- Accueil
- Questionnaire
- Médecine chinoise
- Toit du monde
- Cuisine
- Livre
- Proverbe
- Francosphère
- A la chinoise
- Tendance
- Mots clés
- Aux quatre coins du pays
- Objets d'art
- Sci-Edu
- Environnement
- Personnalité
- Sport
- Tourisme
- Culture
- Economie
- Société
- Focus
- Convergence
- Propos d’expert
- Reportage spécial
- Dossier
- Galerie photo
- Actualité
De l’innovation et de la créativité pour Croisements 2015
|
Visuel de l'édition 2015 du festival Croisements : Le Désespéré de Courbet, à la mode « opéra de Pékin ». |
Le festival Croisements, c'est 10 ans en Chine, le plus grand événement culturel étranger dans ce pays et une vitrine animée de la culture française. Pour sa première décade, il se veut innovant et créatif.
SÉBASTIEN ROUSSILLAT, membre de la rédaction
Lors de la conférence de presse pour le lancement de Croisements 2015 le 7 avril dernier, l'ambassadeur de France en Chine, Maurice Gourdault-Montagne a donné le ton de cette nouvelle édition du festival : « Il y aura une grande place donnée à la créativité et à la diversité, et une grande place donnée à la jeune création. » La volonté déjà présente dans l'édition 2014 de montrer une image de la France « jeune, dynamique, innovante et créative », comme l'expliquait le conseiller culturel de l'ambassade de France, Anthony Chaumuzeau, lors de la conférence de presse à l'époque, se retrouve donc dans le programme de cette année.
Croisements, en cela, incarne la politique culturelle française à l'étranger et la volonté de transformer l'image d'une France parfois vue comme désuète, romantique, conservatrice et passéiste par le public étranger, pour présenter une France « contemporaine et novatrice ». D'où le nombre de créations modernes qui sont proposées au public chinois.
Il serait dommage de ne pas mentionner le visuel du festival qui, à la mode d'Andy Warhol, remaquille des tableaux de Français connus en masques d'opéra chinois. Le Désespéré de Courbet notamment, qui avec son Yin et son Yang en plein milieu du front a fait réagir pas mal de Chinois lors de la conférence, un peu surpris de ce design. Certains le trouvent assez bizarre comparé aux visuels des années précédentes. D'autres, plus francophiles, pensent que c'est un portrait de Molière, ou que le masque d'opéra chinois sert à montrer le croisement entre les deux cultures. En tous cas, ce qui est sûr, c'est que le visuel attire l'attention.
D'après M. Gourdault-Montagne, la longévité du festival Croisements en Chine peut s'expliquer ainsi : « Il s'appuie sur ce qu'on appelle l'affinité culturelle, un goût des uns pour les autres, une curiosité mutuelle, l'envie de mieux se connaître, de mieux se comprendre, de mieux s'apprécier. » En effet, depuis les Années croisées de 2004 et 2005, où l'on a vu la Tour Eiffel s'illuminer en rouge et la porte Zhengyangmen à Beijing être colorée en bleu-blanc-rouge, les deux pays se sont engagés dans des échanges culturels pérennes et réguliers.
|
Le Bourgeois gentilhomme sera donné par la Comédie-Française au Grand Théâtre national de Chine début juin. |
Un hybride franco-chinois
« Croisements est né des Années croisées France–Chine de 2004-2005, il y a maintenant 10 ans. C'est donc un croisement entre la culture française et la culture chinoise », a expliqué l'ambassadeur de France en Chine. On a presque envie de dire « un hybride au carrefour des cultures ». Mais arrêtons de jouer sur les mots et voyons plutôt ce que nous disent les chiffres : « En 10 ans, près de 10 millions de spectateurs en moyenne sur toute la Chine, toutes générations confondues, 30 villes chinoises participantes dont Hong Kong et Macao et plus de 400 événements sur 3 mois. Croisements, c'est aussi une cinquantaine de mécènes dont une majorité d'entreprises françaises, mais aussi des entreprises chinoises de plus en plus nombreuses, fières de s'investir dans cet événement dont l'ampleur en Chine est indéniable », nous apprend-on.
Et cette année, pour marquer le coup, 10 parrains ont été invités à soutenir le festival. Ceux-ci parrainent chacun une des 10 disciplines présentées pour cette édition et sont tous Chinois ou Français d'origine chinoise. Ils servent d'ambassadeurs du festival en Chine, même s'ils n'y participent pas forcément personnellement. Parmi eux, on retrouve le pianiste Lang Lang, le réalisateur Feng Xiaogang, l'auteur Jiang Fangzhou, ou encore Jiang Qiong'er, créatrice de la maison de luxe Shang Xia.
De la vraie nouveauté ou du réchauffé ?
Hormis les disciplines traditionnelles qui seront proposées (musique, danse, peinture etc.), de « grandes nouveautés » ont été annoncées dont l'ajout de plusieurs catégories culturelles et artistiques au menu des festivités : l'architecture et le design par exemple, ou encore les nouveaux médias. Des expositions sur la mode et le stylisme français consacrées à Christian Dior ou à l'esthétique des films de Jacques Demy, ou encore aux costumes de Christian Lacroix pour Le Bourgeois gentilhomme, seront présentées. Des designers pas nécessairement très contemporains, mais qui incarnent l'innovation dont la France est capable.
Un autre événement lié au design sera présenté en juin prochain en exclusivité à Shenzhen et initiera le public chinois au monde du Corbusier, grâce à un mécène passionné, Bai Yuxi, directeur du cabinet d'architecture Aube. « Le Corbusier est encore inconnu en Chine, ou a été oublié, et je pense que c'est important que nos designers gardent la mémoire fraîche. Je voudrais leur faire redécouvrir l'œuvre de cet homme », dit-il.
Ce qui peut paraître « réchauffé » n'est en fait qu'un moyen de faire redécouvrir sous une autre facette ce qui a potentiellement été déjà présenté, ou est déjà connu du public chinois. Pour celui-ci, principale cible de la programmation, ce festival permet d'ouvrir son regard sur le monde. Après tout, Le Corbusier peut paraître démodé aux yeux des Français, mais il est peut-être totalement nouveau pour les Chinois.
Un programme Jeune public est également proposé, d'ailleurs plutôt bien achalandé. Il propose aux jeunes Chinois friands de langue française de découvrir l'univers français des contes pour enfants, par le biais de spectacles modernes sous forme de théâtre d'ombres ou encore de danse contemporaine pour les petits. Un atelier et des « concerts visuels » avec la dessinatrice Mathilde Domecq auront également lieu.
Difficile d'innover quand on a déjà 10 ans et qu'on a déjà essayé de présenter tout ce qu'on pouvait présenter sur la France au public chinois. On reproche souvent au festival d'être trop élitiste ou encore de ne présenter qu'une sélection bien léchée de la culture française, mais finalement, c'est un panel très varié qui passe des classiques à la culture moderne et post-moderne, voire expérimentale, qui va être offerte aux spectateurs. Cela leur permettra de découvrir ou de redécouvrir la culture française, et parfois même, éventuellement, de la faire rentrer en interaction avec la culture chinoise.
Au carrefour de la rencontre
Cette année, Croisements fête ses 10 ans, le partenariat entre le Ballet central de Chine et l'Opéra de Paris fête lui ses 30 ans. Ce sera l'occasion d'une nouvelle rencontre entre les deux troupes à Beijing et d'un événement anniversaire où sera présentée une exposition retraçant l'histoire de ce partenariat, ainsi qu'une représentation composée d'extraits du répertoire chorégraphique français, par deux danseurs de l'Opéra de Paris et les danseurs du Ballet central de Chine.
Le Quatuor Prima Vista proposera quant à lui un programme de ciné-concert où il interprétera de la musique de Baudime Jam pour illustrer des films muets dont La Divine du réalisateur chinois Wu Yonggang. Dans la même lignée, la soprano Véronique Gens viendra chanter avec l'orchestre philharmonique du théâtre Poly et l'orchestre symphonique de Canton pour la première en Chine de La Mort de Cléopâtre de Berlioz et Turandot Suite Op.41.
Un spectacle très contemporain et novateur sur le thème du vent, L'après-midi d'un foehn Version 1, sera présenté début juin au théâtre Penghao. Le « danseur » phare du spectacle est un sac plastique qui effectue une chorégraphie dans l'air sur de la musique de Debussy.
Le Bourgeois gentilhomme, tout en habit de lumière, joué par la Comédie-Française, fera lui l'ouverture du Festival de théâtre de Pékin au Grand Théâtre national, l'occasion pour le public chinois d'admirer tout le talent des comédiens français, héritiers de la tradition théâtrale de celui qui a donné son surnom et sa verve à la langue française : Molière !
Pour plus d'informations sur les événements, rendez-vous sur le site internet de l'ambassade de France en Chine, ou sur celui de l'Institut français de Pékin.
La Chine au présent