CHINAHOY

28-February-2014

Bazhong, havre de tranquillité et de beauté

 

Le site touristique Jiangkou Shuixiang, dans le district de Pingchang.

 

WU MEILING et LI ZHUOXI

Installée dans le nord-est de la province du Sichuan, la petite ville de Bazhong dégage une atmosphère sereine digne d'une scène pastorale. Elle fait naître chez les visiteurs l'envie d'un retour aux sources, le désir de ne faire qu'un avec cet environnement naturel unique. Selon un proverbe, se promener à Bazhong, c'est comme traverser une bruine épaisse qui ravive nos souvenirs...

Cette ville pittoresque, comparable à une toile de Monet, est nichée dans les contreforts sud des majestueuses montagnes Daba. Enclavée entre trois grandes villes, à savoir Chengdu, Chongqing et Xi'an, Bazhong se situe également sur la ligne imaginaire qui délimite le Sud du Nord de la Chine. D'ailleurs, cette terre de 12 000 km² manifeste la grandeur de la Chine du Nord et la douceur de la Chine du Sud, combinant harmonieusement paysages idylliques de montagnes et de rivières ainsi que sites historiques et culturels. Bazhong fut autrefois une nœud majeur des échanges culturels entre le Nord et le Sud de la Chine, et garde aujourd'hui encore des traces des dynasties des Qin, des Han, de la période des Trois Royaumes et du passage de l'Armée rouge. Ici, il est facile de tâter le pouls de l'histoire ; il suffit de tendre l'oreille pour en entendre résonner les échos.

L'ancien peuple Ba vivait sur cette terre il y a déjà plus de 5 000 ans. Les bâtons d'encens allumés dans le village de Baling y brûlent toujours depuis. Construit il y a 3 000 ans, la route ancienne Micang se fraye un chemin à travers les montagnes Daba, et laissent entrevoir un brassage des civilisations du fleuve Jaune et de Bashu. Bien que cette route soit délabrée aujourd'hui, les histoires anciennes relatées à son propos lui survivent. La plus célèbre raconte comment Xiao He, premier ministre au début de la dynastie des Han de l'Ouest (206 avant J.-C. – 220) poursuivit le stratège Han Xin sur cette piste pour le persuader finalement de rester dans son camp. Cet épisode joua dans le dénouement de la guerre entre les États de Chu et de Han.

Les anciens villages bordant la route Micang témoignent également de la prospérité passée de Bazhong, importante ville pivot des échanges politiques, économiques et culturels entre le Nord et le Sud de la Chine.

À cause de sa localisation stratégique, Bazhong fut, dès l'antiquité, en proie aux guerres que se livraient les seigneurs féodaux. Le peuple Ba qui vivait sur ce « champ de bataille », était non seulement doué pour le chant et la danse, mais avait aussi pour réputation d'être courageux et habile au combat. Il participa à de nombreuses guerres dans l'histoire : il aida le roi Wu à vaincre le tyran Zhou ; il soutint Ying Zheng, le premier empereur de la dynastie des Qin (221 – 206 avant J.-C.) pour unifier la Chine ; et il assista Liu Bang dans la fondation de la dynastie des Han de l'Ouest. Par ailleurs, cette terre ancienne et mystérieuse donna naissance à des personnages historiques, tels que Zhang Sixun, astronome sous la dynastie des Song (960-1279), Wang Jian, premier empereur de l'ancien État de Shu (907-925), ou encore Yan Yangchu (1890-1990), célèbre pédagogue.

La poésie, art bien présent en Chine, a connu son apogée sous la dynastie des Tang (618-907). Et la belle ville de Bazhong a inspiré plus d'un poète de cette période, dont Li Bai et Wang Bo par exemple, pour ne citer que les plus célèbres. Au cours de la période pré-Qin, le peuple Ba a composé Bayuge, une chanson folklorique antique prenant l'amour pour thème principal, une belle illustration des chansons et ballades folkloriques selon le style Han.

D'extraordinaires grottes

Sous les dynasties des Sui et des Tang, la route Micang était empruntée non seulement par des groupes de marchands, mais aussi par des moines itinérants. Mais la magie de ce paysage pittoresque les persuada de suspendre leur marche pour y séjourner. Les moines ont alors taillé la roche et réalisé des peintures, à l'aide de pigments issus de minéraux naturels, sur la paroi de grottes, aujourd'hui connues sous le nom des grottes de Bazhong. Ces œuvres sont l'exemple typique des sculptures peintes sous la dynastie des Tang.

Avec sa multitude de grottes rupestres, Bazhong est considérée comme la « ville natale des grottes ». Les plus grandes et les mieux préservées sont celles du réseau Nankan, qui abrite 179 grottes répertoriées et environ 2 700 statues bouddhistes. La plupart de ces statues sont logées dans le versant est du mont Nankan.

L'on dit que les grottes de Yungang se distinguent par leur grandeur, tandis que les grottes de Nankan sont réputées pour leurs sculptures peintes. Rien n'est plus vrai ! Du sommet, on a une vue magnifique sur une série de statues aux vives couleurs, alignées sur 200 m le long de la falaise. Ces statues, dont forme et esprit coïncident, arborent des colorations vertes, rouges, blanches et bleues obtenues par pigments naturels. Ces grottes magnifiques traduisent la physionomie sociale d'une période florissante sous la dynastie des Tang. Bien sûr, les dynasties suivantes ont également ajouté encore quelques merveilles à ce site resplendissant.

Un célèbre écrivain chinois, Yu Qiuyu, a écrit : « Les grottes de Mogao peuvent se vanter d'être un site d'exception à travers le monde parce qu'elles ont accumulé plus d'un millier d'années d'histoire. Admirer les grottes de Mogao ne signifie pas regarder des reliques façonnées il y a 1 000 ans, mais apprécier un art qui vit depuis 1 000 ans. » Les mêmes commentaires pourraient être émis à propos des grottes de Bazhong. En plus, ces dernières gardent tout leur charme bien qu'elles soient plus exposées aux affres du soleil, de la pluie et du vent. Face à tant de splendeur, les visiteurs ressentent généralement un choc, qui cède vite la place à l'admiration.

 

Des statues au mont Nankan.

 

Le prestigieux mont Guangwu

Se dressant au nord de la province du Sichuan, le mont Guangwu tire son nom des nuages et de la brume (wu en chinois) qui l'enveloppent tout au long de l'année. Végétation luxuriante, sommets impressionnants, formations rocheuses inouïes, falaises et vallées, ruisseaux et cascades : tous ces paysages se mêlent gracieusement pour former une vraie mosaïque naturelle.

L'automne est la meilleure saison pour visiter le mont Guangwu. Alors couvert de feuilles rouge-orangé, les voyageurs restent bouche bée devant ce spectacle qui semble enflammé.

Pour savourer toute la magnificence de ce mont, il est recommandé de l'admirer d'un point de vue large. Le mont Guangwu s'élève au milieu des montagnes Micang. Elles font la transition entre les montagnes Qinling à l'ouest et les montagnes Daba à l'est.

Les montagnes Micang s'étendent selon un arc est-ouest, avec au nord, la plaine de Hanzhong appartenant à la province du Shaanxi, et au sud, le bassin du Sichuan, surnommé « terre d'abondance ». Au carrefour de l'air froid du nord et de l'air chaud du sud, les montagnes Micang bénéficient d'une végétation unique où prolifèrent des espèces animales rares et affiche un taux de couverture forestière de plus de 95 %. Si l'on rapproche les montagnes Micang d'une gigantesque et somptueuse peinture à l'huile, le mont Guangwu tient lieu de touche finale du maître.

Les premières impressions que laisse le mont Guangwu aux touristes sont celles d'immensité et de robustesse. Atteindre le sommet requiert environ cinq heures en voiture, en suivant la route de corniche depuis le pied du mont. Si les montagnes Huangshan sont tel un bonsaï chéri des dieux, alors le mont Guangwu est leur vaste jardin favori. Une semaine est nécessaire pour en dénicher tous les trésors, ce qui explique que beaucoup de visiteurs y viennent à plusieurs reprises pour ne découvrir à chaque fois qu'« un bout de l'iceberg » et qu'une de ses « tenues » revêtue selon la saison.

Nombreux sont ceux qui s'amusent à choisir un adjectif pour qualifier les différentes montagnes : « élégant » pour le mont Emei, « étrange » pour le Parc forestier national de Zhangjiajie, « dangereux » pour les montagnes Huashan. Le mont Guangwu, cependant, est connu pour ses pics saugrenus, ses rochers aux formes inhabituelles et ses vallées paisibles. Après avoir contemplé les pins des montagnes Huangshan, loué le ciel aux montagnes Taishan et prié au mont Jiuhua, que peut-on encore attendre du mont Guangwu ? De s'extasier devant le brouillard ambiant peut-être ? Ces merveilles de nuages et de brumes sont fabuleuses à observer, mais dès que ceux-ci se dispersent, ils laissent entrevoir une vue à couper le souffle, caractérisée par l'éclat des feuilles rouges de l'automne.

S'il ne fallait retenir qu'un mot pour décrire le mont Guangwu, ce devrait être « précieux », en raison de ses paysages flamboyants et de son histoire millénaire.

Au mont Guangwu, la brume qui émerge de la cime des arbres se fond avec les nuages du ciel : une des scènes les plus splendides à observer ! Cet enchevêtrement de nuages et de brumes tout au long de l'année ressemble parfois à une gracieuse fée errant à loisir, parfois entrelaçant les flancs du mont de ses larges manches, parfois emmaillotant le sommet. L'on peut autrement s'imaginer que la brume du mont Guangwu incarne un éminent peintre envoyé par les dieux pour composer, à tout moment et en un tour de main, un chef-d'œuvre inestimable.

Tout comme sur les autres montagnes, les paysages du mont Guangwu varient au fil des saisons. Au printemps, les fleurs s'épanouissent ; en été, les arbres offrent une ombre agréable ; en automne, les feuilles rouges chatoient comme des flammes ; et en hiver, le mont, les arbres et la neige constituent un monde de jade et d'argent. Néanmoins, il diffère des autres montagnes, notamment au printemps : les fleurs sur le mont Guangwu ne s'ouvrent pas toutes en même temps, mais fleurissent progressivement, suivant l'altitude. Souvent, alors que les fleurs au pied sont en pleine floraison, celles au sommet n'en sont encore qu'au stade de bourgeons.

 

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