CHINAHOY

3-January-2018

Foshan : carrefour de tradition et de modernité

 

 

 

JIAO FENG, membre de la rédaction

 

Foshan est une ville ancienne qui possède une grande richesse culturelle. Située au cœur de la région très dynamique du delta de la rivière des Perles, Foshan se tourne à l'est vers Guangzhou, capitale de la province du Guangdong, et au sud vers Hong Kong et Macao.

 

 

Spectacle de la danse du lion
 

 

Depuis des siècles, Foshan est le centre économique et commercial de cette région ; la ville est également très réputée dans tout le pays pour sa production de céramiques de grande qualité. À l'époque moderne, le secteur industriel s'est modernisé et a connu une véritable croissance, faisant de Foshan l'un des berceaux qui alimente l'industrie nationale.

 

C'est à Foshan qu'est apparu l'opéra cantonais, qui demeure très populaire dans le Guangdong, à Hong Kong, et dans d'autres régions où l'on parle le cantonais. On y trouve également une grande école de kung-fu chinois. La ville possède de nombreuses ressources touristiques, que ce soit sur le plan culturel ou sur le plan naturel, comme par exemple le mont Xiqiao et les parcs Qinghui et Liangyuan.

 

 

Le mont Xiqiao, également surnommé le « phare culturel »
du delta de la rivière des Perles
 
 
 
 

Une ville emblématique de la culture Guangfu

 

Littéralement, Foshan signifie « la montagne du Bouddha ». Selon la légende, en 628, trois statues du Bouddha en bronze furent découvertes à l'intérieur d'une montagne. Lorsqu'elles furent déplacées, une source apparut. Les habitants pensent qu'elles se trouvaient à l'emplacement d'un ancien temple qui avait été érigé par un éminent moine originaire de Shanbin (dans le Cachemire). Ils façonnèrent un puits et reconstruisirent le temple pour adorer les trois Bouddhas. Plus tard, le lieu fut renommé Foshan, la montagne du Bouddha.

 

Foshan et Guangzhou, qui sont géographiquement liées, forment le noyau de la culture Guangfu, une sous-culture particulièrement influente de la culture Lingnan (culture dominante du Sud de la Chine). La culture Guangfu, qui se distingue par l'utilisation du dialecte cantonnais, a une profonde influence dans le delta de la rivière des Perles.

 

L'opéra cantonais, que les habitants de Foshan surnomment « le grand opéra de Guangdong », est sans conteste le joyau de cette culture et a connu son âge d'or au milieu du XVIe siècle lorsque la 1re confrérie s'installa dans la salle Qionghua pour superviser les différentes troupes. La salle, où l'on adorait le fondateur de l'opéra, Hua Guang, accueillait les troupes pour leurs entraînements et leurs répétitions ainsi que pour des échanges. Dans les années 1840, l'opéra cantonais commença à être joué à Hong Kong, nouveau port commercial, puis à Singapour et en Malaisie où l'opéra demeure toujours très populaire.

 

 

L'artisanat est également florissant à Foshan, avec notamment les lampions colorés, le Festival « couleurs d'automne », les papiers découpés et les impressions de peinture sur bois.

 

Le Festival « couleurs d'automne » est un grand carnaval qui a lieu pendant la saison des moissons. Les décorations pour la parade, d'une grande délicatesse, sont fabriquées à la main ; les danses du dragon et du lion sont accompagnées par un shifan (groupe de 10 instruments) et par le Luogugui, un instrument de musique traditionnel. Les accessoires utilisés pour les danses du dragon et du lion sont fabriqués à la main avec du papier et des tiges de bambou. La réalisation de la tête du dragon nécessite à elle seule 1 300 étapes.

 

La cité du kung-fu

 

Riche de plusieurs milliers d'années d'histoire, le kung-fu chinois est un art qui a connu un développement tentaculaire, générant une large variété de styles et de courants spirituels mystérieux. Pour simplifier, le kung-fu traditionnel chinois peut être divisé en deux grandes écoles, l'école du Nord et l'école du Sud. La première est régie par le temple Shaolin, alors que la seconde est basée à Foshan.

 

 

 

Le Wing Chun

 

 

Pendant des siècles, Foshan a été une ville florissante sur le plan économique. Située sur l'artère qui la relie à Guangzhou, ville centrale de la région, Foshan est un lieu stratégique du point de vue militaire. Cependant, la ville est difficile à défendre à cause de son terrain plat et étroit. Les habitants ont donc maintenu la tradition du kung-fu afin d'assurer leur propre défense. Au début du XXe siècle, l'influence du kung-fu se renforça avec l'apparition d'un grand nombre de courants d'art martiaux et de maîtres de boxe. Des écoles de boxe très populaires dans le monde comme le Choy Lee Fut, le Hung-Gar et le Wing Chun ont émergé à Foshan. Des grands maîtres parmi lesquels Wong Fei-hung, Liang Zan et Yip Man y sont nés ou y ont grandi.

 

Bruce Lee est le descendant d'émigrants de Foshan. Intégrant les principes d'autres arts martiaux du monde entier, il a créé une école de combat complètement libre, le Jeet Kune Do. Grâce à lui, le kung-fu traditionnel se retrouva sous les projecteurs hollywoodiens et devint populaire dans le monde entier. Bruce Lee, quant à lui, est devenu l'incarnation du kung-fu chinois.

 

Wong Fei-hung, un autre maître légendaire de kung-fu, a joué un rôle clé dans le développement de l'école du Sud. Né en 1847 dans une famille où l'on pratiquait les arts martiaux, Wong fut initié au kung-fu par son père dès son enfance. Il fut également un docteur en médecine traditionnelle chinoise reconnu pour ses compétences médicales et sa générosité. La figure de Wong inspira plus de 100 films et séries télévisées. Pendant des décennies, il se consacra à l'enseignement et au développement du Hong-Gar. Partout dans le monde, on rencontre ses disciples ou des disciples de ses propres étudiants.

 

À côté, les danses du lion et du dragon tiennent plus du divertissement. Populaires dans tout le pays, elles sont classées selon deux styles, celui du Sud et celui du Nord. Les éléments distinctifs de la danse du lion du sud sont la présence d'une corne sur la tête du lion ainsi que la musique très animée qui l'accompagne et qui lui a valu d'être baptisée le « Réveil du lion ».

 

C'est à Nanhai, division administrative de Foshan, qu'est apparu le style de la danse du lion du Sud qui s'est par la suite répandu dans toute la province, jusqu'au Guangxi et en Asie du Sud-Est. Le style et la couleur de ces fameux « lions du Sud » sont exacerbés afin de refléter la force et la virilité de l'animal. La tête et le corps du lion sont séparés et animés par des acteurs différents. L'accompagnement musical, entraînant et dynamique, est joué par un grand tambour, un grand gong et des cymbales.

 

Le moment central, qui fait la spécificité du spectacle est appelé Caiqing, d'après le nom d'un légume vert qui est suspendu au-dessus d'une pile de bois de deux mètres de haut. Deux lions dansent et combattent pour être le premier à atteindre le sommet de la pile ; le vainqueur est celui qui mange le légume en premier. Ce spectacle palpitant est encouragé par les cris et les acclamations de la foule, ce qui créé une ambiance festive. Foshan est connue en Chine et dans le monde entier pour le travail artisanal de fabrication des lions.

 

 

Une sculpture devant la Guangdong Industrial Design City à Foshan
 
 

Un centre industriel

 

Foshan se situe sur le cours supérieur de la voie navigable qui mène à Guangzhou, ce qui en a longtemps fait une importante plate-forme de transports du delta de la rivière des Perles. Depuis le VIIe siècle, la ville a joui d'un commerce prospère qui a stimulé l'artisanat et d'autres secteurs de production. Au XIVe siècle, Foshan est devenue un centre régional de collecte et de distribution de biens et un centre de production de céramiques, de textiles et d'herbes médicinales. À cette époque-là, la ville avait la même importance à l'échelle du pays que Beijing, Hankou dans la province du Hubei, et Suzhou dans la province du Jiangsu. 

 

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, Foshan fut témoin de l'émergence des industries modernes. C'est à Foshan que furent établies la première usine de bobines moderne et la première usine d'allumettes de Chine. 

 

Avec la mise en place de la politique de réforme et d'ouverture en Chine à la fin des années 1970, Foshan a très vite augmenté sa capacité de production, en particulier dans les domaines de l'électro-ménager, de l'équipement mécanique et des instruments, du matériel en métal et en céramique, du matériel de construction, et des textiles et vêtements. Plus de 500 marques ont été répertoriées comme « marques célèbres » par le gouvernement provincial du Guangdong. Foshan est devenue synonyme d'industrie.

 

Le district de Shunde témoigne de la dynamique de l'industrie chinoise de l'électro-ménager. Il y a environ 30 ans, toutes les usines d'électroménager y ont afflué. Le district héberge des dizaines d'entreprises d'électroménager comme Kelong, Midea et Galanz, pour n'en citer que quelques-unes. Un cinquième des produits électroménagers de Chine y est produit, ce qui alimente sa légende de « plus gros producteur et exportateur d'appareils électroménagers au monde ».

 

Une économie privée florissante alimente plus de 60 % du regroupement économique de Foshan, ce qui représente beaucoup plus que n'importe quelle autre ville de Chine. Désormais, l'industrie s'est tournée vers l'industrie intelligente. Fin 2016, plus de 300 entreprises privées se sont tournées vers l'équipement intelligent, dont une centaine vers le domaine de la robotique.

 

Foshan a plus de 700 ans d'expérience dans la production de céramiques. Le four Nanfeng, construit entre 1506 et 1521, est le plus ancien four à bois allongé (d'où son surnom de four dragon) qui soit encore en usage aujourd'hui. Au moment de son apogée, durant la dynastie des Qing (1644-1911), la ville de Foshan comptait un total de 107 fours. La ville demeure un centre majeur de production de céramiques, et joue un rôle central dans l'industrie de la céramique chinoise.

 

 

Une actrice d'opéra cantonais se prépare en coulisses.
 

 

Liens :

 

 

Le temple des Ancêtres de Foshan :

situé dans le district de Chancheng, le temple des Ancêtres de Foshan fut construit entre 1079 et 1085. Les édifices actuels datent de 1372. La disposition d'ensemble est un parfait exemple de ce à quoi ressemblaient les anciens jardins chinois, avec une influence évidente de la culture Lingnan.

 

Le temple est décoré d'une pléthore de sculptures en terre, en bois et en pierre qui illustrent des récits du folklore local. La scène Wanfu, vieille de 300 ans, est la scène la plus ancienne et la mieux préservée du Sud de la Chine. Juste devant celle-ci s'étend une large terrasse pavée, bordée de chaque côté par deux étages de galeries destinées à l'audience. Aujourd'hui, le temple a été rénové et transformé en musée sur l'architecture locale et les arts traditionnels. L'enceinte comprend le temple, le temple de Confucius et deux mémoriaux dédiés aux maîtres du kung-fu Wong Fei-hung et Yip Man.

 

Pour s'y rendre : prenez la navette qui relie la gare de Guangzhou à la station de Zumiao dans le district de Chancheng ; ou, prenez la ligne 1 du métro de Guangzhou ; à la station Xilang, effectuez le transfert vers le métro de Guangfo, et descendez à la station Zumiao.

 

Le Wing Chun :

sorti récemment, le film Ip Man, basé sur l'histoire de Yip Man, a connu un certain succès et a suscité un engouement national pour le Wing Chun. Cet art martial se caractérise par la défense positive et les mouvements efficaces. Par rapport à d'autres écoles, la spécificité du Wing Chun est de chercher à soumettre l'ennemi aussi vite que possible afin de limiter les coups infligés à celui-ci. Plus d'une dizaine de versions circulent quant à l'origine de cet art martial mais une chose est certaine, c'est que c'est à Foshan que le Wing Chun a forgé sa réputation. En 1949, Yip Man, alors âgé de 57 ans, partit s'installer à Hong Kong où il commença à enseigner le Wing Chun à des disciples issus de tous les milieux de la société ; Bruce Lee fut l'un d'entre eux. En 2014, le Wing Chun est entré dans la quatrième catégorie de la liste nationale du patrimoine immatériel.

 

La zone touristique de Nanfeng :

située dans le bourg de Shiwan, la zone touristique, centrée autour de l'ancien four, fonctionne comme un centre de tourisme, de formation, de conférences et de shopping. Répertoriée parmi les zones touristiques de type AAAA, les touristes peuvent participer à des programmes interactifs qui incluent des ateliers pratiques autour du four ainsi que des activités traditionnelles locales comme la danse du lion, les arts martiaux, le découpage de papier et l'opéra cantonais.

 

Pour s'y rendre : prenez le bus 109, 120 ou 137 et descendez à la station Nanfeng Guzao.

 

 

 

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