CHINAHOY

26-August-2013

L’évolution du rêve chinois


TANG SHUBIAO, membre de la rédaction

  

Le rêve chinois, l’expression du moment dans le pays, correspond aujourd’hui à l’objectif commun de 1,3 milliard de Chinois.

 

Lorsqu’elles décrivent leur rêve chinois, les personnes d’un certain âge évoquent naturellement leur rêve d’enfance, qui s’est déjà réalisé ou brisé, ou qui parfois, s’est enrichi ou a changé au fil du temps.

 

Vous souvenez-vous de votre plus grand rêve lorsque vous étiez tout jeune ? Moi, non à vrai dire, ou bien peut-être n’ai-je jamais rêvé. Cependant, je garde fraîchement en mémoire le rêve de mon père. Il nous répétait souvent, à nous ses enfants : « Travaillez sérieusement à l’école ! Ainsi, vous deviendrez des personnages importants et vous pourrez manger à foison du riz à la sauce soja. »

 

À l’époque, la plupart des gens dans mon entourage étaient analphabètes. Ils ne savaient même pas ce qu’était une banque, encore moins une maison d’édition. Au lieu de lire sur les billets l’inscription de Mao Zedong 中国人民银行 (la Banque populaire de Chine), ils comprenaient 中国人民很行 (le peuple chinois possède de grandes capacités), et ils confondaient 人民出版社 (la Maison d’édition du peuple) avec 人民火饭社 (la maison populaire du riz de feu). Sans blague, ces histoires sont des faits réels.

 

En ces temps-là, la Chine pratiquait encore le système de la commune populaire. Les élèves de l’école secondaire, comme moi, participaient aux activités agricoles aux côtés de leurs parents. Toutefois, nous ne mangions jamais à notre faim. Surtout au printemps, qui n’est pas la saison de la récolte des céréales. C’est la raison pour laquelle mon père rêvait pour ses enfants qu’ils puissent à l’avenir s’empiffrer. La sauce soja se faisait très rare sur les tables. On la sortait uniquement lors des repas de fêtes ou lors de la réception d’invités notables.

 

En mars 2009, Bai Yansong, un célèbre présentateur de télévision chinois, dans un discours qu’il a prononcé à l’université Yale, a avoué franchement que ce terme « rêve » aurait été très obscur pour lui et bien des Chinois dans les années 1960 et 1970. « Lorsque j’avais dix ans, ‘‘rêve’’ était pour moi un mot étrange, auquel je ne songeais jamais. Je me souciais simplement de trouver de quoi manger. »

 

Cette même année de 2009, une enquête conduite à large échelle a révélé qu’avant la réforme et l’ouverture, avoir assez pour se nourrir et se vêtir était le plus grand rêve des Chinois. Mon père ne faisait donc pas exception.

 

Bai Yansong est de quatre ans plus jeune que moi. Plus chanceux, il est né dans une petite ville du Nord de la Chine, où il pouvait de temps à autre consulter les journaux. Moi, je suis né dans un petit village du Sud de la Chine, et la première fois que j’ai lu un journal, c’est l’année où Mao Zedong est décédé. Toutefois, les mauvaises conditions dans lesquelles nous vivions n’affectaient en rien notre ferme volonté d’apprendre. En Chine, depuis des millénaires, réussir dans ses études constitue pour un homme ordinaire le meilleur moyen de changer son destin.

 

Adulte, Bai Yansong est entré à l’université, puis a trouvé un travail dans une grande ville. Il a ainsi pu élargir ses horizons et comprendre que nombre de personnes nourrissent un rêve et redoublent d’efforts pour l’accomplir. Lui-même a dès lors commencé à formuler des rêves et a tout faire pour que ceux-ci deviennent réalité.

 

Après trente années de développement rapide suite à la réforme et l’ouverture, le rêve des Chinois a subi des mutations. D’après les enquêtes menées par des médias, créer sa propre entreprise, se perfectionner à tous égards, avoir la santé, vivre jusqu’à 120 ans, voyager à travers le monde, etc., sont désormais les nouveaux rêves des Chinois. Certains étrangers viennent par ailleurs chercher en Chine des opportunités pour réaliser leur propre rêve.

 

Le rêve des Chinois et celui des étrangers évoluent conjointement et écrivent ensemble l’histoire de la Chine, ce qui reflète bien le principe même du rêve chinois : chacun a le droit de rêver, et chacun doit avoir la chance de pouvoir réaliser son rêve.

 

La Chine au présent

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