CHINAHOY

29-June-2017

La jeunesse a tout à apprendre de la culture traditionnelle

 

La pyrogravure sur gourde est un élément du patrimoine culturel immatériel de Beijing.

 

L'école Zhao Dengyu souhaite sensibiliser la jeunesse à la culture traditionnelle et attache de l'importance aux disciplines périscolaires pour le développement et l'épanouissement des élèves.

 

JIAO FENG, membre de la rédaction

 

Le musée Zhenquyuan, dédié au patrimoine culturel immatériel, est situé dans l'école Zhao Dengyu, dans l'arrondissement Fengtai de Beijing. Ce musée de taille modeste est divisé en deux zones : l'une, à l'extérieur, est occupée par un petit atelier, et l'autre est destinée à l'exposition d'objets d'artisanat traditionnel. Durant la pause de midi, les élèves viennent souvent les admirer et s'interrogent sur le travail de ces artisans dépositaires du patrimoine culturel immatériel.

 

« Ce musée a été créé pour rapprocher les élèves de la culture traditionnelle chinoise et de ce patrimoine riche en histoire », confie Xu Wei, principal de l'école Zhao Dengyu.

 

Susciter l'intérêt des élèves pour faire naître leur désir de comprendre

 

Le patrimoine culturel immatériel de Beijing est principalement constitué de techniques artisanales populaires que le développement économique fait peu à peu disparaitre de la vie quotidienne. Xun Zhichao, 12 ans, élève de septième année à l'école Zhao Dengyu et Pékinoise d'origine, avoue qu'avant l'ouverture du musée, elle connaissait peu l'artisanat traditionnel local. Maintenant elle peut voir ces objets artisanaux de plus près. « J'aime particulièrement les jouets ''Singes poilus'' car ils sont d'une grande finesse et leur forme est vivante. » Le « singe poilu » est fait d'exuvie de cigale et de boutons de magnolia. « C'est très intéressant. Quand l'école a commencé à proposer des cours d'artisanats hérités du patrimoine culturel immatériel, je me suis immédiatement inscrite au cours de travaux manuels de fabrication du ''singe poilu'' », raconte-t-elle.

 

Xu Xiaoxiao, enseignante dans l'école, donne des cours de patrimoine culturel immatériel. Elle explique que l'école propose six cours périscolaires en lien avec le patrimoine culturel immatériel : la gravure de sceaux, la fabrication de cerf-volant, la fabrication de Tu'er ye (figurine d'argile), la fabrication de ''singe poilu'', l'estampe du Nouvel An et la pyrogravure sur gourde. Chaque mercredi après-midi, des artisans dépositaires du patrimoine culturel immatériel sont invités à donner des conférences après les cours scolaires. Les élèves intéressés sont libres d'y assister.

 

Zhichao, qui a suivi un programme de six séances, est désormais capable de fabriquer des ''singes poilus'' simples. Elle raconte : « Quand je les montre à mon grand-père, il est ravi parce qu'ils lui rappellent son enfance. Le maître nous apprend également l'histoire des ''singes poilus''. Je sais maintenant que la fabrication des ''singes poilus'' nécessite quatre plantes médicinales chinoises, et que leur histoire est même plus longue que celle de certains pays. » Zhichao s'est maintenant inscrite au cours de fabrication de figurines d'argile Tu'er ye. Dès qu'elle sera suffisamment habile, elle en fabriquera une pour son grand-père.

 

Chacun doit apprendre l'histoire et la culture de son pays, d'une manière ou d'une autre. « Il faut d'abord que les élèves puissent approcher la culture traditionnelle pour susciter leur intérêt, et ainsi, ils deviennent désireux de comprendre et d'apprendre. Nous, nous faisons en sorte de vulgariser les connaissances. Si des élèves désirent en apprendre davantage, nous les aidons à nourrir leur intérêt. Tous les cours sont facultatifs », explique Xu Wei.

 

Grandir en toute confiance

 

Zhang Ai fait figure de leader parmi les élèves de septième année de l'école. Elle a débuté la danse et le chant en première année, et les cours d'opéra de Pékin en quatrième année. Elle est membre du groupe de l'opéra de Pékin de l'école. En 2014, le groupe a donné des spectacles en France dans le cadre du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Zhang Ai a joué Vendre de l'eau, une célèbre pièce de l'opéra de Pékin. En tant que représentante des élèves, Zhang Ai aide généralement les enseignants à organiser diverses activités. Bien que très occupée par ses études, Zhang Ai ne considère pas les activités périscolaires comme un poids supplémentaire. « Pour moi, l'opéra de Pékin est un loisir. Monter sur scène m'a permis d'apprendre à garder mon sang-froid dans des circonstances imprévues, et de renforcer ma confiance dans ma capacité à gérer les difficultés », confie-t-elle.

 

Xu Yifei a un an scolaire de moins que Zhang Ai, mais elle est membre du groupe de l'opéra de Pékin depuis plus de deux ans et a participé à plus de spectacles que Zhang Ai. « J'avais peur de faire des erreurs lors de la première représentation, mais maintenant non, raconte Yifei. Je veux atteindre la perfection sur scène ou face à l'objectif. » Elle rêve de devenir une vedette, et c'est dans l'art traditionnel chinois qu'elle se sent capable de concrétiser ce rêve.

 

Zhao Changfu, directrice du bureau du principal, est en charge des activités périscolaires. Elle évoque une de ses élèves dont les résultats scolaires sont faibles. Cela a fait naître chez elle un sentiment d'infériorité au sein de la classe. Mais elle possède une belle voix et a rejoint le groupe de l'opéra de Pékin en septième année. En deux ans à peine, elle est déjà devenue un pilier du groupe. L'apprentissage par cœur des textes de l'opéra de Pékin qui est exigé dans cet art lui a permis de renforcer sa mémoire et ainsi de s'améliorer à l'école. Ses progrès ont été tels qu'elle a fini par intégrer une troupe professionnelle.

 

« Les notes ne sont pas le seul critère pour évaluer les capacités d'un élève. Chacun a ses points forts et doit être encouragé à les valoriser, déclare Mme Zhao. Chaque enfant est une bonne graine que les enseignants doivent semer dans un sol approprié. » Elle montre au journaliste les peintures sur les murs du corridor, réalisées par les élèves, et les inscriptions qui encadrent les portes de classes, également calligraphiées par les élèves. « Tous ont besoin de la reconnaissance des autres, et d'une plate-forme pour s'exprimer. Certains élèves, dont les performances scolaires ne sont pas bonnes, excellent toutefois en dessin et en calligraphie, ce qui est tout aussi méritoire. »

 

Immergés dans la culture traditionnelle

 

Aujourd'hui, l'école Zhao Dengyu propose une dizaine de cours périscolaires parmi lesquels le cours de patrimoine culturel immatériel dont fait partie l'opéra de Pékin, la calligraphie, la peinture, et des activités sportives. « À mon avis, les écoles doivent agrandir la palette d'activités proposées aux élèves », assure le principal Xu. L'école Zhao Dengyu organise souvent des événements tels que des expositions ou des conférences pour que les étudiants soient le plus possible sensibilisés à la culture traditionnelle.

 

Le musée de la cour n°93, qui a soutenu l'école Zhao Dengyu dans la création du musée Zhenquyuan, se consacre à la transmission du patrimoine culturel immatériel pékinois et des arts folkloriques. Il a aidé l'école à concevoir des cours et des logiciels, et a invité les dépositaires du patrimoine à donner des cours de métiers artisanaux aux élèves. Selon le conservateur du ce musée, Lin Yi, leur objectif n'est pas seulement d'enseigner aux élèves les métiers artisanaux, mais de leur faire également percevoir toute la dimension culturelle qu'ils véhiculent. « L'artisanat est le reflet de l'époque dont il est issu, avec son histoire et ses modes de vie. Les métiers artisanaux rendent vivants les souvenirs de ces époques et leur rôle est fondamental dans la transmission du patrimoine. Pour les enfants, l'apprentissage des métiers artisanaux tient plutôt du jeu. Et ce processus ludique suscite l'intérêt pour la culture traditionnelle, sans que l'on s'en rende compte. »

 

Pour Zhao Changfu, la coopération avec des organisations professionnelles est une façon de « tirer parti des plus forts ». « Après tout, les ressources de l'école sont limitées. Par conséquent, la coopération bénéficie à la fois à l'école et à ses élèves, dit Mme Zhao. Par exemple, la compagnie de théâtre Jingju de Beijing, en plus d'enseigner l'opéra de Pékin aux élèves de l'école, fournit des lieux, des costumes et d'autres accessoires nécessaires comme le maquillage pour permettre à nos élèves de monter sur scène. »

 

Selon Mme Zhao, les cours périscolaires sont très appréciés des élèves. Le nombre d'inscriptions étant limité, et sachant que le premier arrivé est le premier servi, chaque élève a la possibilité de s'inscrire dans deux cours. « Tout ce que l'on demande pour assister à ces cours, c'est de la motivation, dit Mme Zhao. En l'absence de pression scolaire, l'apprentissage devient un plaisir. Avec le temps, les élèves comprendront mieux l'importance de l'héritage culturel. » Elle donne l'exemple des acteurs de la compagnie de théâtre Jingju de Beijing. « Ils arrivent toujours avant l'heure, et attendent les élèves en s'exerçant. Face à ce travail assidu, les élèves comprennent que seuls la rigueur et les efforts acharnés garantissent la réussite. C'est aussi une forme d'éducation. »

 

Le principal Xu est du même avis. Il pense que la culture traditionnelle chinoise est trop étendue et profonde pour que les élèves du primaire et du secondaire puissent pleinement l'apprécier. « Mais nous n'avons pas la prétention de former des professionnels dans ce domaine, et nous n'exigeons pas des élèves qu'ils atteignent de hauts niveaux. Ce que nous voulons, c'est leur fournir des occasions d'expérimenter la culture traditionnelle. De cette façon, ils apprennent à apprécier la beauté à chaque instant de la vie. Je crois que si l'on poursuit dans ce sens, ce sera un succès », conclut-il.

 

 

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