CHINAHOY

2-June-2017

La cité du printemps et des saveurs

 

Photo prise le 12 janvier 2017, dans le parc Haigeng à Kunming, au bord du lac Dianchi

 

Kunming n'est pas le genre de ville qui vous jette ses merveilles à la figure. Sachez découvrir le charme discret de la capitale du printemps.

 

JIAO FENG, membre de la rédaction

 

Kunming, capitale du Yunnan, trône sur le plateau du Yunnan-Guizhou dans le Sud-Ouest de la Chine. Une des villes clé de la région et la porte de l'Asie du Sud, elle fut pendant près de deux millénaires une ville-étape sur la Route de la Soie du Sud, rendez-vous des marchands et lieu de rencontre des cultures, avant, plus récemment, de se retrouver sur l'un des tronçons de l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie.

 

Kunming jouit à la fois d'un climat tempéré et d'une biodiversité foisonnante. La ville est entourée sur trois côtés par des massifs montagneux, le quatrième côté s'ouvrant sur le lac Dianchi, le plus grand de la province. Les températures y sont modérées tout au long de l'année et on voit les plantes fleurir à tour de rôle en toute saison, ce qui a valu à Kunming ses surnoms de « ville du printemps » ou de « capitale des fleurs ».

 

Un milieu multi-ethnique

 

Les historiens se disputent sur l'origine du nom de Kunming, mais la théorie la plus généralement acceptée indique qu'il proviendrait du nom d'un ancien groupe ethnique qui habitait autrefois le Sud-Ouest de la Chine.

 

Des archéologues ont découvert en 1965 des restes, plus précisément, deux incisives, de l'« homme de Yuanmou » dans le district éponyme situé à 170 km au nord-ouest de Kunming. On suppose qu'il a vécu voici 1,7 million d'années, ce qui fait de lui le premier Chinois connu. D'autres peuplades anciennes sont venues s'installer autour du lac Dianchi voici environ 4 000 ans, qui vivaient à l'époque de cultures, de chasse et d'élevage.

 

Au premier siècle de notre ère, la dynastie Han (202 av. J.-C. – 220) a élargi sa zone d'influence vers le Sud-Ouest, mettant en place des institutions de gouvernement local dans la région qui entoure le lac Dianzhi. Ce n'est que plus tard que le Yunnan fut placé directement sous les autorités centrales. Avec l'arrivée de Chinois hans, qui apportaient les techniques avancées et la culture en provenance des régions côtières, le Yunnan s'est développé économiquement. Une nouvelle réunification de la Chine, sous la dynastie Yuan (1271-1368), a été à l'origine de la création, en 1276, du Secrétariat de la branche du Yunnan (c'est à dire une division administrative correspondant au niveau de la province) dont Kunming devint le centre politique, économique et culturel.

 

Depuis des siècles, Kunming abrite 26 groupes ethniques, parmi lesquels on compte entre autres les Hans, les Yi, les Hui et les Bai. Ces peuples, vivant et travaillant côte à côte, ont appris à cohabiter en bonne intelligence, tout en conservant leurs traditions et leurs traits culturels respectifs, qui s'illustrent dans leurs costumes traditionnels, leurs habitations et leurs spécialités culinaires.

 

Les morceaux de dalles en pierre que l'on peut observer dans le parc de Jiaoye, à l'ouest de Kunming, dont la surface est criblée de marques de sabots de cheval, sont les témoins de l'ancienne Route du thé et des chevaux, dont le commerce se faisait à dos de cheval entre le Yunnan, le Sichuan et le Tibet. Une route commerciale qui a connu son âge d'or à l'époque où les premières caravanes apportaient du thé des deux provinces du Sud-Ouest en échange de chevaux et d'herbes médicinales en provenance du Tibet.

 

Les groupes ethniques qui vivent ici ont développé leurs cultures distinctives dans les différentes enclaves créées par la géographie accidentée du Sud-Ouest chinois, séparées par des chaînes de montagnes et des rivières infranchissables. La Route du thé et des chevaux les reliait entre eux, rendant possibles les échanges, les interactions et une intégration mutuelle, dans un creuset de diversité culturelle.

 

Les portiques Jinma et Biji, des constructions emblématiques de Kunming

 

Héroïsme dans la Seconde Guerre mondiale

 

Kunming joue un rôle clé dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Chine. Après avoir envahi la Chine en 1931, les armées japonaises ont occupé le Nord et les régions côtières de l'Est du pays. C'est à Kunming qu'a échu le rôle de rassembler l'arrière-pays pour mener la résistance armée contre l'envahisseur.

 

Tout de suite après le début de la guerre du Pacifique, en 1941, les forces japonaises se sont emparées du Myanmar (la Birmanie à l'époque) avant d'entrer sur le territoire chinois où elles ont occupé une terre d'environ 30 000 km² à l'ouest de la rivière Nujiang. Cette fois, le Yunnan se trouvait en première ligne dans la lutte contre l'agresseur.

 

Les principales villes côtières chinoises, comme Tianjin, Shanghai, Guangzhou, Shantou ou l'île de Hainan étaient occupées par les armées japonaises, coupant pratiquement toute communication internationale entre la Chine et le reste du monde, y compris celles passant par Hong Kong. Les passages terrestres qui subsistaient dans le Sud-Ouest chinois constituaient donc les dernières artères d'approvisionnement du pays pour sa guerre contre l'envahisseur nippon. La voie ferrée Yunnan-Vietnam, la route Yunnan-Birmanie, « la Bosse », la route de Stilwell et un pipeline reliant la Chine à l'Inde en traversant le Yunnan ont ainsi joué un rôle absolument déterminant pour la bataille contre l'agression japonaise.

 

« La Bosse » est le surnom que les aviateurs alliés donnaient au trajet des avions de transport militaire qui franchissaient l'Himalaya pour relier l'Inde et la Chine et fournir du matériel à l'effort de guerre chinois, pour lequel Kunming servait de point de départ et d'arrivée.

 

Ces ponts aériens de la Bosse ont commencé en 1942 et se sont poursuivis jusqu'à la fin de la guerre, suivant un trajet de 800 km à une altitude maximale de 7 000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les aviateurs sur la Bosse devaient franchir des sommets enneigés, des vallées glacées, des forêts tropicales, des forêts vierges et des zones occupées par les Japonais. Turbulences, air raréfié, avec souvent le verglas qui s'accumulait sur les ailes et le fuselage, tout cela rendait ce trafic aérien particulièrement dangereux. Mais ces liaisons aériennes ont permis à la Chine d'envoyer des soldats en Inde pour y combattre les troupes japonaises, et aussi d'obtenir des approvisionnements militaires vitaux d'armes et de gazole.

 

La Bosse était le trajet le plus dangereux de l'histoire militaire pour le transport aérien. Plus de 3 000 pilotes américains y ont laissé leur vie et plus de 1 500 avions y ont été perdus, soit près de 80 % de l'ensemble des avions et équipages qui y ont été affectés. La Chine y a perdu 48 avions et 168 pilotes, soit la moitié de ses forces aériennes de l'époque.

 

Le nombre de débris que l'on pouvait trouver dans les vallées qui entourent la Bosse était tel qu'on les a appelées les « vallées de l'aluminium », car on y voyait les fragments métalliques déformés y briller au soleil. Les habitants de la région ont fait ce qu'ils pouvaient pour secourir les équipages des avions américains qui s'écrasaient. La Bosse a prélevé un lourd tribut humain sur les Chinois et les Américains qui se sont portés volontaires pour risquer leur vie dans la lutte contre le fascisme.

 

Un mémorial de 10 mètres de haut dédié aux vols de la Bosse orne aujourd'hui le parc de Jiaoye pour honorer la mémoire de ces héros. De loin, il ressemble à un avion sur le point de décoller, et il porte le témoignage des efforts, des sacrifices et de l'amitié qu'ont partagé ces braves aviateurs chinois et américains.

 

Les « nouilles qui franchissent le pont »

 

Ville du printemps, capitale des fleurs

 

Kunming est réputée pour ses quatre saisons de printemps et pour le fait que les fleurs s'y épanouissent à tour de rôle toute l'année. Les Chinois de l'Antiquité célébraient déjà Kunming pour cette particularité qui en faisait un lieu absolument unique.

 

C'est la position géographique très particulière de Kunming qui lui vaut ce climat de printemps perpétuel. Avec une température moyenne située autour de 15°C et des variations de température très faibles au cours de l'année, elle mérite bien son surnom de « ville du printemps ».

 

La flore prospère dans le climat tempéré de Kunming qui ne manque ni de soleil, ni de pluie. Que l'on se trouve dans un parc, à flanc de coteau ou dans un jardin, voire même sur un balcon, et quelle que soit la période de l'année, on est constamment entouré d'un feu d'artifice de pétales multicolores. Comme on dit ici, à Kunming, pas un jour ne passe sans qu'une fleur n'éclose.

 

 

La Chine au présent

 

 

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