CHINAHOY

27-August-2013

Les vingt perspectives du rêve chinois

 

YUAN KUO

 

Le « rêve chinois » a été défini par Xi Jinping comme le « grand renouveau de la nation chinoise ». Quels aspects cela implique concrètement ? Et que pense l’Occident de ce nouveau concept ?

 

 

Publié en avril 2013 par la branche américaine de l’Oxford University Press, China Dreams : 20 Visions of the Future constitue le premier ouvrage étranger à illustrer le récent concept du « rêve chinois ». Son auteur, William A. Callahan, un très réputé sinologue anglais, y présente des points de vue intéressants.

 

Les Chinois commencent à aspirer à un « État idéal ». La récession économique, qui a pris source à New York en 2008, a de nouveau confirmé le succès du modèle chinois. Aux yeux du monde, le rêve américain laisse place progressivement au rêve chinois. Suite au renouvellement de la classe dirigeante chinoise fin 2012, les nouveaux leaders poursuivent la philosophie et les politiques de leurs prédécesseurs, assurant ainsi la continuité des stratégies nationales de long terme lancées auparavant. À l’occasion de son premier discours solennel en tant que président chinois, Xi Jinping a explicité son avis sur le rêve chinois : « Aujourd’hui, tout le monde parle du rêve chinois. De mon point de vue, réaliser le grand renouveau de la nation chinoise est bien notre plus grand rêve depuis le début de l’histoire moderne. »

 

Selon William A. Callahan, depuis ce discours, tous se sont penchés sur le sujet, que ce soit Xi Jinping, les masses ordinaires, la « nouvelle gauche », les « néolibéraux » chinois ou encore les intellectuels civils, en exprimant leur propre compréhension de cette expression ainsi que leurs désirs. Les Chinois rêvent dès lors d’un « État idéal », dans lequel ils écrivent enfin leur propre histoire.

 

La réforme et l’ouverture permettent à la Chine d’accomplir son rêve de développement. Nous accueillons aujourd’hui une nouvelle « ère chinoise » galvanisante. L’Occident s’enfonce dans la détresse à la suite des coups consécutifs qu’elle a reçus, avec notamment les attentats du 11 septembre, la guerre en Irak et la crise financière, alors que le peuple chinois attend avec optimisme l’arrivée du « siècle de la Chine ». Grâce aux résultats fructueux qu’ont engendrés la réforme et l’ouverture menées par Deng Xiaoping, la Chine a maintenu pendant plus de trente ans un vif essor économique, ce qui a permis à 300 millions de personnes de sortir de la pauvreté, le pays devenant au passage la deuxième économie mondiale. Tout s’est accéléré à partir de 2010. Le superordinateur le plus rapide de la planète a été construit par la Chine ; des enquêtes rapportent que les élèves chinois sont les plus intelligents ; le pays entame avec succès sa conquête de l’espace... Bref, la Chine réalise peu à peu son rêve de développement et de puissance, tout en acquérant un nouveau statut sur la scène internationale.

 

Après de telles réussites, les décideurs politiques ainsi que les leaders d’opinion en Chine travaillent de concert en faveur de l’avenir du pays. Ils se demandent quelle orientation prendre dans le futur et comment transformer la puissance économique chinoise en influence politique et culturelle croissante en Asie, voire dans le monde.

 

Le rêve chinois varie d’un milieu à un autre. Dans l’œuvre littéraire, il est noté que le rêve chinois affiche des perspectives, possibilités et futurs différents. Ces divergences s’observent entre le gouvernement et la société, entre les projets réels et les rêves, entre les Chinois de la partie continentale et ceux d’outre-mer. L’auteur échantillonne les rêves de vingt Chinois, y compris ceux des chefs d’État Xi Jinping et Hu Jintao, du philosophe Zhao Tingyang, des économistes Lin Yifu et Hu Angang, de l’écrivain Chan Koonchung, de l’artiste Jia Zhangke et de l’actrice et « bloggeuse » Xu Jinglei. Chacun d’entre eux représente un des groupes les plus influents en Chine : dirigeants, politiciens, intellectuels, artistes et activistes. Leur interprétation diverse du rêve chinois révèle aux lecteurs les problèmes, choix et désaccords qu’affronte aujourd’hui la Chine.

 

Le « rêve sino-américain », qui se dessine déjà, doit être accepté. Toujours selon ce livre, la Chine et les États-Unis revendiquent leurs particularités, leur puissance et leur faculté d’exporter vers d’autres pays leur culture. Le rêve chinois et le rêve américain sont souvent mis en parallèle. Grosso modo, le rêve américain insiste sur la liberté personnelle, alors que le rêve chinois met plutôt l’accent sur la prospérité nationale.

 

Bien que fondamentalement, le rêve chinois consiste en la construction d’une Chine puissante, il semblerait qu’aux yeux de l’auteur, la Chine se fixe pour objectif réel de devancer les États-unis sur le plan politique, économique et culturel. Les relations sino-américaines vont actuellement bien au-delà d’un simple rapport économique producteur-consommateur, les deux peuples travaillant également en étroite collaboration sur les affaires transfrontalières. La mise en relation des deux rêves dans cet ouvrage sert ainsi à analyser ces liens bilatéraux selon une approche nouvelle. En se basant sur le roman La promotion de Lala, l’auteur présume que le conjoint « rêve sino-américain » peut être admis par les deux parties et annonce qu’il a même déjà commencé à prendre forme en Chine, parmi les cols blancs et les jeunes.

 

 

 

 

 

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