CHINAHOY

4-January-2015

La chute du rouble ajoute une pression sur l'économie russe en proie à la baisse des prix du pétrole et aux sanctions (Analyse)

Une forte dépréciation de la monnaie de la Russie, le rouble, fait peser davantage de pressions sur l'économie du pays déjà affaiblie par la chute des prix du pétrole et les sanctions occidentales, selon des experts américains éminents.

L'économie russe, qui dépend du pétrole, se contractera d'environ 5% l'année prochaine si le cours du pétrole reste aux alentours de 60 dollars le baril, ont-ils estimé.

Le rouble a plongé à son niveau le plus bas de l'histoire à la mi-décembre et a perdu plus de 45% de sa valeur par rapport au dollar depuis janvier 2014, devenant l'une des monnaies les plus faibles au monde cette année, les perspectives moroses de l'économie russe ayant conduit les investisseurs à vendre leurs roubles.

La banque centrale russe a considérablement augmenté son taux d'intérêt principal la semaine dernière, le faisant passer de 10,5% à 17% dans une tentative de contenir l'inflation et d'enrayer la chute du rouble. Cependant, cette manoeuvre inattendue n'a fait que semer davantage la panique sur les marchés. Le rouble est alors tombé à son niveau le plus bas de l'histoire (80 roubles pour un dollar), contre 30 roubles pour un dollar en moyenne lors du premier semestre de cette année.

Cette hausse surprenante du taux d'intérêt "n'est pas parvenue à soutenir le rouble", mais la monnaie semble "s'être stabilisée" aux alentours de 60 roubles contre un dollar après l'annonce par le ministère des Finances et la banque centrale russe de nouvelles mesures visant à renforcer le rouble, notamment la vente de jusqu'à 7 milliards de réserves de devises étrangères, a déclaré à Xinhua Hung Tran, directeur exécutif de l'Institut internationale de la finance, une association mondiale rassemblant environ 500 institutions financières.

Si les mesures actuelles ne suffisent pas à enrayer la chute du rouble, le gouvernement russe pourrait contrôler les capitaux pour soutenir sa monnaie, a ajouté Hung Tran.

Mais selon Anders Aslund, un expert de la Russie et chercheur au Peterson Institute for International Economics, un groupe de reflexion basé à Washington, la Russie est très réticente a contrôler les monnaies à cause de ses expériences politiques passées et des fuites massives de capitaux qui avaient lieu lorsque le pays contrôlait les capitaux jusqu'en 2006. "Il est possible que ces contrôles de capitaux soient réintroduits, mais ce ne sera pas chose facile", a-t-il ajouté.

"Je ne pense pas que la banque centrale puisse faire grand-chose pour favoriser la situation. Elle peut se stabiliser légèrement, mais le problème fondamental est la mauvaise politique économique, la baisse du cours du pétrole et les sanctions financières imposées par l'Occident", a-t-il estimé, notant que l'économie russe restait largement dépendante de l'énergie, le pétrole représentant la moitié des revenus du gouvernement fédéral et deux tiers de ses exportations totales.

Les entreprises russes pâtissent de la forte dépréciation du rouble, car elles font des bénéfices en roubles mais doivent payer leurs dettes en dollars et dans d'autres devises étrangères. Les sanctions occidentales et les incertitudes géopolitiques ont pratiquement bloqué l'accès des institutions financières et des entreprises russes aux marchés de capitaux internationaux.

"Les sanctions financières se sont avérées très efficaces, bien plus que ce que quasiment tout le monde pensait au début. Personne aujourd'hui n'est prêt à donner des fonds à la Russie", a noté M. Aslund.

Les experts estiment que les perspectives économiques de la Russie dépendent principalement des sanctions occidentales et du cours du pétrole. "Tout progrès ou manque de progrès en Ukraine dans les prochaines semaines sera important pour prévoir si les sanctions seront assouplies ou renforcées. Cela sera très important pour évaluer les perspectives de l'économie russe", a indiqué Hung Tran.

Bien qu'il ait reconnu l'impact des sanctions occidentales sur l"économie russe, le président Vladimir Poutine a déclaré lors de sa conférence de presse annuelle que l'économie russe aurait besoin de deux ans tout au plus pour rebondir dans le pire des cas.

 

Source: Xinhua

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