CHINAHOY

31-March-2014

Une équipe médicale permanente au Tibet

 

Le 24 février 2014, la consultation médicale gratuite mise en œuvre au district de Sangri a attiré de nombreux Tibétains. (PHOTO FOURNIE PAR WANG XINXIU)

 

ZHANG HONG, membre de la rédaction

Le 24 février 2014, Xia Zhi, dans le district de Sangri au Tibet, debout sous un soleil de plomb pendant plusieurs heures, distribuait aux habitants des manuels médicaux sur la santé des mères et des enfants, manuels que prenaient de temps à autre des femmes en âge de procréer.

« Les enfants tibétains, dès leur naissance, perçoivent des aides du gouvernement. Les coûts associés à la garderie et à l'enseignement primaire obligatoire sont totalement pris en charge. Les paysans ont en plus l'opportunité de passer chaque année un examen médical gratuitement », indique Xia Zhi. Désormais, le gouvernement rembourse les frais médicaux et de déplacement des nouvelles mamans tibétaines, et accorde même à ces dernières une subvention supplémentaire. Depuis la mise en œuvre de ces mesures, le taux de natalité local a crû de plus de 10 %.

En juillet 2013, Xia Zhi a quitté sa ville natale de Yueyang (province du Hunan) pour se rendre à Sangri, à 230 km de la capitale tibétaine Lhassa. Il va y travailler trois ans en tant que directeur du Bureau de la santé.

Le gouvernement central a commencé à apporter un soutien ciblé au Tibet il y a déjà vingt ans. Depuis 1994, sept groupes comptant en tout 5 966 cadres et autres talents sont venus travailler au Tibet. À l'envoi du sixième groupe, 6 037 programmes de soutien y avaient déjà été menés, totalisant un investissement de 20,1 milliards de yuans.

Le travail là-bas est loin d'être aisé comme se l'était pourtant imaginé Xia Zhi, cadre membre du septième groupe. Dans l'hôpital de Sangri muni de 35 lits seulement, « les patients sont hospitalisés sans matelas et doivent apporter leurs propres draps et couvertures. Dans tout le bâtiment, les toilettes font défaut ; il n'y a pas de cantine non plus. »

En janvier 2014, Xia Zhi a contacté les autorités sanitaires de la province du Hunan pour leur demander de financer les fournitures et équipements médicaux dont l'hôpital de Sangri avait besoin, y compris des matelas. Il a également invité des experts d'autres régions chinoises à venir partager leur savoir avec les médecins de Sangri. Parallèlement, tous les professionnels de la santé de l'hôpital de Sangri, une fois sélectionnés, ont l'opportunité de suivre des formations dans d'autres régions.

Xia Zhi a indiqué que dans le domaine médical, l'État a introduit de nombreux programmes d'aide à l'intention du Tibet, ce qui permet aux hôpitaux tibétains de disposer d'un minimum d'équipements médicaux. Cependant, certains appareils bien précis, notamment ceux pour réaliser une endoscopie ou une prise de sang, manquent encore cruellement. En effet, les maladies de l'estomac sont relativement fréquentes chez les Tibétains. Par ailleurs, leur sang a tendance à coaguler plus rapidement sous l'influence de l'altitude et du climat, ce qui complique les prises de sang. Dans ces deux domaines-là, le matériel reste à améliorer.

En outre, sur le haut plateau, un certain nombre de maladies s'observent plus fréquemment qu'ailleurs. C'est le cas notamment de la maladie de Kashin-Beck (MKB), de la cataracte et des maladies cardiaques, auxquelles les médecins venus prêter main forte au Tibet accordent une attention toute particulière.

Ces dernières années, grâce à l'aide de ces équipes médicales, plus de 800 000 adolescents tibétains de moins de 18 ans ont pu passer un test de dépistage de cardiopathie congénitale, et 1 495 d'entre eux souffrant de cette malformation ont été traités gratuitement. Xia Zhi se rappelle qu'en 2013, plusieurs enfants atteints de cette maladie avaient été conduits à Changsha pour y être opérés gratuitement. Le gouvernement leur avait en outre accordé un certain nombre de subventions. Ces enfants ont tous recouvré la santé depuis.

Conformément à la Réglementation relative aux soins médicaux dans les zones agricoles et pastorales de la région autonome du Tibet, en vigueur depuis 2013, la population locale peut se faire rembourser 70 % à 90 % de ses frais d'hospitalisation. En 2013, les autorités financières du Tibet ont mis en place une assurance médicale spécifique pour les agriculteurs et éleveurs. Dans le cadre de la durée et des modalités de couverture, l'assuré bénéficie du remboursement à 100 % de ses frais médicaux au-delà de 60 000 yuans, dans la limite d'un plafond fixé à 70 000 yuans par personne et par an. Ainsi, un paysan tibétain peut-il se faire rembourser jusqu'à 130 000 yuans de frais médicaux par an !

Le temps de son séjour, Xia Zhi espère résoudre une à une les déficiences dont pâtit l'hôpital. Actuellement, il projette de réunir des fonds pour construire un nouveau bâtiment d'hospitalisation. « Il sera bien équipé, avec toilettes et télévision incluses, à l'image de ceux ailleurs en Chine. »

Ce jour du 24 février, Hu Yong était aussi debout pendant plusieurs heures sous le soleil torride, comme Xia Zhi. Hu Yong, 36 ans, a lui aussi débarqué au Tibet dans le cadre d'un programme de soutien. Directeur adjoint et brillant médecin au centre de services d'hygiène du district de Sangri, dans la préfecture de Shannan, il est pris d'assaut par la multitude de patients désireux de le consulter. Hu Yong enchaîne tellement les rendez-vous qu'il n'a même pas le temps, ne serait-ce, de boire un verre d'eau... Toutefois, il se réjouit de la haute confiance que lui accordent les Tibétains.

Depuis six mois qu'il vit au Tibet, Hu Yong s'est rendu dans 42 villages éparpillés dans le district de Sangri. Il s'est intéressé aux formations délivrées aux médecins de ces villages. Après un ou deux ans d'études seulement, ceux-ci commencent directement à exercer et ne sont donc pas assez compétents, que ce soit en termes de diagnostic ou de traitement. « Leur formation doit être mise à l'ordre du jour », s'est empressé d'avertir Hu Yong. Néanmoins, si tous les médecins des villages étaient rassemblés en un même point du district pour suivre une formation commune, les agriculteurs et éleveurs auraient des difficultés à consulter durant cette période : « C'est une grande contradiction. »

Pour participer à un programme de soutien au Tibet, les candidats doivent remplir seulement trois conditions : y venir de leur plein gré, avoir l'accord de leur famille et enfin, être sélectionné par l'organisation concernée. Hu Yong a donc saisi cette opportunité avec beaucoup d'enthousiasme et espère résoudre le plus tôt possible les problèmes d'ordre médical rencontrés par les locaux. Après une mûre réflexion, il souhaite se lancer dans la rédaction d'une série de manuels médicaux, qui tiendraient compte des conditions locales et du niveau d'instruction, à dessein de les distribuer aux médecins des villages par la voie du Bureau de la santé local.

« Aujourd'hui, grâce au développement d'Internet, il est possible de proposer des formations régulières en ligne, afin d'aider les médecins des villages à soigner correctement les maladies courantes. » Hu Yong songe à bâtir un centre de formation destiné aux médecins des villages avant son départ du Tibet. Pour garantir l'excellence du personnel médical tibétain, il suggère d'abaisser les considérations portées aux langues étrangères et aux thèses dans l'octroi des titres académiques, ainsi que d'améliorer le bien-être économique et social des médecins.

Hu Yong et Xia Zhi, ces confrères tous deux originaires de la province du Hunan mais qui ont fait connaissance à travers ce programme de soutien envers le Tibet, formulent ensemble le vœu de laisser en permanence dans cette région une équipe médicale et les technologies nécessaires, pour mieux servir le peuple tibétain.

 

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