CHINAHOY

26-February-2014

Les relations sino-françaises revêtent une importance stratégique

––– Interview de Zhai Jun, ambassadeur de Chine en France

 

Le 13 janvier 2014, Zhai Jun et Laurent Fabius ont assisté à la conférence de presse pour les célébrations du 50e anniversaire des relations diplomatiques.

 

LU RUCAI, membre de la rédaction

En janvier 2014, Zhai Jun a été nommé ambassadeur de Chine en France, quittant sa place de vice-ministre des Affaires étrangères chargé de l'Asie de l'Ouest et de l'Afrique du Nord, ainsi que des affaires d'Afrique et de l'information. Auparavant, il avait été en poste à l'ambassade de Chine au Yémen, puis en Arabie Saoudite. En outre, il avait successivement exercé les fonctions d'ambassadeur de Chine en Libye, de directeur général du département d'Administration des Affaires extérieures, de directeur général du département des affaires d'Asie de l'Ouest et d'Afrique du Nord ainsi que de ministre assistant des Affaires étrangères.

À l'occasion du 50e anniversaire des relations diplomatiques sino-françaises, en tant que nouvel ambassadeur chinois en France, Zhai Jun nous a fait l'honneur de nous accorder une interview écrite. Selon lui, les relations bilatérales entre la Chine et la France se sont profondément développées depuis cinquante ans. De nos jours, la coopération entre les deux pays s'est diversifiée et montre un vigoureux potentiel. Il espère qu'à l'avenir, continueront de progresser les investissements réciproques et les échanges culturels entre les deux pays.

La Chine au présent : Vous avez été nommé ambassadeur de Chine en France l'année du cinquantenaire des relations diplomatiques sino-françaises. Qu'en pensez-vous ?

Zhai Jun : Je considère que le cinquantenaire des relations diplomatiques sino-françaises marque un important jalon dans les relations bilatérales, une étape qui va ouvrir de plus belles perspectives encore. D'une part, je suis très honoré d'avoir été désigné ambassadeur de Chine en France à ce moment crucial ; d'autre part, je suis surchargé de travail et ressens bien le poids de mes responsabilités. Nous sommes fiers de l'essor considérable qu'a connu la Chine ces trois dernières décennies. Et pour continuer d'avancer sur la bonne voie, la Chine peut s'inspirer de l'exemple donné par la France, avec son expérience éprouvée et ses technologies avancées. Nous devons réfléchir à la meilleure façon de renforcer et de consolider le partenariat stratégique sino-français dans cette nouvelle ère historique, puis déployer d'inlassables efforts à cette fin.

La Chine au présent : Vous êtes sans aucun doute venu en France à plusieurs reprises. Quelles sont donc vos impressions sur ce pays ?

Zhai Jun : Lorsque j'étais en charge des affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique, je me rendais régulièrement en France, mais pour des courts séjours seulement. Cette fois, je vais y rester un peu plus longtemps. Je trouve que la France, plus qu'un grand pays occidental, est une nation de grande civilisation qui reflète un mode de vie distinct, raffiné et élégant. Par ailleurs, la France est un pays qui a su remarquablement bien préserver sa diversité culturelle, contribuant ainsi grandement à la pluralité de la civilisation mondiale. Son influence se mesure bien au-delà des indicateurs économiques, tels que le PIB ou les chiffres du commerce.

La Chine au présent : À quelles activités avez-vous participé depuis votre prise de fonction ? Comment réagissez-vous face aux commentaires qu'émettent le gouvernement et le public français vis-à-vis de la Chine et des relations sino-françaises ?

Zhai Jun : Le début de mon mandat a coïncidé avec la célébration du 50e anniversaire des relations diplomatiques et la traditionnelle fête du Printemps (le Nouvel An chinois). Toutes sortes de festivités et d'activités liées à mon arrivée à ce nouveau poste sont venues ponctuer ces premières semaines. J'ai assisté à une centaine d'évènements organisés par les différents milieux. J'en ai gardé une très bonne impression. Ces animations mettaient bien en valeur les caractéristiques chinoises et témoignaient de l'estime et de l'amitié que portent le gouvernement et le peuple français à l'égard de la Chine, ainsi que leurs fervents souhaits de propulser les relations sino-françaises et la coopération bilatérale vers de plus hauts sommets.

La Chine au présent : Pourriez-vous décrire vos expériences diplomatiques précédentes ? En quoi vous sont-elles utiles aujourd'hui dans l'exercice de votre nouvelle fonction d'ambassadeur chinois en France ?

Zhai Jun : Comme je l'ai évoqué précédemment, mes anciennes positions étaient plutôt axées sur le Moyen-Orient et l'Afrique. Pour être franc, à la différence de mes prédécesseurs, je n'ai jamais travaillé en France auparavant. Toutefois, mon parcours présente à la fois des avantages et des inconvénients pour ce nouveau poste. Un ministre français expérimenté m'a fait savoir que le Moyen-Orient et l'Afrique sont des régions au cœur de la diplomatie française et que mes expériences antérieures allaient me permettre de traiter les relations sino-françaises selon une optique plus internationale, grâce à mes horizons plus larges et mes idées plus ouvertes. Ma plus grande faiblesse réside dans le fait que je ne parle pas français, ce qui n'est pas pratique pour le travail. En revanche, il s'agit d'une difficulté à laquelle je peux pallier en apprenant cette langue. En somme, « pas d'expérience » signifie « pas d'idées reçues », ce qui peut se traduire par « un plus grand nombre de possibilités ».

La Chine au présent : La France déplore le manque d'investissements émis par les entreprises chinoises en France, en comparaison avec le montant des investissements français réalisés en Chine. Pourquoi cet écart ? Que comptez-vous faire pour encourager les entreprises chinoises à investir en France ?

Zhai Jun : Pour autant que je sache, les investissements français en Chine ont atteint 13 milliards de dollars fin 2013, alors que les investissements chinois en France fluctuaient autour des 4 milliards de dollars, soit moins du tiers. Cependant, si l'on jette un coup d'œil au taux de croissance de ces chiffres, on note que les investissements chinois augmentent rapidement ces dernières années. Et ces investissements chinois à l'étranger vont continuer de progresser si l'économie chinoise arrive à maintenir un développement sain et rapide. Je suis convaincu que dans un proche avenir, le volume des investissements chinois en France dépassera celui des investissements français en Chine.

La Chine au présent : D'après vous, quel est le statut des ressortissants chinois en France et quel rôle jouent-ils ?

Zhai Jun : Ils m'ont vivement impressionné lors des célébrations organisées à l'occasion de la fête du Printemps. Tels des ambassadeurs de la culture populaire, ils servent de pont entre la Chine et la France, favorisant les échanges culturels et l'amitié entre les peuples. Les ressortissants chinois redoublent d'efforts pour s'intégrer dans la société française et y réussir professionnellement. De leur succès s'ensuivent des conséquences favorables pour la France : ils participent à la prospérité de l'économie locale et créent plus d'emplois. Dans le même temps, je me réjouis de voir que les Chinois de deuxième et troisième génération héritent de la tradition chinoise. Un point positif d'après moi.

La Chine au présent : Comment voyez-vous les relations sino-françaises ? Quelles sont les difficultés et les opportunités ? Dans quels domaines la coopération sino-française devrait-elle se développer à l'avenir ?

Zhai Jun : Parmi les relations que la Chine entretient avec les pays occidentaux, les relations sino-françaises se distinguent par leurs caractères stratégique, global et pionnier. Retenons surtout qu'elles revêtent une importance stratégique particulière. Tout comme l'échiquier international, la Chine et la France ont toutes deux subi des bouleversements considérables. Néanmoins, au lieu de se fragiliser, les liens entre les deux pays se sont renforcés. Les champs de la coopération sino-française sont désormais plus élargis et affichent un fort potentiel. Pour l'heure, j'espère en priorité que des progrès seront faits entre nos deux pays en matière d'investissements réciproques et d'échanges culturels.

 

La Chine au présent

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