CHINAHOY

7-December-2013

La voie chinoise : l'Occident n'est pas un modèle à suivre

 

SONG LUZHENG

Depuis 1949, l'année de la fondation de la République populaire de Chine, la Chine a mené sans relâche des réformes politiques et institutionnelles, répondant ainsi à la demande des temps modernes et tirant les leçons des erreurs passées. Aujourd'hui, un nouveau modèle, celui de la passation du pouvoir, de la surveillance politique, des freins et contrepoids aux caractéristiques chinoises, a pris forme. La « domination d'un seul homme pendant toute sa vie » laisse place désormais à la « direction collective d'un mandat limité ». Pour s'en faire un portrait plus précis, comparons ce système chinois unique à celui de l'Occident, assailli de difficultés économiques, et à celui du monde arabe, bousculé par la révolution. L'Occident fait tourner fréquemment ses chefs d'État et ses partis au pouvoir ; la Chine remplace régulièrement son président, non les partis au pouvoir ; les sociétés arabes ne renouvèlent ni leurs leaders, ni leurs partis au pouvoir. À y juger en adoptant un point de vue moderne, le modèle chinois a surpassé les deux autres, parce que flexibilité et continuité sont toutes deux requises au bon fonctionnement d'un système politique. Le système occidental fait preuve de flexibilité, mais manque de continuité. Le monde arabe, lui, montre une continuité, mais manque de flexibilité, ce qui a conduit à l'instauration de régimes rigides. Il faut savoir que les changements profonds arrivent souvent avec l'adoption de nouveaux gouvernements.

Le système chinois d'aujourd'hui a été façonné au fil du temps par ses propres politiques, culture, traditions et évolution sociale. Pendant plusieurs milliers d'années, la tâche politique centrale de la Chine correspondait à la sélection nationale des fonctionnaires. Dans les temps anciens, le paradigme classique pour le transfert du pouvoir suprême se traduisait par le système de l'abdication de la couronne. Dans les temps modernes, ce concept de sélection nationale a été étendu aux hauts dirigeants ; le système de transfert du pouvoir suprême en Chine repris les mérites de l'ancien système d'abdication, mais il y a introduit des limites pour éviter que les règnes durent toute une vie, comme c'était le cas dans le passé. Aujourd'hui, le système de passation des pouvoirs est marqué par : un parti unique au pouvoir (intégration du parti et des machines politiques), la sélection nationale, l'enrichissement culturel permanent, la possibilité d'être élu ailleurs que dans sa région natale, des restrictions d'âge, des élections pluralistes des corps législatifs et exécutifs, ainsi que le changement régulier de gouvernement. Dans ce système, « le parti unique au pouvoir, la sélection nationale, l'apprentissage culturel permanent et la possibilité d'être élu ailleurs que dans sa région natale » sont des aspects hérités de la culture politique traditionnelle chinoise ; les « restrictions d'âge » sont une pure création de la Chine ; « les élections pluralistes des corps législatifs et exécutifs, et le changement régulier de gouvernement » sont des leçons apprises de l'Occident.

Ce modèle a en fait donné libre cours aux avantages attestés à la fois par les systèmes occidental et arabe. Il a permis au système chinois de surmonter les difficultés auxquelles sont confrontés l'Occident et le monde arabe. Grâce au parti unique, la Chine peut s'écarter du risque de passer par un intermédiaire et formuler une stratégie de développement sur le long terme. La sélection nationale et l'enrichissement culturel permanent permettent de garantir que les citoyens les plus instruits sont choisis pour gouverner, sans que cela ne génère de coûteuses dépenses. Ces pratiques peuvent non seulement éviter à la Chine de sombrer dans l'inaction politique dont souffrent les démocraties, mais aussi réfréner l'avidité humaine. Le changement régulier des gouvernements peut insuffler un nouvel élan à la nation et empêcher la montée de dictateurs.

SONG LUZHENG est commentateur et chercheur au Spring & Autumn Research Institute.

 

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