CHINAHOY

5-August-2015

Bonnes pratiques écologiques à Fangshan

 

Château Jinxingwan à Nanjiao.

Entretien avec Wang Xianfeng, directeur du Centre de promotion de la vitiviniculture de Fangshan, à Beijing.

HUANG YUANJUN et YANG LU, membres de la rédaction

Ces dernières années, l’arrondissement Fangshan n’a pas ménagé ses efforts pour optimiser sa structure industrielle et changer ses modes de production, afin de stimuler le développement économique du lieu et de jouer les bons élèves dans la construction d’une civilisation écologique au cœur de la capitale chinoise. Pour en savoir plus, nous avons interviewé M. Wang Xianfeng, directeur du Centre de promotion de la vitiviniculture de Fang-shan.

La Chine au présent : Les vignobles de Fangshan sont aujourd’hui reconnus. On dit que la viticulture dans la région souhaite s’élever à un niveau international tout valorisant sa terre d’origine. Pouvez-vous nous éclairer sur cette situation ?

Wang Xianfeng : Ces dernières années, les autorités de Fangshan ont profité de la nouvelle demande de construire « des villes de calibre mondial aux caractéristiques chinoises » pour développer et moderniser cet arrondissement, en particulier dans les montagnes. Elles ont alors établi de nombreux domaines viticoles pour encourager l’industrie du vin. Puis, pour la soutenir encore dans sa progression, cette industrie a été associée à d’autres secteurs d’activité, tels le commerce, le tourisme, les loisirs et la culture. Des résultats remarquables ont déjà été obtenus.

L’expérience réussie du château Bolongbao a guidé la viticulture à Fangshan vers son essor ultérieur. Après des recherches et des études, on a découvert que la culture de la vigne et la production de vin étaient adaptées à la situation géographique de Fangshan, avec ses vallons et ses collines.

Le gouvernement local a donc lancé des politiques spéciales pour soutenir ce secteur, des politiques encadrées par deux principes : aménager de jolis vignobles en harmonie avec l’environnement écologique environnant ; élaborer un modèle d’économie circulaire en développant non seulement l’industrie de la vinification mais aussi en valorisant les sous-produits de cette activité, pour porter l’économie circulaire et écologique dans les zones rurales en banlieue de Beijing.

Désormais, la région viticole de Fang-shan se compose de trois zones : la zone de loisirs écologique du domaine viticole situé au lac Qinglong ; la zone touristique sur la culture du vin à Zhangfang ; la zone de restauration écologique à Nanjiao et Fozizhuang. Ces trois-là, aux fonctions et caractéristiques différentes, sont devenues les pilotes de l’industrie du vin à Fang-shan.

Au lac Qinglong, c’est véritablement « une cité internationale du vin » qui devrait sortir de terre, laquelle intègrera les activités de la culture de la vigne, la fabrication du vin et les services touristiques. Combinant ainsi le primaire, le secondaire et le tertiaire, elle encouragera la promotion naturellement réciproque de l’éco-industrie et du secteur high-tech. La première tranche du projet est actuellement en voie d’achèvement.

La création de cette cité internationale du vin permettra d’orienter l’industrie du vin vers le haut de gamme, de bâtir une zone de villégiature pour les Pékinois et de promouvoir la restructuration industrielle à Fangshan. Les installations de loisirs autour du thème du vin, les clubs autour du lac Qinglong ainsi que le terrain de golf à proximité transformeront cet endroit en un haut lieu nouveau associant affaires commerciales, visite et détente.

Les domaines viticoles de Fangshan n’ont pas pour autant poussé comme des champignons, tout seuls et de façon désordonnée. Les associations de l’industrie étaient là pour superviser, normaliser et standardiser la production, s’assurant de la qualité de chaque bouteille de vin commercialisée afin de forger la réputation d’une appellation d’origine.

En 2012, l’Association des châteaux viticoles a été fondée à Fangshan pour guider, gérer et surveiller le développement de l’industrie du vin dans cet arrondissement.

Le 19 décembre 2013, le Comité national de gestion de la normalisation a publié la 8e liste de projets nationaux de normalisation et de démonstration agricoles, et celui de Fangshan sur la zone de démonstration complète des raisins était le premier répertorié au chapitre sur Beijing. C’est bien la preuve que l’image de l’industrie du vin à Fangshan a grandement évolué, s’engageant dans une voie digne des grandes marques internationales.

À la fin de septembre 2014, à la demande du Comité national de gestion de la normalisation, le Bureau municipal pour supervision de la qualité a évalué le projet de la zone de démonstration complète des raisins de Fangshan, et l’a finalement classé parmi les trois meilleurs de Beijing.

 

Château Lion.

 

La Chine délivre des certificats d’origine aux produits caractérisés par leur terroir ou leur connotation culturelle. Les produits marqués par ce label bénéficient de plus grandes opportunités d’exploitation et d’une meilleure protection. Par exemple, la France, grand pays producteur, a établi tout un système de classement et de contrôle qualité des vins, tout en adoptant une réglementation juridique pour préserver les appellations d’origine. De nos jours, Fangshan poursuit ses efforts pour que soit mis en place un marquage d’origine, ce qui favoriserait amplement le développement futur de son industrie vitivinicole.

Pour ce faire, Fangshan exige que soient plantés des raisins biologiques, que la vendange soit limitée à moins de 500 kg par mu (un mu = 1/15 ha) et que seuls les raisins locaux soient utilisés au cours du processus de vinification. Par ailleurs, les vignerons de Fangshan sont tenus de suivre des normes de production dignes des normes françaises, plus strictes que les standards internationaux, de sorte à édifier une marque de grands crus.

Au-delà de ces standards internationaux, l’Association du vin de Fangshan a mis en place une série de règles locales pour normaliser chaque étape de la production, y compris la sélection des cépages, la plantation de la vigne, la maîtrise du rendement, la vendange, les techniques de vinification et la mise en fût.

Le 1er janvier 2014, nous avons fait entrer en vigueur une réglementation locale sur la plantation des vignes. En décembre de la même année, trois autres règlements ont encore suivi, à dessein de normaliser tous les maillons de la production du vin.

La Chine au présent : Il semblerait que l’industrie du vin de Fangshan a fait d’une pierre plusieurs coups : elle a créé des opportunités d’emploi pour les agriculteurs locaux, elle a contribué à la restauration des sols dégradés, elle a promu le transfert des droits d’exploitation des terres cultivables... En bref, une expérience réussie dans le cadre de la politique nationale des « san nong », qui s’applique à résoudre les problèmes liés à l’agriculture, aux régions rurales et aux paysans. Qu’en pensez-vous ?

Wang Xianfeng : Premièrement, grâce à l’industrie du vin, les terres cultivées ont gagné en valeur. Les sols en friche et les étendues arides ont été mis à profit pour le développement viticole, ce qui a accru la valeur ajoutée du mètre carré de terrain sans pour autant le « dénaturer », tout en concrétisant la modernisation industrielle. Cette démarche coïncidait également avec les besoins fondamentaux du développement agricole moderne, à savoir une haute rentabilité, une faible consommation d’énergie et une production haut de gamme.

Deuxièmement, à travers la culture de la vigne, nous avons reboisé les coteaux des montagnes et amélioré l’environnement écologique, bâtissant une « barrière verte » au nord de Beijing. Ces dernières années, Fangshan a remis en état 8 000 mu de terres autrefois stériles. Soulignons également que la vitiviniculture est une industrie hautement écologique, puisqu’elle ne produit pas de déchets ni rejette d’eaux usées.

Troisièmement, notre industrie du vin englobe désormais la visite des châteaux, donc elle génère aussi le développement du tourisme rural et simultanément, pousse l’amélioration des installations dans les villages alentours. Les vignerons et autres agriculteurs devront désormais maintenir une certaine conscience écologique, parce que les villages continuent de se transformer judicieusement à mesure que le tourisme offre des opportunités d’affaires.

Quatrièmement, le développement de l’industrie viticole apporte une réponse à la question de l’emploi local. Selon les données, chaque domaine viticole emploie au moins 80 agriculteurs. Donc pour l’heure, cette industrie a créé environ 2 000 postes supplémentaires.

Cinquièmement, l’industrie vitivinicole pourrait attirer à Fangshan des hautes personnalités, propices à améliorer l’environnement d’investissement dans notre arrondissement. Sa chaîne de production intégrant les trois secteurs industriels, l’industrie du vin de Fangshan est apte à tirer vers le haut l’amélioration de l’environnement, la construction économique et le développement social de la municipalité de Beijing. Agriculture, régions rurales et paysans : les priorités de la politique des « san nong » sont intrinsèquement liées par cette chaîne. Il s’agit d’un nouveau modèle de développement agricole.

La Chine au présent : À votre avis, pour quelles raisons les investisseurs s’intéressent à l’industrie du vin de Fangshan ? Quelles sont les actions les plus impressionnantes qu’ils ont menées ?

Wang Xianfeng : Il faut préciser que l’industrie du vin suppose de bonnes conditions climatiques et géographiques ainsi qu’une main d’œuvre de choix. Fangshan réunit tous ces facteurs favorables ! Les investisseurs voient donc d’un œil intéressé les projets de l’arrondissement, lesquels sont par ailleurs soutenus par les locaux qui peuvent en tirer de larges bénéfices. L’industrie vitivinicole modernisera à tous égards Fangshan et se posera un exemple pour le reste du pays, voire du monde.

Par ailleurs, des politiques incitatives ont été introduites pour attirer les investisseurs. En juillet 2013, le premier domaine sous le régime de perfectionnement actif (c’est-à-dire, exonéré de droits de douane et de TVA sur les marchandises importées) a ouvert ses portes à Beijing : le parc culturel sur le vin de Zhongpuhui. Cette première a pu être possible grâce à l’approbation des autorités douanières de la municipalité. Ainsi, les grands crus étrangers peuvent être exposés et vendus dans cette « zone franche » particulière sans la contrainte des procédures fiscales. Ce lieu fournit donc un accès rapide et direct aux produits internationaux de marque. Par ailleurs, ce parc culturel de Zhongpuhui offre des formations complètes sur le vin aux professionnels ou amateurs chinois.

La Chine au présent : Quelles sont les coopérations et échanges qui ont été entrepris ces dernières années dans le secteur du vin, à l’échelle nationale et à l’échelle internationale ? Quels sont les plans pour l’avenir ?

Wang Xianfeng : Nous avons tenté d’améliorer l’image de Fangshan à travers des projets viticoles conjoints. Nous avons notamment établi un partenariat stratégique avec le Bureau d’échange international de vins et spiritueux de Beijing.

Selon la stratégie d’intégration régionale Beijing-Tianjin-Hebei et les exigences émanant de sa localisation au cœur de la capitale, Fangshan a pris l’initiative d’organiser des événements et des expositions réunissant les vins produits en Asie-pacifique, afin d’encourager le transfert industriel dans le secteur vitivinicole et de donner une impulsion nouvelle à ce secteur dans la région Beijing-Tianjin-Hebei.

En 2016, nous allons tenir un Grand Prix du vin, une compétition internationale qui invitera aussi bien Chinois et étrangers à venir visiter Fangshan, à faire des dégustations et à découvrir un des aspects culturels encore peu connu de Beijing.

 

 

La Chine au présent

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