CHINAHOY

12-July-2013

La Chine et la France forment des ingénieurs pour la sécurité nucléaire de demain

A 21 ans, Li Yang fera partie cet été de la centaine de premiers diplômés de l'Institut franco-chinois de l'énergie nucléaire (IFCEN). Son rêve, c'est de devenir chercheur spécialisé dans les particules de hautes énergies au CERN, l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire située sur la frontière franco-suisse.

Originaire de Lanzhou, une ville de la province du Gansu à l'ouest de la Chine, Li Yang est actuellement étudiant à l'IFCEN, institut implanté dans l'université Sun Yat-sen de Guangzhou. Créé en 2009 à l'initiative directe des gouvernements chinois et français, le projet a été élaboré par un consortium de cinq établissements, parmi lesquels l'université Sun Yat-sen et l'Ecole polytechnique de Grenoble. L'IFCEN propose un modèle de formation des ingénieurs « à la française » et la plupart des matières professionnelles y sont enseignées en français.

Déjà 30 ans se sont écoulés depuis le lancement du projet de la centrale nucléaire de Daya Bay dans les années 1980, évènement qui a marqué les débuts de la coopération sino-française dans le domaine du nucléaire civil. L'IFCEN compte à peine 300 étudiants et pourtant, son rôle particulier dans la coopération entre les deux pays offre un immense potentiel de développement.

« Notre coopération est différente d'un partenariat économique », a souligné Jean-Marie Bourgeois-Demersay, le directeur français de l'IFCEN. « Dans le domaine des affaires, il est normal de chercher à satisfaire ses propres intérêts, c'est pourquoi des conflits existent malgré la coopération. Mais lorsqu'il s'agit d'un partenariat éducatif dans le domaine du nucléaire, il n'y a pas de concurrence entre la Chine et la France, il n'y a qu'un objectif commun », a ajouté M. Bourgeois-Demersay.

L'objectif commun évoqué par Jean-Marie Bourgeois-Demersay, c'est la formation de talents spécialisés dans la conception, la recherche et la gestion pour le secteur nucléaire international. Contrairement à Li Yang, qui souhaite se spécialiser dans les recherches de pointe, sa camarade Lian Qianqian espère, à l'issue de ses études, occuper un poste de gestion des opérations dans une entreprise du secteur nucléaire.

La demande accrue pour des énergies nouvelles, et l'inquiétude générale du public vis-à-vis de la sécurité nucléaire depuis l'accident nucléaire de Fukushima, ont rendu urgent un renforcement du système nucléaire international et l'amélioration des technologies sur lesquelles il s'appuie. Or, dans cette optique, la formation des spécialistes est sans aucun doute un maillon essentiel de la chaîne.

D'après Jean-Marie Bourgeois-Demersay, seul un nombre restreint de diplômés de l'IFCEN se destinent à une carrière scientifique, tandis que la majorité d'entre eux deviendront la colonne vertébrale des entreprises du secteur. Seulement deux jours plus tôt, l'école a signé un accord sur la formation des talents avec le groupe nucléaire chinois CGN. La société, qui produit près de 25 millions de kW par an, offrira des stages et des bourses aux étudiants de l'IFCEN, dans l'espoir d'en faire de futurs employés.

Les étudiants de l'IFCEN suivent des programmes plus denses et ont un emploi du temps plus chargé que la plupart des jeunes de leur âge. Les nouveaux venus doivent d'abord suivre une formation intensive de français à leur entrée à l'école, et commencent à suivre des enseignements de mathématiques et de physique du tronc commun au deuxième semestre. Lors de la phase de formation en ingénierie, ils recevront une formation professionnelle sur la sécurité et la sûreté nucléaires, sur l'environnement et la société ainsi que sur la gestion des centrales nucléaires. L'IFCEN espère que les étudiants auront acquis, à la fin de leurs études, le savoir-faire professionnel et les compétences de gestion requises par le métier d'ingénieur supérieur et qu'ils parleront couramment français.

Li Yang a expliqué : « En France, environ 80 % de l'électricité provient du nucléaire, c'est pourquoi la France est aussi confiante dans ce domaine. Il faut saisir toutes les occasions d'apprendre auprès des pays avancés dans ce secteur, tels que la France et les Etats-Unis ».

Lian Qianqian, quant à elle, pense que le secteur nucléaire chinois connaîtra un meilleur développement grâce à la coopération internationale : « L'énergie est un problème mondial, et non celui d'un pays isolé. Si nous apprenons auprès des pays étrangers maintenant, c'est pour pouvoir développer ce secteur de façon autonome à l'avenir. »

Source: french.china.org.cn

Liens