CHINAHOY

23-January-2017

L’héritier britannique de la médecine tibétaine

 

Roy Watkins

 

ZHANG HONG, membre de la rédaction

 

Roy Watkins, adepte de la médecine traditionnelle chinoise (MTC), travaille dans l'acupuncture depuis une trentaine d'années. Il est venu participer en tant que membre de l'Association britannique d'acupuncture à la sixième édition du Colloque international de tibétologie qui s'est tenu au début du mois d'août à Beijing. Une sorte de « baptême académique » pour lui.

 

S'engager dans la MTC et la médecine tibétaine

 

« D'abord, tâter le pouls », telle est la démarche obligatoire pour établir un diag-nostic, et Roy Watkins, 62 ans, ressemble en ceci à un vieux médecin chinois. Il fait figure d'original à Ulverston Health Center de Cumbria où il travaille, car l'acupuncture et le bain médicamenteux tibétain qu'il préconise sont des méthodes thérapeutiques complètement naturelles.

 

Lors du colloque, M. Watkins expose, graphiques à l'appui sur grand écran, les effets sur le sang du bain médicamenteux tibétain : ses essais sur le sang actif prouvent que l'érythrocyte apprécie particulièrement ce traitement tibétain.

 

« Dans un test sanguin général, seule la composition chimique du sang est analysée, et beaucoup de données sont donc perdues », explique M. Watkins. Dans ses deux séries de diapositives, on peut constater qu'après un bain de pieds de cinq minutes dans de l'eau chaude contenant le médicament tibétain, le microscope révèle une disposition tout à fait différente des globules rouges avant et après le bain. Avant, ils sont placés en désordre, tandis qu'après le bain, ils s'alignent, comme pour manifester un regain de vitalité. Lorsqu'il ajoute au bain un peu d'« or pur », un composant fréquemment utilisé dans les médicaments précieux tibétains, le résultat est encore plus surprenant : l'alignement des globules rouges est encore meilleur, leur travail de transport de l'oxygène s'effectue à plein rendement.

 

Son amour pour le Tibet remonte à loin, affirme-t-il. À l'âge de 3 ans, Roy découvrit un livre sur le Tibet racontant l'expérience d'un Allemand qui y vécut durant la Seconde Guerre mondiale. « Je me souviens que chez mes parents, à la découverte des photos dans ce livre, j'ai eu immédiatement un sentiment spécial. »

 

Le père Watkins, qui avait consacré sa vie à la science et à la technique, espérait que son fils deviendrait physicien et travaillerait quelque part en Europe. Cependant, dès son doctorat en sciences en poche, Roy changea radicalement de vie.

 

« En tant que physicien, je me suis toujours demandé comment l'Univers existe et fonctionne. Puis j'ai découvert que toutes les réponses se trouvent déjà sous forme d'interprétation dans des classiques orientaux. »

 

Quelle méthode naturelle pour contribuer au bien-être du monde ? Roy n'a cessé de travailler sur cette question qui constitue son centre d'intérêt. En découvrant à 28 ans les propriétés magiques de l'aiguille, Roy s'est lancé dans l'apprentissage de l'acupuncture au Collège d'acupuncture traditionnelle du Royaume-Uni. Au début, il s'agissait d'effectuer des exercices de base sur les points d'acupuncture. Curieux, il trouvait ce domaine mystérieux et intéressant. Par la suite, après une formation reçue au Centre de médecine spatiale de Moscou, Roy devenait de plus en plus habile de ses mains. Et ce fut finalement une rencontre avec le président Huang Fukai de l'Hôpital tibétain de Beijing qui permit à Roy Watkins de comprendre le charme de la médecine tibétaine.

 

La MTC et la médecine tibétaine conviennent aussi aux patients occidentaux

 

La médecine tibétaine, la MTC, la médecine indienne et la médecine arabe sont parfois surnommées les « quatre médecines traditionnelles » du monde. La médecine tibétaine, qui remonte au VIIe siècle, a commencé à être connue en Europe à partir du XVIIIe siècle avant de faire l'objet de recherches à l'échelle mondiale.

 

« Depuis le XXe siècle, le bain médicamenteux gagne en popularité. C'est une thérapie naturelle, sûre et efficace, elle présente un certain effet curatif pour les soins de la peau, contre le vieillissement, pour la santé des femmes et des hommes, ainsi que la détente du corps », affirme M. Watkins.

 

Pour Roy Watkins, le bain médicamenteux tibétain convient à l'Occident et peut s'y développer, puisqu'il s'agit d'une thérapie externe, non soumise aux dispositions restrictives de la médecine générale. « En raison de ces restrictions, érigées par les industries pharmaceutiques des pays occidentaux, la Suisse a par exemple détruit 100 kg de médicaments tibétains. En Chine, heureusement, on est libre d'exercer la MTC et la médecine tibétaine, et le gouvernement soutient le développement de ces secteurs », dit il.

 

Le système de santé britannique est divisé en deux catégories : la médecine principale et la médecine complémentaire ou alternative. Ce deuxième type comprend 61 genres, dont la MTC et l'acupuncture. Bien qu'elles proviennent d'un système de santé extérieur, la MTC et la médecine tibétaine sont assez populaires au Royaume-uni, en particulier l'acupuncture, qui produit de bons résultats pour certaines maladies chroniques, et donc recueille l'assentiment d'une partie de la population.

 

« C'est l'un des moyens de traitement les plus anciens de la médecine humaine, il s'est développé à partir de l'Asie voici plus de 5 000 ans. » On peut trouver une présentation et une description détaillée de l'acupuncture sur la page d'accueil du site de Roy Watkins.

 

En général, lorsque l'on tombe malade, on s'adresse à l'hôpital classique le plus proche. Mais pour Roy Watkins, la médecine occidentale ne peut jouer un rôle que dans 10 % des cas. « Les hôpitaux à but lucratif fonctionnent pour la plupart par autofinancement et leur objectif est donc simplement de gagner plus d'argent. » M. Watkins s'insurge contre les méthodes de diagnostic du système de santé général. « Dans la plupart des cas, les médecins donnent une consultation de moins de dix minutes puis écrivent une ordonnance sur papier. Parfois ce diagnostic est erronné. La MTC au contraire utilise la théorie des cinq éléments pour diagnostiquer les causes de la maladie, par la prise du pouls et la recherche d'une compréhension globale. C'est une thérapie qui respecte la nature. »

 

Connaître les cinq éléments est un préalable pour maîtriser la MTC, selon M. Watkins. Le diagnostic est construit par l'observation du teint du malade, puis l'auscultation et l'analyse olfactive, puis l'interrogation du malade, à la recherche du défaut de l'un des cinq éléments (métal, bois, eau, feu et terre) qui peut avoir causé la maladie.

 

Dans le cas de certaines maladies chroniques particulières, comme par exemple les douleurs localisées, l'acupuncture présente un avantage irremplaçable. « Si vous avez mal au dos, un docteur vous donnera directement une ordonnance sans même ausculter votre dos. Du point de vue de la MTC, et en tout cas en ce qui me concerne, je suis sûr à 90 % de pouvoir vous guérir par l'acupuncture. »

 

On compte plus de 3 000 cliniques de MTC au Royaume-Uni, contre une dizaine seulement dans les années 1990. L'Association britannique d'acupuncture, créée en 1995, est une organisation professionnelle dont les membres, parmi lesquels M. Watkins, viennent des quatre coins du pays. Grâce à sa bonne réputation, l'acupuncture se répand dans toutes les communes d'Angleterre. Dans certains dispensaires, les docteurs sont britanniques, comme M. Watkins. Ils parlent chinois et ont appris le taï-chi. Mais le plus important est qu'ils sont au même niveau que les médecins chinois dans les techniques de l'acupuncture.

 

La médecine tibétaine a besoin d'investissements dans la recherche

 

M. Watkins travaille du lundi au samedi avec seulement un jour de repos hebdomadaire. Avec ses petites aiguilles, il a traité des milliers de patients. Pour lui, chaque patient est un cas particulier. « Ce sont eux qui m'ont tout enseigné, c'est grâce à eux que je m'améliore en tant que docteur. »

 

Après plus de 30 années consacrées à l'acupuncture, il est venu en Chine pour la première fois en décembre 2015. Il a visité Beijing pendant dix jours, parcourant jusqu'à 10 km par jour à pied. « Je me sens comme chez moi », dit-il dans ce pays natal de l'acupuncture et de la médecine tibétaine. Il a rendu visite à des institutions consacrées à la médecine tibétaine, comme le Centre de recherche en tibétologie de Chine et l'Hôpital tibétain de Beijing. C'est là qu'il a appris les particularités uniques du bain médicamenteux tibétain.

 

Il est curieux de tout à Beijing. Le « champ énergétique » de la Cité interdite par exemple l'émerveille. « Si l'on suit le principe des cinq éléments, l'ensemble de ces constructions est conforme à la disposition du Mandala. » Aux yeux de M. Watkins, cet ensemble de bâtiments peut servir d'exemple à l'architecture mondiale.

 

Il explore l'Orient avec son cœur et en fait une sorte de science personnelle. Selon lui, ce sont les problèmes externes qui suscitent la science externe, tandis que la science interne est à même de résoudre les vrais problèmes des humains. Pour M. Watkins, la science interne, c'est la pratique d'un esprit pacifique. Il en est convaincu, c'est le développement des sciences et technologies qui a apporté la pollution et les dégâts à l'environnement. « Ça ne fonctionne pas, on ne peut pas résoudre les problèmes externes de façon satisfaisante en utilisant la science externe, le remède peut être pire que le mal. Seulement l'harmonie intérieure interagit avec le monde extérieur. » En pratiquant ce travail de « science interne », Roy Watkins se sent plus comme un scientifique.

 

Dans son cœur, Roy Watkins se sent calme et heureux. « J'ai toujours cherché le bonheur à l'extérieur, mais je ne l'ai jamais trouvé. Plus tard j'ai découvert que le bonheur venait de l'intérieur », affirme-t-il.

 

Lorsqu'on lui demande s'il a renoncé entièrement à tout mouvement de colère, il répond par une boutade : « Oui, mais ma femme connaît le bouton spécial qu'il faut presser pour que je m'emporte ! » « Toutefois, ma formation intérieure me rend plus patient. »

 

Ce Colloque international sur la tibétologie, M. Watkins le trouve excellent. « Je suis vraiment heureux que tant de gens se préoccupent de la préservation des traditions et de la culture tibétaines. »

 

En ce qui concerne la transmission et la conservation du patrimoine culturel de la médecine tibétaine, Roy Watkins espère qu'un centre de bain médicamenteux tibétain et de rééducation s'établira en Occident, d'autant que le Centre de recherche de tibétologie de Chine peut offrir des formations et que la recherche en médecine tibétaine a besoin d'investissements supplémentaires.

 

En raison du tremblement de terre qui s'est produit au Népal peu avant, l'importation des médicaments tibétains par Roy Watkins a été suspendue. Il espère que de mêmes plantes pourront être cultivées en Europe ou que des médicaments alternatifs seront trouvés. « Nous pouvons trouver des conditions de croissance analogues », affirme M. Watkins, plein de confiance.

 

 

La Chine au présent

Liens