CHINAHOY

30-July-2014

Les véhicules chinois : en route vers le marché latino-américain !

 

Des ouvriers travaillent dans l'usine de Geely. (DONG NING)

 

DANG XIAOFEI, membre de la rédaction

Après avoir subi les répercussions de la crise financière internationale, les exportations des véhicules chinois sur le marché latino-américain ont redémarré sur les chapeaux de roues. Des constructeurs chinois, dont Chery Automobiles et Great Wall Motor, accélèrent leur entrée sur ce marché prometteur.

Un panel d'occasions offertes par l'Amérique latine

Ces dernières années, grâce à la reprise de son secteur automobile, l'Amérique du Sud est devenue le troisième marché d'exportation des voitures chinoises, après le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

« L'Amérique latine est l'une des zones où le marché automobile a connu le plus grand essor. Depuis 2003, ce continent constitue un pôle de croissance considérable à l'exportation des véhicules chinois. En 2014, cette hausse s'activera encore, car la demande dans cette industrie y reste énorme. Les produits chinois envahissent progressivement ce marché, indique le responsable export de GAC Gonow. Le Chili et le Brésil correspondent aux deux marchés clés ; viennent ensuite la Colombie, l'Uruguay et l'Équateur. Le Venezuela représente aussi un marché attractif. »

À l'heure où l'économie des pays latino-américains progresse rapidement, leur marché automobile renferme un potentiel colossal. Techniquement parlant, la Chine se trouve au même niveau que l'Amérique latine, ce qui facilite l'accès à ce marché pour les constructeurs chinois.

En Amérique latine, les véhicules chinois sont vendus majoritairement au Pérou et au Chili. Selon Julio Concha, responsable des ventes chez Derco au Pérou, les voitures chinoises, bon marché, consolident non seulement leurs positions au Pérou et au Chili, mais gagnent également en popularité en Bolivie, en Uruguay et au Paraguay. Dernièrement, elles ont triomphalement débarqué sur le marché colombien.

« Actuellement, une quarantaine de marques automobiles chinoises sont distribuées communément sur le marché péruvien. Les camions à benne basculante sont les véhicules qui s'y vendent le mieux, achetés la plupart du temps par des jeunes entrepreneurs ou des patrons de petites entreprises. Ces derniers désirent acheter des véhicules avec un bon ratio prix/performance pour assurer leurs besoins logistiques », observe M. Concha.

D'après Zhu Yi, ingénieur en normalisation pour le Centre de recherche des technologies automobiles de Chine, l'exportation des véhicules chinois vers le Chili bénéficie pour le moment de deux avantages. Le premier réside dans l'accord de libre-échange qu'ont signé ensemble la Chine et le Chili, accord qui permet aux voitures chinoises exportées d'être exemptées de droits de douane. Le deuxième demeure dans le développement rapide des marques chinoises ainsi que la multiplication des types de véhicules proposés. La plupart sont vendus à des prix convenables et répondent ainsi adéquatement aux exigences du marché chilien. Leur coût relativement bas permet aux voitures chinoises d'élargir leur part sur le marché local.

Les ventes des véhicules commerciaux en forte hausse

Les véhicules commerciaux sont en constante progression, que ce soit en termes de technologies, de valeur ajoutée ou d'image de marque. Leurs ventes ont explosé sur le marché latino-américain ces dernières années.

Selon des données fournies par la Chambre automobile relevant du CCPIT (Conseil chinois pour la promotion du commerce international), la part du marché latino-américain dans le volume total des véhicules chinois exportés est passé de 14,71 % en 2008 à 20,62 % au premier trimestre de 2013, soit une augmentation de 5,91 points. Le Chili, le Pérou et le Venezuela sont devenus les principales destinations de ces exportations.

L'Amérique latine est devenue l'un des marchés majeurs pour la Chine qui souhaite exporter ses véhicules commerciaux. Ces dernières années, de grandes firmes chinoises telles que Sinotruk, Beiben Truck, Yutong, King Long Motor Group, Higer et Zonda, y ont expédié leurs produits.

D'ailleurs, l'Amérique latine est l'une des premières régions au monde ayant accueilli des véhicules commerciaux de facture chinoise. Bien que très éloignés, la Chine et certains pays latino-américains affichent une demande relativement similaire dans l'industrie automobile, de par leur niveau de développement économique comparable.

Dans les années 80, FAW Jiefang Automotive, Nanjing Automobile Corporation et Beijing Automotive Group exportaient leurs véhicules commerciaux vers certains pays comme le Chili, la Bolivie, le Venezuela et le Mexique. Mais à cette époque-là, c'étaient les véhicules japonais qui dominaient ces marchés. Toutefois, les véhicules commerciaux chinois ont réussi à s'y tailler une place de choix grâce à leur qualité proche du niveau international et leur prix raisonnable.

Les véhicules passagers et les véhicules commerciaux chinois pénètrent depuis quelques années le marché chilien. Un peu à la traîne, les camions chinois s'y destinent aussi. Selon des statistiques de la Chambre automobile du CCPIT, en 2006, les importations chiliennes de véhicules chinois étaient nulles ; en 2007, les véhicules commerciaux chinois représentaient 2 % du total de ceux importés par le Chili ; en 2011 et 2012, ce pourcentage s'élevait à 19 %. La Chine est devenue la deuxième source des camions importés par le Chili. À savoir qu'au Brésil, elle tient déjà la place de leader à ce niveau.

Selon Yang Aiguo, secrétaire adjoint à la division automobile de la Chambre du commerce d'import-export des produits mécaniques et électroniques de Chine, la Chine a signé un accord de libre-échange respectivement avec le Chili, le Pérou et le Costa Rica. Un tremplin avantageux pour les produits chinois, plus libres d'explorer le marché latino-américain. Ils jouissent de privilèges tarifaires nés des accords de libre-échange ratifiés avec ces pays latino-américains et peuvent en outre profiter d'autres facilités accordées par d'autres traités conclus par ces pays avec les pays européens ou les États-Unis, de sorte à entrer sur les marchés de pays tiers.

Coexistence d'opportunités et de risques

La situation du marché latino-américain est néanmoins compliquée. Les entreprises automobiles chinoises font à la fois face à des opportunités et des risques.

« Tout le monde salue la large ouverture du marché brésilien, mais un détail d'importance est souvent oublié : dans ce pays, autant l'importation est facile, autant l'exportation est difficile », résume le responsable de GAC Gonow.

En fait, les barrières commerciales importunent fortement les entreprises chinoises. En 2012, le Brésil a annoncé relever de 30 % l'impôt sur les produits industrialisés. Selon la réglementation du gouvernement brésilien, seuls les produits composés à plus de 65 % de pièces originaires du Brésil ou d'un pays membre du Mercosur (Marché commun du Sud) peuvent se faire rembourser les frais de douane ou en être exemptés. La plupart des constructeurs automobiles chinois qui conçoivent et produisent leurs véhicules par leurs propres forces, comme Chery par exemple, en ont ainsi souffert.

Au cours des trois premiers trimestres 2013, Chery a vendu au total 4 747 véhicules, occupant sur le marché brésilien une maigre part de 0,18 % ; sur la même période de 2012, elle avait écoulé 12 378 véhicules, soit une part de 0,46 %.

Les fluctuations des taux de change, le coût assez élevé du transport maritime et l'environnement commercial international de plus en plus complexe affaiblissent la compétitivité des constructeurs automobiles chinois à l'étranger. D'après Wang Shunsheng, assistant du directeur général et responsable des affaires internationales de Guangzhou Automobile, son entreprise s'apprête à explorer le marché chilien. Comme la valeur du peso chilien a chuté de 10 % depuis le début de l'année et que le yuan, à l'inverse, s'apprécie, l'exportation vers ce pays est devenue plus difficile. Ils envisagent alors de prendre des mesures pour éviter les risques liés aux variations du taux de change.

Selon Zhang Zhiyong, analyste de l'industrie automobile, certaines entreprises chinoises, par manque d'expérience, adoptent le même mode de gestion qu'en Chine lorsqu'elles abordent ces marchés émergents, ce qui met à mal l'exportation de véhicules chinois. Le secrétaire général de l'Association chinoise des véhicules passagers, Cui Dongshu, indique que même Great Wall Motor et Chery, deux grands exportateurs de véhicules de marques chinoises, sont affectés par ces facteurs négatifs, une observation qui souligne que les entreprises automobiles chinoises peinent encore à s'adapter aux crises à l'étranger.

De plus, les entreprises chinoises s'empressant d'explorer les marchés étrangers, elles se retrouvent confrontées à une concurrence désordonnée. « L'exportation des véhicules chinois se concentre essentiellement en Asie, en Afrique et en Amérique latine, ainsi que dans des pays émergents tels que la Russie. Ciblant les mêmes marchés et les mêmes clients, une intense compétition émergera inévitablement entre les entreprises chinoises », explique Shi Jianhua, secrétaire général adjoint de l'Association des constructeurs automobiles de Chine.

Actuellement, face au recul des exportations automobiles, les entreprises chinoises comme Chery et Great Wall Motor cherchent par tous les moyens des solutions. Premier constructeur automobile chinois à avoir établi une usine en Amérique du Sud, plus précisément en Uruguay, Chery a investi 400 millions de dollars dans un nouveau bâtiment qui sera construit à São Paulo, au Brésil. Son objectif consiste à élever le pourcentage de pièces fabriquées localement. Chery envisage aussi de lancer davantage de nouveaux modèles sur le marché brésilien, comme la Tiggo et l'Arrizo 7.

D'autres entreprises automobiles chinoises, telles que Foton et JAC Motors, projettent également d'investir à l'étranger à travers l'implantation d'usines, en même temps qu'elles continuent d'accroître leurs exportations de véhicules finis. Shaanxi Automobile Group a annoncé en juin 2013 penser investir 200 millions de dollars pour ériger une usine au Brésil. Dotée d'une capacité de production annuelle de 10 000 poids lourds, elle devrait entrer en service au milieu de 2014. Les pièces pour le moteur et le système de transmission seront achetées auprès de fournisseurs brésiliens, de sorte à ce que le pourcentage de composants locaux atteigne au moins 65 %.

Pour ce qui est de Geely, il entame une phase de transition, sa stratégie d'exportation cédant la place à la production locale. Le groupe a déjà fondé des usines dans divers pays, dont l'Uruguay.

 

La Chine au présent

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