CHINAHOY

2-August-2017

Buon Tan : œuvrer pour une meilleure compréhension entre la Chine et la France

 

ZHANG XIN*

 

Buon Tan, ce commerçant d’origine chinoise, a choisi d’embrasser une carrière politique afin d’œuvrer pour l’amélioration du statut de la communauté chinoise en France.

 

Le 18 juin (heure de Paris), Buon Tan, conseiller de Paris et représentant du parti LREM (La République en Marche), créé par le nouveau président français Emmanuel Macron, a été élu député à l’Assemblée nationale en remportant 55,26 % des voix, lors des élections législatives françaises de 2017. Il est le premier député français d’origine chinoise.

 

Buon Tan a commencé sa carrière politique en 2008 comme adjoint à la mairie du 13e arrondissement de Paris, puis il a été élu conseiller de Paris en 2014. Il s’est heurté, de par ses origines chinoises, à de multiples difficultés avant de trouver sa place sur la scène politique française. Il raconte qu’il ressent beaucoup de pression depuis qu’il a été élu député. Il a tenu à remercier sa famille et ses amis de l’avoir toujours soutenu.

 

Le 18 juin 2017, Buon Tan (à dr.) rencontre des citoyens du 13e arrondissement de Paris après l’annonce de sa victoire aux législatives.

L’action au cœur de sa politique

 

Buon Tan fête ses 50 ans cette année. Son père, Chen Shun-yuan, leader de la communauté chinoise en France et entrepreneur connu surnommé le « Roi du thé », a établi en 1986 l’Amicale des Teochew en France. Aujourd’hui, dès qu’on évoque le nom de Chen Shunyuan, beaucoup de personnes âgées du 13e arrondissement originaires de la région de Chaoshan en Chine, affirment, en levant le pouce : « C’était notre chef de l’association ».

 

Buon Tan est fils unique. Il s’est d’abord consacré à l’entreprise de ses parents avant de se lancer dans la politique. Il avait l’idée de transformer leur magasin familial L’Empire des Thés en une chaîne comme Starbucks et d’ouvrir ainsi une boutique dans toutes les rues et dans tous les quartiers de France. « On peut dire que le thé est la deuxième boisson la plus répandue au monde après l’eau. La Chine a une longue tradition du thé. Chaque thé a sa propre histoire », déclare M. Tan. D’après lui, en France où les gens apprécient beaucoup cette boisson, la culture chinoise du thé a de belles perspectives de développement. Pourtant, il décide finalement de se lancer dans une carrière politique. Alors qu’il relègue l’entreprise familiale au second plan, son père le soutient fermement dans son choix. « Mon père me disait souvent que nous ne devions pas seulement nous préoccuper des affaires familiales, mais qu’il fallait également prendre en considération les intérêts de la communauté chinoise en France. »

 

Pendant les cinq années qui suivent, M. Tan s’adonne corps et âme à la politique, au lieu de s’occuper de l’entreprise familiale. « En France, de nombreux Chinois sont dans les affaires, mais peu se lancent dans la politique, même les dirigeants chinois des grandes entreprises françaises sont peu nombreux. Maintenant que j’ai l’opportunité de jouer un rôle sur la scène politique, je veux saisir l’occasion car j’y vois une possibilité d’améliorer le statut de la communauté chinoise en France. Il faut en tout cas que quelqu’un prenne cette voie, et ma décision est prise », explique M. Tan. Une décision difficile, fondée sur l’abnégation, mais il ira jusqu’au bout.

 

Si M. Tan a été élu député, c’est non seulement grâce à ses compétences, mais aussi grâce à la richesse de ses expériences politiques, et à sa bienveillance envers les gens.

 

Il aime répéter : « J’attache de l’importance à l’action. » En tant que adjoint à la mairie du 13e arrondissement de Paris, il célébrait un mariage toutes les cinq semaines, ce qui lui a permis de tisser des liens d’amitié avec les habitants. Pendant le mois des élections, il s’est rendu dans toutes les rues et tous les quartiers de la 9e circonscription de Paris et il a même visité les marchés matinaux et les marchés aux puces. Selon Madame Laffitte, candidate suppléante de son équipe d’élection, « M. Tan est une personne ouverte, attache de l’importance à l’action et sait prêter l’oreille aux avis des gens. Autant de qualités qui le rendent apte au poste de député de l’Assemblée nationale. »

 

Ne jamais oublier ses racines

 

Dans son discours d’élections, M. Tan a évoqué son enfance : « J’ai subi la faim, la pauvreté, la frayeur et la fuite comme réfugié…… À huit ans, je suis arrivé en France, pays qui m’a accueilli, qui m’a abrité et qui m’a ouvert les portes de l’école. Ici, j’ai appris la langue de Molière. »

 

« S’intégrer à la société française ou acquérir la nationalité française, c’est important pour les Chinois qui vivent en France. Mais je veux souligner qu’il ne faut pas oublier nos racines », confie-t-il. Pour lui, il y a un vrai problème chez beaucoup de jeunes chinois qui sont nés en France : ils ne savent pas parler chinois et ne connaissent pas la culture chinoise. Il souhaite que les parents chinois encouragent leurs enfants à découvrir la culture chinoise. « Connaître nos racines et notre culture, c’est la condition préalable pour œuvrer pour le bien de la communauté chinoise. Lorsque l’un d’entre nous oublie ses racines, cela signifie que la France compte un Français de plus », explique-t-il.

 

Dans les années 80, M. Tan a passé six mois à l’université de Beijing pour apprendre le chinois. C’est son père qui le lui avait demandé. « J’ai tiré un grand profit de sa décision, poursuit-il. Mes enfants parlent le dialecte de Chaozhou chez nous, et ils suivent les cours de chinois chaque semaine. Je pense qu’ils seront aussi reconnaissants que je le suis envers mon père. »

 

Il affirme que les cours de chinois dans les écoles du 13e arrondissement sont une réussite. Il a d’ailleurs l’intention de proposer à l’Assemblée nationale d’ouvrir des cours de chinois dans toutes les écoles de France.

 

Sa première mission : faire connaître la Chine à l’Assemblée nationale

 

En 2013, en tant que représentant des Chinois d’outre-mer ayant voix consultative du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), M. Tan a assisté aux sessions annuelles de l’Assemblée populaire nationale (APN) et de la CCPPC. De plus, il a accompagné plusieurs fois le président, le premier ministre et les ministres français lors de visites officielles en Chine. Chaque fois, il a constaté que les Français étaient loin de connaître et de comprendre la Chine.

 

« En fait, après avoir été élu député, j’ai ressenti une grande pression. Mon premier travail à l’Assemblée nationale, c’est d’encourager les députés à découvrir la Chine. » Il explique que c’est notamment l’idée de pouvoir s’appuyer sur la plate-forme que représente l’Assemblée nationale pour faire connaître la Chine aux députés français et encourager la coopération sino-française qui l’a poussé à se présenter aux élections législatives. « Je souhaite raconter la Chine aux autres députés afin de renforcer l’amitié entre la Chine et la France et développer des coopérations dans tous les domaines. » Fort de ses expériences passées, il assure : « Une fois que les députés français connaîtront la Chine, ils l’aimeront et entendront soutenir la coopération sino-française. » Selon lui, il y a beaucoup de domaines potentiels de coopération sino-française pour les cinq années qui arrivent. « Outre le domaine économique, les coopérations entre la Chine et la France dans le domaine de l’éducation sont également importantes. Il y a quelques jours, j’ai parlé avec le président d’une université chinoise des programmes de coopération éducative entre cette université et la France », ajoute-t-il. D’après lui, que ce soit dans le domaine médical ou dans le domaine climatique, beaucoup d’entreprises françaises souhaitent exporter leurs technologies en Chine et mettre en place une coopération constructive avec la Chine.

 

Selon M. Tan, le nouveau président français, Emmanuel Macron, porte une grande attention aux relations franco-chinoises et considère la Chine comme un partenaire important. Il est persuadé que pendant le mandat de Macron, les relations sino-françaises se développeront de façon rapide et stable  et que de plus en plus d’échanges de coopération verront le jour entre la Chine et la France, que ce soit sur le plan économique, commercial ou humain. 

 

*ZHANG XIN est journaliste pour les Nouvelles d’Europe.

 

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