CHINAHOY

9-October-2016

La nouvelle mode ? Le sport !

 

Les applications mobiles de suivi de vos progrès sportifs se multiplient.

 

On entend souvent dire que le smartphone rend les gens de plus en plus bêtes... se pourrait-il qu'il les rende aussi de plus en plus sportifs ? Entre la multiplication des applications sportives et l'envie d'afficher ses performances sur les réseaux sociaux, la jeunesse chinoise se bouge !

 

HU YUE, membre de la rédaction

 

Ces dernières années, un nouveau phénomène balaie la Chine : on voit comme autrefois des gens marcher dans la rue, courir sur les terrains d'athlétisme ou faire de l'exercice dans les salles de gym, et même des grands-mères danser sur la place. La différence ? Tous brandissent désormais leur portable. Et ce n'est pas pour écouter de la musique avec leurs écouteurs ; ils font de leur portable un « lièvre » qui les incite à se dépasser.

 

Faire du sport un show

 

Zhang Xu, 34 ans, est vendeur à Chengdu. Ces jours-ci, il s'est mis au jogging. Bien entendu, il partage ses performances sur son WeChat : « Chacun exhibe son nombre de pas, alors moi aussi ! »

 

Ce que mentionne Zhang Xu est la nouvelle application WeRun dans WeChat, qui affiche jour après jour un classement de vos amis sur WeChat selon le nombre de pas effectués dans la journée. Une manière compétitive qui encourage les pantouflards à se bouger. Les premiers du tableau sont toujours fiers et heureux de partager leurs performances. Les derniers, eux, sont encouragés à se dépasser. Les plus athlétiques parmi les amis de Zhang Xu dépassent parfois les 30 000 pas par jour. Envieux des performances de ses collègues et proches, craignant peut-être aussi leurs quolibets, Zhang Xu s'est décidé à relever le défi.

 

Il n'y a pas que WeChat : de nombreuses applications sportives ont pris leur place dans les smartphones des Chinois, en particulier les plus jeunes. À la fin de la journée, des millions de personnes partagent avec fierté des copies d'écran d'applications sportives sur leur réseau social favori, qu'il s'agisse de Weibo ou de WeChat. Des copies d'écran qui documentent de façon indiscutable leur exploit, chronomètre, carte GPS et calorimètre à l'appui. En ajoutant quelques photos de corps musclé, on est sûr de récolter un maximum de « j'aime. »

 

Il y a dix ans de cela, seuls les athlètes professionnels utilisaient des équipements tels que la montre qui surveille la fréquence cardiaque pour un suivi au plus près du rythme de l'entraînement. Mais aujourd'hui, un smartphone ou un bracelet intelligent équipés de l'application adéquate fournissent les mêmes données et analysent en temps réel les processus sportifs en cours. Le rêve est devenu réalité et le portable se mue en entraîneur professionnel.

 

Il suffit pour s'en convaincre d'ouvrir l'App Store et de saisir « sport » comme mot-clé. Plus de cent applications s'affichent, et parmi elles, plus de 50 sont gratuites. Avant même de commencer à s'entraîner au jogging, Zhang Xu avait demandé à ses amis quelle application il devrait télécharger. Tous ont répondu : Codoon.

 

Cette entreprise, fondée à Chengdu (Sichuan) en 2010, était au début un magasin d'articles de sport. En 2012, elle a lancé l'application Codoon sport + qui, contre toute attente, est rapidement devenue l'application sportive la plus populaire de Chine. Rebaptisée plus simplement Codoon en 2014, elle a continué sur sa lancée, et selon une étude publiée par Lesports, un site web chinois, sa part de marché dépassait 50 % en 2015, avec quelques 60 millions d'utilisateurs, ainsi qu'on peut le lire sur le site officiel de Codoon. Si l'on ne prend que la fonction jogging, la distance totale journalière parcourue par ses utilisateurs représente 600 fois le tour du monde.

 

Cette multitude d'utilisateurs et surtout leur fidélité inébranlable ont permis à l'entreprise de lever des financements à hauteur de 48 millions d'euros en mai 2016, qui s'ajoutent à des investissements de plus de 40 millions d'euros obtenus précédemment.

 

Tout au début Codoon était une application très simple et proposait un système GPS peu développé. Mais au fil des années et après bien des opérations de perfectionnement, elle propose de nombreuses fonctions innovantes d'affichage des données en temps réel, de partage sur réseaux sociaux, d'organisation de compétitions et même d'e-commerce pour quelques disciplines sportives principales, comme le jogging et le vélo. Des produits sportifs dérivés qui ont relancé l'intérêt du public et contribué à développer un marché du sport qui explose les compteurs en Chine.

 

Wang Xun utilise Codoon depuis deux ans. « J'attendais depuis toujours un produit de ce genre ! » affirme ce chercheur de l'Académie des sciences de Chine né dans les années 1980 et l'un des précurseurs du jogging en Chine. Lorsqu'il courrait régulièrement sur le terrain d'athlétisme du lycée pour s'entraîner, ses camarades se moquaient de lui. Le jogging n'était pas encore à la mode, mais M. Wang y a toujours trouvé un grand plaisir.

 

En 2001, étudiant à l'Université de Tianjin, il a mis en place une association de joggers en vue de participer au marathon international qui se tient annuellement à Beijing. En 2003, il a bouclé le Marathon de Beijing en 3 heures et 7 minutes. Une performance qui selon lui aurait pu lui ouvrir la porte du top 200 parmi les professionnels auparavant. Désormais, avec le regain de popularité qu'a connu ce sport, il ne serait plus que 700e. Les applications sportives telle que Codoon ont joué un rôle dans cette augmentation du nombre de pratiquants réguliers en Chine.

 

En 2005, M. Wang était accepté à l'Université de Tsinghua pour poursuivre un cursus de master. Étudiant, il ne dispose pas de grands moyens pour se payer un GPS et un moniteur de fréquence cardiaque. Il se contentait donc de chronométrer son temps de course. « Pendant cette période, je rêvais toujours d'un logiciel qui serait exactement le Codoon d'aujourd'hui. »

 

Et grâce à la popularisation du smartphone, le rêve de Wang s'est réalisé. Codoon facilite la pratique du jogging et des exercices, en particulier si l'on court à travers champs. Cette application suit en temps réel votre situation géographique et surveille vos paramètres santé. Aujourd'hui chercheur, Wang Xu met au point, sur son temps libre, des petites applications sportives pour portable. « Peut-être qu'un jour je créerai une application sportive de surveillance médicale » affirme-t-il.

 

L'attitude « Keep »

 

L'autre application populaire s'appelle « Keep », au sens de « tiens bon ! » Elle a été mise en ligne en 2015 et visait le marché du fitness. « Garder la ligne », tel est le concept grâce auquel elle a attiré ses premiers utilisateurs. Chaque jour, de nombreux jeunes Chinois lancent l'application Keep pour admirer les photos de corps parfaits et s'encourager à faire plus d'exercice.

 

Wang Ning, fondateur de Keep, est de la génération des « post-1990. » Il a longtemps souffert de surpoids puisqu'il a pesé jusqu'à 90 kg. Un jour, il a décidé de faire de l'exercice et d'y consacrer un temps donné chaque jour. Après six mois de persévérance et de résistance au mal, il a commencé à perdre du poids. Wang Ning explique : « Lorsque les gens qui veulent perdre du poids visitent pour la première fois une salle de gym, ils ne connaissent pas les équipements, ni leur condition physique, et ils ne savent donc pas quels exercices leur seront réellement bénéfiques. L'entraîneur personnel, c'est assez coûteux. C'est difficile de persévérer dans l'exercice. »

 

D'où l'idée de génie de Wang Ning : créer une application sportive pour apprendre aux utilisateurs à faire du sport, en fonction de leurs objectifs et de leur condition physique. C'est alors que Keep vit le jour.

 

En un an seulement, de 2015 à 2016, elle a convaincu 50 millions d'utilisateurs. Une performance qui n'est pas due au hasard, car l'équipe de Wang Ning poursuit sans jamais s'arrêter la perfection, interroge les utilisateurs et améliore les fonctions et les services de l'application.

 

À ses débuts en 2015, Keep ne proposait que 7 programmes d'entraînement et 16 mono-exercices. Depuis le mois d'août de cette année, ce sont déjà 20 programmes d'entraînement et 76 exercices individuels. Au-delà des classiques comme le fitness des abdos et l'aérobic, Keep offre également des exercices d'étirement musculaire, de rééducation, de yoga et même de massage, plus des cours spéciaux comme le fitness spécial « boxe de Zou Shiming » (un célèbre boxeur chinois) ou le saut à la corde.

 

Au fil des améliorations et de l'enrichissement des fonctions, les utilisateurs trouvent gratuitement des exercices et des cours de gym de niveau professionnel. Le fitness se met à la portée des gens ordinaires.

 

Mais l'intérêt principal du programme est bien sûr le partage sur les réseaux sociaux : les utilisateurs de Keep veulent eux aussi partager leurs performances et se vanter de leurs exploits sur Weibo et WeChat. C'est sans doute la meilleure publicité pour cette application qui continue d'attirer de plus en plus d'utilisateurs.

 

Selon Wang Xun, la généralisation du smartphone devrait entraîner la prolifération des applications sportives et celles-ci, à leur tour, modifieront les habitudes et les modes de vie dans un sens plus sportif. Et c'est tant mieux, car le sport apporte toujours une énergie positive.

 

 

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