La
protection de l'environnement et la population
 
EN
1994, la première organisation non gouvernementale (ONG) de protection
de l'environnement, " Amis de la nature ", était fondée
en Chine, et celle-ci se donnait comme mandat de protéger la nature
et de la traiter avec respect. Ceci a marqué le début de la participation
active de l'homme de la rue à la protection de l'environnement.
Dans
les années qui ont suivi, les ONG environnementales se sont rapidement
développées en Chine; les plus connues sont " Amis de la nature
", " Volontaires pour une planète verte ", "
Village global " et " SENOL ". Celles-ci se préoccupent
au plus haut point de la pollution de l'environnement, luttent courageusement
contre les effets adverses de l'industrialisation et espèrent puiser
ce qui peut être utile à la Chine dans les expériences des pays
développés.
Les
prix Sophie et Magsaysay 2000, deux grands prix mondialement connus
en protection de l'environnement, ont été respectivement conférés
à Liao Xiaoyi et à Liang Congjie, qui sont à la tête de deux remarquables
ONG en environnement.
Préconiser
divers modes de vie verts
Loin
d'être des professionnels, la plupart des gens qui se consacrent
à la protection de l'environnement dans les ONG sont des intellectuels
qui sont sensibles à l'environnement.
"Amis de la nature ", l'organisation la plus influente
du genre, travaille à protéger l'habitat des rhinopithèques à pelage
doré du Yunnan, animaux propres à la Chine et précieux à l'échelle
mondiale, afin que cet habitat ne soit pas ravagé par un abattage
outrancier. Elle se dévoue aussi à la protection des antilopes tibétaines
en voie d'extinction, en attirant les regards du monde sur leur
massacre. Elle s'oppose à l'abattage des forêts naturelles et pourfend
la pollution industrielle partout au pays.
La
" conférence verte " est une forme d'éducation sociale
en protection de l'environnement lancée par " Amis de la nature
". Pan Wenshi et Lü Zhi, spécialistes des pandas géants, Jane
Goodall, experte anglaise des chimpanzés, et Zhaba Duojie, personnage
légendaire de la protection des antilopes tibétaines, ont tous été
invités à donner des conférences.
" Amis de la nature
" possède un minicar décoré d'antilopes tibétaines et l'a
appelé la " Voiture des antilopes ". Cette organisation
a mis en application un " programme de Voiture des antilopes
", en coopération avec S.O.F., une fondation allemande. Dans
cette voiture d'éducation itinérante sur la protection de l'environnement,
les enfants peuvent prendre part à des jeux liés à ce sujet et regarder
des vidéos leur permettant d'élever leur conscience environnementale.
Avec l'aide du Projet Espoir, cette voiture s'est aussi rendue dans
des écoles rurales. Depuis la mise en marche de ce programme, le
31 mai 2000, l'organisation a donné des cours dans des écoles primaires
et secondaires de nombreuses villes, dont à Beijing, au Hebei, en
Mongolie intérieure et au Shanxi. Elle a aussi organisé des colonies
de vacances, des stages à l'intention des maîtres et diverses activités
en vue de protéger l'environnement.
La plantation des arbres dans les montagnes dénudées et les déserts
est l'activité la plus importante de " Volontaires pour une
planète verte ". Les volontaires, dont le plus jeune n'a que
cinq ans, ont laissé leurs traces dans beaucoup d'endroits; citons,
entre autres, aux pieds de la Grande Muraille de Badaling, dans
le grand désert de Engebei (Mongolie intérieure) et près des chutes
Hukou (Shanxi).
L'observation
des oiseaux est une autre de ses activités. Elle permet aux volontaires
de mieux connaître les relations entre l'homme et la nature. Dès
1997, l'organisation a invité Zhao Xinru, professeur du département
de biologie de l'Université normale de Beijing, à donner des cours
sur l'ornithologie et sur l'identification des oiseaux. Cette activité
a permis aux volontaires de faire la connaissance d'une centaine
d'espèces d'oiseaux. Ils ont aussi participé à deux reprises au
Concours international d'observation des oiseaux de Hongkong et
ont obtenu un bon résultat. Wang Yongchen, journaliste de la Radiodiffusion
populaire centrale de Chine, en est la fondatrice. Selon ses dires,
son organisation a travaillé récemment dans l'identification des
oiseaux, afin de permettre aux volontaires d'approfondir leurs connaissances
sur les oiseaux et sur leurs relations avec l'homme, et de fournir
des fondements aux services intéressés dans l'élaboration des ressources
ornithologiques et des politiques d'administration concernant l'habitat
des oiseaux. " Volontaires pour une planète verte " est
le premier groupe travaillant dans ce domaine, entièrement formé
de volontaires.
Au lieu de prêter attention à tel animal ou à telle plante, "
Village global " porte son attention sur les groupes populaires
et de quartiers. Cette organisation préconise la protection de l'environnement
à la base et un mode de vie mettant en valeur les 5-R (réduire,
réévaluer, réutiliser, recycler et réchapper). Selon Liao Xiaoyi,
la fondatrice, leur mandat est d'orienter les gens à choisir, au
quotidien, un mode de vie qui tient compte de l'environnement et
à exercer leur droit et responsabilité de protéger l'environnement.
Dès la fondation de " Village global ", Liao Xiaoyi et
ses collègues se sont rendus dans les quartiers pour mener des enquêtes
sur la cueillette sélective des ordures, aider les comités de quartiers
de l'arrondissement Xicheng de Beijing à élaborer des plans et à
faire des expériences limitées de cueillette sélective des ordures
dans certains quartiers. En coopération avec des services intéressés,
ils ont pris l'initiative de créer un quartier vert modèle, le quartier
Jiangong Nanli, de l'arrondissement Xuanwu de Beijing. Liao Xiaoyi
espère que les quartiers verts deviendront les plus beaux paysages
de la Chine au XXIe siècle.
Les
organisations sociales de protection de l'environnement dans les
universités, qui regroupent des étudiants volontaires, attirent
de plus en plus de jeunes. Ces organisations jouent un rôle irremplaçable
dans le renforcement de leur conscience environnementale et de leur
sens de responsabilité sociale. Parmi elles, SENOL, créée par deux
étudiants de l'Université de sylviculture de Beijing en 1994, est
la plus influente. Elle a participé à la protection des rhinopithèques
à pelage doré du Yunnan, à l'expédition scientifique dans les monts
enneigés Beima de l'Ouest de la Chine et à la garde d'un couple
d'oies sauvages qui étaient venues pondre dans le parc des Bambous
pourpres de Beijing. Les membres y ont campé à tour de rôle pendant
un mois.
En
outre, des actions individuelles en protection de l'environnement
ont également attiré l'attention du public. Yang Xin, photographe
d'une équipe d'expédition de dérive, le long du Yangtsé, a fixé
sur sa pellicule, depuis 1989, les changements de l'environnement
écologique au cours supérieur du Yangtsé. L'activité intitulée "
Protéger la source du Yangtsé et aimer notre nature ", qu'il
a lancée, a éveillé l'attention de personnes de différents milieux
sociaux. Le livre A Green World Tour, rédigé par Tang Xiyang, écrivain
renommé en protection de l'environnement, est considéré comme une
encyclopédie de la protection de la nature en Chine et comme un
ouvrage précieux pour l'enseignement de l'écologie.
À
la télévision chinoise, les spectateurs bénéficient de nombreux
programmes sur la protection de l'environnement. Les journaux et
les revues emboîtent aussi le pas, de sorte que les Chinois sont
de plus en plus nombreux à participer aux activités de protection
de l'environnement et à constituer une voix et une force non négligeables.
Un
pont vert
Le
12 janvier dernier, un débat de citoyens sur la cueillette sélective
des ordures a eu lieu dans le bureau de quartier de Chunshuyuan,
dans l'arrondissement Xuanwu de Beijing. C'était le premier débat
du genre à se tenir à l'échelon du quartier en Chine. Au cours de
ce débat, des habitants ont présenté à la Commission d'administration
municipale leurs expériences dans la cueillette sélective des ordures
et ont fait la critique des lacunes du travail gouvernemental.
Dès novembre 2000, ayant
adopté la proposition de " Village global ", le gouvernement
municipal avait lancé la cueillette sélective des ordures qui a
suscité un fort écho dans la société. D'après Liao Xiaoyi, initiatrice
du débat, celui-ci est le meilleur mode de communication entre le
gouvernement et le public. Cela signifie que les quartiers verts
mettront pleinement en jeu leurs fonctions de surveillance de l'exécution
de la loi et de proposition de suggestions.
"
Les ONG de protection de l'environnement constituent un pont entre
le gouvernement et le public. " Qu Geping, directeur de la
Commission de protection de l'environnement et des ressources de
l'APN, a obtenu plusieurs prix, dont le grand prix de l'environnement
de l'ONU. Depuis le début des années 70, il s'est lancé dans la
protection de l'environnement. Selon ses dires: " Depuis les
années 90, les ONG environnementales se sont rapidement développées
en Chine. Elles jouent un rôle positif pour inciter la population
à agir en matière de protection de l'environnement. Leurs efforts
ont comblé les insuffisances du travail du gouvernement. "
Les
5-R, un lien avec les cinq anneaux
Les
jeux Olympiques modernes ne sont plus seulement une simple compétition
sportive, mais ils entretiennent un lien étroit avec la culture
et l'environnement. Par conséquent, en octobre dernier, le Comité
de candidature de Beijing aux jeux Olympiques et le Bureau municipal
de protection de l'environnement ont signé, de concert avec une
vingtaine d'organisations de protection de l'environnement, le "
Programme d'action des jeux Olympiques verts ".
"
Village global " a avancé l' idée des " 5-R liés aux cinq
anneaux ". Selon l'explication de l'organisation, les jeux
Olympiques verts constituent les 5-R. Liao Xiaoyi estime pour sa
part que la candidature de Beijing aux jeux Olympiques est une occasion
peu commune permettant de généraliser le mode de vie basé sur les
5-R, celui qui, en fait, est préconisé par son organisation depuis
sa fondation.
De
concert avec les jeux Olympiques verts, " Village global "
a lancé une série d'activités sur " les jeux Olympiques verts
et le mode de vie vert ", dont l'une est la tenue de conférences
sur la protection de l'environnement dans des universités de Beijing,
afin de faire connaître les relations entre la candidature de Beijing
et la protection de l'environnement et de faire des recherches sur
la culture orientale et la quintessence des jeux Olympiques. En
s'associant à plusieurs organisations sociales universitaires, l'organisation
a lancé une campagne de généralisation de la cueillette des ordures,
d'utilisation de papiers recyclés et d'interdiction des couverts
en styromousse.
Une
lourde tâche et un long trajet
Presque
toutes les ONG environnementales sont confrontées à une pénurie
du fonds. La conjoncture économique de la Chine ne favorise pas
leur existence. À cet égard, Liao Xiaoyi dit de manière bien sentie:
" L'un des grands obstacles qui empêchent notre développement,
c'est le manque d'un système fiscal complet. En d'autres mots, lorsque
les entreprises versent des fonds à la protection de l'environnement,
elles ne jouissent pas d'une exonération fiscale. "
Le
pont vert, quant à lui, n'est pas toujours libre de tout obstacle.
" Amis de la nature " a lancé un appel pour que le Complexe
sidérurgique de la Capitale ne continue plus son expansion dans
la ville, mais n'a reçu aucune réponse.
Malgré
leur développement rapide, les ONG environnementales restent peu
nombreuses en Chine. De plus, par rapport à leurs homologues étrangères,
elles ont encore beaucoup à faire pour éduquer la population, superviser
l'exécution de la loi en vue d'améliorer la qualité de l'environnement
et inciter le gouvernement à élaborer des politiques.
La
situation actuelle en Chine peut se résumer ainsi: certains possèdent
des connaissances approfondies dans la protection de l'environnement,
alors que beaucoup d'autres sont insensibles à la destruction de
cet environnement. La protection de l'environnement a une lourde
charge à assumer et un long trajet à parcourir, d'où la nécessité
des ONG environnementales.
ZHANG HUA
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