CHINAHOY

1-July-2014

L'eau est précieuse : préservons-la, recyclons-la !

 

Le 31 août 2007, le premier site de traitement de l'eau pour les parcs a été installé dans le parc du lac Longtan, à Beijing. (CNSPHOTO)

 

ZHOU LIN, membre de la rédaction

Par le passé, les industries étaient les premières responsables de la pollution de l'eau, élément essentiel de la vie. Aujourd'hui, les autorités chinoises, conscientes qu'il convient de protéger cette denrée rare, encouragent l'économie de recyclage au sein des entreprises.

Depuis le 1er mai 2014, Beijing pratique une tarification progressive de l'eau en trois échelons, de sorte que les prix ont augmenté pour les secteurs industriels et spéciaux. Selon les experts, cette politique va inhiber le développement des industries qui consomment de l'eau en grande quantité, ainsi qu'encourager le recyclage et la réutilisation de l'eau.

Ces dernières années, pénurie d'eau et pollution se sont aggravées en Chine. C'est pourquoi la préservation et le recyclage de cette ressource précieuse sont aujourd'hui à l'ordre du jour.

Économiser l'eau grâce aux nouvelles techniques

Binchuan, au Yunnan, est un district dont l'économie repose sur l'agriculture. Il s'agit aussi d'un district en cruel manque d'eau. Binchuan compte 300 000 mu (1 mu = 1/15 ha) d'arbres fruitiers, dont 180 000 mu de vignes, 60 000 mu d'orangers et 60 000 mu de néfliers du Japon.

« Ces 300 000 mu d'arbres fruitiers ont besoin de 200 millions de m³ d'eau chaque année, alors que notre réserve n'en contient que 80 millions, dont seulement 50 millions sont utilisables. Il manque de l'eau pour l'agriculture », explique Shi Yubing, secrétaire adjoint du comité du Parti du district.

Binchuan jouit pourtant d'un climat privilégié. Il est baigné par le soleil 2 700 heures par an, et l'écart de température entre le jour et la nuit est relativement important : environ 30°C le jour et 15-16°C la nuit en été. Ce temps convient particulièrement à l'arboriculture fruitière. D'ailleurs, les fruits provenant de Binchuan sont très réputés en Chine.

Autrefois, Binchuan utilisait l'eau du lac Erhai pour irriguer ses 300 000 mu d'arbres fruitiers. Mais cette méthode a été abandonnée par la suite, en vue de protéger le lac. « Nous avons adopté de nouveaux procédés pour économiser l'eau, comme par exemple la micro- irrigation ou l'irrigation par aspersion. Avant, un mu de d'arbres fruitiers buvait 200 m³ d'eau ; maintenant, il n'en consomme que 20. Ainsi, 80 à 100 millions de m³ d'eau ont été économisés annuellement », se réjouit Shi Yubing.

En réalité, l'arrosage goutte-à-goutte favorise la bonne croissance des fruits. « Pour mettre en place ce système du goutte-à-goutte, il faut investir 500 à 2 000 yuans dans chaque mu de terres. Mais après, cette technique peut permettre d'élever la teneur en sucre des fruits. D'une part, la qualité des fruits s'est nettement améliorée ; d'autre part, le rendement de chaque mu a progressé. Les paysans y trouvent donc leur compte ! Ils sont désireux d'utiliser cette méthode », raconte Shi Yubing.

Recycler l'eau dans les industries

Zhongning, district de la région autonome hui du Ningxia, est connu à travers le pays pour ses succulentes baies de goji. Désigné district pilote de l'économie circulaire par la région, Zhongning représente de surcroît la zone modèle n°1 au niveau national en termes de transfert industriel.

Ces dernières années, le secteur industriel a pris de l'essor dans ce district qui s'appuyait traditionnellement sur l'agriculture. « Des parcs industriels ont été construits sur les collines désertes. Les entreprises se sont alors développées rapidement, grâce à la centralisation des industries, la coopération entre elles et l'extension des chaînes industrielles. Et à travers l'industrialisation de type nouveau, nous développons l'économie de recyclage », explique Chen Jianhua, secrétaire du comité du PCC au district de Zhongning. Dès le début, le concept de l'économie circulaire s'est opposé au modèle de développement dérivant de la révolution industrielle : production à outrance, consommation de masse et rejets industriels abondants. Avec le modèle d'économie de recyclage, pas de gaspillage : les ressources sont renouvelables et réutilisées. Dans ce processus, la clé est d'assurer la récupération et le recyclage des objets soi-disant hors d'usage.

La construction du parc industriel de Zhongning a servi trois avancées en matière d'économie circulaire. D'abord, déplacer les collines nues et remblayer les fossés pour établir une zone industrielle de 150 km² a permis de développer six industries piliers et de préserver les terres arables. Ensuite, ce parc préconise l'économie de recyclage, défend les entreprises respectueuses de l'environnement et optimise la structure industrielle. La consommation d'énergie de cette zone industrielle est de loin inférieure à la moyenne enregistrée dans la région autonome hui du Ningxia. Enfin, dans les secteurs de la métallurgie et des nouveaux matériaux, 100 % de l'eau utilisée est recyclée. Dans toute la zone industrielle, on n'observe aucun déversement polluant, aucun gaspillage de l'eau. Ainsi, en 2013, parmi les 33 zones industrielles qui figurent dans la région autonome hui du Ningxia, celle de Zhongning s'est classée au deuxième rang en termes d'économie circulaire.

L'économie de recyclage, qui se caractérise par la faible émission de carbone, l'écologie et la protection de l'environnement, a non seulement porté l'essor industriel du district de Zhongning, mais a aussi ouvert la voie du développement vert et durable aux villes du Centre et de l'Ouest de la Chine.

Protéger l'eau est l'affaire de tous

L'Association chinoise pour la promotion de la culture environnementale a mené une enquête intitulée « Civilisation écologique et conscience du public ». D'après les résultats, ceux qui se soucient le plus de l'environnement ou qui ont le plus de connaissances à ce sujet sont les personnes dont le degré d'instruction et les revenus sont parmi les plus élevés. Toutefois, ce n'est pas pour autant qu'ils se mobilisent pour protéger l'environnement.

Mme Wang Yongchen, journaliste à CNR (China National Radio), est à l'origine de « Bénévoles de la maison verte », une ONG engagée dans l'économie de recyclage. Via les microblogs, elle appelle tous les citoyens à participer aux actions en faveur de la protection de l'eau. « Rappelons que de nombreuses fois, la persévérance des ONG et les révélations des médias ont forcé le gouvernement et les entreprises à agir pour sauvegarder la planète », indique Wang Yongchen.

En 2006, Wang Yongchen a lancé l'opération « Dix ans pour les fleuves », prêtant une attention particulière aux six fleuves principaux du Sud-Ouest de la Chine, à savoir Minjiang, Yalong, Dadu (au Sichuan) et Jinsha, Lancang, Nujiang (au Yunnan). En 2013, Bénévoles de la maison verte a publié une photo sur Weibo, dévoilant la grave pollution d'un bras du fleuve Jinsha. The Beijing News, dès qu'il a vu cette annonce, a envoyé des journalistes sur place, lesquels ont préparé un reportage. L'article pleine page publié a aussitôt suscité l'attention du gouvernement local. Les usines de lavage de minerais à proximité ont été contraintes de suspendre leurs activités ; certaines ont même été fermées. En outre, sept personnes ont été écrouées.

« L'économie de recyclage pourrait véritablement devenir la nouvelle orientation pour le développement futur de l'économie chinoise. Je serai alors plein d'espoir pour notre environnement. Tel est mon rêve chinois », conclut Wang Yongchen.

 

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