CHINAHOY

3-July-2015

Mieux vaut prévenir que guérir

 

 

SÉBASTIEN ROUSSILLAT, membre de la rédaction

Le mot chinois pour « médicament » 药 (yào) possède le composant pictogramme de l’herbe 艹, car l’ingrédient de base pour la pharmaceutique chinoise 中药学 (zhōngyàoxué) est les plantes médicinales 药草 (yàocǎo). Vous trouverez dans une pharmacie chinoise traditionnelle 药店 (yàodiàn) toutes sortes de tiroirs comme chez un apothicaire 药师 (yàoshī), dans lesquels sont classés différents ingrédients 药材 (yàocái) dont les plantes médicinales et autres minéraux 矿物药 (kuàngwùyào) ou ingrédients à base d’animaux 动物药 (dòngwùyào). Le pharmacien s’en sert pour préparer les décoctions 配药 (pèiyào) ainsi que les alcools médicinaux 药酒 (yàojiǔ), qui servent surtout de compléments à la santé. Une fois que l’on a acheté sa médicamentation, il suffit de rentrer chez soi pour faire la décoction 煎药 (jiānyào).

Les médicaments chinois 中药 (zhōngyào) se rangent dans plusieurs catégories : les médicaments déjà préparés 中成药 (zhōngchéngyào) et les 饮片 (yǐnpiàn) à faire soi-même. Les premiers sont fabriqués dans les usines pharmaceutiques à l’aide de recettes fixes et sont sous forme de granulés 颗粒 (kēlì), de pastilles 蜜丸 (mìwán), ou de poudre 片剂 (piànjì) etc.

Les bases de la médecine chinoise sont la prévention des maladies 预防疾病 (yùfángjíbìng), l’attention accordée à la cause de la maladie 治本 (zhìběn) ou « guérison à la racine » et pas uniquement les symptômes 治标 (zhìbiaō), l’entretien du corps avant, pendant et après la guérison qui se résume en quatre caractères 保健养生 (bǎojiànyǎngshēng) signifiant « protéger la santé, entretenir la vitalité ».

La médecine chinoise, à la différence de la médecine occidentale 西医 (xīyī), ne prescrit pas toujours de médicaments 药方 (yàofāng). Le malade 病人 (bìngrén) n’est pas toujours obligé de « manger des médicaments » 吃药 (chīyào). Elle lui donnera encore moins du poison 下药 (xiàyaò). On pourra vous prescrire de l’acupuncture 针灸 (zhēnjiǔ), un massage thérapeutique 推拿 (tuīná), un grattage 刮痧 (guāshā) ou des ventouses 拔罐 (báguàn). L’acupuncture peut aussi être faite « à l’ancienne » avec des bâtons d’herbe séchée brûlants 艾灸 (àijiǔ) avec lesquels on chauffe les points d’acupuncture 穴位 (xuéwèi). Ces points de pression servent aussi pour le massage et pour poser les ventouses. Ces dernières sont souvent utilisées pour faire sortir les toxines 排毒 (páidú) et « déboucher les flux d’énergie » 通脉络 (tōngmàiluò).

La dénomination des maladies et autres symptômes 病症 (bìngzhèng) diffère également de celle occidentale. Par exemple, 上火 (shànghuǒ) ne signifie pas « mettre le feu », ni avoir de la fièvre 发烧 (fāshao) ni une inflammation 发炎 (fāyán), mais avoir la sensation d’une « fièvre interne » due à un « feu intérieur trop fort » 内火太旺 (nèihuǒtàiwàng) qui peut être lié à un déséquilibre des énergies yin et yang à l’intérieur du système physiologique. Il est alors nécessaire de rééquilibrer 调理 (tiáolǐ) par des décoctions 喝药 (hēyaò) ou une alimentation différente 改变饮食 (gǎibiànyǐnshí) pour faire « descendre le feu » et drainer les toxines 清热解毒 (qīngrèjiědú). La médecine chinoise appelle également « le feu de la colère » 急火 (jíhuǒ) cette sensation d’énervement et de frustration liée au travail ou à la pression, qui est souvent à l’origine de maladies.

En Chine, quand vous êtes malade, on ne vous souhaitera pas un « bon rétablissement », mais un « rapide rétablissement » 早日康复 (zǎorìkāngfù). On vous dira de bien vous reposer 好好休息 (haǒhaǒxiūxī) et « d’entretenir votre maladie » 养病 (yǎngbìng) qui signifie en fait « prendre soin de vous ». Pour éviter de contaminer tout le monde 传染别人 (chuánrǎnbiérén), vous devrez porter un masque 戴口罩 (dàikǒuzhào), car tout le monde n’est pas « immunisé contre les cents virus » 百毒不侵 (bǎidúbùqīn). Évitez aussi de dire que vous « avez une maladie ». 我有病 (wǒyǒubìng) qui signifie en fait « je suis taré », et choisissez plutôt de dire que vous êtes malade 我生病了 (wǒshēngbìngle) ou que vous « avez chopé un truc » 我得病了 (wǒdébìngle).

De plus, pour les Chinois qui n’aiment pas en général prendre des médicaments à tout va 乱吃药 (luànchīyào), « les médicaments sont à trois quarts du poison » 药三分毒 (yàosānfèndú), d’où le sempiternel mais bienveillant « ne prends pas trop de médocs ! » 少吃药 (shǎochīyào).

 

 

La Chine au présent

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