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Le rêve chinois : dialogue avec le reste du monde
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Cai Mingzhao, directeur du Bureau de l'information du Conseil des affaires d'État, a indiqué dans son discours que la plupart des sondés soutiennent le rêve chinois, et que plus de 86 % d'entre eux considèrent que celui-ci pourrait être accompli. |
HOU RUILI, membre de la rédaction
Le forum intitulé « Dialogue international sur le rêve chinois » a eu lieu les 7 et 8 décembre à Shanghai, attirant une centaine d'experts et de chercheurs de 24 pays, qui ont réalisé des échanges internationaux, intersectoriels et interculturels sur les derniers résultats des recherches à propos du rêve chinois. Cai Mingzhao, directeur du Bureau de l'information du Conseil des affaires d'État, a indiqué lors de son discours que le rêve chinois manifestait une attractivité puissante et que la réalisation du rêve de 1,3 milliard d'habitants chinois serait une pierre de touche dans l'histoire. En plus de changer l'image de la Chine, cela apporterait une grande contribution à l'humanité.
Qu'est-ce que le rêve chinois ?
Zhang Weiwei, directeur de l'Institut de la sinologie relevant de l'Académie des sciences sociales de Shanghai, a véçu pendant des années à l'étranger. Lors d'une conversation avec le chauffeur de taxi le conduisant au forum, il a apprit que celui-ci, qui se disait pauvre, possédait deux appartements à Shanghai, d'une valeur de 3 millions de yuans, soit presque 400 000 dollars américains. Zhang lui a dit qu'il était plus riche que la moitié des Européens.
De même, pendant les 10 à 15 dernières années, la plupart des Américains ont connu une baisse de leur qualité de vie. Selon les données officielles, si le revenu mensuel était de 100 en 2000, le revenu réel aux États-Unis était de 89,4 en 2011. Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, a publié un article dans le New York Times en février 2013, déclarant que d'après des recherches, le mythe des États-Unis, territoire plein d'opportunités, n'existait pas. « Par contre, pendant les 10 à 20 dernières années, les richesses chinoises ont connu une croissance importante », a déclaré Zhang Weiwei.
La nation chinoise a été une puissance dans l'histoire. Cependant, entre la Guerre de l'Opium en 1840 et la fondation de la Chine nouvelle en 1949, elle connut plusieurs invasions de grandes puissances occidentales, puis ce fut la Guerre de résistance contre l'agression japonaise. Aucun pays, aucune nation dans le monde n'a connu ce qu'elle a connu et payé.
« Les fusils et les canons dans la Guerre de l'Opium ont été les premières marques de la civilisation industrielle occidentale que la Chine ait connues. Afin de résister à l'aggression des colonisateurs occidentaux, la Chine a ensuite commencé son industrialisation et sa modernisation. Après cela, les Chinois ont essayé d'étudier les techniques et les systèmes occidentaux. Un des exemples est le Mouvement dit d'occidentalisation, mais il y a également le Mouvement réformiste de 1898 et la Révolution de 1911. Tous ont pourtant échoué parce qu'ils ne correspondaient pas à la réalité chinoise. La Chine n'avait pas pu se débarrasser de sa pauvreté ni de sa faiblesse. Après la fondation de la Chine nouvelle, après quelques vicissitudes, les Chinois ont enfin trouvé une voie pratique convenant à la situation chinoise qui a permis de faire de la Chine la deuxième économie du monde », a déclaré Zhang Xin, PDG du groupe Shanghai Century Publishing.
À la fondation de la Chine nouvelle, le PIB n'était que de 35,8 milliards de yuans, alors qu'aujourd'hui, la Chine génère chaque jour un PIB de 82 milliards de yuans devenant la deuxième économie mondiale et le plus grand exportateur avec les réserves de devise les plus élevées au monde. À cause d'une base démographique large, le revenu par habitant se trouve à niveau mondial médian. La Chine reste donc un pays en voie de développement et en modernisation. Elle doit affronter des problèmes et des défis durant son développement. C'est dans ce contexte que le président Xi Jinping a proposé la mise en œuvre du rêve chinois, composé du rêve d'État, du rêve national et du rêve individuel. Le rêve chinois a réveillé l'aspiration des Chinois à la réalisation d'une meilleure vie pour l'individu, ainsi que leur passion pour le renouveau national et la construction d'un pays socialiste à la chinoise.
« Le sens du rêve chinois consiste à faire qu'un pays de 1,3 milliard d'habitants puisse réaliser la modernisation par d'autres modes et apporter sa contribution à la civilisation mondiale », a déclaré Qi Weiping, professeur de politique de l'École normale supérieure de l'Est de Chine.
Comment réaliser le rêve chinois ?
« Le rêve chinois se manifeste par l'attraction qu'exerce son système politique, l'attractivité de ses valeurs, l'image séduisante de sa culture, l'éloquence de sa diplomatie, le charme et la convivialité de ses dirigeants et l'image de son peuple », résume Sun Zhe, professeur des relations internationales de l'université Tsinghua.
Pour réaliser ces buts, il faut dissiper les doutes du monde sur la Chine. D'après Sun Zhe, la Chine doit dans un premier temps nier tout facteur totalitaire dans sa pratique politique et sa tradition culturelle et parallèlement, mettre en place le système de gouvernance modernisée sur la base de la Constitution déterminé au XVIIIe Congrès national du PCC. Cela implique des innovations considérables dans le système de prise de décision et le fonctionnement politique.
Dans un deuxième temps, la démocratie chinoise devra avoir des points communs avec la démocratie occidentale : c'est-à-dire commencer par faire une réforme démocratique essentielle, de façon à pouvoir par exemple garantir la transparence démocratique, l'ouverture de l'exercice du pouvoir, puis entre autres, effectuer une réforme judiciaire. Mais ce sont des idées techniques. Afin de réellement mettre en œuvre la démocratie, il faudra d'abord s'appuyer sur la Constitution et renforcer le pouvoir de l'Assemblée populaire nationale en tant qu'institution législative. La démocratie pourra être mise en application uniquement si on le fait sous l'angle de la Constitution.
Le troisième temps sera celui de la démocratisation de la diplomatie et des relations internationales. Les cinq principes de coéxistence pacifique et la théorie du tiers-monde sont des résultats de la démocratisation des relations internationales à une époque spécifique. Actuellement, la mission clé dans le développement chinois dit pacifique consiste à la création d'une opinion publique et la définition du rôle de l'armée.
D'après Qi Weiping, les problèmes tels que l'augmentation des écarts de revenus, la corruption, la pollution de l'environnement et des ressources limitées, ne sont pas singuliers au développement de la Chine. Le point de départ de l'édification nationale était très bas. Pendant longtemps, l'édification nationale a connu de nombreuses difficultés, le système et les mécanismes se sont rigidifiés et n'ont pas été mis à jour. Il va falloir beaucoup d'efforts pour résoudre ces problèmes. De plus, la Chine a réalisé un développement éclair, ce qui a créé des contradictions très aiguës, et fait s'accumuler des problèmes et des conflits graves. C'est pour cela que la Chine a des soucis et des préoccupations plus nombreux que les autres pays. En tant que peuple intelligent et plein de créativité, les Chinois espèrent résoudre ces problèmes de manière créative par leur intelligence et leurs efforts, tout en faisant une contribution à la civilisation mondiale.
Selon Zhou Hong, directeur de l'Institut de l'Europe relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine, le rêve chinois marque un autre choix. Le renouveau de la nation chinoise ne touche pas seulement au PIB, mais aussi au renforcement de l'organisation culturelle et sociale, ainsi qu'à la rationnalisation de la politique. Bien sûr, le système et la logique de développement chinois ne sont pas les mêmes que ceux de l'Occident, tout simplement parce que la différence est inhérente au monde.
Nous nous sommes débarrassés du servage et de l'exploitation en trouvant une voie de développement indépendant et cela tout en gardant des liens et des coopérations avec l'extérieur. Nous sommes nés de nations différentes, avons des cultures différentes, une histoire différente et des ressources différentes. Il existe plusieurs façons de gouverner. La mise en œuvre depuis des années de notre système prouve que la voie chinoise est convenable, et cela touche et stimule les autres nations qui suivront l'exemple chinois.
Le rêve chinois est un rêve de paix
Pour les pays occidentaux, dont la volonté expansionniste date de presque 500 ans, tout pays faible peut être pillé par les colons, tandis que les grandes puissances doivent chercher à étendre leur pouvoir. Wu Xiaoming cite l'exemple de la découverte de Matteo Ricci, missionnaire italien en Chine du XVIe au XVIIe siècle pour expliquer l'originalité de l'histoire chinoise.
Voici la conclusion que Matteo Ricci a faite sur la Chine : « Après des études minutieuses sur l'histoire chinoise, je n'ai jamais vu aucun récit sur sa conquérance, ni sur son expansion. » Wu Xiaoming cite également les paroles du penseur allemand Max Weber : « L'entrée de la Chine dans l'Histoire agit de concert avec le pacifisme qu'elle a réétabli. »
Comme Wu Xiaoming l'a expliqué, même si le premier développement de la culture chinoise fut accompagné de militarisme et que dans son histoire primaire les guerres ne manquaient pas, la Chine, après la dynastie des Han devint un empire pacifique. À ce moment-là, l'empereur chinois devint garant protecteur des paysans au lieu de souverain des soldats. Avec l'entrée des lettrés dans la gouvernance, l'idéologie se tourna naturellement vers le pacifisme.
« La voie pacifiste chinoise a un rôle historique à jouer dans le monde. Dans le monde actuel, elle est un bon exemple de l'abandon et du dépassement de la voie de développement capitaliste moderne, faisant preuve d'un développement non-expansionniste et non-hégémonique », a dit Wu Xiaoming.
Max Weber a également fait remarquer que le confucianisme, idéologie dominante de la civilisation chinoise, a pour orientation le pacifisme et la vénération des esprits et des dieux. Cette orientation a même décidé du choix de l'existence ou non d'autres idéologies en Chine. On peut citer en exemple le bouddhisme qui est l'unique religion indienne qui fut admise en Chine parce qu'elle est pacifique.
En Chine, de multiples cultures coexistent. La culture chinoise possède une capacité d'adaptation, de tolérance, de clairvoyance et d'attraction.
Après son arrivée à Beijing en 1600, Matteo Ricci découvrit un groupe de Juifs dans la ville de Kaifeng. Ceux-ci commencèrent par la suite à participer aux examens impériaux. À force d'étudier ces ouvrages classiques confucéens, ils finirent par oublier leurs propres écrits, et se sinisèrent petit à petit.
Lu Jiande, directeur de l'Institut de la littérature de l'Académie des sciences sociales de Chine, a expliqué que le Mouvement pour la Culture nouvelle était un mouvement d'échanges culturels entre la Chine et l'étranger.
Aujourd'hui, la Chine importe 1 000 théories d'économie politique par an pour étudier et tirer profit des idées et des techniques occidentales.
En 1973, Arnold Joseph Toynbee, historien anglais a remarqué lors d'un entretien avec Ikeda Daisaku, personnage des milieux religieux et culturel et homme politique japonais que : « la société moderne affronte des défis primordiaux. Pour éviter la destruction de l'être humain due aux nations et aux états qui ont des intérêts nationaux étroits, la seule voie consiste à la création d'un état mondial. Cependant, la société occidentale ne peut pas achever la construction d'un état mondial parce qu'après l'éclatement de l'Empire romain, la tradition politique occidentale a toujours été nationaliste au lieu de mondialiste. Bien que l'Occident, dans les domaines de l'économie, de la science et la technologie ait pris de l'avance sur les autres pays, il n'arrive pas à réorganiser le monde en un état répondant à l'intérêt commun de l'être humain. Seule la Chine peut réaliser le pacifisme et le mondialisme parce qu'elle a une tradition civilisée marquée par l'internationalisme. »
D'après Wang Yiwei, professeur de la faculté des relations internationales de l'université Renmin, la voie occidentale ne serait pas durable si elle était utilisée en Chine. Notamment parce que la Chine a une grande population et une pénurie de ressources. La Chine prend une voie de développement durable. Sous la direction du gouvernement, l'économie chinoise respectueuse de l'environnement a connu un développement plus rapide que celui de l'Europe. L'apparition du smog est due au développement concentré de ces quelques dizaines années. Cela a attiré l'attention du gouvernement chinois sur la transformation économique. La Décision prise à la 3e session plénière du XVIIIe Comité central du PCC a indiqué que d'ici 2020, des résultats décisifs devraient être obtenus dans la réforme dans divers domaines, tous les systèmes seront perfectionnés. Cela prouve que dans l'avenir, la Chine sera plus compétente dans les systèmes. Tandis que la concurrence de systèmes aidera l'Occident dans une certaine mesure à perfectionner ses propres systèmes et à maintenir son dynamisme, comme les critiques de Karl Marx sur le capitalisme ont favorisé l'amélioration des systèmes des pays capitalistes.
Partager le rêve chinois
Début décembre 2013, lors d'une rencontre avec les membres du Conseil du 21e siècle à Beijing, le président chinois Xi Jinping a déclaré que la Chine et les autres pays prenaient ensemble une voie de développement harmonieux marquée par la coexistence. Le développement chinois a changé la répartition de la structure économique mondiale et la division des activités économiques. Il a favorisé la généralisation et l'application des sciences et technologies, a amélioré la vie des peuples mondiaux, en multipliant les échanges idéologiques et culturels humains, ainsi que les échanges des expériences sur la gouvernance.
Selon Zhou Mingwei, président du China International Publishing Group, le rêve chinois consiste en une idée ouverte et tolérante, qui relie la Chine et le reste du monde et qui conforte notre confiance dans les efforts conjoints avec les autres pays pour un développement commun.
Le jour avant l'ouverture du forum, Zhou Hong a reçu une lettre d'invitation de l'Allemagne, l'invitant à participer aux discussions « L'Europe, le rêve et la réalité » sur le rêve européen organisées par des intellectuels européens. D'après lui, ce n'est pas seulement la Chine qui poursuit son rêve. Durant la mise en œuvre du rêve chinois, nous devons faire écho à celle du rêve des autres pays, apprendre l'un de l'autre, à travers la concurrence, les créations, les coopérations et dans un schéma gagnant-gagnant. C'est grâce à ces efforts que le rêve chinois, ainsi que tous les rêves des autres nations, pourra se développer et être réalisé. Nous pouvons partager nos rêves, créer ensemble une belle réalité et mettre en commun nos forces et nos faiblesses.
Patricia Rodriguez Holkemeyer, professeure de politique à l'Université du Costa Rica a déclaré que le rêve chinois avait introduit les idées des lettrés antiques et une aspiration pour l'établissement d'une société harmonieuse et stable. Bien sûr, cela nécessite d'abord d'obtenir du soutien politique au sein du pays. Et ajoute qu'un impact actif exercé pour la mise en place d'un monde harmonieux est plus important que l'obtention de simples pouvoirs économiques ou militaires.
Maria-Cristina Rosas, professeure au centre d'études des relations internationales de l'Université nationale autonome du Mexique a indiqué que le rêve chinois et le rêve mexicain étaient nourris d'aspirations communes malgré leurs itinéraires différents. Ces aspirations résident dans la résolution des problèmes nationaux tels que l'inégalité dans la répartition des revenus, le déséquilibre du développement des régions, le vieillissement de la population, les infrastructures et les besoins en énergie ; si ces voies de développement sont différentes, c'est surtout parce que du point de vue des mesures et des méthodes utilisées pour la résolution des problèmes, le rêve chinois s'inscrit dans une stratégie sur le long terme, tandis que le rêve mexicain, influencé par les changements de gouvernement, se limite à une stratégie à moyen et court termes. Le rêve mexicain doit s'inspirer des succès du rêve chinois et veiller à porter attention à une stratégie de développement sur le long terme du Mexique.
Selon Mohammad Selim, professeur de politique de l'Université du Koweït, les programmes nationaux en matière de rêve chinois ont besoin d'un soutien des dirigeants des pays qui doivent prendre en considération les intérêts du public ; les pays arabes, malgré leurs troubles sociaux, portent une attention particulière au progrès du rêve chinois, ainsi qu'à l'impact de celui-ci sur leurs pays ; il existera probablement un énorme espace de coopération entre la Chine et les pays arabes dans les domaines des exercices antiterroristes, du commerce bilatéral et de la sauvegarde de la paix au Moyen-Orient.
La Chine au présent