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Dans les anciennes venelles de Xi’an, Hui et Han se mélangent

FU ZHIBIN et LI YUAN, membre de la rédaction
Située dans l’arrondissement Lianhu (lac du lotus) à Xi’an dans le Shaanxi, la communauté de la ruelle de l’étude, où au temps de la prospérité des Tang (618-907) se rassemblaient en foule des commerçants venus des quatre coins du monde, est aujourd’hui encore le point de départ de centaines de venelles parmi les plus anciennes de Xi’an et conserve très fidèlement le style et l’apparence de la ville à l’époque de cette prodigieuse dynastie.
Aussi, ces ruelles antiques affichent toujours le spectacle de la mixité ethnique. Bai Xiulan est un membre de la communauté locale. Elle a 71 ans cette année. Cela fait 40 ans qu’elle s’applique au travail communautaire. Au moment où la communauté a été fondée en 2001, elle en a été élue directrice. Amenée à apprécier chaque jour davantage les venelles à la fois en tant qu’habitante et en tant que gestionnaire du quartier, elle parle des affaires et des anecdotes de la ruelle de l’étude comme si elle énumérait les plus chers objectifs de sa famille. Elle nous explique que la communauté de la ruelle compte plus de 3 600 foyers, soit plus de 10 700 résidents dont 80 % sont des Hui.
Xi’an fut la capitale de six dynasties chinoises. L’arrondissement Lianhu se situe au même endroit que la cité impériale Tang de Chang’an. La stabilité politique et l’ouverture en vigueur alors avaient incité de nombreux commerçants étrangers de la route de la Soie à s’y installer. Selon certains documents historiques, sous le règne de l’empereur Tang Xuanzong, on a recensé 4 mille foyers occidentaux. Le ministère des rites des Tang avait par conséquent établi des institutions spécifiques pour enseigner la langue et la culture chinoises, ce qui par ailleurs facilita l’étude des cultures étrangères et les échanges entre les différentes civilisations. La venelle où se trouvait le ministère des rites fut ainsi baptisée « la ruelle de l’étude ».
Selon les explications de Bai Xiulan, la plupart des habitants actuels de la communauté sont des descendants de marchands occidentaux arrivés sous les dynasties des Tang, des Song, des Yuan et des Ming. La diversité de la culture chinoise ainsi que le grand esprit d’unité et de fusion ethnique construisent ensemble le paysage et la culture propre à ce lacis de ruelles.
La communauté de la ruelle de l’étude abrite non seulement trois mosquées, à savoir la mosquée de la grande Ruelle de l’Étude, qui est la plus ancienne de Xi’an, la mosquée Centrale (清真中寺) et la mosquée Yingli sur la petite ruelle de l’étude ;mais elle abrite aussi le temple bouddhique de Xiwutai et le temple taoïste du dieu de la ville (Chenghuangmiao).
Selon les plans d’aménagement de l’arrondissement Lianhu, la communauté de la ruelle de l’étude sera à l’avenir intégrée au complexe des quartiers historiques et culturels de Xi’an. L’arrondissement sera rénové et transformé et formera le cœur le plus empreint du style de Xi’an. Les quartiers historiques et culturels, ayant pour objectif de développer le tourisme des reliques historiques, religieuses, folkloriques et de la période révolutionnaire, sont au centre du plan de restauration de la capitale impériale des Tang. À la fois zone commerciale, centre de culture et centre de tourisme, ils offrent la combinaison la plus complète, la plus fascinante et la plus représentative du charme historique et culturel de cette ville antique.
Une exploitation raisonnable du site est la mieux à même d’en assurer la protection.
Selon Bai Xiulan, la ruelle de l’étude se situant au centre ville, il n’est pas possible pour elle de s’étendre et de se développer outre mesure. Les problèmes fréquents des quartiers historiques, tels que des conditions d’habitation précaires, des routes embouteillées ou des infrastructures sous-développées, étaient bien connus aussi de la communauté.
Dès la fondation de celle-ci, la reconstruction du quartier fut mise en chantier. Parmi les nombreuses tâches qui s’imposaient, la réparation des routes était la plus urgente. Il s’agissait de remplacer les chemins de terre en chemins de gravier d’abord et puis en routes asphaltées. Les logements bas et les maisons qui menaçaient de tomber en ruine furent ensuite transformés de manière progressive grâce au soutien financier gouvernemental.
Les vieux bâtiments illustrent la culture régionale. Le quartier de la ruelle de l’étude étant un repère culturel pourvu d’une longue histoire, les différents niveaux de l’administration avaient tous fait preuve d’une très grande prudence quant à la planification de sa transformation, ayant pour objectif à la fois d’améliorer la vie des habitants et de préserver le paysage historique original. Ceci étant, au lieu d’adopter la pratique courante moderne d’élargir les chemins et de les border de grands immeubles, la planification avait choisi de garder des régiments de bâtiments historiques qui reflètent le paysage traditionnel. Il s’agissait de conserver l’aspect actuel des maisons basses agglutinées les unes aux autres ainsi que le mode de circulation via les petites venelles.
Aujourd’hui la communauté a résolu les difficultés d’accès à l’eau et de vidange qui enquiquinait depuis longtemps les gens, en mettant à disposition de l’eau et des toilettes pour tous les foyers. Face à la pénurie sévère d’électricité, la communauté a collecté des fonds et équipé des transformateurs ayant une plus grande capacité, ce qui permet de faire fonctionner davantage d’appareils électroniques tels que frigos, télévisions, climatiseurs et fours électriques chez les habitants. L’accès à Internet est lui aussi déjà considéré comme normal.
La transformation de l’environnement communautaire a non seulement amélioré les conditions de vie des résidents, mais aussi leur a apporté des bénéfices économiques. Les Hui du quartier ont la tradition de faire du commerce. Sous la dynastie des Tang, alors qu’au fil du temps ils s’installaient toujours plus nombreux dans la ville, la plupart des nouveaux venus gagnaient leur vie en vendant des zongzis, des lianggaos (gâteau froid), du pain de viande, des liangpis ( grosses nouilles de riz ) et des kakis séchés. Après la libération, ils faisaient souvent du colportage. Maintenant, de nombreux habitants continuent cette tradition, et tiennent leur boutique à l’avant ou au dessous de leur maison. « L’environnement se perfectionnant, le nombre de touristes venant goûter des diverses spécialités ethniques augmente, les affaires des habitants sont ainsi florissantes», raconte Bai Xiulan. Malgré le manque de restaurants haut de gamme, les aliments, l’habillement et les coutumes des Hui qui pétillent de vie sont devenus un paysage particulier qui fascine les touristes.

Le quartier, ma famille perpétuelle
Selon Bai Xiulan, les résidents de la communauté de la ruelle de l’étude qui vivent ici depuis des générations, se sentent spirituellement liés à chaque herbe et à chaque arbre. Même si certains ont acheté une nouvelle maison dans des quartiers plus modernes, ils ne veulent pas vendre leur vieux logement du quartier.
Prenant en considération les chômeurs, les handicapés et les vieux qui vivent seul, la communauté a établi un fonds spécial à leur profit. Les gens qui connaissent des difficultés dans leur vie peuvent s’approvisionner au « supermarché communautaire du bon cœur » ; le quartier aide aussi tous les habitants capables de travailler à trouver un métier pour gagner leur vie par eux-mêmes. Par ailleurs, dans son aide aux pauvres et aux nécessiteux, la communauté a étroitement coopéré avec les mosquées, profitant pleinement de leur tradition caritative.
En vue d’enrichir la vie spirituelle des résidents, la communauté organise souvent des formations en tout genre. « Les cours, en particulier ceux qui concernent l’éducation familiale, la vulgarisation scientifique et le maintien de la santé, attirent de plus en plus de personnes. Si vous arrivez un peu en retard, vous ne trouverez plus de place», explique Bai Xiulan.
Attachant de l’importance à l’éducation, de plus en plus de jeunes du quartier entrent à l’université. La communauté leur accordera à chacun, qu’ils soient Han ou Hui, une bourse d’étude. Depuis six ans qu’il existe, le programme a déjà accordé des bourses pour un montant total cumulé de 300 000 de yuans.
Dans les années récentes, la communauté de la ruelle de l’étude a également établi un « guichet pour informer et aider les résidents de la communauté », une bibliothèque, un centre de loisirs pour enfants et adolescents et une « maison d’étoiles et du soleil » au profit des enfants ayant une déficience intellectuelle.
Il y a dans la communauté de la ruelle de l’étude une règle non écrite. Les Han sont considérés ici comme une « ethnie minoritaire » qui jouit d’un traitement honorable spécial. Bai Xiulan raconte : « L’union ethnique signifie la solidarité au sein d’une ethnie, entre les ethnies et entre les différents groupes sociaux. Dans notre quartier, bien que les Hui ne célèbrent pas les fêtes traditionnelles des Han, nous leur offrons des distiques à l’occasion des fêtes des bateaux-dragons ( Duanwu ), du Double-Neuf ( Chongyang ), du Printemps et des lanternes ( Yuanxiao ). Ces distiques expriment les vœux de bonheur que nous leur adressons. »
En avril de chaque année, on organise une fête de voisinage « le banquet de cent familles ». Les résidents de la communauté défilent depuis la mosquée Yingli avec aux mains des plats variés dont la bonne odeur se répand aux quatre coins du quartier. Sur une quarantaine de tables déployées en plein air, une centaine de résidents viennent spontanément se régaler au milieu des rires, ce qui les rapproche tout de suite.
Les venelles millénaires de la ruelle de l’étude présentent tout le temps et partout le paysage de l’harmonie et du développement partagé des Hui et des Han. C’est aussi dans la droite ligne des siècles d’histoire commune où les deux ethnies se sont mélangées tout en gardant leur culture propre.
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