CHINAHOY

7-November-2012

Système politique, planification et confucianisme — L'ancien président du Pérou Alan García Pérez sur le secret du développement de la Chine

 

MICHAEL ZÁRATE, membre de la rédaction

Le 7 juillet 2012, le vice-président chinois Xi Jinping rencontre l'ancien président du Pérou Alan García Pérez, venu en Chine pour assister au Forum mondial pour la paix.
 
 

Alan García Pérez, ancien président du Pérou, a exprimé son point de vue sur le progrès rapide qu'a connu la Chine ces dernières années, lors d'une interview qu'il nous a accordée, en marge du Forum mondial pour la paix organisé par l'université Tsinghua.

Des dirigeants remarquables et un système très ingénieux

L'essor rapide que la Chine a connu ces dernières décennies, Alan García Pérez l'attribue à la direction collégiale du pays et à son système politique. « Nous devons dire que la Chine est un pays qui se distingue des autres par la pratique d'un système de direction collective. Ce pays ne manque pas d'innovation technologique. À mon avis, la raison essentielle pour laquelle la Chine a progressé aussi rapidement est le talent remarquable des dirigeants de la génération de Deng Xiaoping (bien sûr, il y a aussi le dévouement individuel et collectif). Je considère toujours Deng Xiaoping comme le dirigeant chinois qui a été le plus remarquable. De tous les pays, la Chine est celui qui a connu le changement social le plus profond, non seulement au XXe siècle, mais aussi de toute l'histoire humaine. Cela est tout à fait différent du changement social qui a eu lieu en Union soviétique au XXe siècle, et qui a engendré la pauvreté. »

Selon lui, par changement social, il faut entendre faire en sorte qu'une nation ait largement de quoi se vêtir et se nourrir. En 1970, l'humanité est entrée dans l'ère des nouvelles communications, mais Deng Xiaoping l'avait déjà prévu ; il est l'un des plus grands dirigeants de l'histoire humaine, et nous pouvons aujourd'hui encore sentir son importance.

Deng Xiaoping est un homme qui avait un grand charme personnel ; Jiang Zemin incarnait toutes les vertus de ce pays, et en plus, il était bon écrivain, a poursuivi M. García. Ce dernier admire aussi le président Hu Jintao, et pour lui, le premier ministre Wen Jiabao est également un homme politique très sage ; sa sagesse l'a fortement impressionné. Il n'en pense pas moins d'autres dirigeants chinois. Le système politique de la Chine n'est ni un système dynastique, ni celui d'une famille ; c'est le choix du peuple, et c'est un système très ingénieux.

Pensée clairvoyante et plan de développement à long terme

M. García a aussi déclaré que son voyage en Chine en 2004, alors qu'il était au pouvoir, l'avait bien inspiré. « Plusieurs années plus tard, quand je suis retourné dans les endroits que j'avais visités, j'ai pu constater combien ils avaient changé », a-t-il dit d'un ton sincère.

« Un soir de 1983, dans la résidence du président Li Xiannian, j'ai eu l'honneur de m'entretenir avec lui et Deng Xiaoping. C'était la première fois que j'entendais parler de la construction de la zone économique spéciale de Shenzhen et de la modernisation des banlieues de Beijing. Par la suite, j'ai visité ces endroits. À cette époque-là, on en était encore à l'étape de planifier la construction des infrastructures. »

« Je n'avais pas alors complètement réalisé que l'informatique, toute récente et sans frontières, allait apporter tant de modes d'investissement et qu'il y en aurait bien d'autres encore. Certains pays ne savent pas comment utiliser cet outil, car ils vivent encore au XXe siècle. Pour moi, parler du XXe siècle, de ses guerres et de la désintégration de l'Union soviétique, c'est comme parler du Xe siècle et de la peste qui sévissait alors. Il faut avoir une largeur de vues. Si certains gouvernements n'utilisent pas bien l'informatique, cela sera malheureux pour eux comme pour leur peuple. »

Selon M. García, parce que ses politiques ont une bonne direction, la Chine peut créer de meilleures conditions au libre-échange que ne peut le faire le chaos du système capitaliste. « Dans le monde actuel, il existe un capitalisme ordonné et un capitalisme planifié ; mais il existe aussi un capitalisme désordonné, appelé ''démocratie'', dit-il. Dans ce dernier, lors d'un entretien avec le président d'un pays, il est impossible d'obtenir un investissement, même d'une petite entreprise. Ce n'est pas le cas en Chine. Elle a un plan de développement à long terme qui est conforme à la réalité plutôt que basé sur la volonté des dirigeants. »

Le confucianisme contribue au rythme de croissance chinois

À maintes reprises, Alan García Pérez a exprimé son estime pour la pensée traditionnelle chinoise. Il estime que cette pensée peut fournir une explication à tout ce qui s'est passé dans le monde. Selon lui, ce nouveau monde à haute vitesse, à forte créativité et disposant de divers modes de paiement, exige la compétitivité. Dans le passé, le développement économique du Pérou et d'autres pays d'Amérique latine reposait sur les ressources naturelles et sur leur marché intérieur. Aujourd'hui, cette compétitivité a déjà brisé les frontières géographiques. Seul le peuple qui est le plus laborieux et le plus autodiscipliné peut créer une grande richesse avec le minimum de ressources, et peut atteindre un record mondial de rapidité de croissance. Or, l'Europe gaspille à sa guise les ressources sociales en ne faisant que profiter, sans produire. S'il n'y avait pas la Chine, un pays pourvu d'une forte compétitivité, cette situation de gaspillage perdurerait.

Comment la Chine a-t-elle fait pour atteindre un tel rythme de croissance, en plus de parvenir à une plus grande liberté, à des moyens de communication de plus en plus diversifiés et à la capacité nécessaire pour créer de la richesse ?

M. García répond : « Je pense que cela doit être attribué à la ''personnalité de base'' du peuple chinois. Cette personnalité s'est formée pendant des milliers d'années. La réflexion sur soi, le travail collectif, le respect de l'histoire et des générations antérieures, l'idée d'harmonie, ainsi que l'aptitude à résister à la souffrance sont des qualités que les Occidentaux ne possèdent pas. Mais ce sont des qualités qui existaient déjà dans le confucianisme, il y a 2 500 ans, et qui permettent à la Chine d'établir un record mondial de vitesse de croissance. »

L'ancien président du Pérou, Alan García Pérez, accorde une interview à La Chine au présent.

 

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