CHINAHOY

31-May-2016

La peinture chinoise

 

GU HE

La peinture chinoise est apparue il y a environ 4 700 ans. On a retrouvé des artefacts et des vêtements avec des motifs représentant des paysages, des figures, des oiseaux et des animaux datant de l'époque Shang (XVIe–XIe siècle av. J.-C.) et de l'époque Zhou (XIe siècle–256 av. J.-C).

Sous les Han (206 av. J.-C.–220), le portrait était florissant. On peignait surtout des thèmes tels que le fils respectueux et loyal, ou des voleurs et des ministres mal intentionnés dans le but d'éduquer à la bonne morale. Mais le style de ces portraits était assez grossier.

À l'époque des Six Dynasties (220-581), la peinture de personnages a connu quelques progrès et c'est à cette époque que sont apparus de grands peintres comme Gu Kaizhi (348-409). Sous la dynastie Qi du Nord (550-577) le peintre Cao Zhongda inventa un style où il peignait les habits de ses personnages sans relief, comme s'ils étaient imbibés d'eau. Le peintre des Tang (618-907), Wu Daozi (680-759), considéré comme le « Saint des peintres » en Chine, avait un style très dynamique et virevoltant qui s'approchait de la forme d'un vêtement qui flottait dans le vent. Ces deux styles de peinture influent encore sur la peinture chinoise aujourd'hui.

À l'époque, les visages était dessinés très ronds et très en chair, comme on peut le voir sur la peinture Portraits de femmes de Zhou Fang (VIIIe-début du IXe siècle), peintre de la dynastie Tang. Ce n'est qu'à la dynastie Ming (1368-1644) que le style actuel des portraits féminins s'est standardisé.

La peinture de paysages est née pendant les Six Dynasties, alors que le paysage était encore relégué à un décor derrière le personnage. C'est grâce au peintre Li Sixun (651-716) que le paysage chinois a atteint son apogée. Tout le monde dans la famille de Li Sixun savait peindre et les Li étaient connus pour leurs peintures de roches et de montagnes. La couleur dorée qu'ils leur donnaient reflète l'effervescence des Tang.

Mais c'est réellement après la révolte dirigée par An Lushan et Shi Siming (755-763), et grâce à Wang Wei (701-761), que le paysage chinois a pris une autre direction : celle du paysage à l'encre de Chine et à l'aquarelle. Ce style a été repris plus tard par le poète des Song du Nord (960-1127), Su Dongpo (1037-1101). Celui-ci a également introduit la théorie de la peinture-poème : « Il y a de la peinture dans la poésie et de la poésie dans la peinture. » Les peintres paysagers du milieu des Tang et des Song du Nord ont tous plus ou moins hérité du style de Wang Wei.

La peinture de fleurs et d'oiseaux datait, elle, du Xe siècle, elle a atteint son apogée sous les Song (960-1279). C'était surtout une peinture d'agrément qui montre le raffinement de la vie à l'époque Song. La peinture de fleurs de prunier, mais aussi la peinture de bambous sont typiques de cette époque. Cette dernière était même une discipline à part entière, et un chapitre entier lui est consacré dans le Catalogue des peintures de l'empereur Xuanhe. C'est l'époque où a été créée l'Académie impériale de peinture. Les peintres de l'époque Song obtenaient également des postes de fonctionnaire en fonction de leur talent artistique. L'académie donnait des thèmes tirés de poèmes antiques aux peintres pour les divertir. L'un de ces thèmes étaient « Au retour de la promenade, les sabots de mon cheval sentent les fleurs », un peintre eut l'idée de peindre un essaim d'abeilles volant derrière un cheval pour faire ressortir la notion d'odeur dans la peinture.

La dynastie Song a été l'une des plus fournies en peintres de talent, parmi ceux-ci, Fan Kuan (950-1032) et Mi Fu (1051-1107) sont les plus connus. Zhang Zeduan (1085-1145) est certainement le plus connu d'entre eux pour ses scènes de personnages. Celles-ci en font le représentant le plus remarquable de la peinture chinoise réaliste. L'automne dernier, sa très célèbre peinture Scène de vie le long de la rivière Bianhe le jour de Qingming a été exposée à la Cité interdite. Au plus fort des visites, plus de 8 000 personnes se sont pressées pour la voir. Le peintre contemporain Xu Beihong (1895-1953) considérait la période Song comme l'époque la plus florissante de la peinture chinoise.

Sous les Ming, l'académie des peintures a connu une période de renouveau comparable aux Song. À cette époque, le portrait est devenu peinture de genre historique. Sous les Qing (1644-1911), le portrait a disparu complètement de la scène artistique, la peinture de paysages s'inspirait du style des époques précédentes. La peinture de fleurs et d'oiseaux quant à elle a connu un nouvel essor et fait preuve d'une grande créativité. Sous le règne de l'empereur Qianlong, sont apparus huit grands talents de la peinture qui ont souvent cassé les traditions et fait preuve de beaucoup d'éclectisme. Ils sont connus sous le nom des « Huit Excentriques de Yangzhou ».

L'une des caractéristiques de la peinture chinoise réside dans ses outils : le pinceau, l'encre, le papier de riz et la pierre à encre. L'utilisation du pinceau a déterminé le style général fait de lignes et l'organisation du dessin. En Chine, la peinture et la calligraphie sont sœurs. L'encre, plus ou moins dense, plus ou moins sèche, forme la base du tableau. L'apparition du papier de riz a permis d'enrichir les formes picturales. Mais ce qui fait l'originalité de la peinture chinoise, c'est le sceau apposé sur la toile qui complète la peinture par une poésie, faisant les deux se répondre.

Une controverse est apparue récemment quant à la théorie selon laquelle la peinture chinoise devrait être uniquement peinte à l'encre de Chine et à l'aquarelle. D'après Xu Beihong, « le déclin de la peinture chinoise à l'époque moderne vient d'une habitude d'imiter le style des époques anciennes. »

Entre faire la symbiose de la peinture chinoise et de la peinture occidentale, innover tout en gardant ses particularités, la peinture chinoise a encore beaucoup à explorer. (Article publié par Monthly Digest du groupe Zhonghua Book Company)

 

 

La Chine au présent

Liens