CHINAHOY

31-May-2016

Échanges de regards : quand la photographie devient pont culturel

 

Cérémonie d'ouverture de l'Exposition de quatre Photographes français. (WEI YAO)

 

HU YUE, membre de la rédaction

« La France est un pays qui aime la culture, les Français sont très sensibles aux pays qui ont une longue histoire et une grande culture, la Chine par exemple », commence Florence Notté.

Florence Notté a accepté de répondre à nos questions lors du vernissage de l'exposition le 6 mai dernier à la Bibliothèque municipale de Beijing.

La Fédération photographique de France (FPF) a envoyé quatre photographes lauréats en Chine pour cette exposition : Philippe Litzler, rédacteur en chef du magazine France Photographie ; Quentin Pruvost, maître de conférence en photographie à l'Université d'Artois ; Travetto Didier, photographe de la FPF ; et Florence Notté. Grâce à leurs photographies, ils racontent des histoires françaises aux visiteurs chinois de l'exposition.

Des petits bonheurs de la vie communs

En chinois, « xiaoquexing » veut dire l'éphémère du quotidien, et il convient parfaitement à la série Les Promesses de l'instant de Florence Notté présentée lors de cette exposition en Chine. Les Promesses de l'instant a obtenu le Premier Prix de la Créativité de la FPF et participé aux expositions photographiques à Paris. Florence Notté : « J'ai choisi plusieurs petits instants quotidiens qui racontent des petits bonheurs, je voulais partager avec les Chinois une vision de la France et des détails de la vie française. Je pense que ces petits bonheurs sont pareils en Chine et en France. »

Avant de faire de la photographie, Florence Notté a été formatrice pour les enfants handicapés mentaux pendant 17 ans. Puis elle a arrêté pour se consacrer à la photographie il y a dix ans. Au début, elle photographiait seulement ses trois filles. Au fur et à mesure, elle s'est aperçue qu'elle avait un style particulier dans ses photos et elle a décidé de se former, de suivre des stages, de s'inscrire dans un club de photo, de montrer ses œuvres dans des expositions. Elle a aussi suivi son mari à Singapour pendant 4 ans, où elle a organisé beaucoup d'expositions et publié 4 livres de photographie.

« La danseuse de cette photo est ma petite fille qui a fait des études en Chine à Hangzhou en 2013. Je l'ai amenée dans un ancien bâtiment avec un grand miroir, et je l'ai faite danser très simplement. Je voulais faire ressortir le mouvement de sa robe. » Florence Notté a une affection particulière pour cette photo. « Je suis contente de voir que les gens dansent beaucoup en Chine. Quand je me suis promenée dans les rues, j'ai rencontré des femmes passionnées par la danse. C'est la raison pour laquelle je voulais partager mes petits bonheurs avec les Chinois. Je pense qu'ils ont les mêmes que les Français. La distance nous sépare, mais les petits bonheurs dont nous faisons l'expérience sont les mêmes. »

« Pour moi, la photographie, c'est l'émotion et le partage. Je ne fais pas les photos dans mon coin pour moi, je suis très contente de les partager. Je suis ravie d'échanger avec des gens de cultures diverses, c'est la raison pour laquelle, je suis venue en Chine : pour rencontrer des Chinois, » nous dit-elle.

 

Heroes de Quentin Pruvost.

 

Des échanges sans frontières

Florence Notté a choisi de faire une exposition en Chine car elle a une véritable histoire à raconter. « Les 4 ans à Singapour m'ont permis d'engranger beaucoup d'histoires. La première chose dont j'ai été très étonnée, c'est que les projets font très vite en Asie. L'Europe, c'est très bureaucratique, c'est très long pour montrer un projet. Mais en Asie, particulièrement en Chine, si vous avez un bon projet, vous montrez directement aux gens, et ils vont essayer de vous aider à le réaliser. Les gens sont ouverts à l'art, ils vous donnent les moyens, et donc vous pouvez monter une très bonne exposition très rapidement. »

En 2016, dans les activités de Festival Croisements organisé par l'ambassade de France en Chine, les expositions photographiques ont attiré beaucoup de public : les portraits de Shanghaïennes de Bettina Rheims, mais aussi l'exposition Père et fils de Grégoire Korganow.

Les échanges dans le domaine photographique entre la Chine et la France sont devenus une tendance. Par la photographie, les deux pays ont trouvé une nouvelle façon de communiquer. Duan Lisheng, présidente de l'Association franco-chinoise d'échanges économiques, culturels et éducatifs, est très attachée à la promotion des échanges entre les deux pays. C'est grâce à la coopération entre l'association et le FPF, que l'Exposition de Quatre Photographes français a pu avoir lieu.

Mme Duan explique : « Bien que l'on parle des langues différentes, l'art est sans frontières. Les gens du monde entier communiquent à travers la musique, la danse, la peinture et la photographie. Notre association s'engage dans les échanges internationaux, nous voulons promouvoir plus d'échanges culturels entre la Chine et la France pour renforcer l'amitié entre les deux pays. Nous souhaitons proposer plus d'œuvres artistiques françaises aux Chinois, pour favoriser l'élargissement des échanges dans le domaine culturel, artistique et économique. »

 

Une œuvre de Travetto Didier.

 

Voir la Chine avec des yeux de photographe français

Le voyage en Chine de Florence Notté avait un autre but : elle voulait participer à un concours de photographie en juin à Tianjin, ville voisine de Beijing. Organisé par la mairie de Tianjin et la FPF, avec l'aide de l'Association franco-chinoise d'échanges économiques, culturels et éducatifs, la Biennale internationale 2016 de la photographie de Wudadao aura lieu début juin, pendant la fête des bateaux-dragons de Chine. Des photographes chinois et français ont été invités à prendre des photos dans le quartier ancien de Wudadao à Tianjin qui regroupe beaucoup de bâtiments de style européen. Une centaines de photos de Wudadao seront sélectionnées et exposées sur Internet.

« Ce groupe de photographes français a présenté la Chine avec leurs photos. C'est favorable à l'économie et au tourisme local, mais c'est aussi bénéfique aux échanges culturels entre les Chinois et les étrangers. » Mme Duan voit la participation de photographes français à cet évènement comme un essai réussi : la beauté de cette ville chinoise transparaît objectivement à travers les yeux des photographes étrangers.

Florence Notté s'était préparée au concours et avait longuement travaillé le sujet, le temps, et le traitement de couleur. « Il y a 5 ans, j'ai visité un petit village du Yunnan et fait une série appelée Impressions du Yunnan. Les couleurs de la région m'avaient laissé une profonde impression. Cette fois-ci, à Tianjin, c'est l'atmosphère de la nuit qui m'a impressionnée. »

La participation de la FPF à cette exposition à la bibliothèque municipale de Beijing et au concours de Tianjin marque un nouveau type d'échanges dans le domaine de la photographie. À travers les échanges, les artistes de deux pays pourraient apprendre les uns aux autres des connaissances photographiques, et ouvrir un nouveau marché à l'étranger. Florence Notté raconte : « Le FPF a aussi envie de recevoir des photographes chinois pour tenir des expositions en France. C'est souvent difficile pour les artistes de trouver un lieu pour exposer dans un pays étranger. Donc la coopération de deux parties est non seulement favorable pour les artistes, mais aussi pour les échanges culturels entre les deux pays. »

 

 

La Chine au présent

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