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Drukhang Thubten Khedrup : le bouddhisme tibétain au cœur d'une vie
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Le 9 mars 2013, dans le monastère de Séra à Lhassa, des moines débattent pour approfondir leurs connaissances des soutras. |
LI YUAN, membre de la rédaction
Né dans le district de Nagqu, au Tibet, Drukhang Thubten Khedrup est le septième tulkou (personnalité religieuse reconnue comme réincarnation d'un maître ou d'un lama disparu dans le bouddhisme tibétain) Drukhang. Associé à la tradition Gelug, le tulkou Drukhang, dans l'histoire tibétaine, est le plus vénéré sur le plateau nord du Tibet. Le premier serait né il y a plus de 380 ans.
La religion tibétaine en plein essor
En 1958, s'est tenue à Nagqu la cérémonie d'intronisation de Drukhang Thubten Khedrup, alors que celui-ci n'avait encore que 3 ans. Premier tulkou réincarné après la libération pacifique du Tibet, le gouvernement central chinois attacha une haute importance à cette cérémonie, qui fut ainsi la plus solennelle parmi toutes celles organisées en l'honneur d'un tulkou Drukhang.
La réincarnation chez les tulkous est un mode de succession propre au bouddhisme tibétain. La cérémonie pour leur intronisation demeure la célébration religieuse la plus sacrée qui ait lieu dans les temples bouddhistes tibétains. Selon les rites, cette cérémonie symbolise l'accès par l'enfant réincarné au trône et à la position légale hérités de son existence antérieure.
En mars 1959, a été introduite au Tibet une réforme démocratique, qui a mis fin au régime de servage féodal théocratique. Après leur émancipation, des millions de serfs ont pu commencer une nouvelle vie.
« Avant cette réforme démocratique au Tibet, les seigneurs féodaux, bien qu'ils ne représentassent que 5 % de la population tibétaine, détenaient la quasi-totalité des terres arables et des pâturages, ainsi que la grande majorité du bétail. Ils possédaient en outre un nombre important de serfs et d'esclaves, qui n'avaient pas suffisamment ni pour se nourrir ni pour se vêtir. Les seigneurs pouvaient les exploiter à leur guise, même les tuer arbitrairement », indique Drukhang Thubten Khedrup.
Cette réforme démocratique a apporté des changements dans le milieu religieux au Tibet qui ont laissé une vive impression à notre tulkou. « En premier lieu, la population tibétaine a réellement acquis la liberté de croyance. Avant, les laïcs étaient persécutés de toutes parts : on ne pouvait donc parler de véritable liberté religieuse au Tibet. Dans une société libre et démocratique, fidèles comme laïcs ne devraient être la cible de pressions extérieures, commente le tulkou Drukhang. En second lieu, a été mise en œuvre la séparation du pouvoir et de la religion. Cette mesure a permis au bouddhisme de se développer plus sainement. »
« Actuellement, les politiques ethniques et religieuses nationales sont correctement appliquées au Tibet. La population multiethnique au Tibet pratique chaque jour des activités religieuses très variées. Toutes les familles bouddhistes installent dans leur foyer un bouddha méditant dans une niche et possèdent une panoplie d'objets à caractère religieux. Les tulkous et moines peuvent entrer dans les temples pour y réciter des soutras, comme aller parmi la population. » Du fait de cette pratique libre de la foi, Drukhang Thubten Khedrup considère que la religion tibétaine se trouve de nos jours dans sa meilleure période historique de développement.
Actuellement, le Tibet compte environ 1 700 lieux religieux, 46 000 moines et nonnes, et 280 tulkous, des chiffres records dans le monde.
Drukhang Thubten Khedrup, que la population locale tient en haute estime, gère lui-même onze temples. Pour lui, sa mission, en tant que réincarnation du bouddha vivant sur Terre, consiste à servir avec sincérité les fidèles.
« Les dévots se prosternent dès qu'ils croisent un tulkou. Il ne s'agit pas d'un témoignage de crainte, mais d'un symbole de foi pure. Si vous blessez leur cœur, alors vous ne pouvez prétendre être un tulkou, ni même un être humain », fait-il remarquer.
Lorsqu'un habitant tombe malade, Drukhang Thubten Khedrup va s'enquérir de son état pour lui proposer ensuite un hôpital approprié. Chaque fois qu'il rend visite à des croyants, il refuse systématiquement de s'asseoir sur le lit prestigieux qu'on lui réserve, préférant partager avec eux un repas, assis à leurs côtés. Il précise : « Même le Bouddha Sâkyamuni en fait ainsi, pourquoi ne suivrions-nous pas son exemple ? D'autant plus que le bouddhisme prône l'égalité entre les hommes. »
Renforcer les échanges avec le milieu bouddhiste
Au fil de la modernisation, le bouddhisme tibétain a progressivement été reconnu et accepté à large échelle par les peuples. Aujourd'hui, Drukhang fait régulièrement la navette entre le Tibet et les autres contrées de Chine. Il a même effectué des séjours dans nombre de pays étrangers comme la Birmanie, la Thaïlande, la Malaisie, le Japon, l'Australie, la France, l'Allemagne, la Suède et la Belgique.
Au cours de ses visites, on lui a souvent demandé comment le bouddhisme tibétain s'adaptait au développement de la société moderne. D'après lui, les enseignements bouddhistes n'ont nul besoin d'être réformés pour ce faire, car l'essence de cette religion réside dans la miséricorde. Le bouddhisme prêche comme précepte de ne pas nuire aux êtres vivants ; il est caractérisé par la loi du karma ; sa finalité se résume au salut du monde. Ces idées sont toujours d'actualité dans notre société.
La Chine pratique une politique ethnique et religieuse proclamant la liberté de croyance. Plusieurs religions coexistent. Le bouddhisme, lui, compte diverses écoles comme le bouddhisme tibétain, le bouddhisme han et le bouddhisme Theravada (pratiqué dans le sud-ouest de la Chine). Drukhang s'est rendu dans presque tous les grands monastères du bouddhisme han. Selon lui, dans de nombreux aspects, cette école possède des éléments dont le bouddhisme tibétain devrait s'inspirer. Alors qu'il visitait le temple Nanputuo à Xiamen, il s'est renseigné en détail sur les activités de bienfaisance, la gestion du temple, la formation des jeunes moines et l'approfondissement de leur savoir culturel et religieux. Il a le sentiment d'avoir beaucoup appris de cet échange, tout en s'étant forgé une nouvelle amitié avec le maître Shenghui.
« Le maître Shenghui place le Tibet et le bouddhisme tibétain au cœur de ses préoccupations. Après qu'un blizzard avait frappé le district de Nagqu, il avait envoyé un don de 10 000 yuans. Lorsqu'il avait visité le Tibet par la suite, il avait offert une aide pour la construction d'écoles à Nagqu et avait financé la scolarité d'élèves pauvres. Aujourd'hui encore, il fait toujours preuve d'une grande générosité ! » s'exclame Drukhang.
Selon ce dernier, que ce soit pour le bouddhisme tibétain, le bouddhisme han ou le bouddhisme Theravada, leurs fondateurs sont des disciples du Bouddha Sâkyamuni. Tous ces courants, de façon similaire, aiment le pays et la religion, sauvegardent le pays et la population.
Cultiver les ressources religieuses
En 1993, Drukhang a été élu membre du VIIIe Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC). Il a été réélu par la suite au sein des Xe, XIe et XIIe Comités nationaux de la CCPPC.
La CCPPC est un organe majeur de coopération multipartite et de consultations politiques sous la direction du PCC. Dans la vie politique chinoise, il constitue un important mode d'application d'une démocratie socialiste.
En ce qui concerne la participation des personnalités religieuses aux actions politiques, Drukhang considère qu'elle revêt deux significations : d'une part, la participation d'un citoyen à part entière à la vie politique ; d'autre part, la participation aux décisions politiques à titre de représentant religieux.
En tant que membre du Comité national de la CCPPC depuis 21 ans, Drukhang a avancé diverses propositions, telles que la protection de la culture bouddhiste tibétaine, l'élévation du niveau d'instruction des religieux et le renforcement des efforts de protection de la faune dans la région autonome du Tibet. Toutes ces recommandations ont été hautement appréciées par le Comité central du PCC, et le gouvernement central a lancé les mesures nécessaires dans ces domaines, ce qui a d'autant plus fait ressentir à Drukhang le poids de sa mission.
Drukhang est également directeur de l'Institut du bouddhisme tibétain. Cette année, la proposition qu'il a soumise lors des sessions de la CCPPC portait sur « l'intensification des efforts visant à renforcer le développement des instituts bouddhistes, à dessein de former des personnes religieuses d'excellence ». D'après lui, le contenu enseigné dans les instituts est relativement simple, mais la majeure partie concerne la doctrine bouddhiste, difficilement adaptable au développement économique et social rapide d'aujourd'hui. Il suggère d'enseigner à la fois les théories bouddhistes traditionnelles et des connaissances scientifiques et culturelles modernes, de sorte à élever à tous égards la qualité des moines et des nonnes.
Établi le 20 octobre 2011, l'Institut du bouddhisme tibétain est un établissement correspondant aux exigences de Drukhang. Dans cet institut, 60 % des cours sont focalisés sur le bouddhisme ; 20 % touchent au droit et à l'histoire ; les 20 % restants se rapportent aux disciplines culturelles. Tous les enseignants sont des moines supérieurs issus de différents temples tibétains. En juillet 2013, un premier groupe d'étudiants a obtenu son guéshé (diplôme délivré à des moines bouddhistes tibétains). Drukhang pense que de tels établissements d'enseignement global du bouddhisme devraient être promus à travers le Tibet.
« Les disciplines d'ordre général peuvent aider les élèves à mieux comprendre les philosophies induites dans le bouddhisme. Une fois diplômés, certains d'entre eux sont devenus membres du conseil des associations bouddhistes, d'autres enseignent des soutras dans les temples. Ils peuvent diffuser le bouddhisme en exerçant différentes fonctions, analyse Drukhang. Les connaissances humaines sont capitales. Les Han affirment que les sciences et techniques sont les premières forces productives. D'ailleurs, les différents courants du bouddhisme accordent une place importante au Bouddha Manjusri, représentant de la sagesse. Et la sagesse appelle au respect ! »
« Après déjà plus d'un millier d'années d'existence, le bouddhisme tibétain ne s'écarte pas de son objectif de respecter et défendre la nation et la religion. Dans l'histoire, Phagpa, Tsongkhapa, le Ve Dalaï-lama et tous les Panchen Lama, ainsi que des grands tulkous et moines de différentes écoles, ont tous contribué au maintien de l'unité de la patrie et de l'union des ethnies. À l'heure actuelle, je cumule plusieurs postes et suis donc très occupé tous les jours. Mais je me sens en l'occurrence comblé, puisque je fais tout mon possible pour mettre le bouddhisme au service de la population », souligne Drukhang.
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