CHINAHOY

30-October-2015

Le goût chinois du sacrifice

 

(Corée du Sud) KIM OKDONG*

Je suis arrivé à Beijing pour faire mes études en février 2011. Mais mon premier contact avec la Chine m'a déçu. Que ce soit l'air qui est accompagné des gaz d'échappement, les immeubles, les embouteillages ou l'attitude peu avenante de certains Chinois, ma vie était assez difficile ici. Je me disais que la Chine était telle un enfant qui a grandi trop vite mais n'est pas encore arrivé au degré de maturité qu'elle essaie d'afficher et de promouvoir.

Puis je suis revenu en Chine au mois d'août 2013 en tant que boursier de l'Institut Confucius. Cette fois-ci, j'ai étudié à Qufu dans la province du Shandong. Une petite ville tranquille totalement différente de Beijing. Une fois, lors de la visite au temple, au cimetière de Confucius et à la résidence de la famille Kong, notre professeur nous a expliqué : « Par chance, ces sites n'ont pas été détruits pendant la Révolution culturelle (1966-1976) ». À ce moment-là, j'ai eu l'impression de retrouver le goût de la Chine.

Une autre fois, j'allais faire une copie de la clé de chez moi, je trouvai près du mur de notre l'université un vieux serrurier qui attendait ses clients en grelottant dans le froid. Le prix pour une clé était de 50 centimes de yuan, mais je lui ai donné 20 yuans après avoir fait faire deux clés. Ma décision venait d'un sentiment de gratitude et de respect. Ce n'était pas de la pitié. La vie d'abondance dont nous jouissons aujourd'hui ne nous a-t-elle pas été donnée en héritage par des gens comme cette personne âgée et par les innombrables martyrs de la révolution au prix du sacrifice de leur vie pour la patrie ? Je me suis dit que je me sentirais heureux si le dîner de ce serrurier pouvait être un peu plus copieux ce soir-là. Cette histoire m'a appris le goût du sacrifice.

Au mois de février 2014, j'ai fait un voyage en Chine. Pendant mon séjour à Nanjing, Shanghai, Suzhou et Hangzhou, j'ai découvert beaucoup de choses. Lors de ma visite au Mémorial du massacre de Nanjing, j'ai découvert que la Chine et la Corée du Sud sont passées par les mêmes souffrances historiques. Après avoir vu les sacrifices des martyrs de la révolution combattant l'impérialisme, j'ai senti encore une fois l'odeur du sacrifice. Quand j'ai vu les canaux à Suzhou, j'ai été surpris de leur beauté et j'ai pensé à ceux qui les ont construits. Nos ancêtres ont donné leur jeunesse et parfois même leur vie pour réaliser une telle construction, c'est encore une fois un sacrifice.

Toujours dans le but de découvrir le goût du sacrifice, j'ai choisi d'aller à Xi'an. J'ai visité le Mausolée de Qin Shihuangdi (premier empereur de Chine) et j'ai pu admirer les guerriers et chevaux en terre cuite, ainsi que le bassin Huaqing de la favorite Yang Yuhuan des Tang. J'ai pu goûter au sentiment antique de cette ancienne capitale chinoise il y a 3 000 ans où on peut sentir la douceur de cette ville rien qu'en disant son nom. Le mausolée énorme, l'armée en terre majestueuse de Qin Shihuangdi qui avait rêvé d'immortalité et le bassin Huaqing de la très belle Yang ont tous été construits par des paysans. Ils sont le symbole des sacrifices des paysans et des esclaves. Ces sacrifices sont à la mesure de leur symbole. Silencieusement et regardant dans la même direction, les guerriers et les chevaux en terre cuite gardent leur maître pour l'éternité.

L'odeur du gaz d'échappement des voitures que j'ai senti en arrivant en 2011, n'est-ce pas finalement aussi une odeur de sacrifice ? Le sacrifice de la Chine qui est l'usine du monde. Nous Coréens, et toute la planète vivont grâce à ce sacrifice. En Chine, on dit que « Sans le Parti communiste, il n'y aurait pas la Chine nouvelle ». Je voudrais ajouter que « Sans la Chine, il n'y aurait pas le monde d'aujourd'hui». La Chine montre le meilleur d'elle-même et offre au monde toutes ses belles choses. Ce goût chinois du sacrifice restera à jamais gravé dans ma mémoire.

 

*KIM OKDONG est étudiant de l'École normale de Qufu dans le Shandong.

 

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