Le Tour du lac Qinghai, une course de haute altitude

Le Tour du lac Qinghai, une course de plus en plus recherchée par les équipes du monde entier.

RAMÓN MARTÍNEZ, membre de la rédaction

Pour la quinzième année consécutive, au mois de juillet, des dizaines de cyclistes du monde entier seront en Chine pour le Tour du lac Qinghai, une des courses cyclistes par étapes les plus impressionnantes au monde. Inscrite par l'Union Cycliste Internationale (UCI) en tant que course de type 2 HC (haut niveau) et comptant comme une course du Tour d'Asie, le Tour du lac Qinghai aura lieu cette année du 17 au 30 juillet.

Le départ est fixé dans la capitale provinciale de Xining dans le Qinghai. Les coureurs parcourront 3 631 km en 13 étapes pour atteindre la ligne d'arrivée à Baiyin, dans la province du Gansu le 30 juillet. Au total, ce sont 161 coureurs qui se disputeront le Tour du lac Qinghai, dont le champion de l'année dernière : le Croate Radoslav Rogina, de l'équipe Adria Mobile. Ces 161 coureurs viennent de quinze pays différents et sont répartis en 23 équipes.

Le Tour du lac Qinghai a lieu en même temps que le Tour de France. Les coureurs mondiaux Nairo Quintana, Alberto Contador, Chris Froome, Alejandro Valverde ou Peter Sagan ne participeront donc pas à la course. On peut donc se demander ce qui rend si attrayante cette course pour les coureurs, équipes, sponsors et les spectateurs, et qui existe seulement depuis 2002 ?

Rouler à 3 000 m d'altitude

« Cette course est très différente des autres courses que j'ai courues. Elle démarre directement à 2 250 m, ce qui nécessite d'arriver quelques jours plus tôt pour s'acclimater un peu parce que les étapes sont à cette altitude ou plus chaque jour. En fait, la clé pour participer à cette course c'est de s'adapter », nous explique le cycliste espagnol David de la Fuente, qui a déjà couru le Tour du lac Qinghai en 2013.

« Je garde un bon souvenir de la course car j'avais réussi à gagner la troisième étape que je menais, mais ma joie n'a pas duré : le lendemain, je me suis fait dépassé par deux Iraniens. Mais cela ne ressemblait à rien de ce que j'avais connu et l'étape que j'ai remportée m'a fait très plaisir », raconte celui qui a ensuite couru sous le dossard de l'équipe turque Torku-Sekerspor.

David de la Fuente est un cycliste globe-trotter qui connaît bien les courses internationales. Il est monté sur le podium à Paris en 2006 pour recevoir le prix du meilleur coureur du Tour de France, course à laquelle il a participé à plusieurs reprises, et notamment en 2010 comme coéquipier d'Alberto Contador. Il a également manqué de gagner une étape du Tour d'Espagne, qu'il a dû sacrifier au profit de son coéquipier Juan José Cobo, finalement vainqueur de la course. Ainsi, l'expérience de David de la Fuente dans les compétitions majeures mondiales par étapes est assez riche pour juger de la difficulté du Tour du lac Qinghai.

« L'organisation est très bonne. Le seul problème dont je me souviens c'était deux transferts trop longs : 200 et 240 km. Cela vous laisse cassé parce que le corps n'a pas le temps de récupérer à cette altitude. Mais dans l'ensemble, l'organisation est très, très bonne », raconte le coureur espagnol.

Un défi de plus en plus populaire

La preuve que la course prend sa place dans le calendrier international est l'attention que certaines équipes lui portent, comme l'AID allemande Stradalli-BIKE. « Tous nos emplois du temps des entraînements et la planification de la saison se concentrent sur cette course. Nous avons eu de bonnes performances au cours des deux dernières années, mais cette année, espérons faire encore mieux », avait déclaré le directeur de l'équipe Florent Horeau, il y a quelques mois.

Le circuit de cette année atteindra l'altitude maximale de 4 120 m. Une altitude à laquelle la compétition peut devenir très complexe. Comme chacun sait, à ces altitudes la pression atmosphérique diminue et la quantité d'oxygène dans l'air également, cela empêche les muscles des coureurs de travailler normalement. Lorsque les coureurs sont en plein effort et que le corps exige plus d'oxygène que l'environnement ne peut leur offrir, l'hypoxie peut arriver. Ce que dans le jargon cycliste on appelle « la crampe ». De grands cyclistes comme Indurain, Armstrong, Bugno ou Chiapucci ont tous souffert de « crampes » légendaires qui font maintenant partie de l'histoire vivante du sport.

Le col le plus élevé du Tour de France est celui de la Bonette Restefond, avec 2 802 m, une altitude dépassée très régulièrement pendant le Tour du lac Qinghai. Évidemment, la course du lac Qinghai ne possède pas les dénivellés du Tour de France, qui cassent les jambes des coureurs, mais la course nécessite tout de même une grande préparation.

« Le Tour du lac Qinghai est très difficile. Si, avant la course, vous avez eu une période sans compétition, il vaut mieux se préparer dans un endroit en altitude comme je l'ai fait pendant un séjour dans une station de ski en Turquie à 2 300 m, le Tour du lac Qinghai atteint 4 100 m donc c'est dur de se préparer de toute façon. D'où la singularité de cette course », nous explique de la Fuente.

L'altitude est l'une des grandes attractions de la course, mais la population qui encourage les cyclistes le long des fossés de la route et les paysages spectaculaires à travers lesquels les coureurs passent le long du lac Qinghai, plus grand lac d'eau salée sur la planète, font également partie du spectacle.

« C'est un magnifique endroit. Il y a de nombreux sites spectaculaires que j'aimerais bien revoir un peu plus tranquillement. En plus, ce n'est pas aussi peuplé que les autres régions chinoises. C'est très calme et les gens sont très accueillants, le bord des routes était plein de gens, ce qui est très important pour les cyclistes », conclut David de la Fuente.

Preuve de la popularité grandissante de la course, la CCTV, qui parraine également l'événement, offre chaque année des images spectaculaires de cette région de la Chine si proche du Tibet aux téléspectateurs du monde entier.

La Chine au présent