CHINAHOY

3-November-2014

APEC : ce qui préoccupe les pays latino-américains

 

Photo des dirigeants des membres de l'APEC à la fin du 16e sommet organisé à Lima en 2008.

 

RAFAEL VALDEZ, membre de la rédaction

Quelles futures coopérations possibles entre l'APEC et les pays de l'Amérique du sud?

Se rapprocher de l'Asie et éliminer les barrières commerciales est le but commun des trois pays d'Amérique latine participant au Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) créé il y a 25 ans et, qui se tiendra en novembre en Chine. On y attend le président mexicain Enrique Peña Nieto, la présidente chilienne Michelle Bachelet et le président péruvien Ollanta Humala.

Large consensus avec la Chine

Le sujet principal de ce sommet est élaborer une feuille de route pour la mise en place de la zone de libre-échange de la région Asie-Pacifique, une proposition chinoise. « Cette proposition a été lancée en 2004 au Chili et une analyse est en cours. Depuis lors, beaucoup d'économies ont négocié des accords de libre-échange à leurs manières. Il y a des pays qui soutiennent la proposition et d'autres qui hésitent encore. La Chine souhaite conclure en 2025 l'accord de libre-échange de l'APEC », affirme le conseiller commercial de l'ambassade du Chili en Chine, Andreas Pierotic.

À cet égard, l'ambassadeur du Mexique en Chine, Julián Ventura, déclare que son pays a des points de vue similaires avec la Chine, pays qui assure la présidence de l'APEC. La Chine a désigné comme priorités l'intégration économique régionale, le développement innovant, la réforme et la croissance économique, le renforcement de la connectivité globale et le développement des infrastructures. « En ce sens, il est important de souligner les similitudes avec la Chine dans le cadre de la réforme récemment adoptée par notre pays dans des secteurs clés, tels que l'emploi, l'éducation, les télécommunications et l'énergie », explique-t-il.

Au-delà de la discussion de ce grand sujet, dans le cadre de l'APEC, de nombreux groupes de travail se concentrent sur des questions comme l'énergie, l'investissement, l'environnement, la connectivité et l'automobile. Bien que les pays d'Amérique latine ne proposent pas des projets en tant que bloc, ils s'accordent sur des questions essentielles.

Le ministre de l'ambassade du Pérou, Juan Miguel Miranda, explique que le Forum poursuit trois objectifs principaux qui sont la libéralisation du commerce et des investissements, la facilitation du commerce et la coopération économique et technique.

Se rapprocher par la connectivité

« Nous ne travaillons pas comme un bloc au sein du Forum, mais nous sommes d'accord sur deux objectifs très importants : le premier est la connectivité, c'est-à-dire d'essayer de faire se rapprocher nos économies, les unes des autres. Et notamment la connectivité de divers types : la facilité des échanges entre les secteurs, sur les marchés, l'origine des produits, ainsi que les échanges entre les personnes. Un autre sujet important de l'APEC est la facilitation du commerce. »

À cet égard, la connectivité est cruciale. Le Forum est en train de mettre en place un visa d'affaires, et les progrès ont été enregistrés, pour faciliter le voyage des hommes d'affaires des trois pays qui n'ont pas besoin de visa pour voyager dans les pays concernés. Le deuxième objectif sur lequel les pays membres latino-américains de l'APEC sont d'accord est le développement de capacités et le transfert de technologie. « Cela est pour permettre à nos entreprises d'avoir accès aux plus nombreuses hautes technologies. Avec cela, nous leur fournirons des outils et elles pourront donc développer mieux leurs affaires. C'est important pour tous les membres du Forum, mais surtout pour les pays latino-américains. L'APEC n'est pas un forum dont les décisions sont juridiquement contraignantes. Celles-ci sont prises de façon consensuelle, les actions sont effectuées sur une base volontaire. Rapprocher les économies pour qu'elles contribuent les unes aux autres, et que les pays développés et ceux en développement aient un mécanisme ici pour travailler ensemble, c'est ce que le Forum recherche », souligne le ministre Miranda.

Pour sa part, le conseiller commercial chilien, Andreas Pierotic décrit : « Le Chili dirige le groupe d'investissement et nous travaillons toujours à soutenir fortement le sujet sur la connectivité. Récemment, nous avons pris l'initiative d'un forum sur le transbordement. Cette question est compliquée et touche beaucoup de pays d'Amérique latine, parce que nous sommes très loin de l'Asie et il n'y a pratiquement pas de moyens de transport direct de marchandises. Nous devons toujours avoir recours au transbordement. Beaucoup de pays qui ont signé des accords de libre-échange accordent des préférences douanières à un produit. Mais celui-ci doit avoir un certificat d'origine attestant qu'il provient du pays qui a signé l'accord. Toutefois, lorsque les marchandises doivent être transbordées dans d'autres ports, les pays concernés ne reconnaissent souvent pas le certificat d'origine parce qu'ils pensent qu'ils ne sont pas sûrs que les marchandises n'aient pas été modifiées lors du transbordement. Nous cherchons donc dans l'APEC à créer un guide pour reconnaître l'origine des marchandises. Citons l'exemple de l'exportation des fruits frais. Pour retirer le plus tôt possible ses marchandises du port, l'importateur doit payer des frais avant de discuter du certificat d'origine. Cela fait encourir des frais supplémentaires. En réalité, il ne revient pas à l'importateur de les payer. Il s'agit d'un exemple des obstacles commerciaux présentés dans le cadre de la connectivité. »

Le Pérou a présenté conjointement avec le Japon un projet spécifique sur la question de la sécurité alimentaire – l'impact du changement climatique sur les cultures et leur degré d'adaptation. Il utilisera la technologie japonaise dans la R&D.

Un autre projet présenté par le Pérou est lié aux PME, appelé « Faire des affaires mondiales en pensant globalement ». « L'objectif est de préparer les gens à avoir une vision globale dans les affaires. C'est-à-dire ne pas toujours destiner les affaires de votre compagnie uniquement à votre communauté, et il faut avoir l'intention de les développer et étendre dans les pays membres de l'APEC, même dans le monde entier », explique M. Miranda.

Partenaire prioritaire pour l'Alliance du Pacifique

L'ambassadeur du Mexique explique que les pays membres de l'Alliance du Pacifique, Mexique, Chili, Colombie et Pérou, partagent la conviction profonde que la puissante intégration économique et commerciale ainsi que la libre circulation des personnes, des capitaux et des marchandises sont des facteurs qui contribueront de façon décisive à la réalisation d'une société inclusive permettant le bien-être pour le peuple. « L'APEC représente un espace idéal pour promouvoir ces buts communs et continuer à élargir notre vision. Il se base sur les ressemblances entre deux mécanismes, y compris les principes d'un régionalisme ouvert, la libéralisation du commerce et la coopération économique et technique », explique-t-il.

Il poursuit : « Les initiatives au sein de l'Alliance du Pacifique – qui vont nous permettre de libéraliser plus de 90 % de notre commerce interrégional dans un bref délai, d'établir un marché commun des actions, et de promouvoir un système dynamique et ouvert d'échange des étudiants, ont eu une résonance grande dans le cadre de l'APEC et ont suscité un intérêt considérable des autres économies de ce Forum. L'Alliance du Pacifique a tenu son neuvième sommet à Punta Mita, dans l'État du Nayarit au Mexique, avec la présidence provisoire assumée par celui-ci. Dans ce cadre, le renforcement des relations avec les 32 pays observateurs dont la Chine, ainsi qu'avec la région la plus dynamique du monde, qui est l'Asie-Pacifique, a été défini comme priorité. En ce sens, la Chine est un partenaire prioritaire cette année, puisqu'elle assume la présidence de l'APEC pour cette année et accueille le sommet en novembre. Cela contribue à stimuler le dialogue entre les deux mécanismes en vue de promouvoir une plus grande intégration régionale. »

Actuellement, les États-Unis et l'Europe reprennent lentement après la crise économique et la croissance s'est ralentie en Chine, l'Amérique latine est toujours considérée comme une région ayant un fort potentiel. Dans cette conjoncture, quel sens a le Forum de l'APEC ? « Après 25 ans d'existence, l'APEC est devenue une occasion permettant à l'économie de continuer à croître. L'APEC comprend les économies plus fortes dans le monde qui représentent plus de 50 % de l'économie mondiale. Ce Forum nous permet de nous relier, faire face à la crise mondiale pour développer de nouvelles et meilleures opportunités commerciales, car les échanges facilitent la complémentarité de nos économies », conclut M. Miranda.

 

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