Le charme distinct du chinois et du français

Le 15 décembre dans l'après-midi, La beauté linguistique, un dialogue de haut niveau sur les langues et cultures chinoises et françaises, a eu lieu à l'Université de Pékin, dans le cadre de la commémoration du 50^e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises. Fan Zeng, professeur et directeur de l'Institut de recherche sur la peinture chinoise relevant de l'Université de Pékin, et Gabriel de Broglie, chancelier de l'Institut de France, ont engagé une discussion sur les caractéristiques et l'évolution des deux langues, ainsi que sur le développement des écritures, de l'intégration de leurs langues et des échanges culturels.

L'état actuel des langues et des écritures est un sujet qui intéresse aussi bien Gabriel de Broglie que Fan Zeng. Historien et linguiste renommé, M. Gabriel de Broglie a exprimé, dès le début du dialogue, ses profonds sentiments vis-à-vis de la langue française, tout en affirmant son vif intérêt pour le chinois, l'une des plus anciennes langues du monde. Selon lui, au fur et à mesure que le temps passe, la langue française se fait progressivement plus abstraite et les moyens de s'exprimer se simplifient continuellement, notamment parmi les jeunes. Le changement du vocabulaire français reflète lui aussi cet état des choses. Comment accroître le vocabulaire et enrichir les façons de s'exprimer dans le quotidien, voilà la question à laquelle fait face la langue française. Du point de vue de Fan Zeng, la langue chinoise affronte actuellement le problème de l'interdiction des termes grossiers et vulgaires qui apparaissent souvent dans des journaux ou médias. À côté de l'innovation du français, le traditionalisme du chinois s'avère plus important. Les caractères chinois ont été sérieusement sabotés depuis une centaine d'années.

Dans leur dialogue, Gabriel de Broglie et Fan Zeng ont tous les deux évoqué leur sentiment pour les langues des deux pays. « La France et la Chine ont créé l'une comme l'autre une grande quantité d'œuvres littéraires, a rappelé Gabriel de Broglie. Nous sommes profondément fiers de nos langues et écritures qui sont basées sur la longue histoire de nos deux pays ». « La Chine ne manque pas d'écrits, a noté Fan Zeng. Le Dictionnaire de Kangxi, à lui seul, comprend plus de 40 000 caractères, mais 2 000 seulement sont couramment utilisés ; même les intellectuels et les spécialistes linguistes n'en utilisent souvent pas plus de 5 000. Cela n'est pas favorable à la protection et la continuation de l'écriture, ou à la culture. Protéger les langues et les écrits, c'est protéger l'histoire et la culture d'une longue tradition en Chine comme en France. L'innovation et le respect de la tradition sont la mission et la responsabilité qui nous incombent ». « Le français compte 80 000 mots, a indiqué Gabriel de Broglie. Je peux me servir d'environ 5 000 mots, comme l'expliquait M. Fan Zeng, tandis qu'un Français ordinaire peut se servir d'à peu près un millier ».

M. Li Yansong, recteur adjoint de l'Université de Pékin, a hautement apprécié ce dialogue devant une centaine de professeurs, étudiants et personnalités de différents milieux. « L'Institut de France, ayant une histoire quatre fois centenaire, est l'établissement culturel le plus important de France et réunit les savants les plus éminents de toute la France, qui travaillent dans les domaines scientifique, culturel et artistique. Le dialogue engagé aujourd'hui par les deux maîtres sur la beauté des langues de leur pays contribuera grandement à élever le niveau socioculturel des enseignants et étudiants de notre université et à élargir nos horizons ».

Source: french.china.org.cn