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Tian Jiaxin, présenter la Chine par la musique
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Tian Jiaxin et son maître Philippe Entremont, quelques jours avant le concert « Esprit français » organisé dans le cadre des célébrations du cinquantenaire des relations sino-françaises. (PHOTO FOURNIE PAR TIAN JIAXIN) |
WANG WENJIE, membre de notre rédaction
De la petite fille qui pleurait en écoutant les concerts, à la pianiste épanouie sur la scène internationale, Tian Jiaxin a réalisé son rêve musical, en faisant le monde écouter la Chine.
Le 28 avril, à Beijing, un concert commémorant le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises s'est tenu au Grand Théâtre national de Chine. Au cours de ce concert, le chef d'orchestre et pianiste français Philippe Entremont et sa disciple chinoise Tian Jianxin ont interprété ensemble un concerto pour deux pianos de Mozart, poussant le concert à son apogée. Malgré des coopérations précédentes, c'est la première fois que Tian Jiaxin et son maître français montaient ensemble sur une scène chinoise.
« Je suis très heureuse d'avoir l'occasion de participer à cette activité en tant que représentante des jeunes pianistes chinois. Il s'agit d'un cadeau merveilleux pour le 50e anniversaire de l'établissement des relations sino-françaises, me dit Tian. Je tiens beaucoup à ces occasions de collaborer avec Philippe. En plus de la technique de jeu, il m'apprend beaucoup sur comment me conduire dans la société et à me comporter comme une véritable artiste. »
Des efforts inimaginables
Tian Jiaxin commença le piano à l'âge de trois ans, auprès de Mme Huang Peiying, professeure du Conservatoire central de musique de Chine. Au cours de l'année où elle préparait le concours à l'université, elle a également travaillé avec Mme Luo Fang, professeure du Conservatoir de Chine. C'est avec d'excellents résultats, qu'elle a été admise au Conservatoire de musique de Shenyang (province du Liaoning), et a pu continuer ses études auprès du professeur Wei Danwen. La décision de Tian Jiaxin d'aller au Conservatoire de musique de Shenyang est très lié au culte qu'elle vouait au professeur Wei Danwen. « Wei Danwen est le dernier élève de Vladimir Horowitz. Je voulais de tout mon cœur apprendre avec lui ».
Tian Jiaxin porte un profond respect à chaque professeur qui l'a formée : « Chaque professeur a joué un rôle important à différentes étapes de ma vie. Chaque fois je rentre en Chine, je leur rend visite. Sans leur aide, je n'aurai pas le succès que j'ai aujourd'hui. »
Elle se considère comme née pour la musique. « J'étais différente des enfants qui font du piano parce que leurs parents les y forcent : j'aimais la musique de tout mon cœur, j'adorais jouer du piano ! Mes parents sont ceux qui ont eu la plus grande influence sur ma personnalité. Ma mère était soprano, mon père était compositeur, j'ai baigné dans un environnement musical toute mon enfance. Quand j'étais petite, mon père m'amenait à mes cours de piano en vélo. »
Derrière le succès se cachent toujours des effort que l'on entend pas. Après l'école primaire, les parents de Tian Jiaxin ont décidé de lui faire poursuivre ses études dans une école secondaire normale, pas au conservatoire. « Malgré les programmes scolaires très lourds, je n'ai jamais abandonné le piano pendant ces six années. J'essayais de finir mes devoirs à l'école, pour pouvoir m'exercer au piano à la maison. Je jouais jusqu'à l'heure la plus tardive possible. J'épargnais toutes les minutes pour jouer, je prenais souvent le dîner à 9 ou 10 heures du soir, et puis, je repassais mes leçons », dit Tian Jiaxin.
Bien que Tian Jiaxin ait été admise par le Conservatoire de musique de Shenyang, elle a connu quelques déboires. Deux mois avant l'examen final, elle s'est blessée à la main. « Pendant un temps, je ne pouvais pas jouer du piano. Mais une chose m' a poussé à tenir : au mois de janvier 2006, Lang Lang donnait un concert au Grand Palais du Peuple. J'y étais avec mes parents, et je pleurais en l'écoutant jouer. Je me demandais pourquoi Lang Lang avait tant de succès, alors que ma main était blessée. Le lendemain, je me suis fait un bandage, j'ai mis du sparadrap autour de mon doigt blessé puis j'ai repris le piano. Je me suis dit : "je ne peux pas rater l'examen final, ce serait trop bête !" . Petit à petit, je me suis remise au piano », raconte Tian Jiaxin. C'est ce caractère battant et inflexible, qui lui a permis de passer avec succès l'examen.
Allumer le rêve musical
Son professeur de l'époque, M. Wei lui a ouvert une fenêtre vers l'étranger. « Il est la première personne qui m'a aidé à étendre l'espace de ma pensée, et à avoir une vue internationale. Mon développement par la suite a été très influencé par sa personnalité ; c'est aussi à cause de lui que j'ai décidé de faire un périple à l'étranger, et d'arrêter mes études en Chine. »
Choisir une école de musique à l'étranger est une expérience particulière : « En général, on prend contact en avance avec les professeurs dont on veut suivre le cours. Puis on fait un tour dans les différentes universités pour élargir son champ de choix. À l'inverse, je n'ai pris contact avec aucun maître, pour éviter d'avoir à payer pour des cours particuliers avec eux. Après le dernier examen à New York, j'ai acheté mon billet d'avion pour rentrer en Chine. Mais je n'avais pas imaginé rencontrer mon professeur dans des circonstances pareilles. Pendant que j'attendais pour aller aux toilettes, j'ai fait connaissance avec la dame qui attendait avec moi. J'ai appris qu'elle était professeur de violon à la Manhattan School of Music où je venais de passer un examen, raconte Tian Jiaxin. Ce qui est le plus déroutant, c'est que son époux, qui était également à bord, était justement le professeur que j'avais choisi : Jeffrey Cohen. C'est cette coincïdence qui m'a finalement fait choisir Manhattan School of Music. »
Comme on peut l'imaginer, les années à l'étranger furent très intenses. Elle furent comme le dit Tian Jiaxin « pleines de peine et de sueur, mais également de joie et d'émotion ». En trois ans, Tian Jiaxin a obtenu deux diplômes, et a joué avec plusieurs grands maîtres internationaux. Deux mois après son diplôme de master, Tian Jiaxin organise un récital à la Salle de concert de Beijing. Elle y donne Le concerto du fleuve Jaune et le Concerto pour piano N°20 de Mozart. La célèbre pianiste et pédagogue octogénaire Zhou Guang-ren a déclaré à l'issue du concert que Tian Jiaxin « faisait revivre Mozart» .
En été 2012, Tian Jiaxin a enregistré son premier disque avec la China Record Corporation.
Brillante étoile montante
Ouverte, optimiste et confiante, c'est l'impression que laisse Tian Jiaxin. On sent au premier contact le caractère franc et aimable de cette jeune pékinoise. Lorsqu'elle est sur scène, elle transmet à l'auditoire une vision très personnelle de la musique. C'est ce qu'elle a écrit comme credo dans le livret de son premier disque : « au travers de la langue de la musique, je voudrais faire le public entendre ce que je veux exprimer ». Dorénavant, elle emmène déjà sa musique au delà des frontières.
Tian Jinxin a obtenu de nombreux prix de piano. Au mois de décembre 2011, elle a remporté la première place lors d'une compétition en interprétant le Concerto pour piano N°20 de Mozart. C'est ce titre qui lui a permis de rencontrer Philippe Entremont. Depuis elle appelle celui-ci « le grand maître ». Celui-ci n'a pour l'instant collaboré qu'avec deux pianistes chinois : l'un est Lang Lang, l'autre est Tian Jiaxin.
« Philippe était le partenaire fixé pour après la compétition. Tous les concurrents jouaient le même concerto de Mozart, et le champion avait l'occasion de collaborer avec lui en février de l'année suivante. Finalement j'ai eu de la chance, déclare Tian Jiaxin. Ce fut la première coopération entre Philippe et moi. Il m'a donné beaucoup d'inspiration, il exerce une forte influence sur ma façon de jouer et d'appréhender la musique maintenant ». Philippe Entremont apprécie beaucoup cette jeune fille chinoise. Se rappelant le concours auquel à participé Tian Jiaxin, celui-ci a déclaré : « Après avoir entendu cinq secondes du jeu de cette fille, j'ai su que je l'aimerais, et que j'aimerais ce son ! »
Parlant de son professeur français, Tian Jiaxin se montre très enthousiaste : « Philippe Entremont était présent lors de mon concert au Carnegie Hall en février 2013. Il ne m'avait pas informé de sa venue, ça a été une grosse surprise ! Après que j'ai fini de jouer le bis, Philippe est sorti des coulisses et est venu m'embrasser. Puis il m'a prise par le bras pour saluer le public. J'étais vraiment surprise de recevoir une telle faveur. » Ce geste d'encouragement dépassait tous les mots. Lors des interviews à la suite du concert, Philippe Entremont a déclaré : « cette fille mérite d'être mise sur la voie par un grand maître ». Quand on lui a demandé qui cela serait, il s'est montré du doigt en riant. « C'est comme ça que je suis devenue son élève. »
« Philippe se déplace beaucoup dans le monde pour donner des représentations ou participer à des évènements. Quand l'occasion le permet, il me demande de le rejoindre, pour acquérir de l'expérience et pour m'enseigner de nouvelles choses. Au mois d'octobre 2013, il est venu à New York pour un concert, et a pris le temps de me donner un cours durant tout un après-midi, se rappelle Tian Jianxin. Il s'est assis avec moi, et m'a fait part de ses vues sur les œuvres, il m'a aussi montré comment jouer certains passages. Ces cours ont eu un rôle réelment formateur pour moi. car j'étais en plein dans la préparation du concert de la Fête du printemps 2014 au Centre Lincoln aux États-Unis.
Laisser plus de personnes aimer la Chine
Tian Jiaxin a un credo musical : elle souhaite créer une liaison musicale entre l'Orient et l'Occident. « Les études de piano en Chine m'ont permis d'acquérir une très bonne technique, mon périple à l'étranger m'a fait devenir une pianiste artiste au vrai sens du terme. Sans dépasser la mesure, j'aime ajouter mes points de vue personnels dans mes interprétations. Comment faire de la musique classique sensible, pour ne pas ennuyer le public est la question qui me revient tout le temps. », dit Tian Jiaxin. Selon elle, un véritable artiste doit posséder, non seulement une technique imparable, mais également la profondeur culturelle nécessaire pour jouer une œuvre. Cette culture est pour elle la partie la plus importante de l'interprétation.
« Comme j'ai l'occasion d'apparaître sur la scène internationale, je souhaite présenter à mon public la culture chinoise, pour que davantage de personnes connaissent la Chine et aiment la Chine. Au cours des deux concerts que j'ai tenu aux États-Unis, j'ai choisi des œuvres de Zhang Shuai. C'est un jeune compositeur que j'aime beaucoup, et mon premier album a inclus plusieurs de ses œuvres. J'espère pouvoir coopérer avec d'autres musiciens chinois, interpréter leurs d'œuvres pour le public en Chine et à l'étranger. J'espère ainsi faire découvrir d'excellentes œuvres chinoises modernes, et que les gens ne s'arrêtent pas seulement à Fleur de Jasmin ».
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