CHINAHOY

29-July-2013

La restauration du vieux quartier de Lhassa

 

Rénover le système d’égout du vieux quartier

 

ZHANG JINGPIN

Les touristes qui ont visité Lhassa récemment ont découvert que le Barkhor était devenu un vrai chantier. Échafaudages et filets de protection couvraient les bâtiments des deux côtés de la rue. Certaines sections dans le temple de Jokhang étaient en train d’être rénovées. Ces démarches s’inscrivaient dans les travaux de restauration de la vieille ville de Lhassa, débutés en décembre 2012.

Porteur de la culture tibétaine, le vieux quartier de Lhassa, qui s’est développé autour de la rue antique Barkhor, s’étend sur 1,33 km2 et compte 80 000 résidents. Il abrite 27 temples, dont celui de Jokhang, et 56 bâtiments d’architecture ancienne. Le Barkhor, au cœur de la ville, est un centre résidentiel, commercial, religieux, touristique et culturel, qui affiche des caractéristiques ethniques et religieuses.

Renfermant une grande quantité d’antiquités et de constructions historiques, le vieux quartier de Lhassa mériterait d’être préservé éternellement. Mais la plupart des édifices étaient vétustes, et leur état n’allait pas en s’arrangeant du fait des fréquentes activités commerciales et religieuses qui y avaient cours et des venues en grand nombre de gens de l’extérieur. Par ailleurs, dans les ruelles exiguës du vieux quartier, le système d’égout n’était pas satisfaisant. En somme, les infrastructures urbaines laissaient à désirer.

L’an dernier, Lhassa a affecté 1,5 milliard de yuans à la reconstruction du vieux quartier. Certains protecteurs de la culture ancienne ont manifesté leur opposition aux travaux, assimilant reconstruction à perte du style ancestral. Ils craignaient que les petits commerçants et auberges soient contraints de partir et d’être bientôt remplacés par des boutiques d’antiquités haut de gamme et des hôtels de luxe.

Afin de calmer leur inquiétude, Ma Xinming, directeur du département de la communication de la municipalité de Lhassa, avait répondu que chaque construction et chaque enseigne de la rue Barkhor devrait posséder des caractéristiques propres, et que les travaux de restauration seraient fondés sur le respect de la tradition et de l’histoire. Les architectures anciennes du vieux quartier feront peau neuve tout en maintenant leur style d’antan. La façade des bâtiments sera ravalée, mais les actuelles portes, fenêtres et ornements seront conservés.

Un ouvrier pose des dalles.
 

Chemed Tsering, responsable adjoint de l’arrondissement Chengguan à Lhassa, a indiqué qu’en matière de planification urbaine, Lhassa observait les lois et règlements sur la protection de la culture historique, comme la Loi sur la protection du patrimoine culturel et la Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites. « Les travaux de restauration ont reçu un accueil favorable parmi les habitants. Lors d’un sondage, 96 % des interrogés soutenaient ce projet, ajoute-t-il. Pour pouvoir mettre en œuvre les travaux dans de bonnes conditions, Lhassa a fourni gratuitement aux 2 956 commerçants de nouveaux emplacements stratégiques dans la ville, et 91 % d’entre eux se sont dits favorables à cette relocalisation. »

Cela fait deux ans que Kamzu, représentant de l’Assemblée populaire municipale de Lhassa et secrétaire du comité du Parti pour le quartier résidentiel de Chongsaikang, avance inlassablement cette proposition de protection et de restauration du vieux quartier. « On ne peut pas dire qu’il s’agisse de ma propre décision, car ce plan a fait l’objet d’enquêtes et d’études. De plus, cette demande procédait également de la volonté de tous les habitants du vieux quartier. »

« Avant la libération pacifique du Tibet, la rue Barkhor n’était qu’un chemin de terre ; les jours de pluie, les piétons marchaient dans la boue, qui montait parfois jusqu’aux chevilles. Plus tard, la rue a été pavée de pierres. Elle est aujourd’hui couverte de dalles », raconte Dorje, directeur adjoint du bureau de gestion de la rue Barkhor. Dès les années 1980, le gouvernement local a commencé à réaménager petit à petit cette rue. En 2002, celui-ci a déboursé 170 millions de yuans afin de recouvrir la route de granit, d’installer un système d’égout, de changer les lignes électriques et les lampadaires. Dès lors, les habitants de la rue Barkhor ont dit adieu aux mauvaises conditions de vie.

Malgré tout, en comparaison avec les appartements modernes, la vie n’y est pas toujours facile. Drolma Lhamo, habitante d’une ruelle du Barkhor, explique par exemple que le système d’égout ne fonctionne pas convenablement, et que les eaux usées s’écoulent parfois au beau milieu de la rue durant la saison des pluies.

Retaper les façades des bâtiments anciens

 

Gos Sang, 66 ans, habite le Barkhor depuis son enfance. L’immeuble de quatre étages dans lequel il réside est déjà centenaire. Ici, il connaît tous les coins et recoins comme sa poche. Dans son bâtiment, chaque étage est muni d’un point d’eau commun. Mais au dernier étage où loge Gos Sang, le robinet est hors d’usage. « Comme la pression n’est pas suffisante, les habitants du 3e étage et du 4e étage peinent à avoir accès à l’eau. » Les jours où ces résidents ne font pas de lessive, ni n’arrosent leurs plantes, ils vont chercher en bas deux seaux d’eau, pour toute la journée. « J’espère que les travaux s’achèveront rapidement. Ainsi, l’eau pourra parvenir jusqu’au 4e étage et je n’aurai plus besoin d’en rapporter du 1er. »

Le réaménagement du vieux quartier de Lhassa donnera une nouvelle vie non seulement aux habitants locaux, mais aussi aux fresques du temple de Jokhang. Le moine Nyima Tsering précise que le temple de Jokhang nécessitait grandement ces travaux de protection. Selon lui, les incendies et les inondations sont les deux dangers majeurs qui menacent le temple. Lorsqu’il pleut, comme le système d’évacuation des eaux usées n’est pas optimal, les fresques et les fondations du temple se détériorent. En plus, dans le vieux quartier, les nombreux câbles électriques sont parfois coupés et pendent ça et là. Tous ces éléments présentent des risques.

« Les travaux de protection prévoient la mise sous terre des câbles électriques et l’amélioration du système d’égout. Les menaces seront ainsi éliminées. Et en tant que moine du temple, je m’en réjouirai », ajoute Nyima Tsering.

« Les travaux de restauration s’attachaient à respecter le principe de conservation du style architectural antique, à dessein de préserver les bâtiments anciens, les édifices religieux et les habitations traditionnelles », affirme Tseten, responsable adjoint de la mise en œuvre des travaux de protection du vieux quartier de Lhassa. Face à l’érosion naturelle et à l’épreuve du temps, le patrimoine culturel du vieux quartier de Lhassa avait besoin d’être protégé. Des mesures draconiennes ont être adoptées pour protéger les vieilles constructions ; le choix des matériaux, couleurs et styles s’opérait conformément aux traditions historiques et culturelles du Tibet, de façon à protéger le caractère original des monuments.

Minyak Chokyi Gyaltsen, architecte principal à l’Institut de recherche et de conception des architectures du Tibet, a participé à plusieurs reprises aux travaux de restauration du Potala et du temple de Jokhang. Selon lui, auparavant, le mécanisme d’évacuation des eaux usées était très arriéré. Cette fois, un système d’égout complet a été établi dans la ville, auquel est relié le temple de Jokhang. Les canaux sont suffisamment grands pour ne pas déborder en cas de pluie diluvienne.

Des experts en architecture ancienne et en protection du patrimoine culturel, ainsi que des chercheurs en religion et en culture folklorique, ont été consultés lors de la planification des travaux. Dans le processus de reconstruction, les techniques artisanales et matériaux traditionnels ont été adoptés. Les constructions délabrées ont été retapées, mais ont gardé leur esthétique ancienne. D’ailleurs, même les bâtiments construits ces dernières années ont été réaménagés selon les couleurs et styles des constructions traditionnelles, pour être en accord avec le paysage.

La restauration des constructions traditionnelles de style tibétain vient tout juste d’être parachevée, à la fin du mois de juin. Cachées derrière les bannières canoniques, les murs blancs et les fenêtres noires ornées de sculptures tibétaines, qui font ressortir les fleurs et les plantes disposées sur les terrasses, incarnent la beauté propre au « haut lieu des neiges ».

« J’espère que la fin des travaux se caractérisera par la naissance d’un quartier historique au style d’antan, empreint de caractéristiques religieuses, pourvu d’un lot complet d’infrastructures et bénéficiant d’un environnement agréable. Ainsi, Lhassa mettra en valeur son patrimoine culturel ». Ainsi Tseten exprime-t-il ses souhaits pour l’avenir.

 

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