CHINAHOY

23-December-2010

Vivre mieux avec moins de CO2

ZHAO YAYUAN

Les grands changements s'obtiennent en accumulant les petits gestes au quotidien, c'est d'autant plus vrai concernant l'écologie. Que faire pour améliorer notre environnement?

«SIX bonnes habitudes pour réduire votre empreinte carbone à table, cinquante conseils pour une vie à faible émission de carbone, remplacer vos factures traditionnelles par des factures électroniques... » Voici quelques titres sur un groupe en ligne du site communautaire chinois Douban. Leur mot d'ordre est « Avez-vous réduit votre empreinte carbone aujourd'hui? » Jusqu'à présent, 1 376 personnes ont rejoint ce groupe particulier, mais Douban comporte une vingtaine de groupes similaires, non officiels, car ils ont tous été lancés par des internautes ordinaires.

Pour la plupart des Chinois, la notion de « faible intensité en carbone » est entrée dans le vocabulaire courant il y a seulement deux ans. Mais bien avant que ce nouveau terme soit inventé, de nombreux Chinois vivaient déjà sur un mode de vie respectueux de l'environnement, en utilisant l'électricité et l'eau avec parcimonie.

Trier les ordures permet de réduire son empreinte carbone.

Commencer à petite échelle

Wei Ning, 28 ans, employée dans une banque étrangère à Nanjing (Jiangsu), a toujours pris les questions de protection de l'environnement et de faible empreinte carbone au sérieux. « J’applique beaucoup de petites choses qui font une différence : imprimer les feuilles de papier sur les deux faces, utiliser les transports en commun ou un vélo, éteindre les lumières et les appareils électriques avant de quitter un endroit, utiliser des sacs en tissu plutôt qu'en plastique au supermarché. »

Même pendant les journées d'été torrides, Mme Wei met rarement son climatiseur à moins de 26 °C. À son avis, un mode de vie à faible empreinte carbone exige d'adapter ses habitudes de vie pour qu'elles contribuent à économiser l'énergie et à protéger l'environnement. Une fois ses principes adoptés, une vie à faible empreinte carbone est facilement réalisable. Récemment, elle s'est intéressée à la culture des plantes, car en tombant sur une calculatrice d'émissions de carbone sur Douban, elle a appris qu'on pouvait compenser celles-ci en faisant pousser des plantes. Après utilisation, elle a constaté que l'équivalent en émissions de CO2 de 140 kWh d'électricité consommée pouvait être neutralisé en plantant un arbre. C'est pourquoi elle a acheté plusieurs plantes d'intérieur et les a disposées sur le balcon. « En voyant simplement tout ce vert, j'ai l'impression que l'air est plus frais », explique-t-elle.

Être diligent et économe sont des vertus traditionnelles en Chine, et Mme Wei a été profondément influencée par ses parents à cet égard. « Tout comme papa et maman, lorsque je mange hors de chez moi, je ne commande jamais trop afin d'éviter de gaspiller la nourriture. Et c'est une bonne façon d'économiser de l'argent. » Comme elle en a été témoin, une économie sous-développée et la pauvreté qui en résulte ont fait que la génération de ses parents a dû adopter un mode de vie économe. Maintenant, les gens plaident pour une vie à faible empreinte carbone pour des raisons environnementales. Deux motivations différentes, mais un objectif commun : le développement à long terme de l'humanité. « De petites choses, comme éteindre les lumières lorsque vous quittez une pièce, sont une contribution à la protection de l'environnement, et pour les générations futures. Je crois que "des grains de sable empilés forment une pagode" et que l’accumulation de beaucoup de petites choses crée quelque chose de grand. Si nous sommes tous attentifs à la protection de l'environnement dans tous les aspects de nos vies, l'effet sera incommensurable », affirme-t-elle.

Long Yuanfang, étudiante à l'Université des Affaires étrangères de Chine, partage l’avis de Wei Ning sur la question : « D'une part, le gouvernement doit promulguer des lois pour influencer le comportement des gens; d'autre part, les individus doivent jouer leur rôle, comme planter des arbres, recycler l'eau et trier leurs déchets. » Elle nous a dit qu'en tant que membre de l'Organisation de protection de l'environnement de son université, elle participe souvent à des activités diverses.

Wei Ning et Long Yuanfang veulent contribuer d'une manière discrète : ce n'est cependant pas le style de tout le monde. D'autres, comme les jeunes mariés Wang Jin et Yu Yan, préfèrent une action plus « visible » afin de crier haut et fort leur envie d'un mode de vie à faible empreinte carbone et d'influencer plus de gens. Cet heureux couple de la ville de Jinzhou (Liaoning) a décidé de terminer son cortège de mariage en enfourchant un vélo! Cette action a certainement attiré l'attention de la population locale sur le message « moins de voitures, moins de déchets ».

He Jiao nettoie sa nouvelle maison écologique à Daping (Sichuan), le premier essai d’écovillage à faible empreinte carbone de Chine.

Faisons-le!

Selon un sondage, plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre sont causées par les transports, donc prendre les transports en commun est l'un des moyens les plus efficaces pour réduire celles-ci. Lin Rui, 32 ans, préfère aller au travail tous les jours en métro. « Il y a trois ans, j'ai pensé à acheter une voiture, mais finalement j'ai décidé que non. Le métro est plus pratique et je peux éviter les embouteillages, a-t-il expliqué. En plus, ça permet d'économiser de l'argent! Ça me coûte moins de 100 yuans par mois. Si j'avais une voiture, le prix serait probablement dix fois plus important si on prend en compte tous les frais de fonctionnement, le carburant et le stationnement. » Le gouvernement municipal de Beijing s'efforce d'encourager l'utilisation des transports publics de manière à réduire les gaz d'échappement. Il a fixé un tarif raisonnable de deux yuans pour l'ensemble des lignes de métro quel que soit le nombre de changements, et ceux qui possèdent une carte de transport ne payent le bus que 0,40 yuan, soit 60 % d'économie.

Pendant ce temps, la création de « communautés à faible émission de carbone » est préconisée à travers le pays. En août 2010, des activités telles que des concours et des jeux interactifs ont été organisés dans la communauté Jinyuchi à Beijing, l'objectif étant de sensibiliser le public et de transmettre des connaissances pratiques d'une manière facile et amusante.

De nombreuses entreprises chinoises offrent des services qui soutiennent ce nouveau mode de vie. Par exemple, URBN, le premier hôtel chinois au bilan carbone neutre, a été ouvert à Shanghai fin 2007. Cet établissement rééquilibre ses émissions de carbone en achetant des crédits carbone et en investissant dans des projets visant à restaurer l'environnement et à réduire le CO2.

Fin juin 2010, Air China a lancé un service vert de Beijing à Guangzhou. L'entreprise a demandé à un organisme habilité de calculer les émissions de carbone de ce vol et a acheté des autorisations grâce au Programme national de Bourse du carbone pour compenser ses émissions de gaz à effet de serre. L'équipage diffuse également une courte vidéo montrant les mesures d'économie d'énergie prises par l'industrie aéronautique.

Le 1er mai 2010, vingt couples se marient en cherchant à réduire leurs émissions de carbone, afin de sensibiliser la conscience publique.  PHOTOS : CFP

Vers une campagne à faible teneur en carbone

Tout comme dans les zones urbaines, le style de vie à faible empreinte carbone fait peu à peu son chemin dans la Chine rurale. Le village de Daping dans le district de Tongji (Sichuan), fortement touché par le séisme de 2008, est un cas d'espèce. Il a été reconstruit pour expérimenter en premier le statut d'écovillage à faible empreinte carbone.

Daping se trouve sur une montagne de 1 600 m, au sud des montagnes Longmen. Le tremblement de terre dévastateur a épargné seulement 10 % des maisons. Dans l'effort de reconstruction, le gouvernement local, les résidents et des ONG environnementales ont conjointement parrainé un programme de logement appelé « LOHO » qui consiste à intégrer habitat, économie et gestion écologiques dans la nouvelle communauté à faible empreinte carbone qui surgit des décombres.

Les murs des maisons LOHO (qui signifie bonheur et harmonie) sont faits de contreplaqué en bambou et de polystyrène plié ; ils maintiennent une température intérieure constante et évitent d'utiliser beaucoup de bois ou de briques. Liu Jiaping, professeur de l'Université d'architecture et de technologie de Xi'an, est le concepteur de ces maisons respectueuses de l'environnement. Il explique : « Les matériaux choisis pour la reconstruction ne nécessitent pas beaucoup d'énergie pour être fabriqués et sont parfaitement adaptés au climat local. De cette façon, on réalise l'équilibre entre économies d'énergie et confort. »

La communauté écologique LOHO prend forme, et avec elle, une nouvelle structure de production. Après discussions, experts et villageois ont décidé de développer l'écotourisme, l'agriculture biologique et la création artisanale pour reconstruire l'économie locale. Désormais, les légumes biologiques de Daping ainsi que les mouchoirs brodés main ont conquis les marchés de la ville.

Liens