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Sherab Gyaltsen, héros du séisme
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Des sinistrés dans le camp de réinstallation. |
CHANG CHUAN*
Nous rencontrons Sherab Gyaltsen, le chef du comité du quartier Xoibogang du bourg de Zham (district de Nyalam) dans la ville de Xigazê au Tibet. Il était en train de s'occuper de l'enregistrement des électeurs avec les autres membres du comité peu avant les élections de la nouvelle équipe dirigeante du bourg.
Le quartier de Zham renferme des habitations de transition neuves qui étaient au départ destinées au personnel du comité municipal du Parti. Après le séisme, celui-ci a décidé d'y loger les sinistrés. Aujourd'hui, plus de 300 familles du bourg se sont installées dans ces bâtiments spacieux, bien éclairés et solides.
Le 25 avril 2015, un tremblement de terre de magnitude 8,1 a frappé le Népal, 19 districts et préfectures du Tibet ont été touchées, dont les districts de Nyalam et de Gyirong qui ont été le plus durement éprouvés. Lors de la catastrophe, en dépit de la perte de quatre de ses proches, Sherab Gyaltsen a héroïquement organisé l'évacuation et le relogement des sinistrés.
« Papa ne t'abandonnera pas »
Quand il se rappelle cette catastrophe survenue subitement il y a un an, Sherab Gyaltsen, prend un air grave et parle plus lentement. Cela ramène de durs souvenirs en lui.
Quelques jours avant le séisme, un gros arbre avait été cassé dans un orage, coupant une route menant aux pâturages. Le 25 à midi, après la réunion du comité du quartier, Sherab Gyaltsen avait décidé de grimper la montagne prendre des photos malgré la pluie. Il pensait également amener les certificats de collecte du cordyceps sinensis aux 28 villageois qui vivaient dans la montagne.
Mais à peine sorti de chez lui, il entend un vrombissement énorme et sent la terre qui commence à trembler. L'énorme rocher qui ressemblait à un bec d'aigle au-dessus du village s'est soudainement détaché et mis à dévaler la pente, cassant les arbres sur sa trajectoire dans une fumée de poussières épouvantable. Sherab Gyaltsen évite plusieurs grosses pierres et retourne chez lui trébuchant sur son chemin. À cet instant, un rocher de la taille d'un poids lourd s'écrase sur le toit de sa maison et défonce le bâtiment du comité du quartier en face.
Sa femme, sa petite-fille et son petit-fils, ainsi que la bonne qui vivait avec eux depuis de longues années meurent écrasés. Dans la maison écroulée, sa fille Tsering Chozom crie au secours : « Papa, sauve-moi ! Papa, sauve-moi ! »
« Papa arrive ! N'aie pas peur ! », lui répond Sherab Gyaltsen qui risque sa vie pour enlever les pierres sur ce qui reste de la maison. Il réussit finalement à extirper sa fille des décombres. D'autres pierres continuent à chuter dans de puissantes répliques, et Sherab Gyaltsen ne peut qu'assister impuissant à l'ensevelissement des siens par les pierres qui tombaient comme la pluie.
« Papa, sauve-toi vite. Ne t'occupe plus de moi ! », lui crie sa fille souffrant déjà de multiples fractures aux jambes et ne sentant plus le bas de son corps. À la vue des pierres qui continuent à tomber sur le village au milieu des secousses, elle lui dit de s'enfuir.
« Papa ne t'abandonnera pas ! » Après avoir mis sa fille sur son dos, il court vers le bas de la montagne. Arrivé au poste-frontière, il découvre une foule de 200 à 300 personnes. Face à cette foule paniquée et aux édifices vacillants et lézardés sur le flanc, Sherab Gyaltsen propose alors à Nyima Dondrup, secrétaire de la cellule du Parti du comité du quartier Xoibogang, d'évacuer tout le monde au village de Lixin.
Une abnégation et un sens du devoir hors du commun
« Tu restes ici, Nyima Dondrup et le docteur vont prendre soin de toi. Je vais emmener les autres à Lixin », dit Sherab Gyaltsen à sa fille. Puis il emmène la foule vers le village de Lixin. Au bout de trois heures et demie de marche, 270 personnes arrivent saines et sauves au village de Lixin. Derrière elles, les maisons des 81 familles de Xoibogang se sont effondrées, le village n'existe plus. Sherab Gyaltsen a laissé sa fille grièvement blessée et ses autres proches ensevelis sous les décombres derrière lui.
Pour des milliers d'habitants du bourg de Zham, les quatre jours et quatre nuits du 25 au 29 avril ont été les plus longs de leur vie. Les gros rochers de montagne leur semblaient des prédateurs féroces à la gueule grande ouverte prêts à dégringoler à tout moment pour dévorer tout. Les bâtiments fissurés avaient l'air prêt à ensevelir tout le reste du monde à la prochaine réplique. Face à la catastrophe imminente, certains frisaient la crise de nerfs.
Ravalant ses larmes, Sherab Gyaltsen console les sinistrés, transporte du matériel de secours, organise la distribution de repas et la réinstallation. Très vite, les sinistrés ont pu se débrouiller seuls assez vite.
Suite aux puissantes secousses, le bourg de Zham, construit sur le flanc de la montagne, était devenu dangereux. Les possibilités de glissement de terrain et d'éboulements étaient tellement importantes que les dirigeants de la région autonome du Tibet ont décidé, dès que la voie menant à Zham serait déblayée, d'évacuer immédiatement tout le monde. Sherab Gyaltsen et les autres membres du Parti ont donc prévenu les gens, foyer par foyer, de se tenir prêts pour l'évacuation.
Plusieurs vieux bergers dans le pâturage ne voulaient pas partir, alors Sherab Gyaltsen et Nyima Dondrup sont montés au pâturage pour les convaincre de descendre la montagne le plus vite possible.
« Sherab Gyaltsen est très respecté dans le village. C'est le premier membre du Parti communiste chinois de l'histoire de Xoibogang. Il jouit d'une grande autorité parmi les villageois qui, en général, font ce qu'il dit », raconte Nyima Dondrup.
C'est seulement le 29 avril, que Sherab Gyaltsen, trop occupé à évacuer les villageois, s'aperçoit enfin que ses vêtements et ses chaussures sont en loques et qu'il réalise qu'il n'a rien récupéré de chez lui…
Héroïque, celui-ci déclare : « Je suis le chef du comité du quartier, je ne peux juste penser à mes affaires, sans me soucier du danger que le peuple court. »
Cette nuit-là, il emportait avec lui l'espoir de la survie des gens, laissant derrière lui ses proches disparus à jamais.
Je serai toujours là pour toi
Après avoir réinstallé les gens dans différents camps du district de Lhazê, Sherab Gyaltsen se ballade toujours un talkie-walkie à la main entre les différentes tentes comme ça les villageois peuvent toujours le trouver en cas de besoin.
« Arrivé à Lhazê, Sherab Gyaltsen a toujours été très actif pour résoudre nos problèmes et n'arrêtait pas de nous consoler. En même temps, il a demandé aux chefs des groupes de familles de veiller sur les autres sinistrés », raconte Dawa, l'un des chefs de groupe des familles de Xoibogang. Selon lui, Sherab Gyaltsen est un bon chef qui accorde toujours la priorité aux affaires du peuple.
L'année passée, quand il a projeté de reconstruire sa maison, Sherab Gyaltsen a pris l'initiative d'intervenir auprès des autorités du bourg pour déblayer les rochers de montagne derrière sa maison afin de libérer la place à la construction de la nouvelle. Lorsque la villageoise Sangnu était gravement malade, Sherab Gyaltsen et d'autres cadres ont fait des dons pour la faire soigner dans un hôpital de Lhassa. C'est aussi lui qui a aidé un jeune couple à trouver un lieu pour célébrer leur mariage.
Une semaine après le séisme, Sherab Gyaltsen a enfin trouvé un moment pour aller voir sa fille qui venait d'être opérée à Xigazê. Dans son lit de patient, sa fille lui a demandé en larmes : « Où est Maman ? Où sont mes enfants ? » Il ne savait pas quoi lui répondre et, la tête baissée, enfin, ses larmes ont coulé.
Sherab Gyaltsen est un victime du séisme, mais aussi un membre du PCC. « C'est le devoir d'un membre du Parti », dit-il quand il explique pourquoi il a agi aussi héroïquement pendant le séisme.
« Aujourd'hui, les sinistrés ont tous été relogés dans des maisons temporaires. Ils gagnent leur vie principalement en travaillant pour le compte d'autrui. La plupart d'entre eux faisaient du commerce, alors le gouvernement local leur a accordé des rayons dans des centres commerciaux. Ils touchent également une allocation journalière de réinstallation provisoire de 15 yuans par personne et 5 000 yuans par an de subvention aux populations vivant près des frontières et dans les pâturages », précise-t-il.
Un an s'est écoulé après le séisme, la vie des sinistrés de Xoibogang est presque revenue à la normale. Sherab Gyaltsen travaille toujours pour obtenir davantage de bien-être et d'opportunités de développement au profit de la population locale.
*CHANG CHUAN est journaliste pour le Quotidien du Tibet.
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