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Bienvenue dans ma modeste domotique !
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Équipements exposés lors de la première CES Asia, à Shanghai en mai 2015. |
MA HUIYUAN, membre de la rédaction
Bill Gates, avec sa maison intelligente (smart home), a lancé un concept qui s’est mis à inspirer les Chinois ces dernières années. Les logements, en Chine, deviennent réellement de plus en plus intelligents. « La maison de Bill Gates serait tout à fait réalisable sur la base de technologies et d’appareils existant en Chine aujourd’hui », commente Zhou Jun, secrétaire général du China Smart Home Industry Alliance (CSHIA), lors de notre interview.
La maison de demain
L’année 2014 fut définie comme la première de l’ère de l’habitat intelligent en Chine. Depuis 2014, les industries de l’électroménager, de l’Internet mobile, des plates-formes d’e-commerce, ainsi que des fournisseurs de solutions d’habitat intelligent, d’appareils à commande vocale, ont commencé à s’intégrer à toute vitesse, lançant plusieurs modèles de développement pour la domotique du futur. Des solutions et des appareils nouveaux sont apparus pour rendre la vie quotidienne plus facile.
Le 7 avril 2014, le Groupe Midea, qui fabrique des appareils électroménagers, et Xiaomi, spécialiste de l’Internet mobile, ont lancé ensemble un climatiseur intelligent « i Youth ». Ce climatiseur est muni d’un dispositif Bluetooth. Une fois connecté, le climatiseur devient interactif avec le bracelet connecté de Xiaomi. Le climatiseur démarre et s’éteint automatiquement en informant l’utilisateur à travers une application installée sur le portable. Quand la fonction « Sommeil intelligent » est activée, le bracelet détecte l’état de sommeil du porteur, et le climatiseur réajuste les paramètres suivant les informations de feed-back du bracelet, afin d’optimiser l’environnement du dormeur. De plus, grâce à l’application « Midea smart home », ce climatiseur propose des fonctions de commande à distance, de gestion de la consommation électrique, de signalisation des coupures de courant, de consultation météo, sans même parler du service après-vente.
Mais ce climatiseur n’est qu’un premier pas dans la stratégie de l’habitat intelligent de Midea. Le 10 mars, le groupe a lancé « M-Smart », un système de gestion domotique composé de 4 « valets » aussi intelligents qu’invisibles qui se chargent respectivement de l’air, de la cuisine, de l’eau et de la sécurité. Climatiseurs, ventilateurs et purificateurs d’air sont contrôlés par le gestionnaire de l’atmosphère, qui informe aussi l’utilisateur de la météo et de la qualité de l’air extérieur. Il analyse et mémorise les habitudes de l’utilisateur afin de créer un environnement toujours plus confortable, tout en réduisant les émissions de CO2.
En plus des portables et des bracelets connectés, la commande vocale est un autre moyen innovant utilisé dans l’habitat intelligent. Au mois de mai 2015, iFLYTEK et Jingdong ont dévoilé conjointement leur haut-parleur intelligent appelé Ding Dong. Lorsque son propriétaire rentre chez lui, il lui suffit de prononcer « Ding Dong, je suis de retour ». À ces mots, les lumières s’allument, les rideaux se ferment, le climatiseur et l’humidificateur se mettent en marche, le téléviseur s’allume sur la chaîne habituelle. Le haut-parleur réagit aux ordres tels que « Ding Dong, réveille-moi à 7 h demain matin ». Sur instruction de l’utilisateur, Ding Dong peut gérer tous les appareils connectés, grâce au système Jingdong Weilian. Il s’occupe également de diffuser la météo et les actualités.
Hormis le contrôle des appareils électroménagers, l’habitat intelligent peut aussi prendre soin de votre santé. En mars 2015, Haier et Microsoft ont annoncé conjointement leur nouvelle application U+Smart Life. Une app qui peut non seulement commander à distance vos appareils électroménagers, mais aussi vous proposer un plan de santé en collectant et en analysant vos données corporelles, comme la tension artérielle et le poids. Par ailleurs, l’entreprise Honyar a lancé un système de contrôle intelligent qui gère les luminaires, les rideaux, le chauffage par le sol et les écrans de la maison, tout en surveillant la concentration des PM2,5 et la présence de formaldéhydes dans la maison.
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Le système de capteurs « smart home ». |
Un développement spectaculaire
« La Chine n’est pas en retard dans le domaine de l’habitat intelligent. Elle est même assez avancée sur certaines techniques », rappelle Zhou Jun, qui travaille dans ce secteur depuis une dizaine d’années. En 1999, la première édition du China Hi-Tech Fair s’est tenue à Shenzhen. La technique Apbus a attiré beaucoup d’attention lors de cette exposition, et on peut dire qu’elle était le précurseur du mouvement vers l’habitat intelligent en Chine. Son objectif est de gérer toutes sortes de sources lumineuses dans la maison par de simples interrupteurs. Depuis, grâce en particulier à une politique incitative du gouvernement chinois, de nombreuses entreprises chinoises se sont aventurées dans l’industrie domotique. Dont des grands noms, comme Haier, Lenovo ou Tsinghua Tongfang. Peu après, les Jeux Olympiques à Beijing en 2008 et l’Exposition universelle de Shanghai en 2010 ont donné un nouvel élan à cette tendance.
En 2012, des entreprises spécialisées dans l’Internet ont commencé à prendre elles aussi pied sur ce marché. La même année, une alliance industrielle, la CSHIA, a été fondée, et elle compte aujourd’hui 408 entreprises membres. Depuis 2014, la domotique passe par l’Internet et les plates-formes d’e-commerce pour entrer petit à petit dans la vie quotidienne. En mars 2015, la Commission nationale du développement et de la réforme a lancé son plan d’action « Internet+ » qui définit clairement des priorités de développement : « Soutenir le secteur de l’intelligence artificielle, développer des produits de consommation connectés comme des automobiles intelligentes, la domotique et des dispositifs portables. » Une nouvelle opportunité de développement pour l’habitat du futur.
Soutien technique
L’habitat « intelligent » suppose des technologies de collecte d’informations, des réseaux informatiques, des communications mobiles, une intégration automatique, des interactions homme-machine et de l’intelligence artificielle. « La Chine reste en retard par rapport aux pays européens et aux États-Unis dans la recherche fondamentale sur l’habitat intelligent. En revanche, dans la recherche appliquée, elle est au même niveau que les pays développés », affirme Dr. Wang Bin, membre du National Technical Committee 426 on Digital Technique of Intelligent Building and Residence Community of Standardization Administration of China qui nous a présenté des supports techniques.
D’après Dr. Wang Bin, la communication des informations captées sur site mobilise une technique appelée « bus de terrain » et un réseau de capteurs sans fil. Celle-ci sert à collecter et retransmettre les données à tous les appareils intelligents présents dans un domicile. Les réseaux informatiques et la communication mobile rendent le système interactif avec l’extérieur. L’intégration automatique permet de conjuguer plusieurs appareils intelligents en un système de contrôle unique et d’automatiser certaines fonctions spécifiques. Dans ce domaine, les chercheurs chinois ont défini un protocole de communication universel qui fonctionne quels que soient les moyens de communication employés. Ce protocole est appliqué par les entreprises membres de la CSHIA. Les technologies d’interaction homme-machine et d’intelligence artificielle, y compris la reconnaissance vocale, facilitent la communication entre les utilisateurs et le système. Une des technologies clés de la plate-forme Villakit de la CSHIA est l’interaction homme-machine basée sur la reconnaissance vocale en chinois.
L’intelligence artificielle s’applique à étudier les habitudes des habitants pour réajuster les appareils en fonction de scénarios optimaux. La Chine a fait beaucoup de recherches dans ce domaine. Les résultats de ces recherches sont mis en application notamment dans les maisons de retraite et dans le domaine de la sécurité.
Potentiel immense
D’après les statistiques de la CSHIA, le marché chinois du secteur atteint cinq milliards de yuans par an. Avec le développement continu d’appareils électroménagers intelligents, ce chiffre a de fortes chances de continuer d’augmenter.
Wang Bin explique : « ‘‘L’Internet+’’ est déjà considéré comme une stratégie nationale par le gouvernement. Or, la domotique constitue une partie importante du plan d’action de ce programme favorisant les technologies liées. Ensuite, les Chinois sont attirés par l’innovation, ce que l’on peut constater à la multiplication des investissements privés dans ce secteur. Enfin, ces dernières années, les technologies stimulées par l’investissement ont connu un fort développement. La Chine, avec sa population nombreuse et de plus en plus aisée, représente le plus gros marché mondial pour la domotique. »
Zhou Jun estime que le développement futur de l’habitat intelligent en Chine mettra l’accent sur la différenciation des produits en fonction des besoins des clients. Il suggère en outre que l’autre tendance forte résidera dans la décentralisation. Diviser l’ensemble des appareils intelligents en quelques modules et les contrôler séparément, afin d’éviter les dysfonctionnements causés par la défaillance d’un appareil.
Mais la domotique n’en est qu’à ses balbutiements. Bientôt, le robot-majordome et le robot-chien seront là pour vous aider et vous tenir compagnie. Peut-être même que vous pourrez, par WeChat, faire venir chez vous des robots-invités ?
La Chine au présent