CHINAHOY

23-January-2017

Le Coq tout feu tout flamme !

 

(France) CHRISTOPHE TRONTIN

 

Le monde vient d'entrer en fanfare dans l'année du Coq. Qu'est-ce que cela signifie ? Que doit-on attendre de cette nouvelle année selon le calendrier chinois, quelles surprises, bonnes ou mauvaises, nous réserve le fameux gallinacé ?

 

L'astrologie chinoise s'est développée à partir de la dynastie Zhou (1046–256 av. J.-C.) avant de connaître une apogée pendant la dynastie Han (IIe siècle av. J.-C. – IIe siècle de notre ère). Elle combine des observations astronomiques (le cycle des cinq planètes visibles à l'œil nu) aux propriétés des « éléments » que l'on connaissait alors (le feu, la terre, l'eau, l'air et le métal) et à d'autres éléments de la philosophie chinoise classique comme le yin et le yang, la terre et le ciel, et même des notions morales pour former un système complexe de valeurs, de recommandations et d'interdits.

 

C'est indéniable : le zodiaque chinois influence la vie des gens, puisqu'il sert de base à de nombreux rituels liés à la prise de décision. C'est en fonction de l'astrologie chinoise que l'on définit la date d'un mariage, que l'on décide de se lancer ou non dans une affaire risquée ou que l'on recherche la solution aux problèmes familiaux, puisqu'elle est censée régir la compatibilité des caractères.

 

En Chine, mais aussi dans le reste du monde, l'Internet, la presse et les magazines se remplissent comme chaque année d'articles qui détaillent en termes vagues mais péremptoires les risques et les opportunités qu'apporte la nouvelle année, mettent en garde leurs lecteurs contre les excès, l'impatience ou les comportements à risque, tout en les rassurant sur le retour de l'être aimé, sur la fortune qui ne pourra pas se dérober plus longtemps, esquissant les succès sans précédent qui seront au rendez-vous cette année, en particulier pour les natifs du signe du Coq.

 

Suivant la mythologie du zodiaque chinois, le Coq symbolise l'entraide, le perfectionnisme, la droiture, la volonté d'améliorer le monde, des qualités que l'on est censé retrouver dans le caractère des personnes nées sous ce signe. Qualités qui s'accompagnent parfois d'un activisme excessif, d'une énergie débordante et brouillonne, susceptible de se disperser, voire de froisser ou d'effrayer leur entourage.

 

La course des animaux

 

Une ancienne légende chinoise relate les débuts du zodiaque chinois sous la forme d'une course organisée par le mythique Empereur de Jade. Il avait convoqué les animaux du zodiaque en décrétant que désormais, les années seraient nommées en leur honneur et suivant leur ordre d'arrivée auprès du monarque. Comme l'épreuve comprenait la traversée d'une rivière, et que le Chat comme le Rat étaient de très mauvais nageurs, ceux-ci prirent place sur le dos du Buffle. Celui-ci, suivant sa nature forte et bienveillante, accepta sans rechigner ces deux passagers. Le Rat, personnage pragmatique mais peu encombré de scrupules, poussa le Chat dans l'eau et ce dernier se noya, ce qui explique son absence dans le zodiaque chinois. Alors que le Buffle s'approchait du bord de la rivière, le Rat en profita pour sauter sur le rivage et arriva ainsi premier à la convocation de l'Empereur.

 

Juste derrière le Rat, c'est donc le Buffle qui obtient la seconde place, précédant de peu le Tigre, qui expliqua sa troisième place par les courants et les tourbillons qui le repoussaient vers le centre du fleuve et qu'il ne pouvait surmonter qu'à grand-peine. On entendit alors s'approcher le trot rapide du Lièvre. Médiocre nageur, il avait commencé par sauter sur les cailloux qui dépassaient de l'eau, et la chance avait voulu qu'un tronc dérive par là pour le mener à bon port. Il était suivi de près par le dragon volant. L'Empereur de Jade interrogea ce dernier : « Comment se fait-il qu'un animal aussi rapide que toi, et surtout capable de voler, n'arrive pas le premier ? » Le dragon expliqua qu'il avait dû s'arrêter en chemin pour faire tomber des pluies abondantes et aider des personnes et des créatures souffrant de la sécheresse. Alors qu'il allait se remettre en chemin, voilà qu'il aperçut le Lièvre agrippé à un tronc d'arbre et qu'il décida de l'aider en le poussant d'un souffle vers le rivage. L'Empereur de Jade apprécia à sa juste valeur ces bonnes actions du Dragon et celui-ci fut ajouté au zodiaque. C'est alors que le galop d'un Cheval se fit entendre. Le Serpent s'était enroulé sur le sabot du Cheval, et ce dernier qui venait de s'en apercevoir eut un mouvement de recul qui lui valut la septième place, alors que le Serpent occupa la sixième.

 

Peu après on vit la Chèvre, le Singe et le Coq approcher du rivage. Les trois avaient dû coopérer et s'entraider pour parvenir à bon port. Le Coq avait repéré un radeau et invité les deux autres animaux à se joindre à lui. La Chèvre et le Singe l'avaient aidé à débarrasser le radeau des algues qui le retenaient et tous les trois étaient parvenus à le diriger dans le courant. Satisfait de cet effort concerté, l'Empereur de Jade attribua la huitième place à la Chèvre, la neuvième au Singe et plaça le Coq à la dixième place.

 

Si le Chien, pourtant rapide et bon nageur, n'arriva que onzième, c'est parce que sa nature joueuse avait pris le dessus sur son sens du devoir et qu'il n'avait pas pu résister à la tentation de se baigner un peu plus longtemps dans les vagues. Alors que l'Empereur allait déclarer la course terminée et le zodiaque complet, on entendit soudain un grognement lointain. C'était le Porc, qui s'était senti affamé pendant la course et qui avait fait une pause pour se nourrir, avant de s'endormir. Il finit la course de justesse et hérita de la douzième et dernière place.

 

Cette petite histoire résume les différentes qualités des douze animaux qui représentent les caractères fondamentaux : ruse, honnêteté, orgueil, force, altruisme, détermination, entraide, ambition, prudence, gourmandise, etc. Des caractères que l'on aime reconnaître, que ce soit en Chine ou ailleurs, dans les personnes et les événements marqués par telle ou telle année. Alors que l'année écoulée s'en va, inoffensive, vidée des malheurs et des bonheurs qu'elle devait contenir, comment ne pas redouter l'année nouvelle qui déboule, mystérieuse comme un monstre inexorable, immense, imprévisible, qui arrive dans nos vies pour y semer le désordre et peut-être la désolation ? C'est en tout cas le sens de la légende du monstre Nian et celle qui explique pourquoi, en Chine comme désormais dans le monde entier, il est de bon ton de faire éclater des pétards, de célébrer bruyamment et de lancer des toasts sonores pour accueillir la nouvelle année.

 

La légende du monstre Nian

 

Selon cette légende, les villageois de l'Empire du milieu redoutaient Nian, un monstre à la tête allongée et aux cornes pointues qui vivait dans les profondeurs du lac et qui chaque année refaisait surface pour dévorer hommes, femmes, enfants et têtes de bétail.

 

C'est pourquoi les villageois avaient pris l'habitude, à la veille de la nouvelle année, de quitter leurs maisons pour se réfugier aussi loin que possible dans les montagnes afin d'échapper au chaos que Nian n'allait pas manquer de semer dans les environs. Les gens vécurent dans la hantise du monstre Nian jusqu'au jour où un vieil homme à la barbe blanche et à l'aspect farouche vint s'installer dans le village.

 

La date du changement d'année approchant, le nouveau venu refusa tout net d'aller se cacher dans les montagnes. Retranché dans sa maison, il parvint à détourner la folie destructrice du monstre en faisant éclater les pétards de l'époque qui étaient des bambous que l'on passait sur le feu et qui produisaient des détonations impressionnantes. D'autre part, il avait aussi allumé des bougies dans sa maison, enfilé des vêtements de couleur rouge et appliqué des affiches rouges sur les côtés de sa porte d'entrée qui portaient les noms des deux gardiens mythologiques du royaume de l'au-delà. En revenant au village, ses voisins eurent la surprise de le trouver sain et sauf, et leur village épargné.

 

C'est depuis ces temps reculés, autour de l'an 1000, que chaque année, les Chinois imitent le vieil homme farouche pour effrayer le monstre Nian et prévenir sa folie meurtrière. Pétards, taofu autour des portes, vêtements de couleur saluent l'arrivée de la nouvelle année.  

 

 

La Chine au présent

 

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