CHINAHOY

28-June-2016

Han Xiqiu, exploratrice des abysses

 

HU YUE, membre de la rédaction

 

Une femme gentille, optimiste et intelligente, c'est la première impression que donne Han Xiqiu. Difficile d'imaginer que celle-ci est en fait une scientifique chevronnée et une exploratrice des océans.

 

Han Xiqiu est la première femme nommée chef scientifique de l'Océan No1 (Dayang Yihao), navire chinois amiral des recherches océaniques. C'est aussi la première femme chef d'une équipe scientifique dans l'histoire de l'exploration maritime chinoise. En une vingtaine d'années de recherches, elle a toujours fait preuve de rigueur scientifique, et d'une ténacité et d'un optimisme typiquement féminins pour résoudre les problèmes de son domaine de recherches.

 

Han Xiqiu est directrice adjointe du laboratoire de géo-science sous-marine appartenant au 2e Institut de recherches océaniques dépendant du Bureau national des affaires océaniques de Chine. Elle est également vice-doyenne de l'Institut océanique de l'université du Zhejiang. Elle décrit son travail comme « explorer les trésors sous-marins ».

 

Les recherches maritimes ne sont pas souvent sous les projecteurs et pourtant elles s'intéressent aux droits et intérêts nationaux maritimes parfois au-delà des limites de la juridiction nationale. Les recherches de l'équipe de Han Xiqiu fournissent des données et des techniques à la Chine et permet à celle-ci de demander des zones de forage sous-marin à la Commission maritime internationale. Les expéditions scientifiques en océan sont aussi une grande contribution pour toute l'humanité, car elles permettent de découvrir de nouvelles ressources et de mieux comprendre les mers.

 

Tombée dans les recherches de l'océan

 

Han Xiqiu est née à Taizhou dans le Zhejiang. En 1986, elle est entrée dans l'Institut géologique de Chengdu

(Sichuan) pour y étudier la géologie. Grâce à ses excellentes performances universitaires, elle a été envoyée sous recommandation pour continuer ses études de master en 1990.

 

En 1993, Han a été intégrée dans le Bureau national des affaires océaniques pour faire des recherches sur les sédiments abyssaux et les nodules polymétalliques sous-marin. Dès lors, elle est tombée dans les recherches de l'océan. En 1998, elle a fait un doctorat à l'université du Zhejiang. En 2001, sa thèse a été classée parmi les 100 meilleures de l'année en Chine.

 

En 2002, grâce à une bourse du Conseil des bourses d'études de la Chine, Han Xiqiu a pu aller étudier au GEOMAR en Allemagne où elle a entamé des études post-doctorales et a participé à plusieurs programmes allemands et sino-allemands importants.

 

En 2005, Han Xiqiu a été invitée à participer à la planification des expéditions de la première équipe scientifique sous-marine du Bureau national des affaires océaniques de Chine. Elle a été assistante-chef scientifique pendant les explorations dans le Pacifique et dans l'océan Indien. Le but de ces expéditions était de chercher du sulfure sous-marin.

 

En 2007, Han Xiqiu a été nommée chef scientifique des recherches dans l'océan Indien, devenant ainsi la première femme chef scientifique de l'histoire de l'exploration maritime chinoise.

 

Han Xiqiu a beaucoup fait pour améliorer la dénomination des découvertes sous-marines chinoises : « Avant, la Chine ne prenait pas en considération la dénomination des nouvelles découvertes sous-marines, elles avaient seulement un numéro. Aujourd'hui la dénomination des entités géographiques sous-marines est normalisée et standardisée », nous explique-t-elle.

 

En 2010, Han Xiqiu a dirigé une expédition dans le sud-ouest de l'océan Indien, et a mis à jour une zone de sulfures polymétalliques et plusieurs zones hydrothermiques. En tant que chef sicentifique, le droit de nommer ces zones lui revient. Elle a donné le nom Yuhuangshan, une montagne de sa province natale, à cet endroit. Yuhuangshan a été enregistré dans la base de données des zones hydrothermiques sous-marines de l'Association internationale des arêtes océaniques.

 

Han Xiqiu nous explique : « Je suis vraiment fière d'avoir donné ce nom à ce dépôt. Cela signifie que la Chine fait de plus en plus d'attention à la dénomination de la science de l'océan. Aujourd'hui, on a un système complet pour définir une entité, et bien distinguer les monts et les collines sous-marines. »

 

En 2015, le Bureau national des affaires océaniques de Chine a présenté au public les 124 entités sous-marines découvertes par la Chine dont les 12 entités géographiques et 4 zones hydrothermiques nommés par l'équipe de Han Xiqiu dans l'océan Indien. Deux zones hydrothermiques trouvées dans l'océan Indien et découvertes en 2015 ont été nommées Tianxiu et Daxi, deux termes tirés du Livre des Odes.

 

Scientifique féminine

 

Les océans couvrent 71 % de surface de la Terre, et les fonds sous-marins sont encore un domaine mystérieux et à découvrir. Han Xiqiu décrit les recherches sous-marines comme « chercher une aiguille dans une meule de foin ». « Quand on cherche des ressources sulfures polymétalliques, on fait d'abord des sondages de terrain pour voir s'il y a une activité hydrothermique, ensuite on fait des recherches sur les sources hydrothermique et des forages. » La Chine fait partie des pays qui fait le plus de prospection sous-marine et pose le plus de demandes de zones de forage sous-marin dans le monde.

 

Pendant les expéditions, les membres de l'équipe scientifique doivent faire face à de nombreux aléas climatiques pendant leurs recherches. Han Xiqiu ne s'attarde pourtant pas sur son statut de femme quand elle travaille. « En science, il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes, c'est un travail point ! La valeur d'un scientifique se mesure grâce aux résultats acquis dans ses recherches. Les exigences et les standards ne sont pas faits en fonction du sexe du scientifique qui fait les recherches. »

 

Pourtant, Han Xiqiu reconnaît que le domaine des recherches océaniques en Chine est plutôt un champ de bataille pour les hommes  : « Par exemple, parmi plus de 70 membres d'une expédition en mer, il y a en général seulement deux femmes. Dans toutes les expéditions que j'ai faites, on n'a jamais dépassé sept femmes à bord. Mais je ne trouve rien la difficulté, parce que le navire est comme mon bureau, mon laboratoire, et aussi ma famille. Avec des scientifiques femmes à leurs côtés, les hommes sont plus actifs, et l'atmosphère dans le bateau est plus agréable. »

 

Le meilleur souvenir qu'elle garde d'une expédition est celle où elle a découvert la zone de Yuhuangshan. « On a rencontré de nombreuses difficultés pendant ce voyage-là, notamment des conditions météorologiques exécrables, le dernier jour avant la fin de l'expédition, on a trouvé cette zone hydrothermique et pu faire des prélèvements d'échantillons de sulfures polymétalliques. C'était la joie générale sur le bateau. »

 

Pionnier de vulgarisation

 

Han Xiqiu pense : « En tant que membre du Parti communiste chinois, je me dois de garder une attitude positive, la passion pour mon travail et une énergie positive pour la société. »

 

Han Xiqiu donne très régulièrement des lectures dans les écoles primaires, les collèges et lycées et dans les universités. Le 16 avril 2016, lors du 47e Jour de la Terre, elle a été invitée à l'université Tongji pour faire un cours dont le thème était « Découvrir les secrets de la mer profonde ». « Je trouve ça bien de raconter mon expérience aux étudiants pour leur donner envie de s'intéresser à la science, de protéger les océans, et peut-être aussi de faire le même travail que moi. »

 

Bien que très occupée par ses recherches scientifiques, Han Xiqiu trouve toujours du temps pour faire de la vulgarisation. En 2016, elle a accepté de contribuer à Guokr, un site chinois de vulgarisation, en tant que conseillère scientifique pour partager ses connaissances sur les sciences maritimes avec les internautes. Grâce à ses efforts, l'Association des femmes pour la science et technologie de Chine lui a octroyé le Prix 2015 du service social des femmes scientifiques.

 

« Je suis une scientifique chanceuse. J'ai une chance que peu de gens ont : faire des recherches sur l'océan en étant financé par le gouvernement. C'est pour cela que je pense que c'est aussi ma mission de présenter mon travail au public pour sensibiliser. »

 

Et de conclure : « Beaucoup de scientifiques chinois sont des exemples qui prouvent que même si l'on vient d'une famille ordinaire, avec des efforts on peut aller loin. »

 

 

La Chine au présent

 

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