CHINAHOY

9-March-2016

Le XIIIe Plan quinquennal met l'accent sur la coopération sino-africaine

 

HE WENPING*

 

       Le 5 mars, le premier ministre Li Keqiang a présenté son Rapport d'activité du gouvernement à la quatrième session de la XIIe Assemblée populaire nationale. Il a déclaré que durant le XIIIe Plan quinquennal, la croissance se maintiendrait à un niveau d'au moins 6,5 %, que la Chine remplirait son objectif qui est de construire la société de moyenne aisance et qu'en 2020, le PIB et le revenu moyen de la population devraient représenter le double de ce qu'ils étaient en 2010. Le premier ministre a d'autre part souligné qu'en vue d'assurer un lancement réussi du XIIIe Plan quinquennal, il faudra travailler sur huit axes, et qu'un de ces axes en particulier concerne la coopération économique avec l'étranger. Il a insisté sur l'édification des nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime et sur le renforcement de la coopération internationale en matière de capacités de production, l'exportation des équipements, des technologies, des normes et des services chinois, mais aussi sur la création de marques chinoises fortes.

 

       Le XIIIe Plan quinquennal renouvelle l'idée du développement économique en mettant en avant l'innovation, la coordination, l'écologie, l'ouverture et le partage. La Chine s'attache désormais à réformer le côté de l'offre, à développer l'agriculture moderne et l'e-économie. Toutes ces idées nouvelles relatives à la transformation et à l'élévation du niveau ouvrent de nouvelles opportunités à l'Afrique et à la coopération sino-africaine.

 

Les nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime répondent au besoin de développement commun des pays africains

 

       Le XIIIe Plan quinquennal qui vient d'être présenté à l'APN met l'accent sur une ouverture tous azimuts marquée par les interactions qui naîtront suite au développement des nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime et par la progression simultanée vers l'Est et l'Ouest, ainsi que sur la construction conjointe du corridor de coopération économique internationale.

 

       En tant que concept et que proposition de coopération économique internationale et de développement commun, la stratégie des nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime qui vise à regrouper le développement économique du continent eurasiatique comprend aussi un volet de développement conjoint avec l'Afrique. La Route de la Soie maritime du XXIe siècle veut relier les continents européen, asiatique et africain par des voies maritimes, et fermer la boucle avec la Route de la Soie terrestre. Lors de la visite du président Xi Jinping sur le continent africain en 2013, celui-ci a proposé la fondation entre la Chine et l'Afrique d'une « Communauté des intérêts sino-africains ». En 2014, le premier ministre Li Keqiang en visite en Afrique a proposé d'aider le continent à construire un réseau ferroviaire, un réseau routier et un réseau aérien intégré. Fin 2015, au Sommet de Johannesburg, le président Xi Jinping a présenté son plan de coopération sino-africaine dans dix domaines, qui vise à réaliser une interconnexion complète du continent et à consolider les voies de transport existant entre la Chine et l'Afrique. Par ailleurs, cette proposition comprend deux « relais », le premier entre la restructuration industrielle chinoise et le développement industriel africain ;  le second, entre la stratégie de développement chinoise des nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime et la stratégie africaine du relèvement et du développement. La construction d'infrastructures à grande échelle et la réalisation de l'interconnexion du continent visent à créer les conditions nécessaires à ces deux relais. Cela fait jouer la complémentarité et permet une aide mutuelle.

 

       Personne n'ignore que le manque d'infrastructures représente un handicap sérieux entravant le développement économique de l'Afrique. Communications et transports sous-développés, insuffisance des voieries et de la distribution électrique grèvent les conditions du commerce africain que ce soit au niveau national ou régional, et un autre facteur est qu'ils freinent l'arrivée de nouveaux capitaux étrangers sur le continent.

 

       Comme le peuple chinois qui se nourrit du « Rêve chinois », celui du renouveau de la nation chinoise, les peuples africains aspirent eux aussi à réaliser leur « Rêve africain », en réduisant la pauvreté et en accédant au développement. L'interconnexion et l'industrialisation de l'Afrique sont la condition et la voie unique de réalisation de ce rêve. À cette fin, les pays africains et l'Union africaine ont lancé successivement en 2001 le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, en 2008 le Plan d'action pour accélérer l'industrialisation de l'Afrique, puis en 2013 la Déclaration sur la planification du développement des infrastructures en Afrique, suivie la même année de l'Agenda 2063. Ces documents stratégiques définissent les lignes de l'industrialisation africaine, de son intégration économique et son entrée dans le XXIe siècle. C'est pourquoi la stratégie des nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime et la stratégie du développement africain au XXIe siècle s'accordent pour insuffler une nouvelle force au développement durable des relations sino-africaines et pour ouvrir une voie nouvelle à la coopération Sud-Sud.

 

       La coordination des stratégies chinoise et africaine est bien accueillie dans les pays africains et devient jour après jour une réalité plus tangible. Fin 2014, lors de sa visite en Chine, le président égyptien Sissi a déclaré notamment que son pays devait développer la construction d'infrastructures pour surmonter ses difficultés économiques. Il a exprimé son soutien à la proposition chinoise relative à l'établissement de la Route de la Soie terrestre et de la Route de la Soie maritime au XXIe siècle. Il s'est déclaré prêt à développer une coopération bilatérale avec la Chine dans tous les domaines. En janvier 2016, lors de la visite du président Xi Jinping en Égypte, les deux chefs d'État ont signé un mémorandum d'entente sur la construction en commun des nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime, ainsi que des documents de coopération bilatérale portant sur l'électricité, la construction d'infrastructures, l'économie et le commerce, l'énergie, les finances, l'aéronautique et l'aérospatiale, la culture, la presse, les sciences et technologies et le changement climatique. Grâce à la construction d'infrastructures et à la coopération industrielle, l' Égypte sera un pays riverain et une étape sur les nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime.

 

       Par ailleurs, la Chine et l'UA ont signé le 27 janvier 2015 le Mémorandum d'entente sur la coopération relative à la construction d'infrastructures. Aux termes de ce document, la Chine renforcera, dans le cadre de l'Agenda 2063, sa coopération avec les pays africains dans les domaines des chemins de fer, des routes, de l'aviation régionale et de l'industrie, afin de promouvoir leur intégration. Dès aujourd'hui, des entreprises chinoises construisent des voies ferrées, des aéroports, des parcs industriels et des ports des pays africains, contribuant ainsi à la coordination des plans de développement chinois et africain.

 

La coopération sino-africaine sur les capacités de production favorise les relations bilatérales

 

       Au terme de 30 ans de développement rapide, l'économie chinoise accède, ces deux dernières années, à une étape dite de la « nouvelle normalité », caractérisée par une croissance moins rapide de son PIB, la restructuration des industries et la réduction des capacités de production excédentaires. À la veille du Sommet de Johannesburg du Forum sur la coopération sino-africaine, des prévisions pessimistes circulaient dans la presse internationale, insinuant que la Chine en situation de ralentissement économique ne serait pas en mesure de financer d'importants projets de coopération avec l'Afrique, et que ceux qui ont été promis seraient désormais compromis.

 

       En réalité, la Chine a présenté lors de ce sommet une édition revue et augmentée du Plan de coopération sino-africaine sur dix projets, d'un montant de 60 milliards de dollars. Le développement de la coopération sino-africaine sous la « nouvelles normalité » montre la détermination chinoise à mettre en orbite l'économie africaine et à surmonter les difficultés temporaires par un effort conjoint. Cela répond aussi aux besoins du développement de relations économiques et commerciales sur un mode de complémentarité entre la Chine et l'Afrique.

 

       La demande chinoise en matières premières et en hydrocarbures n'est plus aussi forte que par le passé. C'est parce que la restructuration économique de l'intérieur du pays fait passer le modèle économique de l'exportation de marchandises vers l'exportation de capitaux, et cela grâce aux savoir-faire accumulés au cours des années d'industrialisation, à des technologies éprouvées et demandées, à des équipements d'excellent rapport qualité/prix, et des réserves de change importantes. Ces dernières années, les entreprises chinoises ont beaucoup investi et racheté des entreprises à l'étranger. En 2014, le montant de ces investissements a dépassé 100 milliards de dollars. Une évolution qui favorise l'amélioration de sa coopération économique et commerciale avec l'Afrique, qui pourra monter en gamme en passant de l'échange des matières premières vers un commerce de produits industriels, l'exploitation de nouvelles énergies, la mise au point de produits plus écologiques et le développement de l'économie maritime.

 

       Le XIIIe Plan quinquennal vise aussi à améliorer la disposition spatiale de l'ouverture de la Chine sur l'extérieur, et à faire progresser en profondeur la coopération internationale dans le domaine des capacités de production et de la fabrication d'équipements. La coopération sino-africaine sur les capacités de production s'inscrit dans les besoins réels de développement tant de la Chine que de l'Afrique, et se fonde sur une base solide. Après trente ans de réforme et d'ouverture, la Chine parvient à l'étape intermédiaire et postérieure d'industrialisation, qui entraîne quantité de capacités de production excédentaires, tandis que la plupart des pays africains se trouvent au début de l'industrialisation et ont un besoin important d'acier et de ciment. Plutôt que d'importer la quasi-totalité de ces produits, l'acquisition de capacités de production et leur exploitation locale permettra d''accélérer leur industrialisation. L'Afrique est riche en ressources humaines et naturelles, et la Chine possède des capitaux, des équipements, des technologies et un savoir-faire de gestion. Toutes les conditions nécessaires sont réunies pour réaliser un relais historique de la Chine vers l'Afrique par la coopération sur les capacités de production.

 

       Le mot « crise » en chinois combine deux caractères : danger et opportunité. La nouvelle normalité et la coopération sino-africaine ont elles aussi su trouver l'opportunité dissimulée dans le danger. Bien que la croissance économique connaisse un ralentissement en Chine comme en Afrique, elle reste très supérieure au niveau moyen mondial et l'Asie et l'Afrique sont toujours des régions de croissance rapide. Le premier ministre Li Keqiang a affirmé que la croissance chinoise se maintiendra à un niveau compris entre 6,5 et 7 % ces cinq prochaines années. Compte tenu de sa taille cumulée depuis trente ans, l'économie chinoise est la seconde au monde, et ce rythme de croissance assez élevé suffira à soutenir un développement rapide des relations économiques et commerciales entre la Chine et l'Afrique.

 

       Le XIIIe Plan quinquennal prévoit que dans les cinq ans à venir la Chine se concentrera sur une restructuration profonde de son économie afin de revigorer son économie réelle, et cela passera par une réforme structurelle de l'offre, la création et le développement de l'économie émergente, la transformation et l'élévation du niveau des secteurs traditionnels, l'accélération de la modernisation de l'agriculture et l'élargissement du cyberespace et de l'économie informatique. Ceci ne pourra qu'apporter des opportunités au développement des régions et des pays africains. Le Plan de coopération sino-africaine sur dix projets, publié à la fin 2015 par le Sommet de Johannesburg du Forum sur la coopération sino-africaine, nous permet de constater que la nouvelle normalité n'a pas entravé l'avancée de la Chine en Afrique. Dans les dix projets de coopération sino-africaine, qui couvrent l'industrialisation, la modernisation agricole, les infrastructures, la finance, le développement durable, la facilitation du commerce et de l'investissement, la réduction de la pauvreté et les programmes sociaux, la santé publique, les sciences humaines, la paix et la sécurité, c'est l'industrialisation qui occupe la place principale. C'est parce qu'il s'agit de faire progresser la coopération sino-africaine dans les capacités de production et l'industrialisation de l'Afrique. Pour en assurer l'accomplissement fructueux, le Plan de coopération sino-africaine sur dix projets a établi d'abord la Fondation de coopération en capacités de production, dotée d'un capital de 10 milliards de dollars, et affecté deux dotations de 5 milliards de dollars à la Fondation du développement sino-africain et au Crédit spécial aux PME d'Afrique. Grâce à ces moyens, la coopération avec l'Afrique visant à créer des parcs industriels et à moderniser l'économie conduira à mettre sur pied des centres régionaux de formation professionnelle et des instituts de formation de compétences qui permettront de qualifier 200 000 travailleurs africains et de fournir 40 000 postes de formateurs en Chine. 

 

Partager avec l'Afrique les opportunités de développement

 

       Le nouveau plan quinquennal formule cinq idées directrices pour le développement de la Chine, dont l'une est la réforme et l'ouverture. La Chine continuera d'appliquer sa stratégie d'ouverture marquée par l'avantage réciproque et le gagnant-gagnant, prendra une part active à la gouvernance de l'économie mondiale et à la fourniture des biens publics pour créera une large communauté d'intérêt. Selon ce plan, il faut guider toute notre action vers la construction des nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime, faire progresser harmonieusement la confiance stratégique mutuelle, financer la coopération économique et commerciale, la circulation des personnes, et faire progresser en profondeur la coopération en capacités de production et la fabrication d'équipements, accélérer l'optimisation et la montée en gamme du commerce extérieur. En même temps, la Chine doit s'acquitter activement de ses responsabilités et obligations internationales, accroître son aide extérieure et en améliorer le mode d'octroi, et fournir gratuitement davantage de ressources humaines aux pays en voie de développement, leur apporter des conseils et des formations concernant la planification du développement et la politique économique, élargir la coopération et l'aide extérieure dans les domaines des sciences, des technologies et de l'éducation, de la santé publique, de la prévention et de la réaction aux catastrophes naturelles, de l'aménagement de l'environnement, de la protection de la faune et de la flore sauvages et de la réduction de la pauvreté. Ces idées et les mesures d'ouverture à l'extérieur profiteront aux régions et pays de l'Afrique.

 

       Nous pouvons prévoir que les projets phares de la coopération sino-africaine seront les grands travaux d'infrastructures et les projets industriels entraînant le développement des secteurs manufacturiers. Autrefois, c'étaient principalement les grandes entreprises d'État qui finançaient les projets énergétiques et miniers et conduisaient les grands projets d'infrastructures en Afrique. À l'avenir, de plus en plus d'entreprises privées feront leur apparition dans la coopération sino-africaine sur les capacités de production, notamment dans le domaine de l'industrie légère où elles possèdent un savoir-faire et un niveau technique élevé.

 

       De fait, la coopération sino-africaine sur les capacités de production a déjà obtenu un certain nombre de succès. Par exemple en Tanzanie, la Commission nationale du développement et de la réforme de Chine et le Bureau du premier ministre de Tanzanie ont paraphé un accord-cadre sur la coopération en matière de capacités de production. L'industrialisation est le noyau du plan quinquennal en cours d'élaboration dans ce pays. Ce plan a aussi pour but de se raccorder à la coopération sur les capacités de production avec la Chine. Depuis 2009, la Tanzanie construit une zone de transformation de produits destinés à l'exportation, et espère ainsi attirer des capitaux étrangers, accroître ses exportations et créer des emplois, élever le niveau de production et de gestion économique. À ce jour, 12 entreprises chinoises y sont implantées. L'entreprise privée Verrerie Zhuangda du Hebei a construit à Dodoma une verrerie qui entrera en fonctionnement cette année.

 

       Devant les changements profonds qui affectent la coopération économique internationale et la concurrence internationale, la Chine doit de toute urgence améliorer la qualité de son économie, accroître son rendement et en élever le niveau. Il en va de même pour la coopération économique et commerciale sino-africaine. C'est à ce prix que les relations sino-africaines pourront continuer de se développer et s'adapter à la situation nouvelle.

      

*HE WENPING est maître de recherches à l'Institut de Charhar et à l'Institut de recherches sur l'Asie occidentale et l'Afrique qui dépend de l'Académie des Sciences sociales de Chine.

 

La Chine au présent

Liens