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Une économie chinoise mieux coordonnée par la coopération régionale
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À Wushan, près de Chongqing, un cargo navigue sur le Yangtsé. |
LI YUAN, membre de la rédaction
Wang Wei, habitant de Tianjin, est souvent envoyé en mission à Bazhou et il emprunte la navette pour rejoindre cette ville. Ce 28 décembre 2015, à 12h14, le train G6272 en provenance de Handan Est arrive en gare de Bazhou ouest. Wang Wei est le premier passager de cet express qui relie désormais Bazhou à Xushui par la voie ferrée. « Autrefois, on mettait deux heures et demie en autocar de Tianjin à Bazhou. Grâce à ce train express, 40 minutes. » La mise en service de l'express sur la ligne Bazhou-Xushui s'inscrit dans l'intégration prévue des infrastructures de Beijing, de Tianjin et du Hebei. Cela facilite beaucoup les déplacements de Wang Wei.
En mars 2016, le premier ministre Li Keqiang a déclaré qu'il faudrait appliquer de manière coordonnée la combinaison stratégique des Quatre plaques et des Trois ceintures d'appui. Ces « plaques » sont les Routes de la Soie terrestre et maritime, la ceinture économique du Yangtsé et la zone de développement coordonné de Beijing, Tianjin et du Hebei. La stratégie des Routes de la Soie terrestre et maritime s'articule sur la construction de ponts, de ports fluviaux et maritimes, d'oléoducs et de gazoducs. La zone de développement coordonné de Beijing, Tianjin et du Hebei se concentre sur l'intégration des communications, la protection de l'environnement et la reconversion des industries. Enfin, la ceinture économique du Yangtsé doit développer le transport fluvial et faciliter un transfert progressif des usines vers les régions centrales. Malgré la disparité de leurs missions, ces ceintures d'appui font partie d'un même développement coordonné par la coopération régionale qui vise à trouver une nouvelle clé de croissance économique pour le pays et de nouvelles forces motrices.
Symphonie des Routes de la Soie terrestre et maritime
Les nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime représentent une option stratégique majeure pour le développement économique chinois. Elles mettent fin aux limitations dues à des politiques régionales disparates et confinées à l'intérieur des frontières du pays, et l'accent sur l'action conjointe à l'intérieur et à l'extérieur du pays et mobilisent, dans un espace encore plus vaste, les marchés intérieur et extérieur ainsi que leurs diverses ressources.
Au début, cette stratégie a fait l'objet d'une certaine circonspection et a fait débat, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Mais à mesure qu'elle progressait, les doutes ont commencé à se dissiper. C'est parce que l'on s'aperçoit que cette stratégie est conforme non seulement au développement de la Chine, mais aussi aux désirs de coopération des pays voisins. À ce jour, une soixantaine de pays riverains ont apporté leur approbation et leur soutien à cette initiative chinoise. La Chine a déjà signé des accords de coopération avec la Russie, le Tadjikistan, le Kazakhstan, le Qatar, le Koweït sur la construction des Routes de la Soie terrestre et maritime. C'est ce qu'a rappelé Zhang Yunling, membre du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) et spécialiste des questions internationales de l'Académie des sciences sociales de Chine.
Toujours en mars, Xu Shaoshi, président de la Commission nationale du développement et de la réforme, a présenté aux journalistes les progrès réalisés l'année dernière dans le cadre de la stratégie des Routes de la Soie terrestre et maritime. Premièrement, l'élaboration du plan est achevée et comprend la mise au point d'un mécanisme de fonctionnement et un plan d'exécution progressive. Sur le plan international, l'accueil est large et chaleureux. Une trentaine de pays ont signé avec la Chine le mémorandum d'entente sur la construction en commun des Routes de la Soie terrestre et maritime. Les principaux éléments de la charpente sont ainsi fixés et les travaux de construction peuvent commencer. Les investissements et le commerce se développent vigoureusement dans ce cadre.
Deuxièmement, la coopération en matière de capacités de production progresse. En 2015, des équipements chinois et des capacités de production de qualité, dans les domaines ferroviaire et de l'électricité nucléaire, ont été livrés et des premiers pas importants ont été réalisés. Par exemple, une ligne de chemin de fer à grande vitesse est en cours de construction entre Jakarta et Bandung. Une autre, reliant le Brésil au Pérou d'un océan à l'autre, est actuellement à l'étude. Des capacités de production modernes dans l'acier, les métaux non-ferreux et les matériaux de construction ont commencé à être transférées massivement vers l'étranger.
Troisièmement, les contrats de construction d'infrastructures signés dans les pays étrangers entraînent une croissance rapide des exportations d'équipements chinois. L'année dernière, les investissements directs à l'étranger ont atteint 118 milliards de dollars, soit une augmentation de 14,7 %. Le montant des contrats signés a lui connu une augmentation de 9,5 %, pour un total de 210 milliards de dollars. La coopération bilatérale et multilatérale en capacités de production et la coopération sur des marchés tiers connaissaient elles aussi une accélération.
Mais toute médaille a son revers. Certains experts appellent à ne pas minimiser les risques que crée ce développement rapide.
Le 8 mars, au cours d'une conférence de presse, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a comparé les Routes de la Soie terrestre et maritime à une symphonie, par opposition à un solo qui serait joué par la seule partie chinoise. Il a insisté sur l'idée du développement conjoint et sur le but de la coopération mutuellement profitable. La Chine s'est toujours attachée à lier sa stratégie de développement à celle des autres pays et à s'intégrer dans les mécanismes de coopération régionale existants.
Le député et gouverneur adjoint de la province du Gansu, Xia Hongming, a estimé que ces propos soulignent le principe de l'égalité, de l'aide mutuelle, de l'avantage réciproque et du gagnant-gagnant, tout en recommandant aux parties de procéder aux enquêtes et aux recherches préalables nécessaires, d'étudier minutieusement la situation politique, économique, culturelle, sociale et religieuse des pays partenaires, afin d'assurer la bonne exécution du projet. Quelques 60 pays participent à divers degrés aux Routes de la Soie terrestre et maritime. Tous sont très différents sur le plan culturel. La plupart d'entre eux sont des pays peu développés, souvent dans une situation géopolitique instable et souffrant de survivances de litiges ethniques. L'entreprise chinoise doit mener une évaluation objective et exacte des risques dans les pays où elle investit, afin d'y préserver ses droits.
Aménagement rationnel de Beijing, Tianjin et du Hebei
« En 2014, le développement coordonné de Beijing, Tianjin et du Hebei a été intégré à la stratégie de l'État. Depuis, l'intégration de ces trois unités administratives avance vers une optimisation du réseau de communications et le traitement conjoint de l'environnement écologique, a affirmé Li Chaogang, membre du Comité permanent de l'Assemblée populaire municipale de Beijing.
Cette année, le Rapport d'activité du gouvernement a mentionné à nouveau ce développement coordonné qui, a précisé le premier ministre Li Keqiang, a déjà obtenu des succès substantiels en ce qui concerne l'intégration des communications, la protection de l'environnement et l'élévation du niveau et le transfert des industries.
« Tangshan possède une solide base industrielle, a expliqué Sun Wenzhong, député et président du Conseil d'administration de la société gestionnaire du port de Tangshan. Son industrie est particulièrement développée pour la production des produits de base, et elle possède des actifs industriels et sociaux solides. La ville compte plusieurs entreprises de renommée mondiale et des ouvriers qualifiés. Tablant sur cette supériorité ainsi que sur le transfert d'industries de Beijing et de Tianjin, Tangshan accélère sa reconversion et son optimisation, mène à bien le raccordement de ses industries, accélère sa modernisation des industries traditionnelles et reçoit des industries manufacturières avancées transférées d'autres centres industriels, développant ainsi de nouvelles industries stratégiques. » Selon lui, le parc industriel de Caofeidian à Tangshan est l'une des sept bases nationales de l'industrie pétrochimique. Avec le développement coordonné de Beijing, Tianjin et du Hebei, il assumera davantage de commandes pour approvisionner la zone en pétrole et en matières premières chimiques.
Rong Jianxun, membre du Comité national de la CCPPC et secrétaire du Comité du travail de la zone des nouvelles et hautes technologies Binhai de Tianjin, a déclaré que le transfert des industries suit une loi économique. Une industrie doit se transférer là où tout favorise son développement. Selon lui, Beijing possède une supériorité nette en ce qui concerne les recherches scientifiques et le personnel qualifié. Tianjin a sa propre supériorité, celle des industries de l'économie réelle, des industries manufacturières, de la navigation et des services financiers. La province du Hebei dispose quant à elle d'abondantes ressources terriennes. En conséquence, le député et président de la Commission municipale de l'industrie et de l'information de Tianjin Li Chaoxing a proposé lui aussi de « tirer profit de la supériorité de Beijing dans l'innovation scientifique et technique, de celle de Tianjin en termes d'industries manufacturières et du rôle complémentaire du Hebei, afin de planifier la coordination et le raccordement de ces industries, de développer une collaboration efficace entre les industries, et de faire progresser harmonieusement l'innovation scientifique et technique pour accélérer le développement des industries manufacturières avancées. »
Dans la stratégie relative au développement coordonné de Beijing, Tianjin et du Hebei, le rôle dévolu à Tianjin consiste à établir une base de recherches et de développement pour les industries manufacturières avancées. C'est dans ce contexte que la ville projette d'agrandir plusieurs groupes de ce type d'industries que de former plusieurs entreprises compétitives, ainsi qu'un certain nombre d'entreprises de plus petite taille, fortes sur un plan scientifique et technique, et des produits de haute technicité. Tianjin compte coopérer avec le Zhongguancun de Beijing pour mettre sur pied cinq quartiers d'innovation dont Wuqing et Beichen, unir les forces consacrées aux recherches scientifiques de Beijing, Tianjin et du Hebei, pour surmonter les difficultés techniques et déployer au maximum l'effet global des ressources humaines en recherches scientifiques.
Le Programme global du développement coordonné de Beijing, Tianjin et du Hebei a été étudié et approuvé. Il y est stipulé l'orientation globale de cette zone et des villes et province respectives, et les objectifs de long, moyen et court termes de leur développement coordonné. Ce programme régional à l'échelon étatique attire des investissements colossaux et modifie considérablement la carte industrielle des deux villes et de la province. Le Hebei et Tianjin, relativement moins développées que Beijing, bénéficieront d'un vaste espace de développement.
Développement coordonné le long du Yangtsé
J'habite en amont du Yangtsé,
Et toi, tu habites en aval.
Je pense à toi tous les jours sans te voir.
Mais nous buvons l'eau du même fleuve.
Ce passage d'un poème d'amour de la Chine antique évoque la place qu'occupe ce fleuve dans la culture chinoise alors que se construit la ceinture économique du Yangtsé.
Pourtant il fallait bien constater la dégradation de l'environnement le long du grand fleuve, due aux usines de l'industrie lourde qui y sont implantées. On compte 10 000 usines chimiques, cinq complexes sidérurgiques, sept grandes raffineries. Les usines pétrochimiques longeant le Yangtsé représentent la moitié de la capacité de production nationale. « Poursuivre une telle exploitation de ce fleuve conduirait à sa destruction », a déclaré M. Zhong Qingjian, député et directeur adjoint de la Division de protection de l'environnement du Sichuan. « Les déchets accumulés depuis de nombreuses années dégradent cette artère nourricière. »
Ce cadre, qui travaille depuis longtemps sur le front environnemental, s'est rendu dans toutes les villes bordant le fleuve. Les sites industriels chimiques, les bateaux polluants et les sols gorgés d'engrais chimiques étaient pour lui un sujet de préoccupation constante.
Le projet du XIIIe Plan quinquennal stipule la promotion du développement de la ceinture économique du Yangtsé, mais aussi un renforcement de la protection des ressources hydrauliques et le traitement de la pollution de l'eau. La restauration de l'environnement écologique constitue la première priorité. Comment assurer un développement durable le long du Yangtsé ? Le plan fourmille de directives à ce sujet : établissement d'un corridor de communications complexes et pluridimensionnelles de haute qualité ; optimisation de la disposition des villes et des industries riveraines…
Parallèlement, les provinces et villes riveraines du fleuve cherchent à organiser leur transformation industrielle en se concentrant sur le développement d'industries stratégiques et de services modernes, sur les technologies informatiques, les sciences de la vie et l'ingénierie intellectuelle, sur l'établissement de nouveaux systèmes industriels, la réduction des émissions et le traitement et le retraitement des eaux usées.
M. Cai Hongzhu, député et président du Conseil d'administration du groupe Daohuaxiang, a remarqué que l'application de la stratégie de ceinture économique du Yangtsé favoriserait le développement coordonné des zones Est, Centre et Ouest du pays, offrirait une nouvelle force motrice aux régions riveraines et de nouvelles opportunités aux entreprises.
L'État vient de diviser la ceinture économique du Yangtsé en trois groupes de villes : celles du delta, celles du cours moyen et celles de la région Chengdu-Chongqing en amont. Entre les deux premières catégories de villes, l'État a défini un sous-groupe de villes riveraines de l'Anhui qui forment un trait d'union entre Shanghai et Wuhan, et qui seront chargées de conduire le développement coordonné de l'Anhui.
Le membre du Comité national de la CCPPC et recteur de l'Université économique et financière de Nanjing, Liu Zhibiao, a fait remarquer ceci : tout en constatant l'occasion offerte par la ceinture économique du Yangtsé d'une reconversion économique et d'un développement en profondeur, il faut être prudents sur le choix des projets afin d'éviter non seulement les constructions superflues, mais aussi le transfert d'entreprises polluantes ou de capacités de production excédentaires.
« Par un transfert échelonné des industries et l'accélération du développement, il ne faut pas suivre aveuglément les expériences que l'Est du pays a connues, soit la formule "pollution, puis réhabilitation ". Nous devons élever la capacité d'innovation locale, favoriser autant que possible la construction d'entreprises à haute valeur ajoutée et à forte concentration de savoir, et la modernisation des industries de toute la ceinture économique du Yangtsé », conclut Liu Zhibiao.
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