CHINAHOY

31-October-2013

Les énergies nouvelles contribuent à l’économie d’énergie des émissions polluantes en Chine

 

Beijing a construit sa première centrale de biométhanisation produisant de l’électricité à partir de déchets urbains en 2007.

 

LU RUCAI, membre de la rédaction

Le 12 septembre, les bus électriques achetés par le Beijing Public Transport Holding Ltd (BPT) sont entrés en service. Ce sont des bus électriques de deuxième génération fabriqués par Into Foton. Sur 100 km, ils consomment 11 kWh d’électricité de moins que les bus de première génération. Si un bus électrique roule 60 000 km chaque année, 6 600 kWh seront économisés, soit l’équivalent de six ans de consommation en électricité pour une famille moyenne.

En 2013, Foton livra à BPT 3 000 bus fonctionnant aux nouvelles énergies et respectueux de l’environnement. 1 000 d’entre eux roulaient au gaz liquéfié et 2 000 fonctionnaient à l’électricité.

Les changements à Beijing

Selon les autorités compétentes, la Chine va promouvoir les voitures à énergies nouvelles dans la région Beijing-Tianjin-Hebei, le delta du Yangtsé et celui de la rivière des Perles où la pollution en particules fines est très sérieuse. Entre 2013 et 2015, dans les grandes métropoles ou les régions gravement polluées, il faudra mettre au moins 10 000 voitures fonctionnant aux énergies nouvelles en circulation, et dans les autres villes et régions ce chiffre ne devra pas être inférieur à 5 000. Le gouvernement et les établissements publics doivent donner leur préférence aux véhicules propres lorsqu’ils achètent des voitures. Ceux-ci ne devraient pas constituer moins de 30% du total des nouveaux véhicules achetés pour les transports publics, la fonction publique, la logistique ou encore l’environnement sanitaire.

Un bon règlement de l’exploitation et de l’utilisation des nouvelles énergies est sans doute un passage obligatoire. Beijing a mis en service dans ses neuf arrondissements et districts des taxis électriques dont le nombre atteint 1 600 et les tarifs sont inférieurs à ceux des taxis consommant du carburant.

Le 11 septembre, des stations de location de voitures électriques installées dans trois universités, dont celle Tsinghua, ont mis 100 nouvelles voitures électriques à disposition. D’ici fin 2013, ce chiffre va s’élever à 200. C’est une partie du Projet voitures électriques de Beijing initié par la Commission des sciences et des technologies de la municipalité. L’objectif est de fournir un service de location de voitures électriques dans les 100 parcs scientifiques et techniques et les 100 universités et instituts de recherche de la ville et de mettre en place un réseau de location couvrant tous les principaux parcs et universités d’ici à 2017.

On estime qu’à la fin de 2017, le nombre de voitures à énergies nouvelles ou à énergies propres roulant à Beijing sera de 200 000, 70 % desquelles seront des voitures privées. Lorsque les individus achèteront des voitures à énergies nouvelles, ils ne seront pas soumis aux restrictions sur le tirage au sort des plaques d’immatriculation de véhicules que subissent les autres usagers. C’est aussi l’une des mesures adoptées par la municipalité de Beijing pour combattre la pollution de l’air.

L’énergie solaire et la biomasse sont elles aussi appréciées des grandes villes comme Beijing.

Pour diffuser l’énergie solaire, la municipalité de Beijing applique une série de projets comme « Salles de bain au soleil » et « campus soleil ». 120 millions de kWh d’électricité ont été produits chaque année par des équipements photovoltaïques installés sur les toits de cent écoles primaires et secondaires pilotes. Il s’agit du plus grand projet photovoltaïque sur le toit d’établissements publics en Chine. 61 écoles primaires et secondaires possèdent déjà la capacité à produire de l’électricité. De plus, un autre projet photovoltaïque sur les toits dans la zone d’exploitation industrielle de l’arrondissement Daxing est en cours d’avancement. Enfin, le projet photovoltaïque près de la Grande Muraille dans le nord de Beijing a une capacité installée de 31,08 mégawatts. C’est le premier projet en énergies renouvelables visant l’agriculture et la sylviculture.

En 2012, la capacité installée totale des projets photovoltaïques de Beijing atteignait 60 mégawatts. La part de l’énergie solaire dans les énergies nouvelles dépassait 50 %. En 2015, la capacité photovoltaïque installée sera supérieure à 250 mégawatts.

L’utilisation de l’énergie biomasse a également progressé. Des projets comme celui de l’utilisation du méthane dans le village de Liuminying et ses six villages voisins, les installations de production d’électricité à partir du méthane dans la société d’élevage industriel Deqingyuan et la production d’électricité à partir des déchets à l’usine de traitement des ordures Asuwei, ont efficacement amélioré les conditions de vie des habitants ruraux et résolu leur problème d’énergie.

Avec une capacité d’élevage de trois millions de poulets, Deqingyuan est le plus grand élevage moderne en batterie d’Asie. Dans le passé, ses 220 tonnes de fiente et 170 tonnes d’eau usée rejetés chaque jour provoquaient un grand problème de pollution. Pour le résoudre, Deqingyuan a d’abord conçu un projet pour produire de l’électricité avec du méthane, puis a produit du gaz naturel en purifiant le méthane. À l’heure actuelle, le projet de production de méthane de Deqingyuan permet de transformer les fientes de trois millions de poulets en 14 millions de kWh d’électricité verte et en un gaz propre que 400 foyers consomment sur leurs fourneaux. L’année prochaine, Dengqingyuan envisage de construire un projet de production de méthane à Xinfadi, un grand marché de vente en gros de légumes et de fruits à Beijing, pour traiter les légumes et les fruits pourris et les transformer en gaz naturel pour le marché local. Il projette de construire des installations de traitement des ordures dans des quartiers résidentiels qui produiront de l’électricité et du gaz pour les habitants.

Beijing, une ville qui compte plus de 20 millions de résidents, était autrefois la capitale qui consommait le plus de charbon au monde. En 1998, le charbon y représentait 75 % de l’énergie totale consommée. Mais selon les dernières statistiques publiées par la ville, les énergies propres réprésentent d’ores et déjà 46,7 % du total de l’énergie consommée, alors que le charbon n’en représente plus que 25 %. Le gaz naturel, l’électricité venant des autres provinces, ainsi que les énergies nouvelles et renouvelables représentent respectivement 16,7 %, 25,7 % et 4,3 % du total.

Augmenter la part des énergies nouvelles

Dans la production d’électricité, les centrales thermiques représentent une part non négligeable. Mais ces dernières années, des énergies nouvelles comme l’énergie éolienne, l’énergie photovoltaïque et la biomasse ont également produit une partie de l’électricité.

Fin 2012, la capacité installée d’électricité produite à partir de l’énergie éolienne commutée au réseau était de 62,66 millions de kW, soit une augmentation de 31 % par rapport à l’année précédente. En 2012, le total de l’électricité produite par l’énergie éolienne était de 100,8 milliards de kWh, soit une hausse de 41 % par rapport à 2011. Selon certains calculs, l’électricité produite à partir de l’énergie éolienne permet une économie de 32,86 millions de tonnes de charbon standard et de 167 millions de tonnes d’eau. Elle implique une réduction des émissions de dioxyde de carbone de 84,34 millions de tonnes, une réduction de 228 000 tonnes des émissions de dioxyde de soufre, de 40 000 tonnes de fumée et de 242 000 tonnes d’oxyde d’azote.

Zhang Guobao, l’ancien directeur du Bureau national de l’énergie, explique cependant que l’électricité produite à partir de l’énergie éolienne ne représente encore qu’un poucentage dérisoire de 2 % de l’électricité totale. À cause de son coût élevé et du problème du raccordement, seule une partie de l’électricité produite à partir de l’énergie éolienne peut être raccordée au réseau et vendue.

Il en est de même pour l’électricité photovoltaïque. Le groupe Jinglong, une grande entreprise de haute technologie photovoltaïque située au Hebei, se trouve au 13e rang dans la liste 2012 des 500 plus puissantes entreprises d’énergies nouvelles mondiales et en tête des entreprises chinoises reprises dans la liste. D’après Jin Baofang, PDG du groupe, le développement du secteur photovoltaïque chinois a besoin du soutien gouvernemental : « Bien que la Chine ait publié une loi sur les énergies renouvelables, l’absence de politiques de soutien, de plan d’orientation et de normes standard entrave le développement du secteur ».

Le 30 août, la Commission nationale du développement et de la réforme de Chine a lancé une nouvelle politique visant à diviser les stations photovoltaïques en trois catégories selon le prix de l’électricité produite. L’État offre des subventions à certains projets en fonction de la quantité produite.

Selon les statistiques fournies par la Commission de régulation de l’électricité de Chine, fin 2012, l’électricité hydraulique fournissait 249 millions de kW, soit une augmentation de 6,8 % ; la part de l’électricité éolienne raccordée aux réseaux s’élevait à 60,83 millions de kW, soit une progression de 31,6 % ; l’électricité produite à partir de l’énergie solaire représentait 3,28 millions de kW, soit une augmentation de 47,8 %. La capacité installée du nucléaire est pour le moment de 12,5 millions de kW. Le total de l’électricité produite par l’énergie éolienne et solaire et raccordée aux réseaux représente 5 fois la capacité installée de l’énergie nucléaire.

En 2012, dans la consommation énergétique chinoise, le gaz naturel, l’électricité hydraulique, l’énergie éolienne et l’énergie nucléaire représentaient 14,5 % du total, soit une progression de 1,5 point par rapport à 2011. Selon l’Annuaire 2013 des Statistiques de l’énergie Mondiale de BP (the BP Statistical Review of World Energy 2013) publié le 2 juillet dernier, la Chine a dépassé en 2012 l’Allemagne pour devenir le deuxième pays producteur d’électricité produite à partir des énergies renouvelables, les États-Unis étant en tête.

« 70 % de l’énegie consommée en Chine vient du charbon, une situation que nous espérons changer. Mais dans le futur, le charbon restera encore la principale source d’énergie, nous ne pouvons que diminuer son pourcentage dans la consommation totale d’énergie, explique Zhang Guobao. Un défi que nous devons relever est comment utiliser proprement le charbon, alors que son utilisation actuelle reste très polluante et peu efficace. »

La direction ne changera pas

Lors de la conférence de presse pour la publication de l’Annuaire 2013 des Statistiques de l’énergie mondiale de BP (the BP Statistical Review of World Energy 2013), Christof H. Rüehl, économiste en chef de BP, a indiqué : « Le développement des énergies renouvelables dépend encore du soutien des politiques gouvernementales et il est difficile d’assurer leur coût si elles connaissent une expansion très rapide. Des recherches sont nécessaires pour trouver un moyen de maintenir leur développement, d’encourager les progrès techniques et de stimuler l’innovation du secteur. »

D’un point de vue pratique, en Chine, ce problème se pose avec acuité. Pour ce qui est des voitures roulant aux énergies nouvelles, dans la première moitié de 2013, leurs ventes ont connu un rapide développement mais sont néanmoins restées à un niveau très bas. La production de ces voitures a atteint 5 885 unités, soit une augmentation de 56,3 % par rapport à l’année précédente. Leurs ventes ont atteint 5 889 unités, soit une hausse de 42,7 %. En plus du problème de la recharge des batteries qui entrave la généralisation des voitures roulant aux énergies nouvelles, le niveau technique et le service après vente ne peuvent pas satisfaire les consommateurs. Selon Zhang Guobao, toute nouveauté présente des défauts. Il en va de même pour les voitures. Ces voitures ont récemment fait de grands progrès. « Une fois rechargées, elles peuvent rouler sur une plus longue distance. Leur vitesse est comparable à celle des voitures à moteur essence. De plus, les techniques de recharge ne cessent de s’améliorer, réduisant ainsi le temps d’attente. »

La loi sur les énergies renouvelables est entrée en vigueur en janvier 2006 et a été amendée fin 2009. L’objectif général de cette loi est d’élever d’ici 15 ans leur part dans la consommation totale d’énergie, de résoudre le problème d’alimentation en électricité pour les habitants des régions reculées et du manque de combustibles dans les régions rurales, de généraliser la transformation des déchets organiques en énergie et de promouvoir l’industrialisation des technologies des énergies renouvelables.

Témoin de l’élaboration et de l’adoption de la loi sur les énergies renouvelables, Zhang Guobao pense que la clause la plus importante de cette loi est celle qui stipule qu’il faut utiliser et consommer la totalité des énergies renouvelables produites et que cette clause n’a pas été complètement appliquée jusqu’à maintenant. Selon lui, il est important de mettre en oeuvre cette loi de manière ferme et complète. Le nouveau gouvernement central a transféré le pouvoir de ratifier les projets éoliens aux gouvernements locaux, ce qui va pousser plus d’entreprises à entrer dans ce secteur, rappelle Zhang Guobao.

Pour l’heure, les entreprises privées possèdent une grande part du marché des énergies nouvelles. Le grand potentiel de développement de ces énergies explique sans doute l’afflux de capitaux privés dans ce secteur.

 

La Chine au présent

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