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Fini, la pauvreté !
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Au Xinjiang, des agriculteurs ont reçu des moutons dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. |
LU RUCAI, membre de la rédaction
En l’an 2000, 189 pays ont signé la Déclaration du Millénaire de l’ONU, dont la réduction de la pauvreté est l’un des objectifs centraux. En 2011, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a déclaré aux médias chinois : « La Chine est le pays n° 1 dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Elle a fait d’énormes progrès dans la réduction de la pauvreté, apportant une grande contribution au monde. »
D’après les statistiques, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue en Chine s’est réduit de 526 millions en 2010, ce qui représente 75,5 % de la baisse à l’échelle mondiale. En mars dernier, le président de la Fondation Bill-et-Melinda-Gates a déclaré lors d’une conférence de presse en marge du Forum de Bo’ao que « la Chine possède une riche expérience en matière de réduction de la pauvreté, et que celle-ci devrait être diffusée dans les autres pays asiatiques et en Afrique. »
Des efforts à intensifier
Le professeur Hu Angang, de l’université Tsinghua, résume en trois points les raisons de la réussite de la lutte contre la pauvreté en Chine. Le premier : la réduction de la pauvreté est un objectif national de développement. Ensuite, le développement économique maintient un haut niveau de croissance, ce qui est la condition première pour réduire la pauvreté. Enfin, les stratégies nationales d’aides à la population défavorisée et les politiques liées sont sans cesse améliorées. De cela est un né un système de réduction de la pauvreté, innovateur et aux caractéristiques chinoises.
Depuis quelques années, la Chine redouble d’efforts en la matière. En 2011, le seuil de pauvreté a été relevé à 2 300 yuans/an par habitant rural, soit 92,2 % d’augmentation par rapport à 2009. Après cet ajustement, le nombre de personnes pauvres en Chine est passé de 26,88 millions en 2010 à 128 millions.
À première vue, on a l’impression que le seuil de pauvreté est de seulement 1 dollar/jour, toujours inférieur à celui mondial de 1,25 dollar/jour. Mais d’après le directeur du Bureau du Conseil des affaires d’État pour la lutte contre la pauvreté (CPAD), Fan Xiaojian, le nouveau seuil a été calculé en parité de pouvoir d’achat. Le niveau équivaut donc en réalité à 1,8 dollar/jour. « Cela montre bien que le gouvernement soutient de plus en plus les régions pauvres et les populations dans la difficulté », conclut-il.
Une lutte ciblée
En juillet 2014, Luo Jinmao, habitant du village de Heiyan dans le Guizhou a obtenu un crédit pour créer un vignoble. Son projet a été accepté après étude des documents qu’il avait remplis pour obtenir l’aide. Sur le formulaire à remplir figuraient une quarantaine de standards à atteindre pour obtenir les subventions : conditions familiales, raisons de sa pauvreté, conditions de vie et de production, mentor du projet et contenu du projet pour se sortir de la pauvreté, etc.
Ceci est un exemple de ce qui se fait depuis 2014 pour réduire la pauvreté de façon ciblée. Les personnes dans la nécessité peuvent ainsi obtenir plus d’aides personnalisées. Pour entamer le travail de recensement de la population et des villages défavorisés, 100 000 groupes de recenseurs ont été envoyés dans les campagnes pour faire le point sur la situation et monter des dossiers. Rien que pour la province du Guizhou, dont la population est la plus défavorisée du pays, ont été dénombrés 9 000 villages défavorisés et 745 millions de personnes vivant dans la pauvreté.
D’après le directeur du Centre chinois pour le développement et la réduction de la pauvreté, Cao Hongmin, « grâce à cette lutte ciblée, on peut aider directement les villages et les habitants qui sont dans le besoin. Sur le site Internet du Centre pour la réduction de la pauvreté et le développement, on peut trouver la liste des localités et des ménages défavorisés, les causes de leur pauvreté et leurs plans pour s’en sortir, ainsi que le type d’aide qu’ils nécessitent. De cette façon, il est possible de procéder au cas par cas. »
Toujours selon lui, depuis que la Chine s’est lancée dans sa politique de la réforme et de l’ouverture, elle a mis en place un système ciblé de réduction de la pauvreté et un système de synchronisation Est-Ouest, dans lesquels peuvent participer les entreprises privées, les organisations sociales mais aussi les particuliers.
La réduction ciblée de la pauvreté a commencé en 1986, sous la forme d’une association entre les administrations, les entreprises et les districts défavorisés. Actuellement, au niveau administratif central, on trouve quelques 300 organisations qui travaillent à la réduction de la pauvreté dans 592 localités à travers tout le pays.
Le système de synchronisation Est-Ouest, lancé en 1996, couple 18 provinces et municipalités développées de l’Est avec 10 provinces, régions autonomes et municipalités de l’Ouest. L’objectif est de mettre en place un système d’aides gouvernementales, auquel peuvent prendre part entreprises, société et divers talents. Par exemple, la province littorale du Fujian est couplée à la région autonome hui du Ningxia pour lutter contre la pauvreté. Les domaines de coopération sont nombreux : à commencer par l’octroi annuel de subventions à hauteur de dizaines de millions de yuans, mais aussi la construction d’infrastructures, le creusage de puits ou encore l’établissement de villages-modèles.
Mais la coopération permet également le développement de techniques agricoles et le relogement de plus de 350 000 ruraux du Ningxia pour protéger l’environnement. Cette synchronisation permet également le développement du tourisme et de l’industrie culturelle dans les deux provinces.
Hormis cela, ce jumelage « Fujian-Ningxia » ne cesse de s’élargir à de nouveaux domaines et crée une véritable synergie, que ce soit dans le soutien aux différents projets, dans la synchronisation des industries, dans le développement des technologies, dans la lutte contre la pauvreté ou encore dans l’offre de formations professionnelles. Depuis plus de 20 ans, le Fujian a ainsi aidé des centaines de milliers d’habitants du Ningxia à dire « fini, à la pauvreté ».
De plus, les entreprises privées chinoises prennent part à la réduction de la pauvreté. Par exemple, en 20 ans, la Société chinoise pour la promotion du programme Guangcai, créée par des entrepreneurs chinois, a investi près de 600 milliards de yuans, mis en place 40 000 projets dans les régions défavorisées, formé 8,60 millions de personnes, permis l’embauche de 10 millions de gens et sorti de la pauvreté près de 20 millions de Chinois.
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Li Keqiang lors de la 17e édition du sommet ASEAN+3. |
Un modèle pour le monde
Les résultats de la Chine dans la réduction de la pauvreté a déjà reçu les éloges de la communauté internationale. De plus en plus de pays en développement et d’organisations internationales s’intéressent à l’expertise chinoise dans ce domaine. « Ce qui rend la Chine si active dans ce travail de réduction de la pauvreté au niveau national, de même qu’au niveau international, c’est qu’elle s’efforce de créer une plate-forme de coopération internationale sur le sujet et de partager son expertise dans le domaine avec les autres pays en développement. Ces dix dernières années, la Chine a organisé plus d’une centaine de colloques consacrés à ce thème et a fait part de son expérience devant plus de 1 500 professionnels d’une centaine de pays », nous explique Liu Shuwen, directeur adjoint de la section pour la lutte contre la pauvreté et la coopération internationale du CPAD.
Plusieurs forums et programmes d’échanges spécifiques ont ainsi été créés : le Forum de haut niveau pour le développement et la réduction de la pauvreté, la Conférence Chine–Afrique sur la réduction de la pauvreté et le développement, le Forum Chine–ASEAN pour le développement social et la réduction de la pauvreté ou encore le Programme d’échanges des dirigeants de village ASEAN+3.
En mai 2014, lors de la 5e Conférence annuelle Chine–Afrique sur la réduction de la pauvreté et le développement, la Chine et l’Union africaine ont ratifié un programme de coopération. Les deux parties espèrent, à travers cette plate-forme, partager leurs expériences sur ces sujets et mettre en œuvre des stratégies et politiques adaptées.
Mais à vrai dire, la coopération sino-africaine en matière de réduction de la pauvreté est déjà bien implantée dans les villages africains. En 2011, le Centre international pour la réduction de la pauvreté en Chine a établi un centre d’études dans le village de Peapea, dans la région de Morogoro en Tanzanie. Ce centre fournit aux agriculteurs du coin formations et soutien techniques. Les résultats sont évidents, puisque le rendement annuel local du maïs est passé de 150 à 330 kilos par mu (1 mu = 1/15 ha). De plus, ont été construits des sanitaires, des routes en terre battue praticables même quand il pleut, ainsi que des puits d’eau potable. D’après Fan Xiaojian, lutter contre la pauvreté directement sur le terrain est le bon moyen de voir si les méthodes chinoises conviennent à l’Afrique.
En novembre 2014, lors de la 17e Réunion des dirigeants ASEAN-Chine-Japon-Corée du Sud (10+3), le premier ministre chinois a proposé que la réduction de la pauvreté devienne un domaine de coopération primordial pour la région. Il a déclaré que la Chine fournirait 100 millions de yuans afin de mettre en place un plan de promotion de la réduction de la pauvreté dans les campagnes, créer des zones modèles, et faire qu’en Asie du Sud-Est, chacun ait du riz dans son bol.
En 2010 déjà, Ajay Chhibber, à l’époque secrétaire général adjoint au programme de l’ONU pour le développement, avait déclaré lors d’une conférence de presse au siège de la Banque asiatique de développement que « non seulement la Chine a réussi à réduire considérablement le nombre de pauvres chez elle, mais elle a également les moyens et la sagesse d’aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs à cet égard. La Chine joue désormais un rôle de premier plan dans cette mission. La Chine est en effet le « pays locomotive » dans la réalisation des Objectifs du Millénaire. Si ces objectifs venaient à être réalisés avant 2015, ce sera notamment grâce aux efforts de la Chine », avait-il alors prédit.
Voilà longtemps aujourd’hui que ces objectifs ont été atteints. Mais ce n’est pas pour autant que la contribution de la Chine pour la réduction de la pauvreté va cesser.
La Chine au présent