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Les hôpitaux étrangers font prudemment leur entrée en scène
GONG HAN, membre de la rédaction
La libéralisation de l'économie poursuit son cours en Chine. Le secteur des soins hospitaliers, traditionnellement un domaine réservé de l'État, est très illustratif à cet égard. Les dernières déclarations des dirigeants laissent augurer d'une plus franche ouverture au marché.
Selon les statistiques de Deloitte Chine, le marché chinois des services médicaux croît chaque année de 18 %, et d'ici à 2015, selon les prévisions, il pourrait représenter 3,160 milliards de yuans. Aux yeux des investisseurs étrangers, cet énorme marché doit immanquablement exercer une très forte attraction. Mais les restrictions aux investissements étrangers dans le secteur hospitalier imposées par le gouvernement chinois depuis plusieurs années les ont cantonnés à un rôle d'observateur plutôt que d'acteur engagé.
Le 30 décembre 2011, la nouvelle édition du « Catalogue pour guider les entreprises à capitaux étrangers », publié conjointement par la Commission nationale du développement et de la réforme et le ministère du Commerce, indiquait clairement qu'à partir du 30 janvier 2012, certains investissements étrangers dans les institutions médicales jusqu'alors interdits, seraient désormais autorisés. En d'autres termes, il devenait possible pour les investisseurs étrangers de fonder des hôpitaux en Chine de manière indépendante.

À l'annonce de ces nouvelles mesures encourageantes, les investisseurs étrangers, qui n'attendaient que cela, se frottèrent les mains, et accélérèrent le rythme de pénétration du secteur hospitalier chinois. Parmi eux il y avait non seulement des grands groupes médicaux des pays occidentaux, mais aussi des fonds privés. En outre, des organismes médicaux à capitaux étrangers qui s'étaient déjà frottés au marché chinois adoptèrent eux aussi une attitude plus dynamique afin de prendre davantage de parts de marché.
Course à la fondation d'hôpitaux
En 1997, le premier hôpital à capitaux étrangers de Chine, United Family Healthcare s'installe à Beijing. Au départ, c'est surtout pour prendre soin des étrangers ou des compatriotes revenus au pays qui peuvent bénéficier d'une assurance médicale internationale. Mais aujourd'hui ses services sont aussi hautement appréciés des membres des couches les plus aisées de la société. L'homme ordinaire lui ne peut que rester pantois à la vue des tarifs qu'il pratique, chaque consultation coûtant environ 100 yuans (12,5 euros) et un accouchement naturel pouvant dépasser les 50 000 yuans (6 250 euros).
Munis de leur assurance médicale, les patients étrangers ne se préoccupent pas du prix, et les patients chinois aux revenus élevés quant à eux sont prêts à débourser des sommes importantes afin de bénéficier du bon service à la clientèle et du niveau médical avancé. À l'inverse des hôpitaux nationaux où se pressent des foules nombreuses et où le personnel médical est débordé de travail, les hôpitaux à capitaux étrangers, tels que United Family Healthcare, offrent en effet un service chaleureux et personnalisé ; et en même temps, le fait qu'ils garantissent des prescriptions de médicament correspondant aux quantités standards prescrites aux États-Unis, et promettent de ne pas abuser des antibiotiques, suscite également l'adhésion des Chinois fortunés.
Avant de s'installer à Beijing, United Family Healthcare est passé par 6 ans de pourparlers avec le gouvernement chinois. Mais l'ouverture il y a peu d'un hôpital à Tianjin n'a demandé qu'un an de négociations avant d'être approuvée. Après 2005, United Family Healthcare a très rapidement ouvert des branches à Shanghai et Guangzhou. Selon les médias, d'autres villes lui ont également tendu la branche d'olivier.
Le combat des investisseurs étrangers pour pouvoir construire des hôpitaux en Chine a été très long. En 1989, la Chine a autorisé des médecins étrangers à venir exercer la médecine sur son territoire, mais il a fallu attendre 1997 avant que la Chine n'autorise des hommes d'affaires étrangers à fonder des hôpitaux à capitaux mixtes, et à ce moment la participation étrangère ne pouvait pas dépasser 30 %. À l'entrée de la Chine à l'OMC en l'an 2000, la part du capital que les hommes d'affaires étrangers peuvent détenir dans les hôpitaux à capitaux mixtes a été montée à 70 %, mais ils n'étaient toujours pasautorisés à construire des infrastructures médicales de manière indépendante.
En avril 2012, la révision par le ministère de la Santé de l'avant projet du « Règlement sur la gestion des établissements médicaux à capitaux mixtes et de coopération sino-étrangère », n'a pas levé la limite de 70 % de participation étrangère au capital, mais d'autres déclarations faites presque au même moment ont été interprétées comme un signal important par les investisseurs étrangers.
Au Forum de Davos en septembre de la même année par exemple, le ministre de la santé Chen Zhu a déclaré que la part de l'ensemble des dépenses de santé ne représentait que 5,1 % du PIB chinois, et que l'industrie de la santé chinoise était désormais ouverte. Il invitait les forces sociales à se déployer, ainsi que les investisseurs étrangers à démarrer des entreprises médicales.
En 2011, la Chine comptait 3,7 millions de lits d'hôpital, soit une augmentation de 54 % par rapport à 2005. Selon certaines sources, l'objectif du ministère de la Santé était d'arriver à ce qu'en 2015 chaque district compte un ou deux hôpitaux au minimum. Cela revient à dire que chaque année, chaque hôpital privé devrait créer 400 000 nouvelles places. On peut imaginer l'effet stimulant de ce genre de données sur les investissements étrangers.
Énorme demande médicale dans le futur
À l'heure actuelle, la part de l'ensemble des dépenses de santé dans le PIB chinois n'est que de 5,1 %, pour 9 % en moyenne à l'étranger, ou 10 à 17 % pour certains parmi les pays à haut revenus les plus développés. D'après les statistiques, en Chine, pas moins de 260 millions de gens souffrent du cancer, du diabète ou de multiples maladies chroniques, ce qui signifie qu'à l'avenir il y aura une énorme demande médicale.
Selon les médias, en juin 2012, la société médicale Xiehe, dont le capital est contrôlé par le fonds américain de placement privé Carlyle, a racheté la majorité de contrôle de l'actionnariat de l'hôpital Chang'an de Xi'an, et envisage de fonder huit hôpitaux privés dans les dix prochaines années dans les villes de Beijing, Shanghai, Guangzhou et dans d'autres endroits encore.
Le vieillissement de la population, qui risque de faire une entrée en scène fracassante, deviendra une question sociétale importante pour la Chine dans le futur. Fin 2011, les gens de 60 ans ou plus étaient déjà 185 millions, soit 13,7 % de la population totale ; presque 24 % des personnes âgées du monde entier ; et la Chine était le seul pays au monde où les personnes âgées avaient dépassé les 100 millions.
On estime qu'à la fin de la période du XIIe plan quinquennal, les personnes âgées seront 221 millions dans le pays, représentant 16 % de la population totale. Parallèlement, les données du Centre national de recherche sur les personnes âgées indiquent que les personnes âgées dépensent chaque année environ 700 milliards de yuans. En 2015, ce sera 1 000 milliards de yuans.
Cela permet aux quelques organismes médicaux à capitaux étrangers de se créer un gigantesque espace vital. WA Optimum Health Care est situé dans une sorte d'hôtel-jardin à Shanghai, un petit bâtiment de trois étages de style européen, simple et élégant. Les riches chinois qui viennent s'y faire soigner dépassent largement en nombre les étrangers, et parmi eux, ce sont les personnes âgées qui sont les plus nombreuses. Cet hôpital ne traite pas seulement les maladies communes des personnes âgées, il offre aussi des services médicaux avancés pour combattre le vieillissement, gérer la douleur ou d'autres nouveaux concepts de ce type.
Cette institution médicale s'apprête à ouvrir son deuxième établissement de soins à Xiangshan dans la périphérie de Beijing, et à étendre ses activités à Chengdu et à Shenzhen dans les deux ans à venir. En même temps, elle pense acquérir des propriétés dans des régions huppées, afin d'ouvrir des maisons de retraite. Selon les propres termes d'un de ses responsables devant les médias : « Lier combat contre le vieillissement et soins aux personnes âgées, du point de vue commercial, c'est un modèle impeccable, car on offre aux personnes âgées une continuité dans les soins. »
Les opportunités l'emportent sur les obstacles
Le 26 juin 2012, le Landseed Hospital, financé par Taiwan, ouvre ses portes à Shanghai, avec un capital de 200 millions de yuans, et avec 100 lits. C'est aussi à l'heure actuelle le premier hôpital en propriété extérieure exclusive. Dans le contexte des restrictions aux investissements étrangers, les hôpitaux fondés et entièrement détenus par des investisseurs de Hong Kong, Macao ou Taiwan, et qui ont été autorisés à fonctionner à l'essai sur certaines portions du territoire, reçoivent la priorité.
La très grande compagnie médicale singapourienne Parkway Holdings se prépare également à introduire une demande pour fonder un hôpital à Shanghai, dont elle sera seule détentrice du capital. Elle espère que le gouvernement, tout comme pour les capitaux en provenance de Taiwan, assouplira également ses restrictions aux autres investissements extérieurs. Début 2005, Parkway Holdings avait ouvert son premier hôpital à Shanghai. Aujourd'hui la société gère huit hôpitaux à capitaux mixtes au total, dont sept à Shanghai et un à Chengdu.
La petite équipe de recherche médicale de la société de conseil DHD estime que, dans l'état actuel du marché médical, les hôpitaux étrangers haut de gamme ne pourraient pas encore exercer un impact réel sur les hôpitaux publics, mais s'appuieront plutôt sur la supériorité de leurs technologies et de leurs équipements pour attirer à eux une partie des patients des hôpitaux privés.
Dans les années 80 du siècle passé, les capitaux étrangers entrés dans le secteur chinois de la restauration avaient amené dans leur sillage des concepts de gestion avancés. De même, dans le secteur médical, on espère que les capitaux étrangers pourront stimuler l'élévation de l'ensemble des capacités de gestion et d'administration des hôpitaux chinois.
Le vice-secrétaire général de l'Association des hôpitaux de Chine Zhao Chun nous explique : « Les hôpitaux à capital étranger ont apporté au marché médical national des techniques éprouvées d'administration, ainsi qu'un niveau de gestion des opérations en concordance avec les normes internationales. Ils sont venus compléter le réseau existant des organismes médicaux chinois. » En même temps, l'intrusion de capitaux étrangers va inciter les hôpitaux nationaux à constamment améliorer la qualité de leurs services.
Du point de vue des hôpitaux à capitaux étrangers, les problèmes auxquels ils sont confrontés restent très nombreux, et se concentrent notamment autour des questions de la circulation du personnel médical qualifié, de la répartition des ressources, et d'une base légale pour les droits d'auteur. Après la réforme du système en l'an 2000, un grand nombre d'investisseurs étrangers ont créé des hôpitaux à capitaux mixtes, mais à cause des problèmes susmentionnés, beaucoup ont aussi finalement déchanté. Ceux qui sont restés étaient principalement les hôpitaux spécialisés ou les cliniques haut de gamme.
Le 30 août 2012, l'annonce officielle par la municipalité de Beijing des « Mesures pour encourager et guider les investisseurs issus des rangs de la société dans l'établissement d'organismes médicaux » ou plus simplement, les « 18 articles de Beijing », a mis les institutions médicales privées et publiques sur un pied d'égalité en ce qui concerne entre autres l'accès au marché, l'assurance médicale, la taxation, les prix, le sol, l'investissement, le personnel qualifié, les établissements académiques et les achats effectués par le gouvernement.
Ce qui mérite d'être remarqué, c'est la fixation très claire d'un délai de réponse aux demandes privées d'autorisation de lancer une affaire médicale, exigeant que les départements gouvernementaux concernés renforcent leur esprit de service, en rendant les informations publiques dans des délais raisonnables et qu'ils garantissent par ailleurs aux organismes médicaux issus des rangs de la société le droit à être informé, et leurs droits à un accès équitable aux ressources communes.
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