les voyageurs.

Les routes qui mènent aux monts et au village de Baohua ont été remises à neuf et élargies par le gouvernement local, et on voit de nombreuses maisons flambant neuves dans le village. Il suffit de deux heures pour rejoindre depuis Nanning (chef-lieu du Guangxi) le district de Heng, puis les montagnes Baohua. Le district de Heng est surnommé « pays des jasmins », car d'avril à octobre les jasmins s'épanouissent dans les campagnes et répandent dans l'air un parfum agréable.

 

Une auberge dans le village de Baohua.

 

Xie Yu baptise son thé le « thé royal ». Depuis la mi-2015, l'exploitation compte une nouvelle villa qui s'est ajoutée au jardin de thé. Un bâtiment rétro en blanc qui se détache sur le fond verdoyant. « Je suis à moitié architecte », rigole M. Xie, débordé de travail.

De plus en plus de touristes sillonnent en voiture les montagnes Baohua. Certains viennent se loger pour un court séjour dans le jardin de thé, goûter la gastronomie rurale, admirer les paysages merveilleux des montagnes, cueillir du thé avec les planteurs et jouer au basket avec les voisins. D'autres activités sont également possibles : la cloche du matin et le tambour du soir résonnent depuis le monastère Yingtian Shoufo et appellent les visiteurs, qui peuvent aussi décider de faire une randonnée dans les massifs montagneux peu escarpés, ou faire le tour du sommet principal, suivant les traces de l'empereur Jianwen des Ming (1368-1644). Selon la légende, l'empereur se serait enfuit en 1402 de son palais assiégé par son oncle Zhu Di pour se réfugier dans les montagnes Baohua.

Il s'agit de l'endroit touristique idéal pour ceux qui apprécient l'art ancien.

Mais tout change petit à petit. Autrefois, le caractère isolé du village et la pauvreté poussaient de nombreux habitants à quitter veau, vache et couvée pour chercher du travail dans la province du Guangdong, plus industrialisée, laissant derrière eux enfants et personnes âgées. De nos jours, leur choix s'est enrichi de nouvelles solutions. De nombreux villageois travaillent dans la plantation de thé de Xie Yu, à qui ils louent leurs terres. Ceux-ci n'ont plus besoin de s'exiler ni de se séparer de leur famille.

Une évolution que l'on observe dans beaucoup de villages chinois. Sans renoncer à l'envie de s'enrichir, on attache aujourd'hui plus d'importance à la qualité de la vie.

 

*NONG JIAN est employé au Bureau des services et des ressources humaines de Nanning, dans le Guangxi.

 

La Chine au présent

Liens