CHINAHOY

29-January-2014

Relations sino-françaises en 2013

 

Dans un environnement en constante mutation, il est nécessaire de construire un nouveau modèle de relations bilatérales stables, si possible épargnées par les divergences politiques ou les changements de dirigeants. C'est un sujet de recherche que prisent les experts des deux pays.

Xu Tiebing

En 2013, les relations sino-françaises sont restées assez stables et il n'y pas eu de perturbations graves. Le point le plus saillant de cette année aura été la visite du président français François Hollande en Chine. Il est le premier chef d'Etat d'une puissance occidentale à être reçu par les nouveaux dirigeants chinois, contribuant ainsi à la consolidation des relations bilatérales. Bien entendu, il existe des divergences de vues sur des problèmes internationaux, notamment la crise en Syrie. Les deux parties s'efforcent cependant de trouver des terrains d'entente par le biais de la consultation pour atténuer autant que possible les divergences et éviter un affrontement direct.

Sur le plan multilatéral, comme par exemple le sommet du G20, la Chine et la France ont beaucoup discuté préalablement pour laisser une marge de manœuvre en cas d'absence de consensus. L'année 2014 marque le 50ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Beijing et Paris se concentrent maintenant sur les préparatifs des célébrations pour cette occasion.

Dans un environnement en constante mutation, il est nécessaire de construire un nouveau modèle de relations bilatérales stables, si possible épargnées par les divergences politiques ou les changements de dirigeants. C'est un sujet de recherche que prisent les experts des deux pays.

Un aspect important des relations sino-françaises sont les échanges économiques. Quand la Chine a lancé la politique de réforme et d'ouverture à la fin des années 70, le pays était un importateur net de capitaux étrangers. La situation est maintenant différente : en raison de la crise de l'euro et du faible taux de croissance, la France et d'autres pays européens sont disposés à accueillir les investissements chinois. L'Hexagone a par exemple implanté des bureaux d'affaires dans les deltas du fleuve Yangtsé et de la Rivière des Perles afin d'encourager les PME chinoises et les grandes entreprises du secteur des hautes technologies à investir en France. Certes, à l'heure actuelle, les capitaux chinois sont seulement bienvenus dans les zones les moins développées et ne touchent pas les secteurs-clés, mais la France est nettement plus ouverte dans ce domaine que d'autres pays européens.

Bien entendu, les attentes de la Chine et de la France ne sont pas identiques à l'égard des capitaux chinois. La France et l'Union Européenne souhaitent que la Chine leur fournisse une aide financière en achetant des bons du Trésor européens, tandis que la Chine pousse la France à manifester une attitude non discriminatoire vis-à-vis d'entreprises chinoises dans les secteurs des hautes technologies. Actuellement, on entend des voix positives en France, mais il est plus difficile de convaincre l'opinion publique en général. De plus, la balance commerciale est déficitaire du côté français, et il en résulte des frictions avec la Chine sur les droits de douane, le dumping et la libre entrée des marchandises chinoises dans l'UE. Ce qui est réjouissant, c'est que les deux parties conservent leur sang-froid et tiennent compte de la situation dans son ensemble afin de résoudre les contradictions par la négociation dans un esprit ouvert et en faisant preuve d'adaptation.

En ce qui concerne la gouvernance mondiale, la coopération sino-française a été assez fructueuse, notamment sur le dossier du nucléaire iranien, de la régulation de la finance mondiale, mais aussi sur la question de la défection des fonctionnaires corrompus et de la fiscalité. Malgré leur désaccord sur la crise en Syrie, les deux pays évitent de se condamner en public et s'efforcent de limiter les divergences de vues. Par ailleurs, l'influence croissante de la Chine en Afrique est certainement une question délicate voire même fâcheuse pour la France, qui considère l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique Centrale comme ses sphères d'influence traditionnelles. Les médias français qui voyaient d'un mauvais œil la présence chinoise sur le Continent noir commencent à adopter une nouvelle attitude ces deux dernières années. A cela s'ajoutent l'apparition de certaines personnalités plus lucides dans les milieux économiques français qui préconisent une coopération gagnant-gagnant avec les entreprises de Chine et d'autres pays européen, ainsi qu'avec les autorités locales africaines, rejetant ainsi l'idée de la préservation des zones d'influence. Ces changements sont favorables aux relations sino-françaises. Par ailleurs, la France souhaite collaborer étroitement avec la Chine pour préparer la Conférence mondiale sur le climat en 2015.

Avec l'accélération du phénomène d'urbanisation, la Chine est confrontée à de nombreux problèmes, notamment la protection du patrimoine et la planification urbaine. La France possède une précieuse expérience dans ces domaines et de nombreux experts des deux pays réfléchissent à la préservation du patrimoine urbain et de la diversité culturelle. De plus, et tout en restant fidèle à leur position initiale, la Chine et la France organisent conjointement des séminaires fructueux dans le domaine judiciaire, notamment sur l'abolition de la peine de mort.

La France occupe une position centrale au sein de l'UE, et la consolidation de ses relations avec la Chine est au service du développement des relations sino-européennes. L'année 2013 marque le 10ème anniversaire de l'établissement du partenariat stratégique global entre la Chine et l'Europe, et le 15ème anniversaire de la mise en place du mécanisme de rencontre des dirigeants des deux parties. En janvier 2014, la Chine et la France vont commémorer le 50ème anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques et le 10ème anniversaire de la mise en place de leur partenariat stratégique global. Tous ces événements importants constitueront une plate-forme pour la promotion du dialogue de haut niveau et des échanges gouvernementaux et non gouvernementaux, permettant de faire passer les relations sino-françaises et sino-européennes à un niveau supérieur.

(L'auteur est membre du Conseil d'administration du Centre franco-chinois en sciences sociales et humaines)

 

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