Les
Han et Mandchous
Quand on entre en
contact avec la culture chinoise, c'est en grande partie avec celle
qui a été formée au cours de l'histoire par les Han, la nationalité
à laquelle appartient plus de 90 % des Chinois. Mais il faut savoir
que, dans les vastes étendues de la Chine, vivent cinquante-cinq
autres groupes ethniques dont la culture se distingue surtout par
des traditions et des coutumes particulières aux plans du mariage,
de la naissance, des funérailles, des festivals, de l'alimentation,
de l'habitation, des costumes et des activités récréatives. On peut
donc dire que la culture chinoise est multiethnique et que sa richesse
doit beaucoup à toutes ces ethnies. À partir de ce numéro et à chaque
mois par la suite, nous vous présenterons plus en détails chacune
des ethnies minoritaires de Chine. Mais d'abord, un bref apercu
de l'ethnie han, celle que l'on associe d'emblée aux Chinois, en
rapport avec les autres ethnies de Chine. NDLR .

Les
Han
L'ethnie
han est l'ethnie la plus importante du monde et celle-ci s'est formée
et s'est développée au cours d'un processus continu d'intégration
de l'ancienne tribu des Huaxia avec d'autres tribus et d'autres
groupes ethniques. C'est toutefois durant la dynastie des Han (206
av. J.-C. 220 ap. J.C.) que ce groupe a adopté le nom "Han
".
D'abord actifs dans la
région du fleuve Jaune, les Han sont devenus plus nombreux et se
sont peu à peu déplacés un peu partout au pays. Au cours de l'histoire,
ils ont développé des contacts politiques, économiques et culturels
avec d'autres nationalités et ont donné naissance à une civilisation
avancée. À l'heure actuelle, les Han jouent un rôle majeur dans
la vie de l'État chinois. Leur plus forte concentration se trouve
dans les bassins des fleuves Jaune et Yangtsé et de la rivière des
Perles, ainsi que dans la plaine des rivières Songhua et Liao en
Chine du Nord-Est.
Alors
que les 55 autres ethnies représentent seulement un peu plus de
8 % de la population chinoise et que leur importance varie grandement,
elles habitent 50 à 60 % du territoire du pays. Leur lieu d'habitation
possède les caractéristiques suivantes :
vaste
étendue de terre et distribution éparse de la population. De nombreuses
ethnies ont établi leur village dans des régions pastorales et montagneuses,
sur des hauts plateaux et dans des forêts;
- large gamme de produits
et ressources minérales abondantes;
- localisation frontalière
stratégique pour l'ensemble du pays.
Historiquement, de nombreuses
ethnies ont tiré leur subsistance de l'élevage et ont atteint une
grande maîtrise dans le domaine, ce qui a contribué à une diversification
de l'économie du pays car les Han étaient majoritairement des paysans.
Toutefois, le développement économique et social des diverses ethnies
a été inégal. Règle générale, avant 1949, les Han avaient une économie
agricole féodale bien développée et les ethnies qui avaient vécu
en communication étroite avec eux avaient aussi une économie similaire.
Toutefois, celles qui avaient vécu à l'écart des influences extérieures
possédaient une économie relativement primitive. Certaines avaient
même une économie basée sur la pêche et la chasse, d'autres menaient
une vie pastorale.
"À
l'heure actuelle, là où vivent des communautés compactes d'ethnies
minoritaires, on a établi des gouvernements autonomes qui, outre
leur fonction de bureaucratie d'État, veillent à tenir compte des
traditions, caractéristiques et coutumes de ces ethnies, à assurer
le respect de leur langue et de leur religion, tout en les faisant
participer à la grande nation chinoise.
LES
MANDCHOUS
Les
Mandchous sont l'une des ethnies ayant la population la plus importante,
soit 9 846 800 de personnes; celles-ci vivent un peu partout en
Chine mais principalement dans les provinces du Liaoning, du Jilin,
du Heilongjiang, du Hebei, dans la région autonome de la Mongolie
intérieure et à Beijing. Tout comme les Han, environ 80 % des Mandchous
sont engagés dans l'agriculture. La cueillette du ginseng et des
champignons sauvages constituent également une de leurs activités
importantes. Ceux qui vivent dans les villes travaillent surtout
dans les industries. Les Mandchous ont leur propre écriture et leur
propre langage.
Us
et coutumes traditionnels
Habillement.
Le costume traditionnel des hommes mandchous était une veste courte
à manche étroite, portée par-dessus une longue tunique serrée par
une ceinture à la taille, tenue idéale pour la chasse et l'équitation.
Ils laissaient pousser leurs cheveux à l'arrière et les portaient
tressés. Les femmes portaient leurs cheveux enroulés en chignon
sur le sommet de la tête et se paraient de boucles d'oreilles, de
longues tuniques et de souliers brodés. Le lin était le tissu favori
des riches, la peau de chevreuil, celui des gens ordinaires. Lorsqu'ils
quittèrent la vie dans les montagnes, les Mandchous riches adoptèrent
la soie et le satin, les plus pauvres, le coton. Leur type de tunique
fut adopté par les femmes han.
Habitation.
Les maisons des Mandchous comportaient trois divisions : la partie
médiane était utilisée comme cuisine et les deux ailes, l.'une comme
chambre et l'autre comme salon. Selon la tradition, la chambre possédait
trois kang (lit en brique chauffé par-dessous) disposés le long
des murs ouest, nord et sud. Les invités et les amis se voyaient
attribués le kang à l'ouest, les plus âgés, celui au nord, et les
plus jeunes, celui au sud. Les fenêtres de la maison étaient ouvertes
vers le sud et l'ouest, de sorte que la maison restait bien chaude
en hiver et fraîche durant l'été.
Alimentation.
Le repas favori des Mandchous consistait en millet cuit à la vapeur
ou de gâteaux faits de riz glutineux. On mangeait surtout des raviolis
lors des fêtes et de la viande bouillie, la veille du Nouvel An.
Mariage.
La monogamie a toujours été pratiquée par les Mandchous et les jeunes
étaient fiancés selon la volonté parentale vers l'âge de 16 ou 17
ans. Le jour du mariage, la mariée devait s'asseoir une journée
entière sur le kang du sud, gage de bonheur futur. À la tombée de
la nuit, on dressait une table basse avec deux cruches de vin et
des tasses. Main dans la main, le marié et la mariée faisaient alors
trois fois le tour de la table, puis ils s'asseyaient ensuite pour
boire toute la nuit en s'éclairant à la chandelle, alors que, au
milieu des chants et des danses, les invités les félicitaient tour
à tour. Le quatrième jour, les nouveaux mariés effectuaient une
visite à la maison de la mariée.
Étiquette.
Divers rites d'étiquette et de bonnes manières étaient respectés
par les Mandchous. Par exemple, à tous les trois ou cinq jours,
les enfants devaient offrir leurs respects aux plus âgés. Pour offrir
leurs respects aux supérieurs, hommes et femmes avaient des formes
différentes de faire. Entre parents et amis, l'accolade était la
forme la plus courante d'accueil.
Religion.
Les Mandchous croyaient au chamanisme. Au début de la dynastie des
Qing (1644-1911) les chamans étaient des gens intelligents et particulièrement
astucieux. Ils chantaient et dansaient spécialement lors des services
impériaux. Les chamans des couches populaires exécutaient des danses
religieuses surtout pour exorciser les mauvais esprits. Chaque village
avait son propre chaman dont le seul mandat était d'exécuter les
danses pour les esprits. Seuls les patients très gravement malades
voyaient un médecin; les autres s'en remettaient au chaman. Les
succès militaires étaient célébrés également par ce type de danses.
Funérailles.
Les arrangements funéraires des Mandchous étaient uniques. Personne
n'avait le droit de mourir sur un kang disposé à l'ouest ou au nord.
Croyant que les portes servaient aux esprits vivants, les Mandchous
ne permettaient de sortir les cadavres de la maison que par les
fenêtres. L'enterrement était la pratique courante.
Histoire
Les
ancêtres des Mandchous remonteraient à plus de 2 000 ans, à la tribu
des Sushen, et par la suite, à celles des Yilou, des Huji, des Mohe
et des Nüzhen, originaires des monts Changbai et du bassin du fleuve
Heilong, en Chine du Nord-Est. Ethnie qui, à l'origine, vivait dans
les forêts et les montagnes, ses membres excellaient au tir à l'arc
et à l'équitation.
En 1595, la cour des
Ming conféra le titre de " Général Dragon Tigre " au chef
mandchou Nurhachi après l'avoir fait commandant de garnison et procureur
public de la province du Heilongjiang. Ses voyages fréquents à Beijing
lui firent alors prendre contact avec le développement avancé des
Han, ce qui, en retour, exercera une profonde influence sur lui.
Ses talents de chef politique et militaire lui permettront de rassembler
toutes les tribus disséminées sur une vaste étendue. Après cette
unification, Nurhachi implantera le système des Huit Bannières en
vertu duquel les gens étaient organisés le long de lignes militaires.
Chaque bannière consistait en unités de base appelées niulu, regroupant
300 personnes et servant d'organisation politique, militaire et
de production de base. En temps de paix, ces personnes pratiquaient
la chasse ou cultivaient, en temps de guerre, elles se regroupaient
en milices. En 1619, Nurhachi s'auto-proclama Khan.et institua un
État esclavagiste. En 1635, les Mandchous adoptèrent ce nom, sous
l'initiative du huitième fils de Nurhachi.
Sous
l'influence des Han, le système esclavagiste des Mandchous se transforma
rapidement en régime féodal et connut d'importantes réformes sociales.
En 1644, les troupes se dirigèrent vres le sud de la passe Shanhaiguan
et unifièrent la Chine, ce qui marqua le début de près de 300 ans
de régime mandchou en Chine. La dynastie des Mandchous prendra le
nom de Qing.
L'histoire
contemporaine porte également la marque de cette ethnie: pendant
la guerre de l'Opium, les guerriers mandchous ont défendu vaillamment
la patrie; la rébellion des Boxers en 1900 fut principalement formée
de paysans han et mandchous; la révolution de 1911 a été largement
appuyé par la population mandchoue; la résistance anti-japonaise
et la Libération de 1949 ont été activement appuyées par les Mandchous.
Les
sciences et la littérature doivent aussi beaucoup aux Mandchous.
Le Rêve dans le pavillon rouge est un classique du XVIIIe siècle,
écrit par l'écrivain mandchou Cao Xueqin, qui occupe une place importante
dans la littérature mondiale. Lao She, écrivain mondialement connu,
entre autres, par son oeuvre La Maison de thé, est d'origine mandchoue
et est le fondateur de l'Association nationale des écrivains et
artistes. Luo Changpei est un linguiste reconnu pour ses connaissances
des dialectes et de la phonétique.
LES
HAN
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